Texte intégral
A. Hausser Il y a un malaise dans la police. Les policiers sont dans la rue. On a accusé la loi sur la présomption d'innocence. On dit aussi qu'il n'y a pas assez de moyens pour la police. Pourtant, D. Vaillant dit qu'il a obtenu plus en un an qu'en 15 ans. Où est la vérité ?
- "Il y a un choix politique qui a été fait par le Gouvernement dans le budget précédent. On n'a pas pris en priorité la justice et la police. Quand je compare le budget de l'Education nationale..."
Deux milliards de plus, ce n'est pas une priorité ?
- "Non, ce n'est pas une priorité. On a créé près de 10.000 emplois à l'Education nationale, avec 80.000 élèves en moins. C'est très bien, l'Education nationale est très importante, mais cela signifie que la priorité n'a pas été donnée à l'Intérieur et à la Justice, 3.000 et 3.000. On sait très bien que, depuis plusieurs années, le Gouvernement traîne les pieds sur les questions de sécurité. Il a fait un budget qu'il l'arrangeait, il a fait un choix. Ce choix politique doit être assumé car, depuis six mois, nous vivons dans un provisoire qui s'additionne. Le Gouvernement a fait la loi sur la sécurité, parce que les municipales se passaient mal. Le Gouvernement prend en compte la sécurité parce que, électoralement, il a senti que le boulet des municipales était fort. Ce n'est pas cela, une politique de sécurité."
C'est quoi ? C'est une répression à tout prix ?
- "Non. La politique de sécurité, cela veut d'abord dire qu'on organise à l'Assemblée nationale un débat et qu'on fait une loi d'orientation, une loi-programme, c'est-à-dire qu'on modifie les conditions de procédure et on donne les moyens."
Mais tous les ministres de l'Intérieur font des lois d'orientation qui ne sont jamais appliquées...
- "Mais ce ministère et depuis 1997, ne prend pas au sérieux les problèmes de sécurité. Rappelez-vous qu'il y a quelques années, M. Jospin, à la télévision, qualifiait "d'incivilité" l'attaque d'un autobus, parlait de son angélisme évolutif. Quand j'ai vu M. Hollande hier, j'ai vu qu'en réalité, il y avait un décalage profond, entre ce qu'était la situation en France - puisque maintenant, c'est quasiment général - et ce que pensait le Gouvernement. Le Gouvernement est à la traîne sur les affaires de sécurité. Le Gouvernement n'a pas compris que la priorité, depuis une dizaine d'années, était la question de la sécurité. Maintenant, la loi sur la présomption d'innocence, parlons-en..."
Je voudrais qu'on reste un instant sur la sécurité. F. Hollande a annoncé un geste supplémentaire. Donc, vous dites qu'un geste ne suffira pas, qu'il faudra une loi d'orientation, qui risque de n'être jamais mise en pratique ?
- "Il faut mettre la sécurité en priorité nationale."
Mais ce qui veut dire ? Vous ne créez pas des postes de policiers en une semaine.
- "Il faut changer la structure policière. Hier, par exemple, j'entendais F. Hollande qui disait "qu'ils veulent privatiser la justice", les vieux slogans des années 70 de la gauche quand elle tape au-dessous de la ceinture. Mais il s'agit maintenant d'associer les élus locaux, il s'agit de mettre un effort de l'opinion sur le problème de sécurité. Ce n'est pas en mettant des gilets pare-balles et puis après, je ne sais pas quoi, des ceintures pare-balles et puis après des casques qui sont de protection. Bien entendu, ce sont des gestes, mais ce sont des gestes qui ne suffisent pas. La vérité est que ce Gouvernement n'a pas choisi comme priorité la sécurité et la justice. Il faut qu'il s'assume. Et il en paiera cher les conséquences électoralement."
C'est vous qui le dites. La loi sur la présomption d'innocence, ne faut-il pas la réviser ? Il faut l'évaluer ? Qu'est-ce qu'il faut ? L'adapter ?
- "Le Gouvernement évalue une loi qu'il n'a pas évaluée avant. Vous savez que, normalement dans la procédure législative, il y a une étude d'impact, une étude d'impact obligatoire depuis 1995, je crois. Cette étude d'impact a été faite ou pas, je ne sais pas, mais on fait l'impact a posteriori. Ce Gouvernement nous a proposé une loi. La gauche l'a votée. Nous nous sommes abstenus, parce que le problème de la sécurité est un problème important. Et aujourd'hui, il vient nous dire cette loi ne peut être appliquée, parce qu'ils n'ont pas mis les moyens. Je dois dire que faire faire une évaluation parlementaire, quel que soit son talent, ce n'est quand même pas une méthode de gouvernement. Le Gouvernement a perdu les pédales dans toutes ces questions. Et j'ai senti, chez le secrétaire général du Parti socialiste, un décalage, une absence de propositions. Je crois qu'ils n'y sont plus. Ils n'y sont plus du tout."
