Texte intégral
F. Laborde Avec C. Pasqua ce matin, nous allons évidemment parler de la campagne pour les présidentielles, et de l'affaire Schuller qui revient brutalement. D. Schuller, ancien conseiller général RPR des Hauts-de-Seine, en fuite depuis 1995, mis en examen pour trafic d'influence et abus de bien social - pour ceux qui l'ignoreraient encore -, affirme qu'il existe un système de trucage des marchés des HLM. Et D. Schuller, qui est actuellement à Saint-Domingue, se dit prêt à revenir à Paris. Il a dit que dans cette affaire, il n'était que le "chef de cabine" et qu'en général, quand il y avait un accident, c'était plutôt la compagnie ou le pilote qu'on mettait en cause. La compagnie, on devine à peu près que c'est le RPR. Le pilote, c'était qui ? C'était vous ?
- "Il faut que les choses soient claires. C'est trop facile de porter ce genre d'accusation en pleine période électorale, comme par hasard. Chaque semaine, il se passe quelque chose. Il y a quinze jours, c'était les otages du Liban ; après, c'était ceux de Bosnie ; maintenant, c'est le feuilleton Schuller qui recommence. Je ne souhaite qu'une seule chose : c'est qu'il rentre et qu'il vienne s'expliquer. Et à ce moment-là, il aura des comptes à rendre à la justice et aussi à ceux qu'il met en cause. Le RPR départemental, dont j'avais la responsabilité à l'époque - pour le RPR national, je l'ignore, mais je crois que la règle était la même -, [n'a] jamais participé à quelque financement illégal que ce soit."
Il n'y a jamais eu de commissions occultes qui ont été versées, comme il l'a dit ?
- "Bien sûr que non. S'il y en a eu, il s'expliquera. Il expliquera comment cela fonctionnait."
"J'ai obéi à l'ordre de C. Pasqua de déposer plainte contre le beau-père du juge, le docteur Maréchal", dit-il à notre confrère H. Gattegno du Monde...
- "C'est tout à fait autre chose. Cela n'a rien à voir avec l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine, telle qu'on la présente aujourd'hui. Cette affaire a déjà été traitée et examinée. S'il faut en reparler un jour, on en reparlera. Je n'ai jamais donné quelque ordre que ce soit."
Il ment quand il dit cela ?
- "Quand je donne des ordres, je les assume. On peut me suspecter de tout ce que l'on veut. Pas de manquer de courage. Oui, il ment."
Donc E. Balladur ne vous a rien dit la veille sur le thème : "Transmettez mes encouragements..." ?
- "Est-ce qu'on voit E. Balladur tenir ce genre de propos ? C'est grotesque !"
Quand D. Schuller dit qu'il ne veut pas contribuer à la défaite de J. Chirac, vous y croyez ?
- "En tout cas, ce qu'il dit ne me paraît pas de nature à contribuer à la victoire de J. Chirac. Puisque le chef du RPR, à l'époque, c'était J. Chirac. Donc, tout cela est cousu de fil blanc. Je ne sais pas qui tire les ficelles, mais manifestement, il y a bien quelqu'un."
Vous pensez qu'il ne peut pas dire tout cela sans avoir eu des garanties ?
- "Je n'en sais rien. Je trouve simplement que cela sent la manipulation."
Si le juge qui traite cette affaire...
- "Je ne réponds plus là-dessus."
Si le juge vous convoque, vous irez ?
- "Je ne suis pas venu ce matin pour parler de cela. J'ai répondu à vos questions. Je l'ai fait volontiers, c'est normal, puisque c'est une certaine forme d'actualité, même si on peut déplorer que cela pollue la campagne présidentielle. Mais les Français sont intéressés par beaucoup d'autres choses que cela."
Prenons les choses différemment. Depuis que vous êtes en campagne, il y a un certain nombre d'affaires qui vous visent directement et qui, comme on dit un peu familièrement, "plombent" votre candidature...
- "Je ne crois pas du tout. Il ne faut pas prendre les Français pour des imbéciles. Trop, c'est trop. Comme par hasard, tout cela éclate et se développe au moment où je suis candidat. Cela semble tout de même un peu excessif - c'est le moins que l'on puisse dire - et manipulé."
Est-ce qu'on peut tenir le discours de l'Etat déliquescent - "la France n'est plus respectée" - et avoir en même temps, comme cela, des affaires en cascade ?
