Déclaration de M. Emmanuel Macron, Président de la République, sur la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa le 6 mai 2018.

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Circonstance : Cérémonie coutumière au Centre Tjibaou, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 6 mai 2018

Texte intégral

« Grand chef, chef, autorité coutumière, président du Sénat, coutumier, président élu,
Merci pour votre accueille et merci pour vos mots. Je n'ai pas peur de la coutume. Pas d'avantage que vous n'avez peur de la République. C'est parce que nous avions décidé de cette confiance partagée que, je crois, nous pouvons avancer. Je pense pourvoir cheminer sur le chemin que vous avez dessiné. Durant ces, un peu plus de deux journées passées parmi vous, j'ai vu une jeunesse ardente qui avait envie d'avancer, de construire. Je l'ai vu en parcourant toutes les provinces, avec un accueil dont je vous remercie ce soir. Et j'ai vu des mémoires, diverses, dont vous avez rappelé tous les plis et toutes les difficultés.
Et, bien évidemment, ici avant de m'exprimer dans quelques instants, en faisant, ce que vous avez appelé un geste fort et puis en m'exprimant devant nombre d'entre vous et quelques autres dans un instant mais, ici, je tenais à rendre compte de toutes ces mémoires. Bien évidemment, la mémoire canaque, celle du peuple premier d'avant avant, d'une civilisation plus ancienne que la République, qui a été là et qui a eu à subir des violences et des humiliations qu'il faut regarder en face. Celle dont des femmes et des hommes ont été victimes, pendant longtemps. Ces mêmes hommes qui ont été ce battre ensuite quand il a fallu défendre la République par-delà les mers dont vous parliez. Ce temps-là a existé. Et cette mémoire est là. Elle ressort parfois dans de la colère. Elle ressort dans une volonté forte de préserver des traditions. Elle peut aussi ressortir par une volonté d'avenir partagé.
Et je crois que le processus enclenché durant ces trente dernières années sous l'égide des deux hommes dont vous rappelé la mémoire et le chemin fait en particulier durant ces vingt dernières années commençait ici même, ici, a permis d'avancer. D'abord parce qu'il a pleinement reconnu cette culture canaque. Il a pleinement reconnu cette part insécable de l'histoire, de l'actualité et de l'avenir de l'archipel. Mais nous avons d'autres mémoires aussi de toutes celles et ceux qui ont contribué à faire la Nouvelle-Calédonie. Ce ne sont pas forcément les mêmes, mais sont-elles concurrentes ? Je ne le crois pas. Elles viennent s'entrelacer. Et nous l'avons vu ce matin avec force, ensemble, à Ouvéa.
Alors ce que je veux vous proposer, à cet instant, avec beaucoup de respect, beaucoup d'humilité et en écho avec ce que vous venez de dire c'est cette alliance des mémoires, qui seule permet de regarder sereinement l'avenir. C'est le fait de dire qu'aucune mémoire n'enlève rien à l'autre. Et, d'ailleurs que sans doute, la mémoire de l'un n'est pas pleinement lucide si elle ne reconnaît pas la part de souffrance de l'autre. Mais c'est aussi acter qu'on ne peut pas s'arrêter là. Et vous l'avez dit vous-mêmes. Cette alliance des mémoires elle fera partie du cheminement qui se poursuit.
Les vingt dernières années ont permis la reconnaissance pleine et entière d'une part de l'histoire de la population de la Nouvelle-Calédonie qui était sans doute oubliée. Depuis vingt ans, nous regardons ce passé sans exclusivité, sans déni, sans repentance. Maintenant, il nous faut construire cette alliance des mémoires pour avancer sereinement. Il vous appartiendra d'en définir les termes. Peut-être le lieu partagé, les gestes communs, mais ces mémoires ne peuvent cheminer qu'ensemble pour construire un avenir véritable.
Voilà ce que je voulais très simplement vous dire aujourd'hui, en vous disant que la Nouvelle-Calédonie touche au coeur et que je continuerai à être là. Je vous remercie. »