Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur les défis et priorités de la politique de défense, à Paris le 22 janvier 2018.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Vœux aux armées, à Paris le 22 janvier 2018

Texte intégral


Madame la ministre, chère Geneviève,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Monsieur le délégué général pour l'armement,
Monsieur le secrétaire général pour l'administration,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, marins, aviateurs, gendarmes, militaires de tous les services et personnels civils de la défense,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Voilà 7 mois que nous nous connaissons mieux.
Certains pensent peut-être que ce qui, depuis ma prise de fonction, m'a marqué le plus, ce sont les quelques turbulences dont la presse s'est fait écho. Je vais vous faire un aveu, c'est faux. Ce dont je me souviendrai pour toujours, qui m'a marquée et qui m'a permis, sans doute, de mieux comprendre la nature de votre engagement, ce ne sont pas ces querelles byzantines : ce sont les obsèques du caporal Albéric Riveta.
Une semaine à peine après mon entrée en fonction, j'ai présidé la cérémonie qui lui rendait hommage. On parle parfois de dignité, d'honneur, de respect. Ce jour-là, sur les visages de sa famille et de ses frères d'armes, ces mots ont pris un sens.
En voyant ces visages, ce courage, cette détermination, j'ai compris ce qui animaient les femmes et les hommes de la défense. J'ai compris qu'autour de ces femmes et de ces hommes, vivaient des familles dont le rythme était celui des affectations et de l'attente, souvent angoissée, parfois cruelle, d'une nouvelle.
Je souhaite rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie à la France. Ils sont sept en 2017. Sept de trop, morts pour la République. Je pense aussi à celles et ceux qui souffrent dans leur chair ou dans leur esprit de blessures et je veux leur dire que notre ministère ne les abandonnera pas.
J'ai compris, je crois, l'essence de l'engagement dans nos armées : le sens du service, y compris jusqu'au sacrifice.
J'ai compris que notre combat était commun, que notre victoire serait collective.
J'ai compris aussi, que tout chef de corps, tout pacha, tout commandant de base, tire le respect de ses hommes et sa capacité à agir de sa connaissance de tous ceux qui peuplent son régiment, sa base, son navire.
Aussi, dès mes premiers jours à l'hôtel de Brienne, j'ai voulu partir à la rencontre de chacun. J'ai voulu leur parler, les comprendre, comprendre leurs préoccupations. J'ai voulu me rendre compte de ce qu'était leurs quotidiens et leurs contraintes.
Au Levant, au Sahel, en Estonie, j'ai été impressionnée par le courage et l'engagement de nos militaires déployés en opérations extérieures.
A Bitche, à Calvi, auprès des chasseurs, des légionnaires, comme des forces spéciales du 13e RDP, j'ai compris la force de l'armée de terre, la variété de ses métiers, la puissance de son engagement.
A Istres, à Mont-de-Marsan, à Orléans, j'ai vu l'ambition et le talent de nos aviateurs, chasseurs et transporteurs, leur grande technicité, leur capacité à s'emparer et maîtriser les airs.
A Brest, à Toulon, sur SNLE en patrouille ou sur frégate en opérations, j'ai appris de l'esprit d'équipage, de la soif de rigueur, de la maîtrise des embruns et de la force des éléments.
J'ai fait la connaissance de nos services de renseignement, j'ai vu les laboratoires de la DGA, les directions du SGA, nos hôpitaux, nos écoles, nos musées, j'ai parlé à nos aumôniers et j'ai rencontré nos gendarmes qui font partie intégrante de la communauté militaire. Et je voulais tous vous remercier, tous les remercier de leur engagement.
Alors, j'ai décidé qu'il fallait agir. Agir pour ces femmes et ces hommes qui donnent tout pour la France. Et je crois que les premiers mois de ce mandat ont été assez occupés.
La mission qui m'a été confiée par le Président de la République et le Premier ministre est claire : protéger les Français.
