Texte intégral
1. Introduction
Moment de rupture dans tous les domaines
La période que nous vivons ouvre une ère de profonde rupture, à laquelle beaucoup aspirent sans doute, mais que nous devons davantage à la force des événements qu'à la volonté réformatrice de nos dirigeants. Je suis entrée en politique en 1977, comme vous le savez sans doute. Et je suis, comme le plupart des Françaises et des Français, lassée d'entendre depuis 25 ans que " demain, ça va changer " : et de voir que quasiment chaque jour depuis cette date l'état de notre pays n'a jamais cessé de se dégrader.
Au point que dans ce pays qui était riche il y a vingt ans, 10 % des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Dans ce pays qui demeure politique jusqu'au bout des ongles, près d'un de nos concitoyens sur deux ne participe pas aux élections générales. Dans ce pays où tout le monde trouve que l'Etat prend trop de place, plus personne n'est capable d'en proposer une réforme adaptée, d'autant plus nécessaire que la place qu'il prend l'empêche de remplir les principales missions pour lesquelles il existe.
Ce moment de rupture ne concerne pas que la vie de nos institutions. Il est également perceptible dans le domaine économique, dans le domaine géopolitique, et en général dans ce qu'il est convenu d'appeler " l'ordre mondial " : nous aurons l'occasion d'en reparler.
Le vote " pour "
Il serait facile de tout condamner, de s'opposer à tout type de réforme, d'avoir peur des années à venir, dont la tonalité est difficile à imaginer.
Il serait facile de se placer dans une attitude de " contre ". Ce n'est pas cette facilité que j'ai choisie. Le projet que je présenterai aux Français se voudra ambitieux, à la fois armé de fortes convictions et ancré dans la réalité quotidienne des Français, à la fois respectueux de notre identité et de notre culture, mais vraiment ouvert sur le monde.
C'est un projet " pour " que je veux vous présenter : je serai la candidate du " pour ". Je n'entrerai ni dans les oppositions de camps politiques, ni dans les oppositions de personnes, ni dans le jeu des petites phrases, ni dans la frénésie des négociations de soutien. Dans les 7 mois qui viennent, je veux rencontrer les Français chez eux, sans mise en scène, continuer de me mettre à leur écoute comme je le fais tous les jours depuis des années, pour trouver les moyens de renforcer les points forts de notre société et trouver des solutions là où ils rencontrent des problèmes.
2. Pour la société française : trois directions
Réhabiliter le rôle du politique
La première des difficultés que rencontre la société française est sans doute le manque de confiance des citoyens dans leurs responsables politiques.
Les raisons de ce manque de confiance sont nombreuses. Je voudrais en citer principalement deux, qui seront une marque de notre campagne et un des projets fondateurs que j'y défendrai.
Premièrement, il me semble que les Français attendent aujourd'hui des messages vrais et clairs, de l'engagement, de la conviction, afin de pouvoir décider en vérité du projet politique qu'ils souhaitent.
Trop souvent engoncés dans les querelles internes, dans les jeux de pouvoir, les responsables politiques de notre pays donnent trop souvent l'impression de calculer plutôt que de gouverner. Or les Français attendent d'être gouvernés, pas d'être flattés. Je tâcherai, dans cette campagne, de dire en vérité les choses qui m'animent, le contenu des projets que je souhaite pour notre pays, sans cacher la réalité de ce qui sera exigeant, et toujours à la recherche des conditions d'une vraie liberté et d'une vie harmonieuse pour tous.
Deuxièmement, nous sommes aujourd'hui face à un Etat qui n'assume plus son rôle parce qu'il est présent partout. Les très récents échanges que j'ai eux avec des acteurs du monde économique et du loisir, la semaine dernière en Anjou par exemple, le démontrent : on attend de l'Etat un cadre, une action régulatrice, une fonction de contrôle. Certainement pas une intervention de tous les instants.
