Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale à Radio Classique le 21 juin 2018, sur la mise en place de la réforme des rythmes scolaires à la prochaine rentrée scolaire et la laïcité.

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Média : Radio Classique

Texte intégral


GUILLAUME DURAND
Jean-Michel BLANQUER, bonjour, bienvenue, je le disais, les sujets ne manquent pas, nous allons commencer par la politique éducative j'allais dire prise de haut parce qu'au fond la responsabilité qui vous incombe c'est d'assumer pendant ce quinquennat une réorchestration disons des chances à l'école, c'est quand même la mission qui vous a été donnée. Madame PENICAUD disait hier dans Le Parisien « je vais tout faire pour que le chômage passe de 9,5 à 7 % à la fin du quinquennat », est-ce qu'en termes d'inégalités sociales Jean-Michel BLANQUER s'est fixé un cap pour la fin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oh oui bien sûr j'ai un cap qui commence par l'école primaire, le premier de mes caps c'est de diminuer considérablement le nombre d'enfants qui sortent de l'école primaire sans savoir bien lire, écrire, compter et respecter autrui. Aujourd'hui ce chiffre est de plus de 20 %, à la fin du quinquennat il faut évidemment que ça ait baissé considérablement. Mais quand on prend des mesures comme celle de dédoubler les classes de cours préparatoire en réseau d'éducation prioritaire…
GUILLAUME DURAND
Vous citez des études d'ailleurs dans votre livre.
JEAN-MICHEL BLANQUER
…mesure qui est basée sur des études qui nous montraient l'efficacité d'une telle mesure et puis aujourd'hui on a une année scolaire qui s'achève et donc on peut commencer à avoir des premiers retours qui sont très encourageants, en ciblant justement les 15 à 20 % de territoires les plus défavorisés nous comptons bien avoir une grande efficacité sur cette question. A fortiori avec les mesures qualitatives de nature pédagogique qui accompagnent ce qui a été fait sur le plan quantitatif. Donc l'objectif, oui, est très clair, et d'ailleurs c'est la première des luttes contre l'injustice sociale, la lutte contre…
GUILLAUME DURAND
Mais vous vous rendez compte des responsabilités qui pèsent sur vos épaules, c'est-à-dire que si jamais ces objectifs avec toute la politique éducative qui est menée ne sont pas atteints on va continuer à dire « présidence MACRON présidence des riches »…
JEAN-MICHEL BLANQUER
En tout cas au-delà même de ce point-là il y a de toute façon un objectif pour la France, on ne peut pas continuer comme ça et donc c'est pourquoi j'ai conscience de l'importance du sujet, soyez-en certain. Mais en même temps j'ai une grande sérénité, une grande confiance dans le fait que, oui, on peut y arriver, oui, parce que d'ailleurs les premiers bourgeons sont là et donc on va aller dans la bonne direction.
GUILLAUME DURAND
Vous avez donc le dédoublement de la classe de CP, de CE1 en éducation prioritaire, nous avons un plan Mercredi, nous avons une nouvelle seconde, un nouveau bac, on va essayer de voir un petit peu tous ces points, et puis donc une distribution des textes de La Fontaine, les merveilleux textes de la Fontaine pour tous ceux qui vont entrer au collège. Ce matin, chez nos confrères de BFM TV toutes les 10 minutes on tape MACRON se fait construire une piscine à Brégançon, c'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il y a finalement deux choses dans la vie politique, une politique de fond que vous essayez de mener et des attaques ou en tout cas des constatations qui voudraient sembler dire qu'il y a dans le comportement du président de la République une sorte de narcissisme, une sorte de volonté justement de ne pas être au plus près de la population, est-ce que ça vous paraît être une accusation qui relève du fantasme ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non pas du fantasme mais clairement de la recherche de polémique puisque on n'a peut-être jamais un président aussi près de la population ! Ce matin il est sur un marché en bord de mer…
GUILLAUME DURAND
Au Guilvinec.