Les protéger, d'abord, en répondant au défi des opérations. Chacun de vous le sait, la France est très engagée. Elle entend défendre ses intérêts, protéger ses concitoyens comme ses valeurs.
Au Levant, dans l'opération Chammal, 2017 a été une année de victoires. Nous avons pris Raqqa, Mossoul et tous les sanctuaires du pseudo-Califat sont tombés un à un. Aujourd'hui, Daech est rayé de la carte. Ses prétendus soldats n'ont plus de territoire et cela grâce à l'action de la coalition dans laquelle nous avons été des acteurs majeurs. Nos avions, nos soldats, nos frégates, nos canons et nos forces spéciales ont montré leur habileté à nos alliés et fait subir à nos ennemis toute l'excellence et la force des armées françaises.
Deux défis commencent aujourd'hui. Il faut d'abord combattre jusqu'au bout. Daech peut être à terre, ses métastases ne sont pas encore éradiquées. Il nous faut donc continuer à agir et nous adapter pour faire face aux nouveaux modes d'action des terroristes qui rentrent maintenant dans la clandestinité.
L'opération Barkhane, elle aussi, a connu des succès. Et Barkhane a commencé à changer de visage. La France sera présente aussi longtemps que nécessaire auprès des Etats du Sahel, car leur sécurité mais aussi notre sécurité en dépend. Mais la présence de la France n'est pas éternelle et le Sahel doit pouvoir assurer sa propre sécurité.
Les Etats du Sahel le savent et ils se sont emparés de la question. En juillet, la force conjointe G5 Sahel a été crée, le G5 disposait enfin d'un bras armé pour faire respecter la sécurité, protéger les populations et créer les conditions de la paix.
La création de la force conjointe a été une avancée considérable et, je l'ai encore vu à Paris la semaine dernière, en 6 mois à peine, la force conjointe a réussi à créer le soutien de la communauté internationale, l'engouement des Etats du G5 et la capacité à agir sur le terrain. En ce moment même se déroule la deuxième opération du G5 Sahel, après le sommet de Paris, la force conjointe dispose d'une feuille de route opérationnelle claire et le soutien de la communauté internationale ne faiblit pas. Nous continuerons indéfectiblement sur cette voie.
Protéger les Français, c'est agir au plus près d'eux, s'assurer que chacun puisse vivre sereinement et de ne laisser la peur accompagner aucun acte du quotidien. Nos armées ont répondu présent cet été pour combattre les feux de forêts et n'ont pas hésité à s'engager pleinement pour aider les victimes de l'ouragan Irma. Je pense aussi, bien sûr, à tous ceux qui participent avec rigueur, vigilance et détermination à l'opération Sentinelle. Je pense à leur courage, à leur sens du devoir sans cesse renouvelé. Je pense à leur attitude exemplaire à Marseille, je pense à leur dignité à Levallois. En septembre, Sentinelle a évolué. Elle est devenue plus réactive, plus imprévisible. Sentinelle affirme toujours le même engagement : nous nous tenons prêts.
Protéger les Français, c'est aussi comprendre notre monde et s'adapter à lui.
Les travaux de la revue stratégique, menée par Arnaud Danjean et remise au Président de la République, ont permis de disposer d'une description lucide et précise du nouvel ordre mondial. Plus imprévisible, plus violent, traversé par des menaces plus pernicieuses et plus diffuses : tel est le monde dans lequel la France doit affirmer sa place.
Affirmer sa place, c'est donc prendre le tournant de l'Europe, j'y reviendrai. 2017 une année exceptionnelle pour l'Europe de la défense avec la création du fonds européen de défense, l'accord autour de la coopération structurée permanente et le lancement par le Président de la République d'une initiative européenne d'intervention. En 2017, les pays européens ont montré leur soif de se prendre en main et de créer cette Europe de défense forte et protectrice, profitons-en !