Le moment est venu de proposer une réforme de l'Etat, sans se donner la limite habituelle que l'on constate dans la plupart des projets. La réforme de l'Etat ne se limite pas à une réforme de l'administration et à sa réorganisation. Il s'agit bien, dans un monde ouvert et moderne, de repenser les principales fonctions et missions de l'Etat, qui ne peuvent être les mêmes que celles qui ont présidé à sa fondation. J'aurai l'occasion, dans les prochaines semaines, de revenir sur cette question.
D'autres choses sont à faire pour redonner confiance aux Français dans leurs représentants politiques. Toutefois, en faisant en sorte que le législateur s'engage en vérité sur un projet de société, et que le pouvoir exécutif s'attache à réduire la sphère de son influence, nous aurons travaillé à élargir l'espace de liberté que nos concitoyens demandent aujourd'hui.
Défendre le respect de la dignité de toute personne humaine
La première des conditions que je vois à ce projet, la première vérité, est celle de la primauté du respect de la personne humaine sur toute autre forme de considération.
C'est pour cette raison que vous m'avez vue défendre tour à tour l'humanité de l'embryon, les civils irakiens au moment de la guerre du Golfe, l'enfant contre les dérives violentes de la télévision, les personnes handicapées contre des décisions de justice que je considère indignes, ou l'humanité des prisonniers, sans le respect de laquelle aucune forme de vraie réinsertion n'est possible.
C'est également pour cette raison que je tâche de défendre la famille, et que je suis d'accord avec ceux qui travaillent pour que l'homme et la vie ne soient pas considérés comme des marchandises, vendables et brevetables à merci.
Sous ce rapport, je ne vous décevrai pas. Je serai à la pointe du combat pour la dignité de la personne humaine, sans concession, parce que l'homme ne se divise pas, pas plus que le respect qu'on lui porte.
J'aurai l'occasion d'intervenir dans les débats économiques et sociaux, sur lesquels je termine de préparer des projets que je présenterai aux français (retraites, dialogue social, fiscalité, etc.). Mon propos ne sera pas limité aux sujets sur lesquels vous avez l'habitude de m'entendre.
Retrouver les repères fondateurs de la paix sociale
Tout cela ne servirait à rien si notre projet politique n'était pas également fondé sur le renforcement de trois pierres fondatrices essentielles à la stabilité et à la paix sociales.
La première est celle de la sécurité, la seconde est celle de l'éducation, la troisième est celle de la justice.
Dans ces trois domaines, tout ou presque a déjà été dit. Toutes les analyses sont faites, quasiment toutes les solutions sont connues.
Cependant je rappellerai combien ces repères fondent nos vies quotidiennes si nous en sommes les bâtisseurs.
La sécurité, c'est ce dont nous avons besoin pour vivre, entreprendre, fonder une famille, nous développer. Cette sécurité civile mais aussi de cette tranquillité d'esprit, sont toutes deux nécessaires pour assurer à notre pays et à nous même un avenir serein.
L'éducation est d'abord celle que nous donnons à nos enfants, celle que l'Etat nous aide ensuite à compléter, dans la liberté de pensée, d'expression, de culture, de confession. Je rappellerai aussi combien l'éducation crée la sécurité par l'apprentissage du respect d'autrui .
La justice enfin est sans doute le ressort le plus profond de notre vie sociale ; c'est la justice qui fonde l'égalité, le droit au travail, le respect de tout homme.
La campagne, les nombreuses circonstances dans lesquelles je rencontrerai nos concitoyens, me donneront l'occasion de vous fournir des précisions sur ces questions, et des projets que je ne souhaite pas détailler aujourd'hui.
3. Au plan international : redonner à la France sa place dans le monde
La France est incontestablement une puissance européenne : je veux dire en cela que sa participation à la construction d'une Europe forte ne se discute pas. L'Europe, parce qu'elle représente une unité de civilisation et de culture, une homogénéité économique et sociale (en dépit de fortes disparités entre les Etats membres) doit apprendre à travailler de concert.
Mais la façon dont nous nous y sommes pris jusqu'ici n'est pas bonne. Elle n'est pas bonne parce que les Français n'y comprennent rien, et n'y sont pas intéressés. Et elle n'est pas bonne parce que les objectifs de l'Union européenne ne sont pas clairs, et ne peuvent pas intégrer une véritable dimension politique.
