Déclaration de Mme Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, sur la politique de l'énergie au service du climat, à Paris le 5 décembre 2017.

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Circonstance : Colloque annuel 2017 de l'Union française de l'électricité, à Paris le 5 décembre 2017

Texte intégral


Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs,
C'est un honneur pour moi que de porter ce matin la parole du ministère de la transition écologique et solidaire, à un moment particulièrement stratégique pour votre filière et pour le pays.
Parler d'énergie, c'est d'abord s'inscrire dans le cadre général de nos enjeux climatiques, comme vous l'avez souligné. Parler d'énergie, c'est aussi évoquer la capacité de la France du point de vue industriel, sa sécurité et son indépendance énergétique.
C'est aussi parler de nos territoires, leur aménagement, leur développement, et s'adresser directement aux Français. En matière d'énergie, notre politique doit se décliner selon trois principes :
- la prévisibilité ;
- l'ambition ;
- la sincérité.
Notre cadre général est fixé par l'urgence climatique. Le plan Climat que nous avons annoncé en juillet dernier vise à être plus ambitieux encore que l'accord de Paris : nous visons d'ici 2050 la neutralité carbone.
Nous voulons laisser les énergies fossiles dans le sous-sol. Par le premier geste que constitue la loi sur les hydrocarbures déjà adoptée, nous souhaitons susciter une dynamique en Europe et dans le reste du monde.
Nous voulons fixer un cap de long terme cohérent avec l'accord de Paris, ce qui doit engager d'ores et déjà un mouvement irréversible.
Notre objectif consiste à assigner un juste prix au carbone, avec une trajectoire prévisible et connue.
Nous souhaitons aussi préserver nos industries, en particulier celles qui sont le plus exposées à la concurrence internationale.
Dans ce cadre, nous sommes activement mobilisés pour la négociation du paquet « énergie propre », dont nous souhaitons qu'il soit à la hauteur afin que nous atteignions collectivement nos objectifs climatiques.
Nous avons besoin qu'il assigne aux Etats membres des objectifs en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique. Il doit donner aux Etats des outils pour les atteindre tout en mettant en place une gouvernance efficace et respectueuse des dispositifs nationaux.
Ceci passe par un dispositif de gouvernance permettant de vérifier que chaque Etat avance à un rythme suffisant et atteigne des jalons précisément définis. Telle est la méthode que nous promouvons pour le développement des énergies renouvelables.
Les semaines récentes ont permis de clarifier nos trajectoires en matière de mix énergétique. L'ambition de 50 % pour la part du nucléaire sera atteinte à un horizon à la fois réaliste et sincère.
Notre programmation stratégique est en cours de révision. Elle nous donnera d'ici fin 2018 une visibilité sur notre trajectoire énergétique jusqu'à 2028, ce qui doit nous permettre de sécuriser notre approvisionnement, d'assurer les acteurs et d'accélérer nos investissements.
Pour y parvenir, il faut organiser un développement massif des énergies renouvelables. Nous y travaillons déjà à travers notamment des mesures de simplification. Nous nous efforçons de construire étape par étape un système réglementaire incitatif qui permettra de construire l'énergie de demain.
Nous devrons bien sûr accompagner les territoires dans leur transition écologique. Il s'agit d'une préoccupation centrale pour le gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous travaillons à l'élaboration de contrats de transition écologique qui seront mis en oeuvre progressivement en 2018.
En matière d'énergie, la sobriété est aussi le gage de notre souveraineté à venir. Le ministre d'Etat a engagé des concertations en vue d'un plan majeur de rénovation thermique des bâtiments, représentant 14 milliards d'euros sur le quinquennat, avec pour priorité de résorber la précarité énergétique.
Le combat pour la maîtrise de notre consommation d'énergie se joue aussi dans l'innovation. Ces sujets occuperont une grande partie de vos débats et les champs ouverts par la révolution numérique sont immenses. Le stockage de l'électricité, en priorité, constitue la grande frontière technologique que nous devrons franchir.
L'innovation est également cruciale pour la transition énergétique. Le ministre d'Etat annoncera en 2018 un Green New Deal, en association avec le ministre de l'économie et des finances. L'objectif sera de mobiliser toutes les filières autour de notre transition écologie, énergétique, et solidaire. Ce plan portera sur tous les secteurs afin de définir des actions, en sortant des sentiers battus et afin de concilier effectivité de la transition et développement économique durable.
Nous devons également organiser la transformation de notre système électrique en France pour le rendre plus sûr, plus efficace dans un contexte de transition énergétique. Cela suppose de bien négocier les textes législatifs afin d'aboutir à un résultat aussi optimal que possible. La France veillera à ce que le cadre européen fixe les grandes orientations, en laissant aux Etats suffisamment de flexibilité pour mettre en oeuvre concrètement cette transition et leur permettre d'atteindre leurs objectifs nationaux.
C'est particulièrement vrai en matière de sécurité d'approvisionnement, pour laquelle les gouvernements ont une responsabilité politique vis-à-vis des citoyens. La France a fait le choix d'un mécanisme de capacité, en matière d'électricité, validé par la Commission européenne. Il faut replacer le consommateur au centre du dispositif. Les dispositions en faveur du développement de l'autoconsommation vont dans le bon sens mais il faut aller plus loin. La France est déjà engagée en ce sens, avec de premières expérimentations qui se développent par exemple en matière d'autoconsommation collective.
Le moment de bascule où nous nous trouvons représente une formidable opportunité d'innovation et de réinvention du monde dans lequel nous sommes. L'électricité s'inscrit plus que jamais au coeur de cette réflexion.
Source http://ufe-electricite.fr, le 9 février 2017