JEAN-MICHEL BLANQUER
…il se lève à cinq heures du matin et même avant pour ce type de chose, je suis très souvent avec lui sur le terrain, il est extrêmement prêt de la population. C'est quelqu'un qui regarde même dans le détail ce qui se passe dans la vie concrète des Franais pour y porter remède, qui nous stimule pour apporter des solutions à ces problèmes. Donc évidemment je ne suis pas du tout d'accord avec ces espèces de critiques que l'on essaye de faire aujourd'hui mais on voit bien que c'est un petit peu…
GUILLAUME DURAND
Mais vous les connaissez, vous les lisez !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, pas trop, vous savez, je n'ai pas trop de temps non plus pour ça mais je les lis un peu, oui, ça peut m'arriver.
GUILLAUME DURAND
Parmi donc les mesures qui nous concernent et qui vous concernent il y a à la rentrée la volonté de mettre de la musique, nous sommes le jour de la Fête de la musique, le 21 juin, et Radio Classique est associée à une grande opération qui aura lieu à la rentrée avec notamment un concert de Renaud CAPUCON qui aura lieu dans une petite école. L'objectif que vous donnez dans Le Parisien ce matin c'est qu'au fond pratiquement l'ensemble des élèves puissent participer ce jour-là à des chorales, le 3 septembre prochain, c'est vrai ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est un objectif qu'on s'est fixé avec Françoise NYSSEN dès que nous sommes arrivés au gouvernement et d'ailleurs nous avions commencé à faire quelque chose à la rentrée dernière, maintenant on a eu un an pour préparer la rentrée qui vient. C'est une chose à laquelle nous attachons beaucoup d'importance d'abord parce que la musique me paraît être un élément essentiel de la vie scolaire, dans l'idéal on devrait avoir de la musique tous les jours dans la vie scolaire, ça changerait beaucoup de choses.
GUILLAUME DURAND
Dans nos générations c'était quasiment absent !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr et c'est ailleurs un défaut français, c'est un point de faiblesse du système scolaire français, dans d'autres pays très fréquemment vous avez la chorale qui chante quotidiennement, vous avez la musique qui est présente, les enfants qui sont encouragés à jouer d'un instrument. C'est évidemment ce que nous devons faire en France parce que ça a des vertus multiples, d'abord le bonheur de la musique en soi mais aussi le sens collectif que ça développe, l'ouverture, même les bienfaits cognitifs sont reconnus aujourd'hui, donc ça n'a que des vertus, je suis très mobilisé avec Françoise NYSSEN pour que la musique soit présente au quotidien. Donc le faire le jour de la rentrée, le 3 septembre, le jour de la rentrée…
GUILLAUME DURAND
Collège à Epinay-sur-Seine.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Voilà, il y aura donc Renaud CAPUCON, vous à Radio Classique vous avez la gentillesse de diffuser cela et je pense que c'est une très bonne chose et de façon générale dans toute la France les artistes sont invités à participer à cette rentrée en musique et puis surtout les enfants eux-mêmes dont beaucoup préparent en ce moment ce qui se passera le premier jour de septembre.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est peut-être une deuxième Fête de la musique d'une certaine manière, la rentrée scolaire pourrait devenir une sorte de deuxième Fête de la musique !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, on peut le dire comme ça si vous voulez, en tout cas c'est bien l'idée, c'est-à-dire que cela change complètement l'esprit dans lequel on commence l'année. Souvent un marronnier de rentrée des classes c'est de voir des enfants de maternelle pleurer en arrivant à l'école, nous voulons montrer qu'entrer à l'école c'est un moment de bonheur et pas du tout un moment de tristesse et la musique va évidemment participer de cet état d'esprit, c'est ce que j'appelle « l'école de la confiance » et ça en fait partie.
GUILLAUME DURAND
Les arts, 10 % du temps sera consacré aux arts dorénavant dans les classes primaires à partir de quand ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
A partir de la rentrée prochaine, en réalité c'est déjà consacré par les textes mais ça n'est pas toujours pratiqué, donc nous allons pousser l'ensemble du système scolaire, des écoles primaires à consacrer pour de vrai 10 % du temps aux arts. Cela signifie des actions en matière de formation des professeurs, en matière d'intervention extérieure, c'est pour cela que le partenariat entre le ministère de la Culture et le ministère de l'Education est si important. J'étais encore hier à Courcouronnes avec Françoise NYSSEN et avec Laura FLESSEL, c'était pour lancer le plan Mercredi, donc c'est quelque chose de complémentaire sur les activités périscolaires des enfants, et nous voulons que…
GUILLAUME DURAND
Là aussi ça concerne la rentrée, donc le rythme scolaire revient à quatre jours…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour une bonne partie des communes mais pas toutes.