Sous ce rapport, les hésitations des pays européens et les différences de position constatées dans le règlement des conflits du Moyen Orient sont significatives. Par ailleurs, l'impossibilité pour les pays de l'Union à avoir une politique vraiment concertée en ce qui concerne la sécurité, l'immigration, la lutte contre la drogue et le blanchiment d'argent, sans compter le fiasco du Traité de Nice, sont des signes de désaccord profond sur les objectifs à moyen et long terme de l'Union européenne.
C'est pourquoi nous devons impérativement prononcer une sorte de " moratoire européen ", un arrêt temporaire de tout projet portant sur la modification des structures ou des compétences de l'Union. Et nous devons impérativement reconsidérer la construction européenne dans le sens d'une Europe des nations ; d'une Europe dont la priorité n'est pas seulement le développement économique et le respect des règles d'une saine concurrence ; d'une Europe enfin qui fera du respect de ses ressortissants, de leur bien être, son objectif et sa priorité.
En plus de cela, la France doit affirmer fortement deux dimensions de sa participation au débat international. Elle doit d'abord tout faire pour que les politiques de développement soient réorientées : il n'est plus possible de continuer à admettre tant de pauvretés autour de nous. Nous devons trouver ensemble les moyens et un élan de solidarité qui donnent un sens à notre principe de fraternité.
La seconde tient à la place particulière de la France dans l'Europe et au fait que notre tradition diplomatique, depuis des siècles, est fortement liée à la Mer Méditerranée, cette mer dont Fernand Braudel disait qu'elle est le seul " continent liquide ". La France doit reprendre sa place de puissance méditerranéenne, en nouant de nouvelles relations avec les pays africains et moyen-orientaux. La France y est attendue, et sa voix, quoi que l'on croie, est écoutée. Bien plus, elle apparaît aujourd'hui comme une puissance internationale capable de jouer un rôle d'équilibre et d'intermédiation entre l'Amérique et le monde arabo-musulman.
Cette posture est une réalité depuis longtemps. Et je pense depuis longtemps que nous avons négligé nos relations avec tous ces pays du bassin méditerranéen. Les attentats d'il y a deux semaines qui ont frappé les Etats Unis renforcent la pertinence de cette place internationale, et obligent la France à la reconquérir.
Je tiens à ce sujet à vous informer que je partirai la semaine prochaine aux Etats Unis, dans le cadre d'un voyage qui était prévu depuis plusieurs semaines, et que j'ai choisi, en accord avec mes interlocuteurs aux Etats Unis, de ne pas reporter. Au cours de ce voyage, j'aurai l'occasion de faire valoir cette manière d'envisager les relations internationales. Je peux d'ores et déjà vous dire que mes collaborateurs ont évoqué jeudi dernier cette position avec les conseillers de Mr Leach, Ambassadeur des Etats Unis en France, et n'ont pas senti de désaveu.
Quelle campagne ?
Pour présenter ce projet aux Françaises et aux Français, je conduirai une campagne de terrain, tant en France qu'à l'étranger.
La semaine dernière, je terminais de mettre la dernière main à notre réunion d'aujourd'hui, et j'ai profité de mon séjour à Saumur et Angers pour rencontrer des entrepreneurs, des représentants éminents du monde médical, du monde associatif, et nos soutiens locaux.
Je partirai à la fin de cette semaine pour les Etats Unis, afin de m'entretenir avec des membres du Gouvernement, des institutions internationales et des membres du Parlement américain des questions de politique internationale. Bref : j'irai à la rencontre des gens.
Les personnes qui sont autour de moi pour m'aider dans cette tâche sont ici.
Elles sont toutes des personnes de conviction, encadrées par des hommes de terrain, compétents et expérimentés. Vous en saurez davantage sur eux en lisant le communiqué de presse que j'ai publié à leur sujet.
