Déclarations de M. Alain Richard, ministre de la défense, en réponse à des questions sur le programme européen de développement de l'avion de transport militaire A400M, à l'Assemblée nationale le 8 janvier 2002.

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Texte intégral

Cette réalisation concrète de l'Europe traduit une méthode et une volonté. Nous avions défini en commun les besoins et les réponses à apporter. Ainsi, la nouvelle génération d'avions de combat transportera d'Istres à Kaboul, sans escale, un tonnage supérieur de 50 % en deux fois moins de temps.
Huit pays européens se sont engagés et ont mis en place les crédits nécessaires, comme l'avait fait le Parlement français pour les 50 avions que nous avions commandés en 2001.
On s'était beaucoup interrogé sur l'aboutissement de ce projet. Au Sommet franco-allemand de Nantes, en novembre dernier, le chancelier Schröder avait confirmé son engagement et nous avons pu aboutir.
Il peut arriver, bien sûr, que se manifestent des divergences ou des hésitations, on vient de le voir avec l'Italie. Mais, outre qu'elle n'est pas déterminante, la décision prise par le gouvernement italien peut être revue. Quoi qu'il en soit, les Etats doivent, en ces matières, garder le dernier mot. Le gouvernement se félicite des succès constatés, et souhaite que l'Europe persévère dans cette voie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 janvier 2002)
Jean-Michel Boucheron - PS Ile-et-Vilaine
Monsieur le Président, monsieur le ministre de l'Intérieur, la période que nous vivons sera retenue comme celle d'une formidable avancée de la construction européenne. Evidemment, la mise en place définitive de l'euro en est l'aspect le plus spectaculaire, parce que le plus populaire. Nous devons également, je le pense, nous réjouir d'importants et récents succès dans le domaine de la politique européenne de sécurité. En effet, le 15 décembre dernier, le sommet de Laeken a déclaré, opérationnelle, la défense européenne. Dès 2002, celle-ci sera donc capable de mener d'importantes opérations humanitaires, ou de difficiles extractions de ressortissants dans des pays en crises graves, en 2003, la capacité de la force commune à conduire les opérations de gestion des crises.
Au même moment, la nouvelle politique de défense de nos alliés américains, qui n'est pas la conséquence du 11 septembre, montre aux Européens, qu'ils doivent se doter des outils de leur propre sécurité. L'Europe de la Défense n'enlève rien aux capacités nationales, mais elle nous donnera des capacités communes.
Il y a, en fait, trois sujets : la capacité de planification, qui est une relation Union européenne-OTAN, la capacité de renseignements, qui est une discussion intra-européenne et les capacités communes de projection. Il nous fallait 200 avions de transport lourd en Europe, cet accord a eu lieu le 18 décembre, entre huit pays européens de fabriquer l'Airbus A 400 M. Il sera construit par une société européenne commune, contrôlée par un organisme commun, c'est donc une décision cohérente.
Le consensus existe en Allemagne maintenant, il a toujours existé en France, l'Italie semble vouloir se retirer du projet, mais ce n'est pas de nature à le mettre en cause. Pouvez-vous, monsieur le Ministre, nous donner votre sentiment sur cette situation ?
Alain Richard
Ce qu'il faut noter, à propos de ce projet qui a abouti, que c'est une réalisation concrète de l'Europe, qui s'appuie sur une méthode et sur une volonté. On avait défini, en commun, le besoin. Pour citer un exemple concret, cela veut dire qu'avec la nouvelle génération de combat, pour faire Istres - Kaboul, on le fera avec un tonnage supérieur de 50 %, sans escale, en deux fois moins de temps. Donc, c'est la réponse à des besoins qui sont les défis de l'Europe.
Il y a eu maintenant confirmation de l'engagement dans un contrat définitif, avec la mise en place, dans les huit pays, des crédits nécessaires. Pour la France, le Parlement avait donné son accord, le financement a été arrêté pour les 50 avions que nous avons commandés en toute clarté, en 2001. C'est aussi le résultat de la volonté politique, et on se rappelle, beaucoup de questions étaient posées sur l'aboutissement, ou non, de ce projet, on se rappelle le rôle important du sommet franco-allemand de Nantes, au mois de novembre dernier, qui a permis au Chancelier Schroëder de confirmer son engagement pour aboutir au résultat. Sur des coopérations de ce genre, bien sûr, il y a des divergences ou, parfois, des hésitations, et nous le voyons encore avec l'hésitation de l'Italie qui, en l'occurrence n'est pas un obstacle déterminant et qui sera, peut-être levé. Mais, nous sommes dans un champ où les Etats doivent garder le dernier mot, c'est la méthode qui a permis à l'Europe de devenir, déjà, un acteur écouté dans les questions de sécurité internationale et de défense. Le Gouvernement se réjouit de ce succès et continuera avec la même méthode.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 14 janvier 2002)