GUILLAUME DURAND
70 %.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais des grandes villes comme Paris ou Nantes par exemple restent à quatre jours et demi et c'est un choix qui peut être tout à fait possible. Moi peu m'importe qu'on soit à quatre ou à quatre et demi, par contre ce qui est important c'est que le mercredi il se passe des choses intelligentes pour les enfants. L'association entre Laura FLESSEL, Françoise NYSSEN et moi et Agnès BUZYN aussi d'ailleurs parce qu'il y a des politiques familiales derrière tout cela doit nous permettre d'avoir un nouveau mercredi en France. Ce mercredi doit se traduire par trois mots-clés, culture, nature, sport, on doit avoir des enfants épanouis par ce qu'ils font le mercredi.
GUILLAUME DURAND
Justement qui va financer ça parce que c'est le grand problème puisque vous savez que les collectivités locales et territoriales se plaignent que l'Etat leur restreigne un certain nombre de crédits, il va falloir trouver de l'argent pour que ce mercredi ne soit pas un mercredi pauvre !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais justement c'est ce que j'ai commencé à annoncer hier et que nous confirmerons au mois de juillet avec Agnès BUZYN notamment la politique familiale va être au service de ce mercredi et donc j'ai doublé le forfait que chaque commune va recevoir de la part des caisses d'allocations familiales pour l'organisation des mercredis. C'est un point extrêmement important y compris pour effectivement l'équilibre des finances communales mais derrière ça il y a des enjeux de qualité aussi, c'est un label de qualité du mercredi parce que ce n'est pas des activités de garderie mais des activités dont on va assurer qu'elles ont la qualité qu'on peut souhaiter pour l'épanouissement des enfants.
GUILLAUME DURAND
Il est important de revenir sur des modifications qui sont fondamentales pour les années qui viennent, le nouveau baccalauréat et aussi la nouvelle seconde avec un grand oral pour le bac, tout ça est prévu pour 2021, et ça nous ramène à la question de tout à l'heure parce que c'est fondamental en matière d'éducation est-ce que la France va enfin sortir des queues de classements, de tous les classements internationaux en matière à la fois de mathématiques et en matière de performances des grandes universités ? Est-ce que vous pouvez nous garantir ce matin que ces modifications qui commencent au primaire et qui vont aller jusqu'au baccalauréat vont permettre justement que la France sorte de cette forme de torpeur de l'éducation au plan mondial ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est bien le but évidemment et ça rejoint votre première question de tout à l'heure sur les objectifs qu'on peut se fixer à un horizon de cinq ans pour améliorer le système scolaire. Il faut d'abord être honnête et lucide, l'éducation c'est un sujet toujours de long terme, c'est des graines que l'on sème et on ne fait pas pousser les plantes en tirant dessus. Donc il faut être patient, il faut faire aussi les choses de façon cohérente, il n'y a jamais une recette magique, il n'y a jamais la mesure qui permet de rebondir, c'est un ensemble de mesures et c'est une stratégie, c'est-ce que l'on est…
GUILLAUME DURAND
Et les profs vont vous suivre ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je crois que les professeurs, la très grande majorité des professeurs est parfaitement consciente de la pertinence d'un certain nombre d'options que nous avons prises. Quand à l'école primaire j'insiste tant sur les savoirs fondamentaux avec l'éclairage d'un conseil scientifique qui regarde les meilleures pratiques mondiales et les meilleures pratiques qui fonctionnent en France pour que tout ceci se développe via la formation des professeurs, via le travail pédagogique avec eux, que l'on nomme les professeurs les plus expérimentés en classe de cours préparatoire et que l'on a les documents pédagogiques qui correspondent à tout ça c'est un véritable rebond qualitatif qui est recherché et bien entendu que cela va porter des fruits. J'en attends évidemment beaucoup, c'est comme le fait que nous fassions des évaluations plus régulières en début de CP, en début de CE1 pour voir où en sont les élèves, pour ne pas laisser des retards s'installer parce que nous savons que c'est pendant les premières années de la vie que se jouent énormément de choses. D'où aussi la mesure scolarité obligatoire à trois ans qui va permettre d'amener à l'école maternelle plus de 25.000 enfants de plus chaque année et on sait que c'est à ce moment-là que se joue aussi beaucoup. Et donc tous ces éléments mis les uns avec les autres et qui sont cohérents les uns avec les autres vont…
GUILLAUME DURAND
Donc c'est une construction…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Comment ?