Je vous remercie de votre attention et suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
(source http://www.christineboutin2002.com, le 6 décembre 2001)
Moment de rupture dans tous les domaines
La période que nous vivons ouvre une ère de profonde rupture, à laquelle beaucoup aspirent sans doute, mais que nous devons davantage à la force des événements qu'à la volonté réformatrice de nos dirigeants. Je suis entrée en politique en 1977, comme vous le savez sans doute. Et je suis, comme le plupart des Françaises et des Français, lassée d'entendre depuis 25 ans que " demain, ça va changer " : et de voir que quasiment chaque jour depuis cette date l'état de notre pays n'a jamais cessé de se dégrader.
Au point que dans ce pays qui était riche il y a vingt ans, 10 % des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Dans ce pays qui demeure politique jusqu'au bout des ongles, près d'un de nos concitoyens sur deux ne participe pas aux élections générales. Dans ce pays où tout le monde trouve que l'Etat prend trop de place, plus personne n'est capable d'en proposer une réforme adaptée, d'autant plus nécessaire que la place qu'il prend l'empêche de remplir les principales missions pour lesquelles il existe.
Ce moment de rupture ne concerne pas que la vie de nos institutions. Il est également perceptible dans le domaine économique, dans le domaine géopolitique, et en général dans ce qu'il est convenu d'appeler " l'ordre mondial " : nous aurons l'occasion d'en reparler.
Le vote " pour "
Il serait facile de tout condamner, de s'opposer à tout type de réforme, d'avoir peur des années à venir, dont la tonalité est difficile à imaginer.
Il serait facile de se placer dans une attitude de " contre ". Ce n'est pas cette facilité que j'ai choisie. Le projet que je présenterai aux Français se voudra ambitieux, à la fois armé de fortes convictions et ancré dans la réalité quotidienne des Français, à la fois respectueux de notre identité et de notre culture, mais vraiment ouvert sur le monde.
C'est un projet " pour " que je veux vous présenter : je serai la candidate du " pour ". Je n'entrerai ni dans les oppositions de camps politiques, ni dans les oppositions de personnes, ni dans le jeu des petites phrases, ni dans la frénésie des négociations de soutien. Dans les 7 mois qui viennent, je veux rencontrer les Français chez eux, sans mise en scène, continuer de me mettre à leur écoute comme je le fais tous les jours depuis des années, pour trouver les moyens de renforcer les points forts de notre société et trouver des solutions là où ils rencontrent des problèmes.
2. Pour la société française : trois directions
Réhabiliter le rôle du politique
La première des difficultés que rencontre la société française est sans doute le manque de confiance des citoyens dans leurs responsables politiques.
Les raisons de ce manque de confiance sont nombreuses. Je voudrais en citer principalement deux, qui seront une marque de notre campagne et un des projets fondateurs que j'y défendrai.
Premièrement, il me semble que les Français attendent aujourd'hui des messages vrais et clairs, de l'engagement, de la conviction, afin de pouvoir décider en vérité du projet politique qu'ils souhaitent.
Trop souvent engoncés dans les querelles internes, dans les jeux de pouvoir, les responsables politiques de notre pays donnent trop souvent l'impression de calculer plutôt que de gouverner. Or les Français attendent d'être gouvernés, pas d'être flattés. Je tâcherai, dans cette campagne, de dire en vérité les choses qui m'animent, le contenu des projets que je souhaite pour notre pays, sans cacher la réalité de ce qui sera exigeant, et toujours à la recherche des conditions d'une vraie liberté et d'une vie harmonieuse pour tous.
Deuxièmement, nous sommes aujourd'hui face à un Etat qui n'assume plus son rôle parce qu'il est présent partout. Les très récents échanges que j'ai eux avec des acteurs du monde économique et du loisir, la semaine dernière en Anjou par exemple, le démontrent : on attend de l'Etat un cadre, une action régulatrice, une fonction de contrôle. Certainement pas une intervention de tous les instants.
