Texte intégral
PATRICK COHEN
Bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
PATRICK COHEN
Un petit mot de présentation, parce que beaucoup dauditeurs ne vous connaissent pas, vous êtes professeur des universités, biochimiste, spécialisée en génétique moléculaire, vous étiez présidente duniversité, celle de Nice Sophia Antipolis, avant votre engagement aux côtés dEmmanuel MACRON, et votre entrée au gouvernement. Cest vrai que vous vous sentiez plus respectée et écoutée comme prof que comme ministre ?
FREDERIQUE VIDAL
Ah, je vois à quoi vous faites allusion, disons que, en bas dun amphi, je nai jamais été chahutée, oui.
PATRICK COHEN
Oui, et aujourdhui ?
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien, parfois, à lAssemblée nationale, cest plus compliqué quen bas dun amphi.
PATRICK COHEN
Et votre parole a moins de poids comme ministre, vous dites, que, on vous croit un peu moins
FREDERIQUE VIDAL
Non, non, ça, je nai jamais dit ça, ce que jai dit, cest que javais lhabitude davoir des relations avec les étudiants de confiance, que ce soit évidemment dans mes enseignements, ça, ce nétait pas un sujet, mais aussi dans les conseils que je pouvais leur donner, et ça, cétait très agréable.
PATRICK COHEN
Voilà, et ce nest pas le cas aujourdhui, cest moins le cas aujourdhui.
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien, je pense quil y a une défiance envers le monde politique, que nous essayons de modifier.
PATRICK COHEN
Et que vous ressentez dans vos premiers mois dans ce gouvernement. Vous présenterez, Frédérique VIDAL, demain, en Conseil des ministres, le projet de loi sur les nouvelles modalités dentrée à luniversité, qui va permettre de mettre fin au tirage au sort et à lalgorithme qui a orienté des milliers de lycéens contre leur gré. Vous allez nous décrire cela en détail. Dabord, est-ce que vous pourriez mettre un mot ou une expression sur ce nouveau système, puisque vous refusez de parler de sélection, ce sera quoi, un accompagnement dirigé, une orientation sélective, une sélection douce ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, cest vraiment un procédé à la fois dorientation et de réussite, et dailleurs, cest le nom de la loi que je porte
PATRICK COHEN
Oui, cest le nom de la loi, mais
FREDERIQUE VIDAL
Cest Orientation et réussite des étudiants. Lidée, cest que, il est très important que les bacheliers puissent accéder à lenseignement supérieur, et ça, bien sûr, cest le point majeur
PATRICK COHEN
Mais laccès ne sera plus tout à fait libre.
FREDERIQUE VIDAL
Mais il faut reconnaître la diversité des bacheliers, et donc il faut leur proposer des parcours qui leur soient adaptés.
PATRICK COHEN
Laccès ne sera plus tout à fait libre.
FREDERIQUE VIDAL
Laccès reste libre à luniversité.
PATRICK COHEN
Lélève naura pas toujours le dernier mot.
FREDERIQUE VIDAL
Lélève aura toujours le dernier mot dans le choix de sa filière, par contre, il devra faire confiance à ses enseignants pour le chemin et le parcours à emprunter pour aller vers le diplôme quil souhaite obtenir.
PATRICK COHEN
Et donc, dans certains cas, luniversité va choisir ses étudiants
FREDERIQUE VIDAL
Alors, le seul cas, cest éventuellement si malgré le nombre de places que nous allons ouvrir, dans les établissements, et malgré les différents dispositifs qui vont être mis en place pour accueillir les étudiants dans les filières en tension, cest le seul cas, mais notre objectif, cest que, à la rentrée prochaine, nous soyons en capacité daccueillir tous les bacheliers.
PATRICK COHEN
Aspect pratique et concret, il y aura donc une nouvelle plateforme qui va ouvrir le 15 janvier, qui aura un nom, un nouveau nom ?
FREDERIQUE VIDAL
Parcours Sup.
PATRICK COHEN
Parcours Sup.
FREDERIQUE VIDAL
Cest le nom qui a été choisi par les internautes, on a fait une consultation ce week-end pendant le salon de lorientation, le salon des étudiants, et voilà, cest le nom quils ont retenu. Parcours Sup, moi, jaime bien la notion de parcours, parce que ça veut dire quils ont bien compris ce quon était en train de préparer pour leur réussite.
PATRICK COHEN
Vous navez pas pu éviter lapocope Sup. Donc nouvelle plateforme le 15 janvier, et sur laquelle les futurs bacheliers auront jusquau 15 mars, cest ça, pour inscrire leurs voeux. Il y aura dix voeux maximum sans ordre de préférence cette fois ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, alors, là aussi, il faut comprendre doù vient ce choix de dix voeux non hiérarchisés, auparavant, sur la plateforme, il y avait jusquà 24 voeux, donc ça veut dire que souvent, les jeunes faisaient en sorte de remplir les 24 voeux, et on a vu ça cet été, puisquon sest beaucoup occupé des bacheliers cet été, quand ils avaient leur 14ème voeu, finalement, ça ne correspondait pas à ce quils souhaitaient, en moyenne, les bacheliers faisaient huit voeux, donc cest pour ça quon a choisi ce chiffre de dix voeux maximum.
PATRICK COHEN
Et sans critère dhabitation, ce sont des choix qui pourront être désectorisés, on peut former des voeux pour une université à lautre bout de la France ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, ce nest pas tout à fait ça, en fait, ce que la loi autorise, cest que les recteurs puissent fixer une part de mobilité, et ça, cest lié au fait que comme les recteurs vont intervenir dans la procédure, puisquon veut remettre de lhumain dans la procédure, donc peuvent des propositions aux bacheliers qui nauraient rien trouvé qui leur plaisent. On souhaite que ça puisse se faire hors Académie, en proximité, et on sait aussi que les frontières administratives ne correspondent pas toujours à la réalité, et parfois, on habite beaucoup plus près dune université qui nest pas dans son Académie, au sens administratif du terme.