- "Les choses sont simples. Si j'avais le sentiment d'être le moins du monde impliqué réellement dans tout cela, je ne serais pas candidat. C'est clair. Mais dans la mesure où je ne le suis pas, il ne faut pas que l'on s'imagine que ce genre de campagne est de nature à me décourager, à me déstabiliser. Au contraire. Cela m'incite plutôt à redoubler d'efforts. Et j'espère qu'on fera le ménage, à tous les niveaux, le moment venu. Parce que chacun aura des comptes à rendre. C'est trop facile de traîner les gens dans la boue, et puis ensuite, on dira un jour qu'[on] s'est trompé. Ce ne sera pas aussi simple."
C'est parce que vous avez du recul par rapport à la vie politique française, que vous n'en avez plus rien à faire, qu'il y a déjà un certain nombre d'affaires, qui justement vous ont concernés, que vous prenez cela avec ce recul apparent ?
- "Non, je prends cela comme j'ai toujours, dans la vie, réagi. Je veux dire par là que je suis solide et je n'ai pas l'habitude de baisser pavillon dès lors que je suis sûr d'être dans mon bon droit. Je suis dans mon bon droit, je ne reculerai pas. Voilà."
Il n'y aura pas de révélations qui vous mettront en cause ?
- "Je n'en sais rien, moi ! Qu'est-ce que vous voulez ! Toutes les semaines il y a quelque chose ! Alors jusqu'à présent, tout ce que je peux dire, c'est que je ne suis en rien concerné par tout cela. Et ceux qui ont des accusations, il faudra qu'ils en apportent les preuves. C'est trop facile. Mais je le répète une nouvelle fois, et tout le monde le voit, c'est en pleine campagne présidentielle. Dans la mesure où on dit cela sur moi aujourd'hui, on atteint aussi J. Chirac. Et il est bien évident que dans la mesure où on attaque la droite, cela permet de dédouaner la gauche dont parlera moins, alors qu'il y aurait des choses à dire... C'est clair. C'est assez minable. On se croirait revenu avant la Guerre. Je pense que la France mérite mieux que ce genre de campagne. Qu'on parle des vrais problèmes."
Vous voulez dire que cela peut être la gauche qui a organisé cela ou le Gouvernement ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis simplement que je constate que lorsque c'est de nature à gêner un camp, cela favorise l'autre."
Mais si cette campagne prend ce tour-là, n'est-ce pas parce qu'il y a un certain nombre de dossiers justement qui n'ont pas été purgés ?
- "C'est trop facile de dire cela. Si vous prenez l'Office départemental d'HLM, depuis sept ans, je crois qu'il y a eu une dizaine de contrôles divers et variés, des missions d'inspection, des enquêtes. Il n'a jamais été rien trouvé de quoi que ce soit. Et j'espère que, le moment venu, non seulement on fera la vérité sur tout cela, mais j'espère que ceux qui auront tenu ce genre de propos auront des comptes à rendre. C'est trop facile."
Vous souhaitez que tout cela soit réglé le plus rapidement possible...
- "Ce serait préférable. Mais je ne me fais aucune illusion. Cela durera pendant la totalité de la campagne présidentielle."
Comment allez-vous continuer à mener votre campagne ?
- "Comme je le fais."
Ce matin, vous expliquiez que vous ne vouliez pas parler de l'affaire Schuller...
- "Mais c'est vous qui m'en parlez."
Par définition...
- "Je suis désolé. Vous m'avez invité, ce matin. Une partie de l'actualité, c'est cela, mais on peut aussi parler d'autre chose !"
En ce qui vous concerne, c'est l'essentiel, non ?
- "Non, ce n'est pas "l'essentiel". Vous, vous croyez que c'est l'essentiel. Pour les Français, l'essentiel, Ce n'est pas cela. C'est l'insécurité, la montée du chômage, l'incapacité du Gouvernement. Ca, c'est l'essentiel. Et c'est l'inquiétude que les Français ont sur l'avenir. Cela les préoccupe beaucoup plus que ce genre d'affaire. Si vous voulez consacrer la totalité de l'émission à cela, faites-le."
Mais quelle peut être votre différence dans cette campagne par rapport à cela ? Tout le monde a ces thèmes-là, sur la sécurité, sur l'éducation...