Le moment est venu de proposer une réforme de l'Etat, sans se donner la limite habituelle que l'on constate dans la plupart des projets. La réforme de l'Etat ne se limite pas à une réforme de l'administration et à sa réorganisation. Il s'agit bien, dans un monde ouvert et moderne, de repenser les principales fonctions et missions de l'Etat, qui ne peuvent être les mêmes que celles qui ont présidé à sa fondation. J'aurai l'occasion, dans les prochaines semaines, de revenir sur cette question.
D'autres choses sont à faire pour redonner confiance aux Français dans leurs représentants politiques. Toutefois, en faisant en sorte que le législateur s'engage en vérité sur un projet de société, et que le pouvoir exécutif s'attache à réduire la sphère de son influence, nous aurons travaillé à élargir l'espace de liberté que nos concitoyens demandent aujourd'hui.
Défendre le respect de la dignité de toute personne humaine
La première des conditions que je vois à ce projet, la première vérité, est celle de la primauté du respect de la personne humaine sur toute autre forme de considération.
C'est pour cette raison que vous m'avez vue défendre tour à tour l'humanité de l'embryon, les civils irakiens au moment de la guerre du Golfe, l'enfant contre les dérives violentes de la télévision, les personnes handicapées contre des décisions de justice que je considère indignes, ou l'humanité des prisonniers, sans le respect de laquelle aucune forme de vraie réinsertion n'est possible.
C'est également pour cette raison que je tâche de défendre la famille, et que je suis d'accord avec ceux qui travaillent pour que l'homme et la vie ne soient pas considérés comme des marchandises, vendables et brevetables à merci.
Sous ce rapport, je ne vous décevrai pas. Je serai à la pointe du combat pour la dignité de la personne humaine, sans concession, parce que l'homme ne se divise pas, pas plus que le respect qu'on lui porte.
J'aurai l'occasion d'intervenir dans les débats économiques et sociaux, sur lesquels je termine de préparer des projets que je présenterai aux français (retraites, dialogue social, fiscalité, etc.). Mon propos ne sera pas limité aux sujets sur lesquels vous avez l'habitude de m'entendre.
Retrouver les repères fondateurs de la paix sociale
Tout cela ne servirait à rien si notre projet politique n'était pas également fondé sur le renforcement de trois pierres fondatrices essentielles à la stabilité et à la paix sociales.
La première est celle de la sécurité, la seconde est celle de l'éducation, la troisième est celle de la justice.
Dans ces trois domaines, tout ou presque a déjà été dit. Toutes les analyses sont faites, quasiment toutes les solutions sont connues.
Cependant je rappellerai combien ces repères fondent nos vies quotidiennes si nous en sommes les bâtisseurs.
La sécurité, c'est ce dont nous avons besoin pour vivre, entreprendre, fonder une famille, nous développer. Cette sécurité civile mais aussi de cette tranquillité d'esprit, sont toutes deux nécessaires pour assurer à notre pays et à nous même un avenir serein.
L'éducation est d'abord celle que nous donnons à nos enfants, celle que l'Etat nous aide ensuite à compléter, dans la liberté de pensée, d'expression, de culture, de confession. Je rappellerai aussi combien l'éducation crée la sécurité par l'apprentissage du respect d'autrui .
La justice enfin est sans doute le ressort le plus profond de notre vie sociale ; c'est la justice qui fonde l'égalité, le droit au travail, le respect de tout homme.
La campagne, les nombreuses circonstances dans lesquelles je rencontrerai nos concitoyens, me donneront l'occasion de vous fournir des précisions sur ces questions, et des projets que je ne souhaite pas détailler aujourd'hui.
3. Au plan international : redonner à la France sa place dans le monde
La France est incontestablement une puissance européenne : je veux dire en cela que sa participation à la construction d'une Europe forte ne se discute pas. L'Europe, parce qu'elle représente une unité de civilisation et de culture, une homogénéité économique et sociale (en dépit de fortes disparités entre les Etats membres) doit apprendre à travailler de concert.
Mais la façon dont nous nous y sommes pris jusqu'ici n'est pas bonne. Elle n'est pas bonne parce que les Français n'y comprennent rien, et n'y sont pas intéressés. Et elle n'est pas bonne parce que les objectifs de l'Union européenne ne sont pas clairs, et ne peuvent pas intégrer une véritable dimension politique.
