Texte intégral
Selon l'analyse d'Alexis Brézet publiée récemment dans le Figaro, "la droite politique ne couvre plus la totalité de son spectre électoral". Il y aurait "un candidat manquant", un espace vide entre "les déçus de l'expérience Chirac-Juppé" et une droite sensible à un discours "d'autorité, d'identité et de sécurité". Si l'analyse est pertinente, faut-il néanmoins en conclure que pour gagner l'élection présidentielle il suffirait qu'un candidat conservateur et souverainiste occupe cet espace ?
Gagner une élection présidentielle ne consiste pas à assembler les pièces disparates d'un puzzle social ou idéologique préexistant, mais au contraire à générer une dynamique d'entraînement et de rassemblement qui transcende les clivages du passé autour d'une vision d'avenir.
Les électeurs de droite déçus que discerne à juste raison Alexis Brézet sont effectivement ceux qui, en 1995, attendaient les réformes audacieuses capables d'aérer la société française, de libérer sa capacité d'initiative et de mieux récompenser le travail, le mérite et l'effort ; ceux-là mêmes qui souhaitaient aussi voir l'Etat exercer ses vraies missions avec autorité.
Au moment où nous entrons dans un nouveau siècle, alors qu'apparaît une nouvelle économie, un nouveau monde, une nouvelle croissance, et qu'émerge une nouvelle France pleine d'énergie et de vitalité, ce serait une erreur magistrale que de voir dans le courant conservateur et souverainiste la réponse à leur attente.
Ce n'est pas en regardant dans le rétroviseur que Maria Aznar, Silvio Berlusconi, Tony Blair et Guy Verhofstadt ont gagné les élections et mis leur pays sur le chemin de l'avenir. C'est en faisant le choix résolu des réformes, de l'audace et de la modernité.
Un choix qui, jusqu'à présent, n'a jamais été franchement proposé par la droite aux Français, ni, à plus forte raison, mis en uvre.
Plutôt qu'un repli frileux sur l'hexagone ou des mesures timides, mi-chèvres mi-choux, qui font la part belle aux corporatismes et aux conservatismes, il m'apparaît urgent d'offrir une perspective de réformes audacieuses pour à la fois remettre de l'ordre dans l'Etat, le recentrer sur ses vraies missions et mettre des libertés dans la société.
Pour vivre avec son temps, pour gagner, la droite du 21ème siècle doit être libératrice, généreuse et réformatrice. C'est d'ailleurs ce qu'elle est au plus profond d'elle-même.
Malheureusement la droite a trop souvent abandonné les idées qui étaient les siennes et, trop longtemps, elle a emprunté aux socialistes des idées dont elle a du mal à se défaire. Elle s'est aussi laissé coloniser par la haute fonction publique qui lui a imposé des idées technocratiques qui n'étaient pas les siennes, au risque de désemparer ses électeurs.
La droite aimait et défendait les libertés, la vie et la diversité de la société contre les menaces dirigistes et totalitaires. Bercée d'illusions égalitaristes, elle a trop souvent aidé à l'uniformité bureaucratique.
La droite déplore aujourd'hui l'insécurité et la délinquance des mineurs. Elle n'a pas su doter l'Etat des moyens nécessaires à l'exercice de ses fonctions essentielles, comme la Justice ou la Sécurité.
Elle défendait la liberté scolaire, le mérite et l'égalité des chances. Elle a mis en place le collège unique et limité la liberté de choix des parents.
Elle défendait la récompense du mérite et de l'effort, l'épargne et l'équilibre budgétaire. Elle a pratiqué la fuite en avant dans l'endettement et les prélèvements obligatoires.
Elle défendait la solidarité, la responsabilité et l'assurance. Elle a donné la main au développement d'une société d'assistance.
La droite défendait la propriété individuelle, la maison individuelle. Elle a favorisé l'étouffement fiscal des petits propriétaires et laissé faire un urbanisme collectif inhumain.
La droite défendait le monde paysan, nos terroirs, la qualité de nos produits. Elle n'a pas su reconvertir à temps une agriculture dopée aux subventions.
Elle défendait les provinces et les Pays. Elle a cédé à la centralisation parisienne et est passée à côté du réveil des provinces françaises.
Elle défendait la libre-entreprise, la concurrence et la liberté du travail. Elle a trop souvent cédé aux corporatismes, aux monopoles, compliqué la vie de ceux qui entreprennent et même initié les 35 heures !
La droite ne doit pas avoir peur de la modernité et céder à la tentation du repli, car elle a au fond d'elle-même, plus que la gauche, le patrimoine de valeurs qui font les solutions modernes et les pays forts.
C'est la ligne que pour ma part j'ai toujours défendue avec constance et conviction. Au risque, il est vrai, d'apparaître parfois aux yeux de certains comme trop libéral, d'incarner une droite rebelle ou de faire "droite à part".
En offrant aujourd'hui une alternative au sein de l'opposition, je pense plus que jamais aider la droite à sortir du carcan technocratique qu'on lui a imposé, à abandonner les idées socialistes qui trop souvent l'imprègnent, pour épouser la vie, son époque et les évolutions de notre société.
