Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur son soutien à la liste RPR-UDF pour les élections européennes, à Puteaux le 8 juin 1994.

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Circonstance : Dernier meeting de la liste d'union RPR-UDF pour les élections européennes à Puteaux le 8 juin 1994

Texte intégral

Mes chers amis, ce soir je suis heureux. C'est une belle réunion et vous êtes nombreux, très nombreux, les uns et les autres : des militants, des
sympathisants, des citoyens, qui soutenez l'action de redressement que mène le Gouvernement depuis 14 mois. Je voulais commencer par vous dire merci.
Je remercie aussi tous ceux qui ont organisé cette réunion et qui nous ont invité :
Charles CECCALDI REYNAUD
Charles PASQUA sans lequel les Hauts-de-Seine ne seraient pas ce qu'elles sont
Nicolas SARKOZY
Et je tiens également à rendre hommage à tous les Parlementaires qui sont présents et aux quatre ministres : Alain CARIGNON, Michel GIRAUD, Bernard BOSSON et
André SANTINI.
Nous sommes réunis pour soutenir la liste d'union R.P.R. U.D.F. pour les élections européennes, liste conduite par Dominique BAUDIS
Dominique BAUDIS qui, avec Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, apporte à l'animation de cette liste toutes ses capacités de dynamisme, d'enthousiasme, d'entraînement
et de conviction.
Pourquoi avons nous voulu l'Union ?
Pour des raisons très simples, mais Charles PASQUA les a parfaitement bien rappelées.
Tout d'abord, parce que c'est unis que nous nous présentons aux différentes élections et c'est unis que quand nous les gagnons, nous les gagnons. Et jamais
autrement. Et cela seul est une raison puissante.
Mais aussi parce que nous gouvernons ensemble et que la politique européenne du Gouvernement fait l'objet du soutien de l'ensemble de la majorité. Il aurait
donc été incompréhensible pour qui que ce soit, que gouvernant ensemble, conduisant ensemble la politique européenne de la France, nous nous séparions au
moment de désigner ceux qui vont nous représenter dans une institution importante de l'Europe qui est l'Assemblée européenne.
Mes chers amis, c'est de l'Europe et de la France que je vais vous parler ce soir, et de cela seulement. Et finalement nous avons à répondre ensemble à 2
questions simples : quelle Europe voulons-nous ? Quel rôle à la France voulons-nous dans cette Europe ?
Cela fait un demi-siècle que le débat politique chez nous est animé par les rapports qui doivent exister entre la France et l'Europe : l'une nuit-elle à
l'autre ? Je vais vous faire part de ma conviction ce soir et vous montrer que c'est un débat qui est largement un débat dépassé.
D'abord, prenons conscience du moment dans lequel nous nous trouvons. Nous avons devant nous des échéances importantes : 4 nouveaux pays vont entrer, si leur
peuple en décide ainsi, dans l'union européenne d'ici l'année prochaine.
En second lieu, en 1996, dans 2 ans - cela va arriver très vite - nous aurons une conférence entre les 16 pays européens membres de l'Union qui devront
décider quelle modification il y a lieu d'apporter à leurs institutions pour que l'Europe fonctionne mieux. Seconde échéance importante.
Et en troisième lieu, nous aurons certainement - et Charles PASQUA en a parlé - à examiner les conditions dans lesquelles l'EUROPE pourra et devra s'élargir
à de nouveaux pays, car s'il y a une chose dont nous sommes tous bien convaincus, c'est que ces pays, qui se sont libérés du communisme, et qui en sont à
accomplir leur premier pas sur le chemin de la liberté, de la stabilité et du progrès économique, ces pays, c'est pour nous un devoir moral de leur venir en
aide.
Un devoir moral et un devoir politique, car c'est notre intérêt bien compris d'éviter que la coupure de l'Europe ne se reconstitue parce que nous aurons fait
preuve d'étroitesse d'esprit, d'absence d'imagination et finalement d'absence de coeur et de générosité envers eux.
Alors il est vrai que le monde a changé ; le monde a changé depuis 1989 qui était la dernière élection européenne il y a 5 ans. On a le sentiment que ce
n'est plus la même Europe, le même continent européen que nous avons devant nous.
Il a changé sur le plan politique, l'Europe s'est réunifiée ... enfin réunifiée... le mur de Berlin est tombé, le rideau de fer également et l'empire
soviétique s'est effondré.
Il est vrai également que l'Europe connaît aujourd'hui des problèmes et que tous les pays européens s'interrogent. Tout d'abord, leur croissance est
insuffisante et l'emploi chez nous se porte plus mal que dans les grandes autres zones du monde, que ce soient les Etats-Unis ou les pays d'Asie.
