Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour.
LAURENT BIGNOLAS
... pour « Les 4 vérités », et vous avez le ministre du jour avec vous.
CAROLINE ROUX
Eh bien oui, le ministre de l'Education nationale, puisque vous le savez bien, c'est la rentrée pour 12 millions d'élèves. Une première pour le nouveau ministre. Il sera en déplacement aujourd'hui à Forbach, avec le président de la République.
- Jingle -
CAROLINE ROUX
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Bien sûr que l'on va parler de cette rentrée, savoir comment elle peut se passer, mais d'abord un mot sur vous. Vous aimiez la rentrée, quand vous étiez petit ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, j'aimais bien la rentrée, oui.
CAROLINE ROUX
Pourquoi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien il y avait l'odeur des affaires neuves, vous savez, les cahiers neufs, etc. et puis surtout l'idée de retrouver ses amis, c'était... et puis aussi l'idée de découvrir des choses nouvelles. Tout cet élément de nouveautés, après les vacances, j'ai toujours aimé ça.
CAROLINE ROUX
Et comme ministre, alors ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Comme ministre, j'aime beaucoup aussi. D'une certaine façon c'est le jour le plus important de l'année, et donc oui, c'est évidemment un grand jour.
CAROLINE ROUX
On peut rater une rentrée ou est-ce que tout est plié avant ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il peut toujours y avoir des impondérables, comme toujours dans la vie, mais il y a beaucoup de choses qui sont préparées à l'avance, comme on dit, la rentrée est techniquement prête, comme on dit, mais évidemment on est très attentif tout au long de la journée pour voir encore les derniers ajustements aussi, parce que les choses ne sont jamais parfaites, évidemment.
CAROLINE ROUX
Alors, derniers ajustement, vous avez droit ce matin à quelques mouvements de grève après l'annonce du dédoublement de classes de CP en Réseaux d'éducation prioritaire, ou alors l'émoi suscité par la suppression d'emplois aidés, qui complique la rentrée dans certains établissements. Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin le nombre d'établissements dans lesquels les cours ne pourront pas débuter comme ils le devraient ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oh, il y en a très peu. Non, je ne peux pas vous dire le nombre, c'est justement quelque chose que l'on constatera, mais c'est très peu. La seule cause qui peut exister, c'est pour des questions de contrats aidés. On a vu la semaine dernière, avec les communes de France, comment régler cela au mieux, donc on regard au cas par cas, mais normalement ça doit être exceptionnel, et ça ne touche normalement que les services périscolaires, type cantine ou autre, et donc je suis assez confiant dans le fait que très peu de collèges ou d'écoles seront touchés par ce type de problèmes.
CAROLINE ROUX
Par les deux problèmes, c'est-à-dire à la fois la colère suscitée par les dédoublements de classes de CP dans les endroits...
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, attendez, il n'y a pas de colère.
CAROLINE ROUX
Il n'y a pas de colère, non, alors peut-être que c'est une erreur, mais à Vaulx-en-Velin, par exemple, commune classée en Zone d'éducation prioritaire, eh bien ils n'y arrivent pas, ils n'ont pas les effectifs nécessaires.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parler de colère pour le dédoublement des CP, c'est comme si vous disiez colère pour une victoire de l'équipe de France, si vous voulez. C'est-à-dire, c'est quand même une très bonne nouvelle, donc il ne faut pas se tromper de choses.
CAROLINE ROUX
Manque de moyens.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il y a plus de moyens pour l'école primaire...
CAROLINE ROUX
D'accord.
JEAN-MICHEL BLANQUER
... à cette rentrée qu'à la rentrée précédente. Donc, il peut y avoir des sujets, localement, comme dans le cas que vous évoquez, qui est un cas en France que vous regardez, enfin, que j'ai regardé, d'ailleurs, mais surtout que le petit arbre ne cache pas la forêt. C'est une excellente nouvelle, c'est une nouvelle...
CAROLINE ROUX
Et ce sera une excellente rentrée, vous le diriez jusque-là ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, c'est une bonne rentrée, pour des raisons pratiques, mais je le dirais encore plus pour des raisons psychologiques.
CAROLINE ROUX
Parce que ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien pour des raisons pratiques, parce qu'il y a une série de mesures concrètes, c'est la division des classes de Cours préparatoire par deux, par exemple, mais c'est aussi psychologique, parce qu'il y a cette idée que l'on est à l'aube d'un nouveau quinquennat, avec des projets ambitieux, pour que tous les élèves sachent lire, écrire, compter, respecter autrui. C'est des choses que tous les Français veulent.
CAROLINE ROUX
33 ministres de l'Education depuis 1958, moins de deux ans en moyenne par ministère, autant de réformes, de visions, de rentrées où on détricote ce qui a été fait les années précédentes. Est-ce que c'est ce qui explique parfois la résistance du monde éducatif à ces réformes-là ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, et c'est bien pour ça que j'ai fait les choses différemment. Je sais que l'on utilise parfois le mot « détricoter », quand vous prenez la division des classes par deux, ça ne détricote rien du tout. Quand vous avez la mesure des devoirs faits, ça ne détricote rien du tout. Je ne fais aucune nouvelle loi, je n'ai pas changé les programmes. J'essaie...