GUILLAUME DURAND
C'est une construction.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est une construction, absolument, vont aboutir, et c'est notre mobilisation de chaque jour, à ce résultat qui sera que dans quatre, cinq ans vous verrez qu'à la fin de l'école primaire les résultats seront meilleurs, en tout cas nous nous mobilisons totalement pour cela. S'agissant ensuite du collège et du lycée c'est aussi toute une série de mesures qui sont prises pour avancer, nous avons aussi une stratégie français, nous avons une stratégie mathématiques à la suite du rapport VILLANI. Nous prenons des mesures qui maintenant commencent à être regardées d'ailleurs par d'autres pays parce qu'elles intéressent, le rapport VILLANI commence à être traduit partout parce qu'on voit qu'il y a une stratégie française sur l'enseignement des mathématiques. Ce que nous sommes en train de faire en éducation prioritaire et qui est la plus grande des mesures de justice sociale qu'on puisse concevoir parce que, et je le vois avec les parents d'élèves que je rencontre qui voient à quel point on est en train de jouer sur le coeur du coeur de ce qui fait ensuite la réussite d'un enfant. Cette mesure de dédoublement est regardée maintenant par d'autres pays parce qu'on se dit qu'il y a peut-être là quelque chose qui peut permettre d'avoir plus de justice sociale dans notre société.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est le visage de la France qui va changer, pourtant BORLOO disait qu'il y a un certain nombre de choses qu'il faudrait faire, que le président de la République, vous le savez, a refusé notamment une sorte, je caricature, une sorte de grande école justement dans les zones difficiles, dans les quartiers prioritaire, c'était une mauvaise idée BORLOO ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
D'abord le fait…
GUILLAUME DURAND
Je parle de l'aspect simplement éducatif.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, oui, oui, justement, non, le fait que ce ne soit pas la totalité du plan BORLOO qui a été retenue comme un tout ne signifie pas qu'il n'y a rien de retenu, bien au contraire ! Et d'ailleurs pour toute la partie éducation du plan BORLOO il y a beaucoup de choses que nous allons faire, d'ailleurs y compris en lien avec Jean-Louis BORLOO puisqu'il a évidemment toujours beaucoup de bonnes idées. L'exemple typique c'est ce que je viens de vous dire, la mesure CP, CE1 dont j'ai d'ailleurs beaucoup parlé avec lui est une mesure qui bien entendu est une mesure de justice sociale qui touche beaucoup les villes mais qui touche aussi en partie les campagnes. Et d'ailleurs une des caractéristiques de ce que nous faisons c'est que nous ne voulons plus opposer territoires défavorisés urbains et territoires ruraux ou mêmes territoires défavorisés ruraux mais parfois avoir des visions complètes du sujet. L'exemple typique c'est justement ce plan Mercredi dont je parlais tout à l'heure, quand on a des enfants qui sont un peu livrés à eux-mêmes le mercredi on doit évidemment avoir une stratégie ciblée vers les plus défavorisés qu'ils soient en territoire urbain ou en territoire rural.
GUILLAUME DURAND
A terme, je vais prendre des grands exemples historiques, parmi ceux qui viennent de milieux défavorisés et qui ont joué un rôle majeur en France vous avez JAURES, normalien, d'une certaine manière Alain JUPPE, famille qui n'était pas très riche, François BAYROU, famille de paysans, d'un côté un agrégé, de l'autre côté un normalien qui est un énarque, est-ce qu'on peut dire que dans cinq ans ce paysage qui est un paysage rare, c'est-à-dire la présence de non-bourgeois dans les grandes écoles sera un paysage largement élargi à cause de la politique que vous menez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'espère bien, ça fait partie des objectifs.