Pour qu'ils se portent mieux, pour que nous ayons davantage de croissance, nous savons tous ce qu'il faut faire.
Il faut une politique de grands travaux, et notamment Dominique BAUDIS a eu raison de le dire, de développement des infrastructures et des T.G.V. Il faut
assouplir les réglementations et il faut également que l'Europe se défende aussi bien que les autres, pas mieux, pas plus protectionniste que les autres,
mais qu'elle se défende aussi bien que les autres, ce qui veut dire qu'il faut donner toute sa force et tout son contenu à la notion de préférence
communautaire (Applaudissements...). Nous n'avons aucune raison d'être plus naïfs que les autres. Premier défi.
Le second, c'est la sécurité. La sécurité, c'est la sécurité intérieure tout d'abord, la lutte contre les migrations, la régulation des mouvements de
population pour éviter que de proches en proches, l'ensemble des sociétés européennes ne soient déstabilisés. Mais la sécurité c'est également la sécurité
extérieure et ce qui se passe sur le territoire de l'ancienne Yougoslavie me dispense de vous en dire davantage... Second défi, second enjeu après la
croissance et l'emploi, c'est la sécurité.
Le troisième enjeu, c'est la démocratie. La démocratie, cela ne veut pas dire seulement nos sociétés de l'ouest européen, cela veut dire la démocratie dans
toutes les sociétés d'Europe où nous avons le devoir de les consolider.
Prenons y garde, déjà dans 2, dans 3 de ces pays de l'Est européen, qui avaient abandonné le communisme il y a 4 ou 5 ans, et qui ont été déçus par ce qu'ils
ont vécu depuis 4 ou 5 ans, déjà les anciennes équipes reviennent au pouvoir parce que les peuples lassés et déçus se tournent à nouveau vers elles.
Eh bien, nous devons l'éviter et je reviens à ce que je disais tout à l'heure, nous l'éviterons si nous savons offrir un espoir à tous ces pays de l'Europe
centrale et orientale pour qu'ils se disent que le modèle européen de liberté, de démocratie et de progrès économique et social est le bon et qu'ils doivent
l'adopter. Ce n'est pas encore définitivement fait chez tous.
Et puis la démocratie cela veut dire autre chose. Cela veut dire aussi un meilleur fonctionnement des institutions de l'Europe, de telle sorte que le pouvoir
politique, qui est le seul légitime puisqu'il émane des peuples directement ou indirectement. Il faut que le pouvoir politique ait en définitif le dernier
mot sur toutes les questions essentielles.
Et au sein de ce pouvoir politique européen, il est évident que sur toutes les questions essentielles chaque nation a le droit de défendre ses intérêts
vitaux et de ne pas se laisser imposer ce qu'elle jugerait insupportable pour ses intérêts essentiels et pour son avenir.
Voilà les 3 défis que nous avons devant nous.
Dans cette Europe, comment y faire face ?
Les réponses sont théoriquement simples, même si elles sont un peu compliquées parfois à mettre en oeuvre. Une Europe plus démocratique, vous disais-je, cela
signifie que le Conseil européen ou le Conseil des ministres européens qui regroupent les Chefs de Gouvernements ou les Ministres compétents doit avoir un
pouvoir mieux affirmé et doit contrôler davantage l'action des organismes administratifs et notamment l'action de la Commission de Bruxelles.
Cela signifie également que les Parlements nationaux doivent être mieux associés, qu'ils ne doivent pas être mis devant le fait accompli. Nous avons voté
pour cela une réforme de la Constitution en 1992. Une réforme de la Constitution qui prévoit que lorsque l'on modifie la législation française, il faut
préalablement informer le Parlement français et, mieux que l'informer, l'appeler à voter, car vous le savez sans doute, aujourd'hui plus de 50 % des règles,
loi ou décrets qui s'imposent à nos concitoyens sont d'origine européenne. Dans une certaine mesure, c'est une bonne chose, à la condition que le contrôle
démocratique s'exerce sur l'élaboration de ces règles de droit et que les Parlements nationaux y soient plus étroitement associés.
Europe plus démocratique, mais également une Europe, comportant davantage de sécurité pour lutter contre la drogue, les trafics en tous genres, le grand
banditisme, et pour lutter contre tous les risques de conflits qui existent, latents, entre de nombreux pays d'Europe.
Nous avons vécu depuis un demi-siècle, nous, Européens de l'Ouest dans la paix et dans la liberté. Et voilà que pour la première fois depuis un demi-siècle,
des soldats français sont engagés sur le sol européen, qu'ils y risquent leur vie et que plusieurs dizaines d'entre eux y ont laissé leur vie.