Affirmer la place de la France, c'est aussi faire valoir nos exportations. 2017 a encore été une bonne année. Je pense par exemple aux contrats conclus avec l'Inde ou les Emirats arabes unis. Des prospects nombreux sont encore en cours. Je connais l'engagement de nos industriels et je veux qu'ils sachent que, sur tous les continents, je serai leur avocate la plus acharnée.
Prendre conscience de l'évolution du monde, c'est aussi réaliser que le numérique structure aujourd'hui le champ de bataille. Il est présent partout, chez nous comme chez nos adversaires. Nous avons donc pris le tournant du numérique, le tournant de l'innovation, le tournant de la cybersécurité. Nous avons tendu la main aux PME, aux entreprises innovantes et créé Definvest, le premier fonds d'investissement commun entre la DGA et Bpifrance.
Protéger les Français, cela signifie aussi améliorer les conditions de vie des femmes et des hommes qui sont prêts à se battre pour la France et des familles qui les soutiennent.
J'ai bien conscience des sujétions, de la difficulté de la distance, de l'incertitude liée à la mobilité. C'est un militaire qu'on recrute, mais une famille entière qui s'engage. Le service de la France demande un engagement complet et comment pourrait-il l'être si nos militaires et leurs familles ne sont pas parfaitement traitées, conseillées, entourées ?
Il fallait donc une réponse forte et immédiate. Une réponse qui puisse correspondre à tous, militaires du rang, sous-officiers, officiers, personnels civils, ainsi qu'à tous les types de familles. Le plan famille, c'est cette réponse.
Ce sont des mesures concrètes pour améliorer les communications, aider à mieux vivre la mobilité ou animer la communauté militaire. Ce sont des mesures qui doivent changer les vies rapidement puisque 70% d'entre-elles s'appliqueront dès cette année. Ce sont des moyens conséquents, aussi, 300 millions d'euros sur 5 ans.
Ce plan famille est important, car il est aussi le gage de la pérennité de nos recrutements et de l'attrait de nos armes à l'heure où la défense entame une augmentation forte de ses effectifs.
Protéger les Français, enfin, c'est s'assurer que les armées disposent des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission. Nos forces doivent bénéficier des meilleurs matériels et des matériels les mieux entretenus. Le MCO aéronautique était le talon d'Achille de notre défense. Quand, en 5 ans, malgré le travail remarquable d'un personnel déterminé, le coût de l'entretien augmente de 25% tandis que la disponibilité de nos aéronefs stagne à des niveaux trop bas, c'est qu'il y a un problème. Je l'ai dit à Evreux, payer plus pour voler moins, ce n'est pas précisément ma conception des choses. Il fallait prendre le dossier du MCO aéronautique à bras le corps et je suis déterminée, avec l'ensemble des acteurs, à mener ce projet jusqu'au bout.
Parler des moyens nécessaires pour nos armées, c'est évidemment parler de son budget. Là encore, le cap de l'exécutif est clair : 2% de notre PIB sera consacré à la défense en 2025. Je me suis engagée, totalement, dans la bataille pour le budget de notre défense. Je suis fière d'avoir obtenu deux dégels un 1,2 milliard d'euros en juillet et de 700 millions d'euros, quelques jours avant la fin de l'année, fière que le budget 2017 ait été respecté à l'euro près. Et sur ces bases saines, enfin, je suis fière d'avoir défendu avec le projet de loi de finances 2018, le premier acte de la remontée en puissance de nos armées.
En 2018, nous quitterons l'ère de la gestion pour entrer dans le temps de la vision et de l'action.
Une vision claire sur un monde qui change autour de nous, qui devient plus brutal, plus violent.
Une vision lucide sur nos capacités, nos marges de progression, nos impératifs de changement.
Une vision ambitieuse pour la place que la France devra occuper dans le nouveau concert des nations.
