Texte intégral
NICOLAS OLIVIER
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
NICOLAS OLIVIER
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, en ce jour de rentrée des enseignants, vous le savez bien, vous avez été recteur de Créteil entre 2007 et 2009. C'est souvent ici, en Ile-de-France, que débutent les jeunes profs, beaucoup sont montés de province pour faire leur première rentrée, qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ce matin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je leur dis gardez tout votre enthousiasme, gardez toute votre énergie, je vois très bien dans quel état d'esprit ils peuvent être, puisque j'en ai rencontré des centaines au moment où ils arrivent, très motivés, heureux de travailler à cette chose qui est la plus belle du monde, c'est-à-dire enseigner, transmettre des savoirs, des valeurs. Bien entendu il y a des obstacles, par définition il y en a, c'est ça l'enseignement aussi, bien sûr il y a des difficultés, certaines sont normales, d'autres sont parfois plus dérangeantes, mais en tout état de cause il faut évidemment avoir cette énergie cheville au corps et il faut qu'ils sachent, tous les professeurs, que je suis évidemment leur ministre, derrière eux, pour les aider à faire réussir les élèves.
NICOLAS OLIVIER
Alors, on va rentrer dans le concret, si vous le voulez bien, avec un jeune enseignant justement, il s'appelle Sébastien, et il a une question pour vous Monsieur le ministre.
SEBASTIEN
Bonjour Monsieur le ministre. J'avais une question sur le niveau d'équipements en nouvelles technologies des écoles parisiennes, quels sont les éléments, et les échéances, programmées, sur l'équipement en matériel pour accéder à des techniques d'enseignement plus avancées ?
NICOLAS OLIVIER
Vous pouvez lui répondre Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un sujet de coopération avec les collectivités locales, dans le cas de Paris, et donc un cas parmi d'autres. Il y a une politique générale du ministère, de déploiement du numérique, avec des moyens d'Etat et des moyens locaux, ça se voit déjà depuis maintenant un certain nombre d'années, ça va s'accentuer, mais avec évidemment des choses différentes selon les niveaux dont nous parlons. Le numérique va concerner évidemment davantage le collège et le lycée dans les années à venir, que l'école primaire, et même je considère souvent qu'on n'a pas besoin, pour tout ce qui est les premières années de la vie, d'accentuer excessivement la dimension numérique
NICOLAS OLIVIER
Pas d'écran avant 6 ans, c'est un peu votre
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pas d'écran avant 6 ans, ça c'est évidemment une chose sur laquelle j'insiste beaucoup, et puis là aussi il faut un petit peu du discernement dans les équipements, ce n'est jamais la pluie de tablettes ou les équipements massifs qui sont la solution, c'est d'abord la formation des professeurs, sur laquelle je serai très volontariste en matière de numérique, qui doit toujours précéder les enjeux d'équipement. Mais en tout cas, oui, il va y avoir cet effort sur les équipements, y compris sur les aspects spécifiques, je pense à l'accueil des élèves en situation de handicap pour lesquels il y a un certain nombre de technologies numériques qui peuvent être très pertinentes.
NICOLAS OLIVIER
Alors, la grande nouveauté de cette rentrée, ces classes de CP à 12 élèves dans les quartiers sensibles, on est particulièrement concerné en Ile-de-France, c'est un choix fort, mais est-ce que l'Education nationale en a vraiment les moyens ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, on a les moyens, quand on veut on peut, de façon générale dans la vie, c'est vrai aussi sur ce sujet-là. Vous savez, si on parle, sous l'angle des moyens, de cette question, il y a une étude d'un prix Nobel qui montre que quand vous dépensez 1 euro dans les premiers âges de la vie c'est 8 euros que vous économisez ultérieurement en termes de dépenses sociales diverses. Donc il faut évidemment être très attentif à aller à la racine des inégalités, la racine des inégalités elle est d'abord devant le langage, l'écriture, la lecture, le calcul, donc il faut s'intéresser aux premières années de la vie, et donc à l'entrée dans la lecture qui se passe en cours préparatoire, et il faut s'intéresser aussi aux publics les plus défavorisés, et donc évidemment on les trouve notamment en REP et en REP+. C'est donc pour ça que ce choix a été fait par le président de la République, le Premier ministre et moi-même, d'aller au coeur de ce sujet, et donc ce n'est pas seulement un sujet de division des classes de CP par deux, et puis de CE1 l'année prochaine, et puis d'extension de cette mesure en REP et en REP+, mais c'est aussi un enjeu pédagogique, là encore, de formation des professeurs et notamment de
NICOLAS OLIVIER
Mais ça a demandé beaucoup de postes, ça veut dire aussi moins de remplaçants disponibles peut-être.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, en cette rentrée il y a plus de remplaçants dans le premier degré qu'à la rentrée précédente, donc nous avons géré des moyens, qui de toute façon étaient supplémentaires, d'une manière ciblée, c'est cela aussi une bonne gestion de l'Education nationale, c'est avoir des priorités qui font sens et mettent les moyens au service de ces priorités.