Eh bien je tiens ce soir à rendre hommage à ces soldats de la France au service de la paix.
C'est pourquoi la France a décidé, avec un certain nombre de ses partenaires, de créer un corps européen qui puisse intervenir rapidement quand il sera
nécessaire et c'est pourquoi Dominique BAUDIS, comme Charles PASQUA d'ailleurs, ont bien voulu le rappeler l'un et l'autre : la France a pris l'initiative
d'un pacte de stabilité entre tous les pays d'Europe, pacte dans lequel ils s'engageraient à respecter leurs frontières et à respecter les minorités qui
vivent les uns chez les autres. N'oublions jamais que les 2 véritables guerres civiles européennes qu'a vu notre siècle : guerre mondiale, celle de 1914,
celle de 1939, qui ont été engendrées par l'égoïsme des uns ou des autres ou par des théories qui étaient des théories racistes et nazies... n'oublions
jamais que ces 2 guerres civiles ont failli mettre fin à l'autorité, au pouvoir et à l'influence de l'Europe dans le monde. Nous ne retrouverons cette
autorité, ce pouvoir et cette influence que si nous savons éradiquer complètement de chez nous tous les germes de division et de conflit. D'où ce pacte de
stabilité.
Europe plus démocratique, Europe avec davantage de sécurité et Europe aussi plus prospère. Je vous disais tout à l'heure que nous sommes la zone du monde qui
connaît en ce moment le moins de croissance économique. Il n'y a pour cela aucune raison et nous devons savoir résoudre les problèmes qui se posent à nous.
Nous savons ce qu'il y a lieu de faire : un grand marché tout d'abord qui fonctionne bien, un grand marché qui soit normalement protégé vis-à-vis de
l'extérieur, pas plus que les autres grands marchés qui existent dans le monde, mais autant, un grand marché où chacun respecte la règle du jeu, ou certains
ne s'affranchissent pas de cette règle du jeu et un grand marché qui comporte un certain nombre de politiques communes - Dominique BAUDIS a eu raison de les
rappeler - en matière d'espace, d'aéronautique, d'électronique, d'autoroutes de l'information... Voilà un sujet cher à Alain CARIGNON par exemple, et qui
peut donner davantage de prospérité à tous nos pays.
Voilà mes chers amis quel est l'objectif : Europe plus démocratique, Europe avec plus de sécurité, Europe avec plus de prospérité.
Je voudrais maintenant vous dire qu'il n'y a aucune opposition à mes yeux entre les intérêts bien compris de la France et les intérêts bien compris de
l'Europe. L'Europe a besoin de la France, la France a besoin de l'Europe.
Tout d'abord, la France, je le redis sans cesse, ne peut pas être seule. Nous avons gagné la si difficile négociation du GATT qui était tellement mal
engagée. L'aurions-nous gagné tout seul contre le reste du monde ? Il y avait 107 pays concernés... nous étions un sur les 107....
Seul, nous n'avions pas de chance de gagner, mais en revanche, comme nous sommes l'un des pays les plus importants de l'Union européenne de l'Europe des
douze, en appelant les onze à la solidarité, en les convaincant par un travail inlassable qui a dominé l'action du Gouvernement du mois d'avril au mois de
décembre 1993, nous avons fait en sorte que nos partenaires européens se rallient à nos convictions et nous avons obtenu un accord du GATT qui est de très
loin supérieur à tout ce que l'on pouvait espérer lorsque les électeurs nous ont donné la majorité à l'Assemble nationale.
Et j'en dirai autant pour la défense... Oh ! nous sommes fiers et combien nous avons raison de l'être, d'être, grâce à l'action du Général De GAULLE, membre
permanent du Conseil de sécurité, l'un des 5 membres permanents, d'être, grâce à l'action du Général De GAULLE et de Georges POMPIDOU dotés de la force
nucléaire, l'une des 5 puissances nucléaires du monde, mais n'oublions jamais que la libération de notre pays que nous avons célébrée, il y a 2 jours enfin
le début de cette libération, n'aurait - je ne dis pas qu'elle n'aurait pas été possible, en tout cas elle aurait été singulièrement plus difficile si nous
n'avions pas eu des alliés.
Dans le monde d'aujourd'hui, nous devons coopérer avec les autres nous avons besoin de l'Europe pour notre économie et nous avons besoin de l'Europe pour
notre défense.