Depuis quelques mois, où que j'aille, quels que soient les partenaires que je rencontre en Europe, aux Etats-Unis, au Sahel, au Levant ou en Asie, tous ont le regard braqué vers la France. Nous sommes de retour sur le devant de la scène internationale. Nos gestes comptent et nos initiatives trouvent un écho. Comptez sur moi pour en tirer parti.
Et quand la France change, la défense montre la voie.
Les arbitrages sont là, la volonté est claire : nos armées entament une remontée en puissance historique : 1,8 milliard d'euros supplémentaire cette année, 1,7 milliard d'euros chaque année jusqu'en 2022 et 3 milliards en 2023. Sur la période 2019-2023, ce sont au total près de 200 milliards d'euros que l'Etat investira dans sa défense et ses armées.
Ces moyens exceptionnels ont un sens : celui de la remontée en puissance. Ces moyens historiques ont une vocation : le renouveau de notre défense.
La prochaine loi de programmation militaire porte ce renouveau. Le Président de la République, l'a dit vendredi à Toulon : « il ne s'agit en aucun cas de reproduire ce qui a été fait par le passé ». C'est ma conviction profonde et c'est précisément le sens de la prochaine loi de programmation militaire.
La France sera la patrie de la défense moderne. Nous cueillerons les fruits de la remontée en puissance. Nous aurons des effectifs supplémentaires, des équipements plus sûrs, des systèmes plus innovants, des modes d'action et de déploiement plus agiles.
Nous répondrons aux besoins concrets de nos forces. Nous consacrerons des moyens bien accrus à la protection des soldats comme des emprises.
Nous affirmerons aussi que les conflits ne sont pas figés au XIXe siècle. Quand une cyberattaque peut bloquer notre économie, percer nos secrets ou changer le cours d'une élection, je crois qu'il est temps d'agir.
La guerre moderne sera plus numérique, nous en prendrons le tournant. Nous affronterons les menaces cyber et donnerons des moyens accrus à nos services de renseignements, dont je voudrais saluer ici le combat silencieux. Nous ne laisserons pas nos ennemis ni même nos alliés nous devancer, nous serons à la pointe et nous donnerons le cap.
La France sera la patrie de l'innovation. Nous engagerons la réforme de la DGA pour permettre des processus d'acquisition plus rapides et y incorporer l'innovation. Nous donnerons à tous nos ingénieurs de l'armement dont le travail porte nos capacités, les pleins moyens pour accomplir leurs missions. Nous augmenterons significativement le budget des études amont. Nous tendrons la main à toutes les entreprises innovantes. L'économie civile n'a pas le monopole des start-up. Nous montrerons aux entrepreneurs et à la société, le vrai visage des armées : celui de l'audace, de l'ingéniosité.
A Gao, à H5, au large de Chypre, j'ai vu tout ce dont étaient capables nos forces. Leur capacité à ne jamais renoncer, à s'adapter à toute circonstance et à répondre rapidement à des besoins avec des moyens sommaires. Il y a un peu de Mac Gyver dans chacun de nos soldats, marins et aviateurs, profitons-en !
Cette ingéniosité doit gagner plus encore nos laboratoires, nos ambitions, nos habitudes.
Nos habitudes, justement. J'ai vu lors de mes déplacements ou encore lors du forum SGA Innovation, que votre imagination ne connaît pas de limites. Nous voulons modifier les usages, simplifier les procédures, rendre accessible le ministère. En 2018, nous accélérerons ce mouvement en alliant toutes les bonnes volontés et toutes les créativités.
2018 sera l'année des 50 ans de mai 1968. Ce n'est pas, je crois, une référence qui vient spontanément dans une telle cérémonie. Mais j'aimerais en garder un slogan : « L'imagination au pouvoir ».
Partout, et je sais que le SGA, l'EMA, le SCA, la DGA et tous les services s'y emploient, nous ne devons pas nous brider, nous ne devons pas nous censurer, nous devons pas nous limiter. Toutes les idées, quelles qu'en soient le champ, sont bonnes à prendre et nos seules limites seront celles que nous nous imposerons.