Et vous croyez que vous y êtes déjà ?
- "Non, on n'y est pas du tout. Mais en tout cas, de ce point de vue, entre 1993 et 1997, il faut reconnaître qu'on avait mieux réussi sur les questions de sécurité que la gauche. Il y a d'autres secteurs où incontestablement la gauche a mieux réussi, mais pas dans celui-là."
Avant d'y arriver, il y a les présidentielles, il y a les élections. A. Madelin est déjà candidat, C. Lepage aussi, C. Boutin également. F. Bayrou va officialiser sa candidature cette semaine. Vous dites qu'il y a trop de candidats à droite. Mais comment régler le problème ?
- "Le problème doit se régler dans la tête de chacun. La vraie question est que la droite et le centre l'emportent au deuxième tour, contre celui qui sera le candidat de la gauche. La dispersion des candidatures au premier tour peut être un avantage, s'il y a une véritable discipline collective. Pour avoir fait quelques élections, je sais que plus il y a de candidats, plus c'est difficile, car on monte les enchères dans une campagne et j'ai peur qu'il y en ait trop."
Vous venez du centre et vous êtes à DL. Est-ce que vous pouvez être un de ceux qui peuvent convaincre l'un des deux de se retirer ?
- "Non. Je crois que c'est un acte individuel. Simplement, chacun donne sa position. F. Bayrou sera candidat, si son parti le souhaite, c'est son droit le plus absolu. A. Madelin, lui, fait une campagne qui est une campagne personnelle, puisque Démocratie Libérale n'a pas officiellement de candidat. Son président est en lice. Et je crois qu'il faudra tirer le bilan de tout cela vers le mois de février, quand tous les candidats seront déclarés. Et les sondages, dont on dit tellement de mal, ne sont pas seulement quelque chose d'indicatif. Ils doivent aussi inciter les politiques à un peu de raison. Ce qu'il faut, c'est gagner, car je crois que la France a besoin d'un vrai changement politique. Quand j'ai entendu M. Hollande hier, je me suis persuadé que le changement était nécessaire."
Vous l'avez bien écouté, M. Hollande...
- "Oui, je l'ai écouté avec beaucoup d'attention. Cela me fait plaisir de voir des gens rétro."
Vous êtes conseiller de Paris, président du groupe DL. La municipalité a publié l'audit réalisé sur la gestion précédente. On n'a pas découvert de révélation. Alors, c'est un audit qui fait "pschitt". Mais pourquoi est-ce que vous vous êtes autant déchirés, si Paris était bien géré ?
- "Non, ce n'est pas le problème. Le problème est que Paris était dirigé sans concertation. C'est une ville administrative. Et finalement, le constat qu'a fait l'étude Andersen est assez coûteux. On le connaissait tous, y compris M. Delanoë qui, depuis 20 ans, sait parfaitement comment se passe la maison. Donc, il a voulu faire un coup politique. Il a raté. Non seulement, il l'a raté, mais je dois dire qu'au moins, l'audit aura une utilité : c'est qu'il va lui servir à lui puisque, dans sa période de Gouvernement depuis mai, il a fait exactement ce que prévoit l'audit en pire, puisque les subventions ont augmenté, il n'y a aucune transparence et il les donne à ses copains, ses camarades... Ses camarades ont désormais accès à la boîte à finances de la ville de Paris."
Et auparavant, c'était les amis de la droite.
- "Voilà, on n'en supprime pas et puis on en ajoute, c'est-à-dire que la ville de Paris a de plus en plus de subventions sans contrôle. Si c'est ce que M. Delanoë voulait savoir, il n'y avait pas besoin de faire un audit pour cela."
Etes-vous d'accord avec l'action de la France en Afghanistan ? Est-ce que finalement - on ne sait pas tout -, tout se passe bien ?
- "Oui. Ceux qui ont critiqué l'action de l'armée française en Afghanistan, et notamment M. Chevènement, qui est pourtant le plus mal placé pour le faire, lui qui a démissionné lorsque l'armée française était engagée en Irak, c'est peut-être une habitude de critiquer l'armée. Il faut que la France soit présente sur ce front, parce que d'un point de vue géopolitique, c'est essentiel. Et assister un pays qui est en déserrance, que les militaires fassent de l'humanitaire, cela ne me choque pas, parce que la guerre finit quand même par la paix et que l'armée aussi travaille pour la paix. C'est une tâche noble pour les militaires."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 2001)
- "Il y a un choix politique qui a été fait par le Gouvernement dans le budget précédent. On n'a pas pris en priorité la justice et la police. Quand je compare le budget de l'Education nationale..."