Mais l'Europe elle-même, elle a besoin d'une France, d'une France qui soit forte, qui soit assurée d'elle même, sans complexe, sans orgueil excessif, mais
avec la conviction qu'elle représente quelque chose d'important, non seulement dans l'histoire passée du monde, mais dans son histoire future. Et nous
l'avons montré, nous l'avons montré par notre rôle en Bosnie, nous l'avons montré par notre action pour l'élargissement de l'Europe, nous l'avons montré en
élaborant ce pacte de stabilité qui doit rendre la paix à notre continent. Nous devons le montrer maintenant dans la défense de l'emploi en Europe, car si
nous ne faisons rien, la concurrence avec les pays qui ne respectent pas les mêmes règles sociales que nous, qui font travailler les enfants, ou qui font
travailler les prisonniers, cette concurrence. deviendra intenable pour nous tous.
C'est pourquoi nous avons demandé et réclamé de façon extrêmement vigoureuse, que le problème du statut social des travailleurs soit pris en compte dans
toutes les négociations commerciales internationales et, hier, j'ai eu le plaisir d'entendre le Président CLINTON que je recevais à l'hôtel Matignon me
donner son accord pour qu'Américains et Français travaillent étroitement pour élaborer, en la matière, des conceptions communes.
Oui, l'Europe a besoin de la France et d'une France forte qui mène son action internationale. Nous avons défendu le système monétaire européen, il va y avoir
bientôt un an et c'est à nous qu'il doit d'exister encore alors que 7 des 5 puissances les plus importantes de l'Europe l'ont sinon quitté, du moins ce sont
mis quelque peu en congé par rapport à lui.
Oui, c'est grâce à la France que la réforme de la politique agricole commune a pu être réformée pour tenir compte des intérêts de nos agriculteurs. C'est
grâce à la France que le pire a été évité en Bosnie-Herzégovine car c'est nous qui avons le contingent militaire le plus important et grâce à la loi de
programmation militaire que nous avons soumise au Parlement et que l'Assemblée nationale a déjà voté, les moyens de la France seront renforcés.
Mes chers amis, tous les Français veulent l'Europe, aucun Français ne veut la disparition de la France ou même la diminution de son rôle. Tous les français
sont attachés au maintien et est à la force de notre nation. Quelle Europe voulons-nous ?
Une Europe organisée ? Une Europe solidaire ? Puissante, généreuse, une Europe où le pouvoir politique et de décision suprême demeure aux mains des nations
qui la compose.
C'est tout le sens du combat courageux de Dominique BAUDIS et de Hélène CARRERE d'ENCAUSSE.
Pour finir, je voudrais vous inviter à ne pas nous tromper de débat dans cette campagne qui va s'achever dans 2 ou 3 jours et de ne pas nous tromper non plus
dans la réponse que nous devons donner dimanche prochain puisque c'est à nous tous de répondre et que notre vote exprimera l'idée que nous nous faisons de la
France et l'idée que nous nous faisons de l'Europe.
Il s'agit de l'Europe et de la France dimanche prochain et de cela seulement.
L'élection de dimanche prochain, ce n'est pas du tout les prémisses de l'élection présidentielle. Les Français sont trop avisés pour ne pas faire la
distinction et ils savent comment répondre à des questions différentes.
Certes, une période de notre histoire a pris fin en 1993, tout le monde le sait, tout le monde le sent. Dans notre pays depuis maintenant 14 mois un grand
débat : quelle société voulons-nous pour les prochaines décennies.
Quelle société différente ? Plus juste, plus forte et plus solidaire ? Et les réponses commencent à émerger ici et là, C'est bien ainsi. Il arrive que ces
réponses ne soient pas toujours les mêmes, surtout les problèmes et c'est également bien ainsi.
Tout le monde a le droit d'en parler de façon objective et sereine, tout le monde a le droit de faire valoir ces idées ou ces projets, tout le monde, même le
Premier ministre.
Le débat d'aujourd'hui, ce n'est pas non plus le débat d'hier. Il ne s'agit pas de savoir si nous sommes pour ou si nous sommes contre le traité de
MAASTRICHT. De toute façon, l'EUROPE s'est élargie et il faudra en 1996, c'est prévu, c'est décidé, voir comment il faudra adapter les institutions de
l'EUROPE.
Je constate simplement une chose, c'est que personne ne conteste, dans la majorité et c'est ce qui justifie notre liste d'union, personne ne conteste
l'action européenne conduite par le gouvernement, par les différents ministres compétents depuis 14 mois.
Le débat de dimanche prochain, ce n'est pas non plus d'être pour ou d'être contre le GATT. Le GATT, nous en avons fait notre affaire, nous l'avons fait
modifier et c'est uniquement parce que nous l'avons fait modifier que nous l'avons soumis au vote du Parlement français et c'est uniquement parce que nous
l'avons fait modifier que notre majorité a massivement approuvé l'accord auquel nous étions parvenus.