Le chaînon manquant de la droite, c'est le courage d'être vraiment elle-même, le courage des vraies réformes qui la feront gagner et feront gagner notre pays.
Alain Madelin
(source http://www.alainmadelin.com, le 20 décembre 2001)
Gagner une élection présidentielle ne consiste pas à assembler les pièces disparates d'un puzzle social ou idéologique préexistant, mais au contraire à générer une dynamique d'entraînement et de rassemblement qui transcende les clivages du passé autour d'une vision d'avenir.
Les électeurs de droite déçus que discerne à juste raison Alexis Brézet sont effectivement ceux qui, en 1995, attendaient les réformes audacieuses capables d'aérer la société française, de libérer sa capacité d'initiative et de mieux récompenser le travail, le mérite et l'effort ; ceux-là mêmes qui souhaitaient aussi voir l'Etat exercer ses vraies missions avec autorité.
Au moment où nous entrons dans un nouveau siècle, alors qu'apparaît une nouvelle économie, un nouveau monde, une nouvelle croissance, et qu'émerge une nouvelle France pleine d'énergie et de vitalité, ce serait une erreur magistrale que de voir dans le courant conservateur et souverainiste la réponse à leur attente.
Ce n'est pas en regardant dans le rétroviseur que Maria Aznar, Silvio Berlusconi, Tony Blair et Guy Verhofstadt ont gagné les élections et mis leur pays sur le chemin de l'avenir. C'est en faisant le choix résolu des réformes, de l'audace et de la modernité.
Un choix qui, jusqu'à présent, n'a jamais été franchement proposé par la droite aux Français, ni, à plus forte raison, mis en uvre.
Plutôt qu'un repli frileux sur l'hexagone ou des mesures timides, mi-chèvres mi-choux, qui font la part belle aux corporatismes et aux conservatismes, il m'apparaît urgent d'offrir une perspective de réformes audacieuses pour à la fois remettre de l'ordre dans l'Etat, le recentrer sur ses vraies missions et mettre des libertés dans la société.
Pour vivre avec son temps, pour gagner, la droite du 21ème siècle doit être libératrice, généreuse et réformatrice. C'est d'ailleurs ce qu'elle est au plus profond d'elle-même.
Malheureusement la droite a trop souvent abandonné les idées qui étaient les siennes et, trop longtemps, elle a emprunté aux socialistes des idées dont elle a du mal à se défaire. Elle s'est aussi laissé coloniser par la haute fonction publique qui lui a imposé des idées technocratiques qui n'étaient pas les siennes, au risque de désemparer ses électeurs.
La droite aimait et défendait les libertés, la vie et la diversité de la société contre les menaces dirigistes et totalitaires. Bercée d'illusions égalitaristes, elle a trop souvent aidé à l'uniformité bureaucratique.
La droite déplore aujourd'hui l'insécurité et la délinquance des mineurs. Elle n'a pas su doter l'Etat des moyens nécessaires à l'exercice de ses fonctions essentielles, comme la Justice ou la Sécurité.
Elle défendait la liberté scolaire, le mérite et l'égalité des chances. Elle a mis en place le collège unique et limité la liberté de choix des parents.
Elle défendait la récompense du mérite et de l'effort, l'épargne et l'équilibre budgétaire. Elle a pratiqué la fuite en avant dans l'endettement et les prélèvements obligatoires.
Elle défendait la solidarité, la responsabilité et l'assurance. Elle a donné la main au développement d'une société d'assistance.
La droite défendait la propriété individuelle, la maison individuelle. Elle a favorisé l'étouffement fiscal des petits propriétaires et laissé faire un urbanisme collectif inhumain.
La droite défendait le monde paysan, nos terroirs, la qualité de nos produits. Elle n'a pas su reconvertir à temps une agriculture dopée aux subventions.
Elle défendait les provinces et les Pays. Elle a cédé à la centralisation parisienne et est passée à côté du réveil des provinces françaises.
Elle défendait la libre-entreprise, la concurrence et la liberté du travail. Elle a trop souvent cédé aux corporatismes, aux monopoles, compliqué la vie de ceux qui entreprennent et même initié les 35 heures !
La droite ne doit pas avoir peur de la modernité et céder à la tentation du repli, car elle a au fond d'elle-même, plus que la gauche, le patrimoine de valeurs qui font les solutions modernes et les pays forts.
C'est la ligne que pour ma part j'ai toujours défendue avec constance et conviction. Au risque, il est vrai, d'apparaître parfois aux yeux de certains comme trop libéral, d'incarner une droite rebelle ou de faire "droite à part".
En offrant aujourd'hui une alternative au sein de l'opposition, je pense plus que jamais aider la droite à sortir du carcan technocratique qu'on lui a imposé, à abandonner les idées socialistes qui trop souvent l'imprègnent, pour épouser la vie, son époque et les évolutions de notre société.
Le chaînon manquant de la droite, c'est le courage d'être vraiment elle-même, le courage des vraies réformes qui la feront gagner et feront gagner notre pays.
Alain Madelin
(source http://www.alainmadelin.com, le 20 décembre 2001)