Sous ce rapport, les hésitations des pays européens et les différences de position constatées dans le règlement des conflits du Moyen Orient sont significatives. Par ailleurs, l'impossibilité pour les pays de l'Union à avoir une politique vraiment concertée en ce qui concerne la sécurité, l'immigration, la lutte contre la drogue et le blanchiment d'argent, sans compter le fiasco du Traité de Nice, sont des signes de désaccord profond sur les objectifs à moyen et long terme de l'Union européenne.
C'est pourquoi nous devons impérativement prononcer une sorte de " moratoire européen ", un arrêt temporaire de tout projet portant sur la modification des structures ou des compétences de l'Union. Et nous devons impérativement reconsidérer la construction européenne dans le sens d'une Europe des nations ; d'une Europe dont la priorité n'est pas seulement le développement économique et le respect des règles d'une saine concurrence ; d'une Europe enfin qui fera du respect de ses ressortissants, de leur bien être, son objectif et sa priorité.
En plus de cela, la France doit affirmer fortement deux dimensions de sa participation au débat international. Elle doit d'abord tout faire pour que les politiques de développement soient réorientées : il n'est plus possible de continuer à admettre tant de pauvretés autour de nous. Nous devons trouver ensemble les moyens et un élan de solidarité qui donnent un sens à notre principe de fraternité.
La seconde tient à la place particulière de la France dans l'Europe et au fait que notre tradition diplomatique, depuis des siècles, est fortement liée à la Mer Méditerranée, cette mer dont Fernand Braudel disait qu'elle est le seul " continent liquide ". La France doit reprendre sa place de puissance méditerranéenne, en nouant de nouvelles relations avec les pays africains et moyen-orientaux. La France y est attendue, et sa voix, quoi que l'on croie, est écoutée. Bien plus, elle apparaît aujourd'hui comme une puissance internationale capable de jouer un rôle d'équilibre et d'intermédiation entre l'Amérique et le monde arabo-musulman.
Cette posture est une réalité depuis longtemps. Et je pense depuis longtemps que nous avons négligé nos relations avec tous ces pays du bassin méditerranéen. Les attentats d'il y a deux semaines qui ont frappé les Etats Unis renforcent la pertinence de cette place internationale, et obligent la France à la reconquérir.
Je tiens à ce sujet à vous informer que je partirai la semaine prochaine aux Etats Unis, dans le cadre d'un voyage qui était prévu depuis plusieurs semaines, et que j'ai choisi, en accord avec mes interlocuteurs aux Etats Unis, de ne pas reporter. Au cours de ce voyage, j'aurai l'occasion de faire valoir cette manière d'envisager les relations internationales. Je peux d'ores et déjà vous dire que mes collaborateurs ont évoqué jeudi dernier cette position avec les conseillers de Mr Leach, Ambassadeur des Etats Unis en France, et n'ont pas senti de désaveu.
Quelle campagne ?
Pour présenter ce projet aux Françaises et aux Français, je conduirai une campagne de terrain, tant en France qu'à l'étranger.
La semaine dernière, je terminais de mettre la dernière main à notre réunion d'aujourd'hui, et j'ai profité de mon séjour à Saumur et Angers pour rencontrer des entrepreneurs, des représentants éminents du monde médical, du monde associatif, et nos soutiens locaux.
Je partirai à la fin de cette semaine pour les Etats Unis, afin de m'entretenir avec des membres du Gouvernement, des institutions internationales et des membres du Parlement américain des questions de politique internationale. Bref : j'irai à la rencontre des gens.
Les personnes qui sont autour de moi pour m'aider dans cette tâche sont ici.
Elles sont toutes des personnes de conviction, encadrées par des hommes de terrain, compétents et expérimentés. Vous en saurez davantage sur eux en lisant le communiqué de presse que j'ai publié à leur sujet.
Je vous remercie de votre attention et suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
(source http://www.christineboutin2002.com, le 6 décembre 2001)