La France sera le pays des engagements déterminés et raisonnés. Nous continuerons à être présents partout où nous serons nécessaires et aussi longtemps que nous serons nécessaires. Mais nous nous adapterons. Barkhane entame sa mue et nous encouragerons, comme hier, la force conjointe G5 Sahel. Au Levant, nous finirons le combat avec Daech et nous entamerons le défi de la reconstruction. Dans le Golfe de Guinée, au large de Bab el Mandeb, nous lutterons contre la piraterie et l'entrave maritime. Au Liban, nous assurons le respect du cessez-le feu. Enfin, d'autres crises, par nature imprévisibles, pourraient surgir ici ou là, au Moyen-Orient ou en Asie notamment.
La France ne laissera pas fouler au pied ses intérêts. Elle ne laissera pas fouler au pied ses valeurs. Elle sera prête.
La loi de programmation militaire y veillera en renforçant nos cinq fonctions stratégiques.
La protection, car nous devons nous préparer à toute forme d'attaques et que nos ennemis rivalisent d'ingéniosité pour tenter de nous faire vaciller.
L'intervention, ensuite. Depuis 7 mois, j'ai parcouru des milliers de kilomètres, j'ai au total fait plus de 3 fois le tour du monde. Je me suis rendue auprès de nos soldats en opérations au Sahel et au Levant. Là-bas, nous faisons flancher le terrorisme et nous oeuvrons pour la sécurité internationale, pour notre sécurité. Une phrase de moi a fait couler beaucoup d'encre, je l'assume. Les djihadistes n'ont jamais eu d'états d'âme, je ne vois pas pourquoi nous en aurions pour eux. Quelle que soit la cause, quel que soit l'ennemi, nous devons pouvoir nous projeter et intervenir dès lors que la situation l'exige.
La dissuasion, bien sûr, sera au coeur de la prochaine LPM. Le Président l'a répété à Toulon, la dissuasion est le coeur de notre autonomie stratégique, c'est la garantie de notre indépendance et de notre influence. Le renouvellement des deux composantes de notre dissuasion sera donc engagé.
Enfin, nous mènerons un effort tout particulier pour les fonctions de prévention et de connaissance et anticipation.
En 2018, nous continuerons à nous battre pour l'Europe. Le Président de la République l'a rappelé à Toulon et je serai tout aussi engagée que lui pour permettre l'Europe de la défense.
L'Europe de la défense, ce n'est pas un frein à notre développement. Ce n'est en aucune façon le renoncement à notre souveraineté, à notre capacité d'intervention : c'est le niveau nécessaire pour garantir notre autonomie stratégique. C'est par la coopération que nous pourrons garder tout le spectre de nos capacités. C'est par l'union que nous pourrons intervenir utilement et partout. C'est par la consolidation de nos industries que nous pourrons peser, gagner des marchés, porter l'innovation.
Dans une Europe de la défense où la Grande-Bretagne garde toute sa place malgré le Brexit, regardons notre partenariat sur les missiles. Regardons les avancées du sommet de Sandhurst la semaine dernière. Le Royaume-Uni y a décidé de déployer des hélicoptères supplémentaires pour aider Barkhane. C'est une chance. Regardons le travail que nous menons avec l'Allemagne sur le char de demain, le système de combat aérien du futur ou la création d'une unité navigante bilatérale à Evreux. N'est-ce pas une opportunité, une main tendue ?
En privilégiant la coopération et en agissant ensemble en opération, en entretenant une culture stratégique commune, nous formerons une Europe de la défense porteuse de sens. Une Europe de la défense protectrice de notre souveraineté, de notre sécurité, de notre liberté.
2018 sera l'année où le lien armée-Nation prendra pleinement son sens. Je souhaite que les armées soient pleinement partie de la société. Elles représentent déjà des centaines de milliers d'emploi, font vivre des industries entières, offrent à tous une vocation. Les armées sont un exemple d'égalité des chances, car derrière l'uniforme, les différences s'effacent et il ne reste plus que des soldats.