CAROLINE ROUX
Sur les rythmes scolaires on a un peu changé de braquet.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, j'ai donné de la liberté aux acteurs, de choisir ce qu'ils veulent, et d'ailleurs, quand vous faites des sondages, 80 % des gens sont favorables à cela. Donc, si vous voulez, toute la philosophie générale de cela, c'est la philosophie du gouvernement, dans l'ensemble de son action, c'est donner plus de liberté, plus de possibilité de choix aux acteurs, plus de responsabilités qui vont avec, c'est ce qui se passe pour chacune des mesures. Donc c'est ni un retour en arrière, ni un détricotage, c'est au contraire une nouvelle étape dans la vie de l'Education nationale, et je fais les choses en plus en m'inscrivant dans la durée, justement pour ne pas être dans les syndromes que vous avez décrits à l'instant.
CAROLINE ROUX
Il y a une forme de bienveillance de la communauté éducative par rapport aux changements tels que vous les voyez ? Comment est-ce que... quels mots vous mettriez là-dessus ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, la communauté éducative, c'est très large, et puis vous savez, il y a plus d'un million de personnes qui travaillent pour l'Education nationale, donc forcément il y a une diversité de points de vue, c'est bien normal, mais dans l'ensemble, je crois ressentir une sorte d'attention bienveillante à ce qui va se passer, autrement dit une envie que ça progresse, mais encore la volonté de voir ce qui se passe dans la réalité, pour être réellement dans cette confiance que j'appelle de mes voeux.
CAROLINE ROUX
Alors, l'une des critiques de vos détracteurs, vous en avez, quand même, monsieur BLANQUER, c'est de dire que vous incarnez une forme d'école conservatrice. Est-ce que vous diriez que c'était mieux avant ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je pense qu'il y a une chose qui était mieux avant, c'était la confiance. On avait une société de confiance, qui avait confiance dans l'école. Aujourd'hui, pour diverses raisons, bonnes et mauvaises, il y a eu une sorte de dissolution de cette confiance, et donc aujourd'hui nous devons un petit peu la reconstruire, et ça ne se reconstruit pas du jour au lendemain, ça se construit précisément par des résultats. Le premier élément de confiance, si vous voulez, c'est qu'on est arrivé il y a trois mois au gouvernement ; qu'il y a trois mois quand je suis arrivé je suis venu d'ailleurs à votre micro il pouvait y avoir du scepticisme sur notre capacité à faire le CP à 12, de voir la mesure « devoirs faits », d'être capable d'assouplir les rythmes scolaires ou de faire évoluer la réforme du collège dans un sens positif, avec de tels délais, eh bien on a réussi à le faire, c'est une vérité, c'est une réalité, aujourd'hui, en cette rentrée. Donc c'est un premier élément de preuves, mais bien sûr, la véritable preuve, elle viendra dans le progrès des élèves, et cette priorité à l'école primaire, comme je vous le disais tout à l'heure, lire, écrire, compter, respecter autrui, c'est d'abord et avant tout ma première priorité, avec une concentration sur les classes où ça se joue beaucoup.
CAROLINE ROUX
Les résultats, c'est important à l'école, et c'est important j'imagine pour le ministre de l'Education nationale. On parle du classement PISA, la France était, au dernier classement PISA, 26ème en mathématiques, 19ème en lecture. Quel est votre objectif ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
L'objectif, c'est évidemment de remonter dans ce type de classement, qui...
CAROLINE ROUX
C'est possible, à court terme.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr... Non, ce qui est possible, c'est que chaque élève remonte, dès cette année qu'il y ait un progrès, ensuite ça se verra évidemment à moyen et long terme dans les classements. L'éducation, pour les individus, comme pour les sociétés, c'est un sujet long, donc je mentirais si je disais « demain matin, tout va aller très bien », ça ne serait pas exact. En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'on peut avoir des premiers progrès, tout de suite, et j'espère que cette rentrée va marquer de nouveaux progrès, que les familles vont le sentir sous différents aspects, et ce sera particulièrement vrai pour les premières années de l'école primaire, mais aussi pour le collège et pour le lycée.
CAROLINE ROUX
Vous vous inspirez de ce qui se passe à l'étranger ? Le Parisien, ce matin, fait un dossier, on a l'exemple notamment d'une élève en Finlande qui nous dit : « Chez nous, le zéro n'existe pas ». La Finlande, ils sont en cinquième position dans ce fameux classement PISA.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, vous savez, c'est peut-être même une chose qui me caractérise beaucoup, je regarde beaucoup les autres pays, parce que je pense que la France a une magnifique tradition scolaire, donc on a notre identité qui est bien la nôtre, mais c'est très bien de la nourrir, de l'enrichir par la comparaison internationale. Alors, les pays sont très différents entre eux, par exemple vous citez la Finlande, mais les pays asiatiques font des choses très différentes, et je pense qu'il y a un génie français qui est un petit peu au milieu de tout ça, qui doit capter différentes inspirations, retrouver une certaine force, qui est faite à la fois de rigueur, d'efforts et aussi de plaisir, d'épanouissement, parce qu'on apprend bien quand on est heureux, c'est pour ça aussi que j'ai voulu cette rentrée en musique, parce que j'ai voulu donner un signal de bonheur en cette rentrée, et j'ai voulu aussi dire, avec Françoise NYSSEN, la ministre de la Culture, que la culture en général et la musique en particulier c'est très important au coeur de nos écoles et de nos établissements.
CAROLINE ROUX
Et la musique adoucit les moeurs, c'est ce que l'on dit.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr.
CAROLINE ROUX
Pour la rentrée, c'est pas rien.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est pas rien, c'est très important.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Jean-Michel BLANQUER.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2017