- "Oui, peut-être. Sauf que lorsque j'étais en charge de ces responsabilités, j'ai fait ce qu'il fallait faire. Et les autres ont fait l'inverse quand ils m'ont remplacé. Voilà la réalité des choses. Il faudra le dire. Tout cela, les Français le savent."
Savez-vous d'ores et déjà quelle attitude vous prendrez entre les deux tours ?
- "Attendons d'abord le premier tour. Ensuite, nous verrons bien..."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 1e février 2002)
- "Il faut que les choses soient claires. C'est trop facile de porter ce genre d'accusation en pleine période électorale, comme par hasard. Chaque semaine, il se passe quelque chose. Il y a quinze jours, c'était les otages du Liban ; après, c'était ceux de Bosnie ; maintenant, c'est le feuilleton Schuller qui recommence. Je ne souhaite qu'une seule chose : c'est qu'il rentre et qu'il vienne s'expliquer. Et à ce moment-là, il aura des comptes à rendre à la justice et aussi à ceux qu'il met en cause. Le RPR départemental, dont j'avais la responsabilité à l'époque - pour le RPR national, je l'ignore, mais je crois que la règle était la même -, [n'a] jamais participé à quelque financement illégal que ce soit."
Il n'y a jamais eu de commissions occultes qui ont été versées, comme il l'a dit ?
- "Bien sûr que non. S'il y en a eu, il s'expliquera. Il expliquera comment cela fonctionnait."
"J'ai obéi à l'ordre de C. Pasqua de déposer plainte contre le beau-père du juge, le docteur Maréchal", dit-il à notre confrère H. Gattegno du Monde...
- "C'est tout à fait autre chose. Cela n'a rien à voir avec l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine, telle qu'on la présente aujourd'hui. Cette affaire a déjà été traitée et examinée. S'il faut en reparler un jour, on en reparlera. Je n'ai jamais donné quelque ordre que ce soit."
Il ment quand il dit cela ?
- "Quand je donne des ordres, je les assume. On peut me suspecter de tout ce que l'on veut. Pas de manquer de courage. Oui, il ment."
Donc E. Balladur ne vous a rien dit la veille sur le thème : "Transmettez mes encouragements..." ?
- "Est-ce qu'on voit E. Balladur tenir ce genre de propos ? C'est grotesque !"
Quand D. Schuller dit qu'il ne veut pas contribuer à la défaite de J. Chirac, vous y croyez ?
- "En tout cas, ce qu'il dit ne me paraît pas de nature à contribuer à la victoire de J. Chirac. Puisque le chef du RPR, à l'époque, c'était J. Chirac. Donc, tout cela est cousu de fil blanc. Je ne sais pas qui tire les ficelles, mais manifestement, il y a bien quelqu'un."
Vous pensez qu'il ne peut pas dire tout cela sans avoir eu des garanties ?
- "Je n'en sais rien. Je trouve simplement que cela sent la manipulation."
Si le juge qui traite cette affaire...
- "Je ne réponds plus là-dessus."
Si le juge vous convoque, vous irez ?
- "Je ne suis pas venu ce matin pour parler de cela. J'ai répondu à vos questions. Je l'ai fait volontiers, c'est normal, puisque c'est une certaine forme d'actualité, même si on peut déplorer que cela pollue la campagne présidentielle. Mais les Français sont intéressés par beaucoup d'autres choses que cela."
Prenons les choses différemment. Depuis que vous êtes en campagne, il y a un certain nombre d'affaires qui vous visent directement et qui, comme on dit un peu familièrement, "plombent" votre candidature...
- "Je ne crois pas du tout. Il ne faut pas prendre les Français pour des imbéciles. Trop, c'est trop. Comme par hasard, tout cela éclate et se développe au moment où je suis candidat. Cela semble tout de même un peu excessif - c'est le moins que l'on puisse dire - et manipulé."
Est-ce qu'on peut tenir le discours de l'Etat déliquescent - "la France n'est plus respectée" - et avoir en même temps, comme cela, des affaires en cascade ?
- "Les choses sont simples. Si j'avais le sentiment d'être le moins du monde impliqué réellement dans tout cela, je ne serais pas candidat. C'est clair. Mais dans la mesure où je ne le suis pas, il ne faut pas que l'on s'imagine que ce genre de campagne est de nature à me décourager, à me déstabiliser. Au contraire. Cela m'incite plutôt à redoubler d'efforts. Et j'espère qu'on fera le ménage, à tous les niveaux, le moment venu. Parce que chacun aura des comptes à rendre. C'est trop facile de traîner les gens dans la boue, et puis ensuite, on dira un jour qu'[on] s'est trompé. Ce ne sera pas aussi simple."