GUILLAUME DURAND
Parce que là on en a cité trois et…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, vous savez, les JAURES de notre temps sont là, il y a tout le travail qui a été fait à Sciences Po ces dernières années, moi-même quand j'étais directeur d'une grande école j'ai fait cette chose en ce sens, donc on n'est pas nul sur cette question. Vous avez aujourd'hui des députés En Marche par exemple qui sont le produit de ces politiques publiques et qui prennent des responsabilités. Donc moi j'envoie toujours aussi un message d'optimisme sur cette question parce qu'on peut montrer ce qui ne va pas et il y a bien des choses qui ne vont pas en France, je pense au problème d'intégration en particulier, mais il faut montrer ce qui marche y compris par exemple en Seine-Saint-Denis que je connais bien, vous avez en réalité pour la majorité des élèves, malheureusement pas la totalité, des parcours de réussite qui grâce aux professeurs, grâce à l'Education nationale qui produisent leurs effets, c'est aussi ça que j'appelle « l'école de la confiance ».
GUILLAUME DURAND
Une grande partie de l'accusation qui est portée par l'opposition notamment l'opposition de gauche, le Parti socialiste ou La France Insoumise consiste à dire que tout ça y compris Parcoursup c'est la sélection qui est prolongée est faux ? Moi je dis ça avec un point d'interrogation, ce n'est pas une approbation de ma part.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, il faudrait voir de quels arguments on parle précisément mais il est évident que…
GUILLAUME DURAND
C'est l'ensemble de la politique éducative.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non mais la politique menée est faite pour faire réussir tout le monde et de faire réussir tout le monde chacun dans son parcours personnalisé.
GUILLAUME DURAND
Donc ils mentent ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien entendu qu'il y a énormément de mensonges dans ce qui est dit, il faut voir de quoi on parle précisément mais si je faisais le compte de tous les mensonges que j'entends tous les jours je pourrais y passer mon temps !
GUILLAUME DURAND
Prenons l'exemple de Parcoursup…
JEAN-MICHEL BLANQUER
D'accord.
GUILLAUME DURAND
…sélection…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parcoursup le mot « sélection » ne l'utilisons pas, il est piégé parce qu'il est synonyme en France d'élimination, or il n'y a aucune élimination avec Parcoursup puisque chaque personne ayant un baccalauréat se voit garantir une place dans l'enseignement supérieur simplement d'une manière beaucoup plus humaine et beaucoup plus rationnelle que ça n'était le cas précédemment. Plus humaine parce que nous accompagnons beaucoup plus, le fait de nommer un deuxième professeur principal cette année en classe de terminale a contribué à ce qu'il y ait une réflexion beaucoup plus approfondie de chaque élève avant de s'inscrire. Et puis plus rationnelle parce que le but est de ne pas arriver à un tirage au sort à la fin pour les filières en tension…
GUILLAUME DURAND
Comme c'était le cas précédemment.
JEAN-MICHEL BLANQUER
…mais au contraire d'être arrivé rationnellement à ce que les élèves les plus susceptibles de réussir aillent dans les endroits les plus demandés, ça c'est ce qui me paraît tout à fait logique et c'est ce qui se passe dans tout l'enseignement supérieur du monde entier, je ne vois pas pourquoi la France se mettrait à l'écart de ce qui est du pur bon sens. Sauf après si vous voulez en payer les conséquences en faisant du tirage au sort, ce qui est la chose la plus injuste puisque pour ceux qui ne sont pas tirés au sort et en plus même ceux qui sont tirés au sort si ensuite ils échouent là où ils sont pris ça ne fait pas grand sens. Donc c'est beaucoup plus juste, beaucoup plus humain, beaucoup plus rationnel de faire ce qu'on a fait, par exemple quand j'ouvre plus de 2.000 places de BTS ou des places passerelles en BTS, qu'on ouvre de façon privilégiée pour les bac pro parce que c'est là qu'ils sont susceptibles de réussir dans l'enseignement supérieur et que ceci va produire de la vraie réussite, pas de la démagogie.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct avec Jean-Michel BLANQUER, nous allons marquer une très légère pause et après nous allons parler de questions politiques évidemment qui sont liées à l'éducation.