Deux milliards de plus, ce n'est pas une priorité ?
- "Non, ce n'est pas une priorité. On a créé près de 10.000 emplois à l'Education nationale, avec 80.000 élèves en moins. C'est très bien, l'Education nationale est très importante, mais cela signifie que la priorité n'a pas été donnée à l'Intérieur et à la Justice, 3.000 et 3.000. On sait très bien que, depuis plusieurs années, le Gouvernement traîne les pieds sur les questions de sécurité. Il a fait un budget qu'il l'arrangeait, il a fait un choix. Ce choix politique doit être assumé car, depuis six mois, nous vivons dans un provisoire qui s'additionne. Le Gouvernement a fait la loi sur la sécurité, parce que les municipales se passaient mal. Le Gouvernement prend en compte la sécurité parce que, électoralement, il a senti que le boulet des municipales était fort. Ce n'est pas cela, une politique de sécurité."
C'est quoi ? C'est une répression à tout prix ?
- "Non. La politique de sécurité, cela veut d'abord dire qu'on organise à l'Assemblée nationale un débat et qu'on fait une loi d'orientation, une loi-programme, c'est-à-dire qu'on modifie les conditions de procédure et on donne les moyens."
Mais tous les ministres de l'Intérieur font des lois d'orientation qui ne sont jamais appliquées...
- "Mais ce ministère et depuis 1997, ne prend pas au sérieux les problèmes de sécurité. Rappelez-vous qu'il y a quelques années, M. Jospin, à la télévision, qualifiait "d'incivilité" l'attaque d'un autobus, parlait de son angélisme évolutif. Quand j'ai vu M. Hollande hier, j'ai vu qu'en réalité, il y avait un décalage profond, entre ce qu'était la situation en France - puisque maintenant, c'est quasiment général - et ce que pensait le Gouvernement. Le Gouvernement est à la traîne sur les affaires de sécurité. Le Gouvernement n'a pas compris que la priorité, depuis une dizaine d'années, était la question de la sécurité. Maintenant, la loi sur la présomption d'innocence, parlons-en..."
Je voudrais qu'on reste un instant sur la sécurité. F. Hollande a annoncé un geste supplémentaire. Donc, vous dites qu'un geste ne suffira pas, qu'il faudra une loi d'orientation, qui risque de n'être jamais mise en pratique ?
- "Il faut mettre la sécurité en priorité nationale."
Mais ce qui veut dire ? Vous ne créez pas des postes de policiers en une semaine.
- "Il faut changer la structure policière. Hier, par exemple, j'entendais F. Hollande qui disait "qu'ils veulent privatiser la justice", les vieux slogans des années 70 de la gauche quand elle tape au-dessous de la ceinture. Mais il s'agit maintenant d'associer les élus locaux, il s'agit de mettre un effort de l'opinion sur le problème de sécurité. Ce n'est pas en mettant des gilets pare-balles et puis après, je ne sais pas quoi, des ceintures pare-balles et puis après des casques qui sont de protection. Bien entendu, ce sont des gestes, mais ce sont des gestes qui ne suffisent pas. La vérité est que ce Gouvernement n'a pas choisi comme priorité la sécurité et la justice. Il faut qu'il s'assume. Et il en paiera cher les conséquences électoralement."
C'est vous qui le dites. La loi sur la présomption d'innocence, ne faut-il pas la réviser ? Il faut l'évaluer ? Qu'est-ce qu'il faut ? L'adapter ?
- "Le Gouvernement évalue une loi qu'il n'a pas évaluée avant. Vous savez que, normalement dans la procédure législative, il y a une étude d'impact, une étude d'impact obligatoire depuis 1995, je crois. Cette étude d'impact a été faite ou pas, je ne sais pas, mais on fait l'impact a posteriori. Ce Gouvernement nous a proposé une loi. La gauche l'a votée. Nous nous sommes abstenus, parce que le problème de la sécurité est un problème important. Et aujourd'hui, il vient nous dire cette loi ne peut être appliquée, parce qu'ils n'ont pas mis les moyens. Je dois dire que faire faire une évaluation parlementaire, quel que soit son talent, ce n'est quand même pas une méthode de gouvernement. Le Gouvernement a perdu les pédales dans toutes ces questions. Et j'ai senti, chez le secrétaire général du Parti socialiste, un décalage, une absence de propositions. Je crois qu'ils n'y sont plus. Ils n'y sont plus du tout."