C'est parce que vous avez du recul par rapport à la vie politique française, que vous n'en avez plus rien à faire, qu'il y a déjà un certain nombre d'affaires, qui justement vous ont concernés, que vous prenez cela avec ce recul apparent ?
- "Non, je prends cela comme j'ai toujours, dans la vie, réagi. Je veux dire par là que je suis solide et je n'ai pas l'habitude de baisser pavillon dès lors que je suis sûr d'être dans mon bon droit. Je suis dans mon bon droit, je ne reculerai pas. Voilà."
Il n'y aura pas de révélations qui vous mettront en cause ?
- "Je n'en sais rien, moi ! Qu'est-ce que vous voulez ! Toutes les semaines il y a quelque chose ! Alors jusqu'à présent, tout ce que je peux dire, c'est que je ne suis en rien concerné par tout cela. Et ceux qui ont des accusations, il faudra qu'ils en apportent les preuves. C'est trop facile. Mais je le répète une nouvelle fois, et tout le monde le voit, c'est en pleine campagne présidentielle. Dans la mesure où on dit cela sur moi aujourd'hui, on atteint aussi J. Chirac. Et il est bien évident que dans la mesure où on attaque la droite, cela permet de dédouaner la gauche dont parlera moins, alors qu'il y aurait des choses à dire... C'est clair. C'est assez minable. On se croirait revenu avant la Guerre. Je pense que la France mérite mieux que ce genre de campagne. Qu'on parle des vrais problèmes."
Vous voulez dire que cela peut être la gauche qui a organisé cela ou le Gouvernement ?
- "Je ne dis pas cela. Je dis simplement que je constate que lorsque c'est de nature à gêner un camp, cela favorise l'autre."
Mais si cette campagne prend ce tour-là, n'est-ce pas parce qu'il y a un certain nombre de dossiers justement qui n'ont pas été purgés ?
- "C'est trop facile de dire cela. Si vous prenez l'Office départemental d'HLM, depuis sept ans, je crois qu'il y a eu une dizaine de contrôles divers et variés, des missions d'inspection, des enquêtes. Il n'a jamais été rien trouvé de quoi que ce soit. Et j'espère que, le moment venu, non seulement on fera la vérité sur tout cela, mais j'espère que ceux qui auront tenu ce genre de propos auront des comptes à rendre. C'est trop facile."
Vous souhaitez que tout cela soit réglé le plus rapidement possible...
- "Ce serait préférable. Mais je ne me fais aucune illusion. Cela durera pendant la totalité de la campagne présidentielle."
Comment allez-vous continuer à mener votre campagne ?
- "Comme je le fais."
Ce matin, vous expliquiez que vous ne vouliez pas parler de l'affaire Schuller...
- "Mais c'est vous qui m'en parlez."
Par définition...
- "Je suis désolé. Vous m'avez invité, ce matin. Une partie de l'actualité, c'est cela, mais on peut aussi parler d'autre chose !"
En ce qui vous concerne, c'est l'essentiel, non ?
- "Non, ce n'est pas "l'essentiel". Vous, vous croyez que c'est l'essentiel. Pour les Français, l'essentiel, Ce n'est pas cela. C'est l'insécurité, la montée du chômage, l'incapacité du Gouvernement. Ca, c'est l'essentiel. Et c'est l'inquiétude que les Français ont sur l'avenir. Cela les préoccupe beaucoup plus que ce genre d'affaire. Si vous voulez consacrer la totalité de l'émission à cela, faites-le."
Mais quelle peut être votre différence dans cette campagne par rapport à cela ? Tout le monde a ces thèmes-là, sur la sécurité, sur l'éducation...
- "Oui, peut-être. Sauf que lorsque j'étais en charge de ces responsabilités, j'ai fait ce qu'il fallait faire. Et les autres ont fait l'inverse quand ils m'ont remplacé. Voilà la réalité des choses. Il faudra le dire. Tout cela, les Français le savent."
Savez-vous d'ores et déjà quelle attitude vous prendrez entre les deux tours ?
- "Attendons d'abord le premier tour. Ensuite, nous verrons bien..."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 1e février 2002)