NICOLAS OLIVIER
Je voudrais évoquer avec vous le problème du manque d'enseignants, puisqu'il y a eu un concours supplémentaire à Créteil pour recruter 500 professeurs des écoles, est-ce que vous comptez renouveler ces concours externes ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ces concours externes dans une académie comme Créteil, et Créteil est le cas le plus particulier en la matière, sont nécessaires, je pense que dans le futur on peut faire preuve de créativité pour attirer justement des profils différents. J'entendais dans votre édition précédente une personne qui avait eu d'abord une carrière en entreprise privée, puis qui devenait professeur, je pense que c'est un bon exemple. On a besoin, d'ailleurs, d'ouvrir les perspectives, aussi bien pour nos professeurs, pour développer leur carrière au sein de l'Education nationale, que pour des personnes extérieures qui veulent devenir professeur, que pour des professeurs qui ont envie d'aller regarder ailleurs, éventuellement même revenir, cette ouverture des fenêtres, en quelque sorte, était indispensable et les concours doivent servir à cela.
NICOLAS OLIVIER
La baisse des emplois aidés, elle va beaucoup toucher l'Education, rien que dans l'académie de Paris 600 contrats sur 1800 disparaissent. Comment vous avez géré ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
De nouveau en définissant des priorités. La grande priorité, lors d'une rentrée comme celle-ci, c'est l'accueil des élèves en situation de handicap, et sur ce sujet, qui est le sujet principal d'utilisation de contrats aidés, et de loin, dans l'Education nationale, non seulement nous n'avons pas diminué le nombre de contrats aidés, il y en a toujours 50.000, mais nous avons 22.000 CDD qui existaient, et nous y ajoutons 8000 autres CDD, ce qu'on appelle les AESH, ça fait donc 30.000 AESH, qui s'ajoutent aux 50.000 contrats aidés. Donc, nous avons 80.000 personnes au lieu de 72.000, pour accueillir les élèves en situation de handicap en cette rentrée. Donc là, de nouveau, ça vous montre qu'on est capable tout simplement d'avoir des priorités et puis d'être cohérent, puisque notre but est, progressivement, que les contrats aidés deviennent plus des CDD, c'est-à-dire des choses plus robustes au bénéfice des personnes concernées et des élèves en situation de handicap.
NICOLAS OLIVIER
Et ceux qui disparaissent alors, c'était des fonctions autres ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est des fonctions autres lorsque ça disparaît. Alors, il y a avait toute une catégorie qu'on appelle « divers » et qui recouvrait des choses très différentes, souvent, d'ailleurs, il s'agissait justement de fonctions pour lesquelles il est souhaitable, dans le futur, qu'on regarde, avec les collectivités, comment les rendre plus robustes, moins précaires ça correspond d'ailleurs à une revendication qui existait, donc il faut maintenant que l'on travaille évidemment pour cette transition indispensable.
NICOLAS OLIVIER
Jean-Michel BLANQUER, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie PECRESSE, a lancé un plan de rénovation des lycées de la région, qui sont assez vétustes dans l'ensemble, avec une attention aussi sur la sécurité. On voit de plus en plus de vidéosurveillance, est-ce que vous y êtes favorable ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est un sujet dont nous avons vocation à discuter avec les régions, et chaque région me parle de cela. Il est bien légitime d'avoir des préoccupations de sécurité pour nos élèves, et pour tous nos personnels, donc la vidéosurveillance fait partie de cela, et on doit en parler. Après, le tout, évidemment, en respectant l'ensemble des lois, ça va de soi.
NICOLAS OLIVIER
A Paris il y a eu quelques ratés pour le système d'admission en lycée, Affelnet, est-ce que vous le reconnaissez, est-ce que vous comptez y remédier d'une façon ou d'une autre ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, en plus le cas de Paris et de l'Ile-de-France est un peu particulier, ne serait-ce que quantitativement, du nombre de personnes concernées, et bien entendu Affelnet est perfectible, le mot est même faible, de même que APB, même plus que perfectible, c'est remplaçable. Donc on a travaillé pour que quand même les affectations se fassent au mieux, ça nous renvoie à toute une série de sujets structurels sur le brevet, sur ce qu'on appelle le livret scolaire, toutes ces questions nécessitent une vision d'ensemble, mais, oui, il y aura des évolutions pour que les affectations soient les plus rationnelles possibles.
NICOLAS OLIVIER
Pour terminer, Monsieur le ministre, vous souhaitez, lundi, une rentrée en musique, que les élèves accueillent leurs nouveaux camarades en chantant, c'est votre touche personnelle ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'espère que ce n'est pas ni personnel et que ce n'est pas la seule touche, c'est-à-dire c'est une touche collective de plus, parce que ce qu'on a vu avant est extrêmement important, de même que la mesure « Devoirs faits », mais cette entrée en musique est plus qu'un symbole, c'est bien sûr déjà un symbole, c'est-à-dire dire le moment de la rentrée c'est un moment de bonheur, un moment de confiance, je parle beaucoup, vous savez, d'école de la confiance, et la musique signifie cela. Mais c'est aussi une amorce de quelque chose de très important, qui est une nouvelle étape dans l'éducation artistique et culturelle, et le fait que dans cette nouvelle étape nous accordons une attention toute particulière à la musique et au livre, et c'est quelque chose que nous avons vu avec Françoise NYSSEN, la ministre de la Culture, pour que, tout simplement, nos enfants connaissent plus la musique, et pratiquent plus la musique, dans leur vie.
NICOLAS OLIVIER
Merci beaucoup Jean-Michel BLANQUER d'être venu parler aux auditeurs de France Bleu Paris ce matin. Bonne rentrée à vous.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci beaucoup, et à vous tous, et à tous ceux qui nous écoutent. Merci
source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2017