Avec l'élaboration du service national, nous mènerons également cette année un projet fédérateur, qui marquera notre jeunesse et permettra à une génération entière, venue de tous les horizons, de se connaître et de se comprendre.
Nous continuerons aussi, à oeuvrer pour nos anciens combattants et pour notre devoir de mémoire. Chère Geneviève Darrieussecq, je sais avec quelle ardeur et quelle passion vous vous êtes emparée de ces dossiers. Je sais aussi que l'année 2018 sera riche de commémorations avec les célébrations du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Ces commémorations n'ont rien de superfétatoire. Elles rendent hommage à ceux qui sont morts parce qu'ils voulaient être libres et elles rappellent à notre jeunesse que la liberté et la démocratie ne doivent jamais être tenus pour acquises.
La prise de conscience de chacun sur les besoins de nos armées est une opportunité exceptionnelle. Mais ces moyens nouveaux nous obligent autant qu'ils nous servent.
2018 sera l'année de l'exécution des réformes. Combien de réformes ont été annoncées et jamais menées ? Combien de plans, d'annonces, de promesses n'ont jamais été suivies d'effets ? Combien de phrases cocardières, de gesticulations et d'effets de manche n'ont été suivis d'aucun acte ?
Quand on promet et qu'on ne fait rien, la confiance se rompt. Et rompre la confiance avec ceux qui servent notre pays, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour notre liberté : c'est la pire des trahisons.
Nous avons des moyens historiques, nous avons donc des exigences historiques.
L'exigence de créer cette armée moderne et résolue dont je parle.
L'exigence de mener les réformes et d'affronter les obstacles.
L'exigence de rendre compte de l'emploi des moyens considérables que la Nation nous confie.
Mais l'exigence, aussi, de mener les chantiers engagés jusqu'au bout.
Le Plan Famille a suscité des espoirs, des attentes. Il propose des mesures très concrètes qui peuvent améliorer très vite les conditions de vie de chacun au ministère des armées. Quand je parle de wifi dans les casernes et en OPEX, je veux que nos soldats sachent qu'ils peuvent s'attendre à en avoir bientôt. Quand je parle de places de crèche, de logements supplémentaires, d'affectations connues 5 mois en avance, je veux que chacun sache qu'il en bénéficiera bientôt.
La réforme du MCO aéronautique, aussi, sera menée jusqu'à son terme. Il en va de la crédibilité de tous nos aéronefs, de notre capacité à intervenir, à nous projeter, à continuer à former les meilleurs pilotes et garantir l'action et la sécurité de nos forces.
Bien d'autres réformes arrivent, nous en avons déjà évoquées certaines : le SSA qui développe son partenariat avec le service public et oriente ses moyens vers la médecine des forces ; la réforme de la DGA ; la création de la DGNum et bien d'autres encore.
Je serai extrêmement vigilante quant à l'exécution des réformes. Nous n'avons pas le droit d'échouer, alors nous n'échouerons pas. Et donc, je préfère vous prévenir : je serai là, toujours, avec vous, devant vous, déterminée dans les batailles, solidaire à chaque instant et exigeante face aux résultats.
Je ne vous lâcherai pas et je continuerai à me battre. Parce que c'est ma nature, parce que je ne sais pas faire autrement.
Alors je continuerai à me battre pour nos militaires, pour leurs conditions de vie, pour leurs familles.
A me battre contre tous les conservatismes, tous les défaitismes, tous les cyniques.
A me battre pour vaincre le terrorisme, pour la sécurité de chacun de nous.
A me battre, enfin, pour l'innovation, pour la liberté, pour l'audace.
En 2018, la défense française est de retour, emparons-nous de cette chance !
Je vous souhaite, à toutes et tous, une belle et heureuse année 2018.
Vive la République ! Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 23 janvier 2018