Déclaration de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, sur les vœux aux personnalités du ministère, Paris le 23 janvier 2018.

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Le philosophe Saint-Simon disait des forces vives de l'administration, de l'économie et de la société civile, je le cite :
« [Elles] sont réellement la fleur de la société française ; [elles] sont de tous les Français les plus utiles à leur pays, [celles] qui lui procurent le plus de gloire, qui hâtent le plus sa civilisation ainsi que sa prospérité ; la nation deviendrait un corps sans âme, à l'instant où [elle] les perdrait ».
Deux siècles après ces mots, je peux affirmer que le constat est le même : vous êtes toujours aussi indispensables à notre pays.
C'est avec un grand plaisir que je vous présente mes meilleurs voeux pour la nouvelle année : j'espère qu'elle répondra à vos aspirations, tant personnelles que professionnelles.
1. La nouvelle année est l'occasion de jeter un regard sur l'année écoulée.
Aussi, 2017 restera une année marquante, et, osons le mot, historique, tout d'abord par le choix des Français.
En mai dernier, une large majorité s'est exprimée pour porter au pouvoir :
- un nouveau Président de la République ;
- une nouvelle majorité pour mener les transformations courageuses et nécessaires, à notre pays.
Cette « révolution », pour reprendre le mot du président de la République, doit changer la manière d'aborder les problèmes ; et de construire un nouveau projet, un nouveau récit collectif.
En faisant ce choix, les Français ont attribué à cette nouvelle majorité leur confiance, et avec elle, leur impatience et leurs exigences.
Aussi, voilà 8 mois que le Premier ministre et le gouvernement sont à la tâche, pour mettre en oeuvre ces engagements.
2. Pour le ministère des solidarités et de la santé, ce début de mandature est déjà riche en mesures.
D'une façon générale, la lutte contre les inégalités, de toutes sortes, est au centre de notre action.
(i) Le plan d'accès aux soins propose de penser autrement nos territoires, en mettant en oeuvre des politiques pragmatiques et adaptées aux particularités locales.
Ce plan d'accès, j'ai voulu qu'il soit un parfait exemple de démocratie sanitaire : il doit mobiliser, en effet les élus, les professionnels de santé, et, naturellement, les patients, dans toute leur diversité.
Enfin, j'ai voulu ce plan transparent, avec des indicateurs et des objectifs, 3 délégués, ainsi qu'un comité ministériel.
(ii) Il y a eu aussi, bien sûr, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS), votée à une large majorité.
Elle amorce le retour à l'équilibre d'ici 2020, et qui fournit de vrais efforts envers les plus fragiles – je pense en particulier aux familles monoparentales.
(iii) En matière de prévention :
- La protection accrue de nos enfants, avec l'extension à 11 vaccins, a été une étape importante,
- tout comme l'augmentation du prix du paquet de cigarettes, progressivement amené à 10€, qui s'accompagne d'une lutte accrue contre la contrebande et traçabilité.
Nos politiques nationales de prévention, pour autant, ne se bornent pas à l'action de notre ministère.
- Bien au contraire, elle a une portée interministérielle, et irrigue l'action gouvernementale pour une population en meilleure santé, que ce soit en matière :
d'éducation,
de travail,
d'alimentation,
et d'environnement.
C'est pourquoi 2018 sera l'année d'un grand plan de santé publique, pour coordonner la cinquantaine de plans déjà existants.
(iv) Surtout, le dernier semestre aura été marqué par une volonté de transformation profonde de notre système de santé.
La stratégie nationale de santé (SNS) articule 4 priorités, à l'aune des contributions des différents acteurs de notre système de santé.
Il revient maintenant aux régions de décliner la stratégie, de donner davantage de lisibilité à nos plans de santé publique.
(v) 2017 aura aussi vue la mise en oeuvre d'une large concertation, pour élaborer le plan de lutte contre la pauvreté des jeunes et des enfants.
Cette contribution devra aboutir à un plan, qui sera présenté au 2ème trimestre 2018.
(vi) La liste des réformes est encore longue, qu'il s'agisse :
- du tiers payant ;
- ou encore du décret mettant fin aux discriminations que connaissaient les séropositifs, en matière de thanatopraxie, ainsi que des mesures encourageant et renforçant le dépistage du sida.
- ou, enfin, à propos de l'hôpital, avec le décret limitant le recours aux médecins intérimaires, afin de mettre fin aux inégalités salariales que connaissent les titulaires.
3. Cette nouvelle année, quant à elle, s'ouvre sur de nombreux défis. J'en suis parfaitement consciente : nous jouons là une partie de l'avenir de nos enfants.
Je compte sur vous pour faire ce pourquoi les Français ont voté le 7 mai dernier : rendre la France plus forte, plus juste, plus solidaire.
Plus que jamais, nous avons besoin de repenser et de préparer un grand projet social pour notre pays. Ce projet, nous le déploierons durant l'année qui s'annonce, avec :
- la réforme des retraites ;
- la feuille de route en matière de psychiatrie et de santé mentale ;
- la réforme du système de financement, tant du secteur hospitalier que du secteur ambulatoire ;
- ou encore la révision des lois bio éthique.
4. Surtout, je veux que 2018 soit l'année des solidarités.
Au fond, qu'il s'agisse de notre système de santé, ou de cohésion sociale, le diagnostic reste le même : nous devons faire plus pour les plus fragiles d'entre nous.
Cette nécessité de plus de justice, de solidarité, elle puise ses racines dans ce beau concept de « fraternité ».
- C'est la fraternité qui rend possible la synthèse de la liberté et de l'égalité,
- c'est cet humanisme qui fait d'un tas un tout, qui fait d'une somme d'individus une collectivité soucieuse du bien-être de ses concitoyens.
Fortes de cet idéal, notre politique de santé, notre politique en faveur des personnes âgées et des familles, ainsi que notre politique d'aide aux plus fragiles, devront conduire ce grand projet social. C'est l'engagement du président de la République.
Cette cohésion sociale que je souhaite plus forte pour 2018, elle dépend aussi de votre engagement, à chacune, et à chacun d'entre vous.
- J'ai pleine confiance en vous, pour que votre expérience, votre engagement, et votre expertise servent le mieux possible nos concitoyens.
- « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » : le poète Boileau ne croyait pas si bien dire, tant dans le champ médical, comme dans le champ social, chaque victoire est provisoire, et l'obstination, comme la patience, de tous les instants.
Notre modèle est unique : nous devons le protéger et en être fiers.
Les échéances qui sont les nôtres sont majeures, que ce soit en termes :
- de nouvelles réponses aux besoins à couvrir,
- de transformation de nos politiques et de nos organisations,
- que d'adhésion et d'explication.
Ces échéances, je les tiendrai en ma qualité de ministre issue la société dite civile :
- avec vous, en comprenant les doutes et la nécessité de recréer du sens collectif et individuel,
- mais aussi avec détermination et confiance pour mener à bien les projets qui nous attendent.
Mesdames, Messieurs,
Je sais pouvoir compter sur votre professionnalisme, votre engagement et votre mobilisation.
Aussi j'aborde 2018 avec optimisme, l'optimisme de la responsable qui sait que la mission qui lui a été confiée est cruciale, l'optimisme de nous tous qui avons fait le choix de l'action. .
Permettez-moi une fois encore de vous adresser mes voeux les plus chaleureux.
Je vous remercie.
Source http://solidarites-sante.gouv.fr, le 20 mars 2018