PATRICK COHEN
Daccord. Mais donc la mobilité est possible, elle va rester possible. Donc les réponses aux choix, aux voeux des élèves, des futurs bacheliers arriveront à partir du mois de mai, ce sera en attente, oui, oui, si, et cest là justement cest la grande nouveauté de la réforme, le « oui, si », ça veut dire que, il y aura des obligations pour lélève.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, le « oui, si », ça veut dire que léquipe pédagogique, qui aura regardé le dossier des bacheliers, considère que ce bachelier aura besoin dêtre accompagné de manière particulière et spécifique, plus de travaux dirigés, plus de méthodologie, un parcours peut-être qui sera proposé avec plus de temps pour mûrir son projet, des formations pluridisciplinaires, de manière à ce que le choix mûrisse, donc cest ça le sens du « oui, si », ça veut dire que létudiant sera bien inscrit dans le parcours de son choix, ce nest pas une inscription à part, il est bien inscrit dans le diplôme dans lequel il souhaite sinscrire, mais on lui propose un parcours
PATRICK COHEN
On lui demande
FREDERIQUE VIDAL
On lui propose un parcours qui correspond enfin, qui va laccompagner vers la réussite, et évidemment, il a complètement le droit de refuser ce parcours, cest pour ça que les voeux ne sont pas hiérarchisés a priori, mais cest lorsque le futur étudiant reçoit les réponses quil les accepte ou non.
PATRICK COHEN
Pour les candidats qui ne sont pris nulle part ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors pour les candidats qui ne sont pris nulle part, cest là que les recteurs avec les chefs détablissement interviennent, et font des propositions à chaque candidat qui na rien, de manière à ce quon puisse lui proposer quelque chose qui lui corresponde.
PATRICK COHEN
La promesse, cest de ne laisser personne au bord du chemin, cest cela, Frédérique VIDAL ?
FREDERIQUE VIDAL
Vraiment, cest à la fois de mieux orienter, de mieux accompagner et de faire en sorte que, on ne tire plus au sort et quon nait plus 30 % de réussite seulement en fin de première année à luniversité.
PATRICK COHEN
Et un taux déchec très important aussi en bout de licence. Est-ce que ça peut tenir longtemps, parce quon voit bien ce qui a provoqué la défaillance du système ancien de lAdmission post-bac, cétait cet afflux détudiants qui navait pas été préparé, est-ce que ça peut tenir longtemps sans gros moyens supplémentaires ? On est à 2,6 millions étudiants aujourd'hui en France, ça peut encore monter sans faire craquer les universités, Frédérique VIDAL ?
FREDERIQUE VIDAL
Ça aussi cest une question qui est très intéressante. Dabord il faut bien comprendre que toutes les propositions qui ont donné lieu à cette loi elles ont été débattues pendant 3 mois par les gens qui vont faire, donc cétait très important pour moi de massurer que les équipes pédagogiques répondraient présentes et quelles souhaitaient mettre en place cet accompagnement, parce que cest aussi un gros travail, évidemment on reconnaîtra cet engagement. Ensuite il faut bien se rendre compte quon a un problème plutôt dadéquation entre les voeux des bacheliers et les places offertes dans les universités, parce que, fin septembre, il restait 130.000 places dans lenseignement supérieur, presque 10.000 dans les BTS, presque 2500 dans les classes préparatoires, le reste dans les premiers cycles universitaires, et donc ça, ça signifie que le problème de places existe dans certaines filières, mais pas dans toutes les filières. Et je crois que cest aussi important que dans la phase dorientation on indique aussi aux jeunes où sont les emplois et où sont les métiers, les filières qui sont les moins demandées sont les filières scientifiques, dans les métiers du numérique, etc., or on sait que cest là que se trouvent les gisements demplois pour demain. Donc cest important davoir aussi cette information.
PATRICK COHEN
Cette information-là et cette orientation, ce nétait pas bien fait jusquà présent, à vos yeux, Frédérique VIDAL ?
FREDERIQUE VIDAL
Disons que ce qui est important cest que nous avons fait en sorte que le lycée et le supérieur se parlent beaucoup plus, de manière à ce que, les lycéens, leurs familles, puissent avoir une meilleure vision de ce quest la réalité de lenseignement supérieur. La moitié des bacheliers demandent quatre mentions de licence, alors quil y en a 45.
PATRICK COHEN
Un mot encore, rapidement, sur cet aspect important de votre projet, la fin de la Sécurité sociale étudiante à partir de la rentrée 2018, est-ce que ça veut dire la fin des mutuelles étudiantes ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, dabord, là encore, le constat cest que plus de 30 % des étudiants renoncent à se soigner aujourd'hui, et on sait quil y a un certain nombre de dysfonctionnements, donc on autorise les étudiants à être sous le régime général de la Sécurité sociale, les mutuelles étudiantes, évidemment, conservent leur rôle de mutuelles et conservent leur rôle, aussi, dans des missions de prévention etc., on est en train de travailler avec elles sur ce sujet.
PATRICK COHEN
Merci Frédérique VIDAL, ministre de lEnseignement supérieur, dêtre venue ce matin au micro dEurope 1 et de nous avoir dévoilé le nom de la nouvelle plateforme dAdmission Parcours Sup. Merci à vous.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 novembre 2017