Et vous croyez que vous y êtes déjà ?
- "Non, on n'y est pas du tout. Mais en tout cas, de ce point de vue, entre 1993 et 1997, il faut reconnaître qu'on avait mieux réussi sur les questions de sécurité que la gauche. Il y a d'autres secteurs où incontestablement la gauche a mieux réussi, mais pas dans celui-là."
Avant d'y arriver, il y a les présidentielles, il y a les élections. A. Madelin est déjà candidat, C. Lepage aussi, C. Boutin également. F. Bayrou va officialiser sa candidature cette semaine. Vous dites qu'il y a trop de candidats à droite. Mais comment régler le problème ?
- "Le problème doit se régler dans la tête de chacun. La vraie question est que la droite et le centre l'emportent au deuxième tour, contre celui qui sera le candidat de la gauche. La dispersion des candidatures au premier tour peut être un avantage, s'il y a une véritable discipline collective. Pour avoir fait quelques élections, je sais que plus il y a de candidats, plus c'est difficile, car on monte les enchères dans une campagne et j'ai peur qu'il y en ait trop."
Vous venez du centre et vous êtes à DL. Est-ce que vous pouvez être un de ceux qui peuvent convaincre l'un des deux de se retirer ?
- "Non. Je crois que c'est un acte individuel. Simplement, chacun donne sa position. F. Bayrou sera candidat, si son parti le souhaite, c'est son droit le plus absolu. A. Madelin, lui, fait une campagne qui est une campagne personnelle, puisque Démocratie Libérale n'a pas officiellement de candidat. Son président est en lice. Et je crois qu'il faudra tirer le bilan de tout cela vers le mois de février, quand tous les candidats seront déclarés. Et les sondages, dont on dit tellement de mal, ne sont pas seulement quelque chose d'indicatif. Ils doivent aussi inciter les politiques à un peu de raison. Ce qu'il faut, c'est gagner, car je crois que la France a besoin d'un vrai changement politique. Quand j'ai entendu M. Hollande hier, je me suis persuadé que le changement était nécessaire."
Vous l'avez bien écouté, M. Hollande...
- "Oui, je l'ai écouté avec beaucoup d'attention. Cela me fait plaisir de voir des gens rétro."
Vous êtes conseiller de Paris, président du groupe DL. La municipalité a publié l'audit réalisé sur la gestion précédente. On n'a pas découvert de révélation. Alors, c'est un audit qui fait "pschitt". Mais pourquoi est-ce que vous vous êtes autant déchirés, si Paris était bien géré ?
- "Non, ce n'est pas le problème. Le problème est que Paris était dirigé sans concertation. C'est une ville administrative. Et finalement, le constat qu'a fait l'étude Andersen est assez coûteux. On le connaissait tous, y compris M. Delanoë qui, depuis 20 ans, sait parfaitement comment se passe la maison. Donc, il a voulu faire un coup politique. Il a raté. Non seulement, il l'a raté, mais je dois dire qu'au moins, l'audit aura une utilité : c'est qu'il va lui servir à lui puisque, dans sa période de Gouvernement depuis mai, il a fait exactement ce que prévoit l'audit en pire, puisque les subventions ont augmenté, il n'y a aucune transparence et il les donne à ses copains, ses camarades... Ses camarades ont désormais accès à la boîte à finances de la ville de Paris."
Et auparavant, c'était les amis de la droite.
- "Voilà, on n'en supprime pas et puis on en ajoute, c'est-à-dire que la ville de Paris a de plus en plus de subventions sans contrôle. Si c'est ce que M. Delanoë voulait savoir, il n'y avait pas besoin de faire un audit pour cela."
Etes-vous d'accord avec l'action de la France en Afghanistan ? Est-ce que finalement - on ne sait pas tout -, tout se passe bien ?
- "Oui. Ceux qui ont critiqué l'action de l'armée française en Afghanistan, et notamment M. Chevènement, qui est pourtant le plus mal placé pour le faire, lui qui a démissionné lorsque l'armée française était engagée en Irak, c'est peut-être une habitude de critiquer l'armée. Il faut que la France soit présente sur ce front, parce que d'un point de vue géopolitique, c'est essentiel. Et assister un pays qui est en déserrance, que les militaires fassent de l'humanitaire, cela ne me choque pas, parce que la guerre finit quand même par la paix et que l'armée aussi travaille pour la paix. C'est une tâche noble pour les militaires."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 27 novembre 2001)