Donc, là aussi, ce n'est pas le problème.
A la vérité, le problème qui se pose à nous aujourd'hui et double. Il y a un premier défi, c'est celui de ce que nous allons faire de la croissance si elle
revient et il semble bien qu'elle revienne, mais je me permettrai de dire que notre action n'y est sans doute pas totalement étrangère.
Je n'ai jamais fait de promesse, je me suis toujours gardé de faire naître des illusions. Et bien je dis avec la même honnêteté, la même conviction que cette
croissance revenant, nous avons un devoir qui est un devoir impérieux, c'est de ne pas la gâcher, comme a été gâchée la croissance que grâce à notre action
de 1986 à 1988, la France a connue dans les années qui ont suivi, croissance qui a été totalement gaspillée par les Gouvernements qui nous ont succédés.
Cette croissance, si elle se confirme, il faudra l'utiliser pour résoudre les problèmes de notre société, au premier rang desquels davantage de solidarité et
moins d'exclusion. Nous n'avons plus le droit, nous n'avons d'ailleurs jamais eu le droit, de laisser de côté, des centaines de milliers de Français qui sont
exclus du progrès et qui sont exclus de la prospérité.
L'action de réforme que nous devons donc mener, que nous avons commencé il y a un an et que nous entendons bien continuer nécessite de tels efforts, de
telles remises en cause que nous avons besoin du rassemblement de tous les Français ou de la plupart des Français au-delà des frontières naturelles de la
politique.
Cela déborde les seuls partis : il y a les associations, les syndicats, les collectivités locales et c'est tout le sens de ce grand effort d'aménagement du
territoire qu'anime de façon extraordinairement efficace et avec mon plein soutien Charles PASQUA.
Donc, pour changer la FRANCE, pour ne pas gaspiller la croissance, pour réformer notre pays, nous avons besoin du plus large rassemblement et il faut que
cette élection européenne en soit le premier signe.
Second défi : l'EUROPE et la FRANCE. Comment les faire progresser, comment les affermir l'une et l'autre ?
C'est un vieux débat qui dure dans notre pays depuis un demi-siècle. La FRANCE doit elle, en se préservant, nuire à la création de l'EUROPE ? L'EUROPE doit
elle en se créant, nuire au maintien de la FRANCE ?
N'alimentons pas ces querelles dépassées. Tout ce que je vous ai dit depuis le début de mon propos tend à vous convaincre que le problème n'est pas là et que
nous avons à la fois besoin de la FRANCE, ô combien cela va de soi, mais aussi de l'EUROPE et de la solidarité avec nos voisins.
Et pour cela, nous avons besoin d'union. Comment notre majorité pourrait-elle appeler au rassemblement pour la réforme et pour la création d'une autre
société ? Comment pourrait-elle appeler aux changements si elle n'était pas capable de commencer par s'unir elle même ?
C'est tout le sens de l'élection mes chers amis. Quelle EUROPE ? Quelle FRANCE ? Quelle union ?
L'Assemblée européenne va avoir un rôle plus important désormais et la FRANCE doit y jouer un rôle plus important que celui qu'elle a joué en partie parce
qu'elle était disséminée, nos représentants étaient disséminés dans de trop nombreux groupes - un rôle plus important. Tout cela nous ne le pourrons que
grâce à l'union, ce qui prouve bien que l'union est le moyen de mieux défendre la FRANCE et les intérêts de la FRANCE au sein de l'assemblée européenne.
Car les députés européens que nous allons élire, ce seront des Français et ils représenteront la FRANCE et ils devront travailler en étroite combinaison avec
le Gouvernement pour être ce que Dominique BAUDIS appelait il y a un instant une véritable équipe de FRANCE.
Alors devant nous, la tâche est claire et le devoir également.
Ne nous le dissimulons pas, l'idée européenne depuis quelques années a reculé dans l'opinion. Elle est synonyme de complications, de technocratie,
d'impuissance et de manque volonté de se défendre face à l'extérieur.
Et bien, nous devrons inverser ce mouvement de défiance en nous affirmant mieux, nous, français.
Et ce mouvement, nous avons commencé à l'inverser. Il faut accentuer notre action et redonner vie à la conception qui fut celle du Général De GAULLE et de
Georges POMPIDOU, celle d'une EUROPE forte, volontaire, s'imposant aux autres dans le monde, mais une EUROPE respectueuse des nations. Telle est bien l'enjeu mes chers amis du vote de dimanche prochain. La nécessité d'être européens, mais la fierté d'être français.