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GUILLAUME DURAND
Nous sommes avec Jean-Michel BLANQUER. C'est l'ensemble de la politique éducative, un nouveau bac, une nouvelle seconde, donc avec aussi à la rentrée les rythmes scolaires qui seront modifiés, et puis donc un très joli livre consacré à Jean de LA FONTAINE, avec des illustrations de Joann SFAR, donc, merveilleux auteur. Le voici ce livre qui sera distribué donc à tous ceux qui vont passer de CM2 au collège, c'est une belle opération et nous allons en reparler dans un instant, mais je voudrais qu'on parle un petit peu de politique. Il y a un grand sommet qui va avoir lieu ce week-end à Bruxelles, et il y a un débat en France, comme partout en Europe sur la question de l'immigration et souvent l'opposition vous traite de naïf dans ce domaine, y compris d'une certaine manière, Manuel VALLS, qui a expliqué que l'Europe était un nain en matière à la fois de politique migratoire et en matière de politique de sécurité. Alors, quel est le point de vue de ministre de l'Education sur cette affaire, d'autant plus, je prolonge pour une fois un peu longuement cette question, qu'un proviseur à Marseille a expliqué que, vous avez probablement lu ses déclarations donc à l'époque, il y a maintenant 6 mois, qu'il y avait un énorme problème pour, comment peut-on dire, contraindre tous ceux qui ne respectent pas la règle scolaire, et qui n'en avaient rien à faire finalement de la laïcité. Vous répondriez quoi à cette question qui est complexe ? La première c'est la laïcité, la deuxième c'est le terrorisme.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, là vous avez mis ensemble beaucoup de sujets, qu'on peut relier en effet mais qu'il faut quand même distinguer. Sur le sujet de la laïcité, on a beaucoup agi au cours des derniers mois, puisque j'ai bien lu le livre auquel vous faites référence, de ce principal de collège de Marseille, je suis extrêmement attentif à ce que les règles de la laïcité soient respectées dans notre système scolaire.
GUILLAUME DURAND
Lui, il dit que ce n'est pas le cas du tout.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais ça n'était pas le cas avant, mais on est en train justement de travailler à ce que ce soit le cas maintenant. On a fait beaucoup ces derniers temps sur cette question, la création d'un Conseil des sages qui définit les règles applicables pour toute la France, et ça a donné lieu à ce qu'on appelle le vade-mecum sur la laïcité, qui désormais donne de façon très explicite les règles à respecter à chaque établissement.
GUILLAUME DURAND
Avec des sanctions.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien entendu, avec un système de sanctions qui va avec, bien entendu. Deux, nous avons des équipes laïcité maintenant dans chaque rectorat qui interviennent en appui des établissements, chaque fois que des problèmes sont constatés, pour, de manière sereine et efficace, intervenir, aider les équipes à faire ce qu'il y a à faire, à faire le travail pédagogique, avec les enfants, parfois avec les parents et éventuellement les sanctions qui vont avec, mais l'idée c'est vraiment une République forte, sereine, qui fait appliquer ses règles, tranquillement, sans exagérer les problèmes, ni les minimiser, c'est-ce qu'on en a fait.
GUILLAUME DURAND
Alors, vous avez compris que la complexité dans toute conversation qu'on a sur ce thème, c'est de ne pas mélanger laïcité, religion musulmane, terrorisme, et ces questions sont quelquefois dans la tête des gens, en tout cas dans la tête des opinions qui s'expriment, un petit peu mélangées. Est-ce que vous considérez que VALLS a raison ? Là, il s'adresse à La République en Marche, il s'adresse au gouvernement, en considérant d'une certaine manière on est des naïfs en matière politique migratoire.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Manuel VALLS a une très grande expérience de ces sujets, donc il faut être très attentif à ce qu'il dit de façon générale, et là où il y où évidemment il est totalement dans la ligne de ce que nous sommes en train de faire, c'est quand il dit qu'il faut qu'on ait une vision très maîtrisée de cette question, et donc si des différences il peut y avoir, ce sera plus sur les modalités que sur l'inspiration. L'inspiration c'est que notre pays, comme tout pays, doit évidemment maîtriser son immigration et que le sujet il est certes français, mais il est aussi européen et il est mondial. Il est européen avec une des bonnes nouvelles qui nous sont arrivées, il n'y en a pas tant que ça ces derniers jours, en début de semaine, lorsque la rencontre franco-allemande entre le président de la République et la chancelière a amené à un débat extrêmement important en matière de convergence sur plusieurs choses : le budget de la zone euro en particulier, mais aussi la maîtrise des flux migratoires et la capacité, je l'espère, dans le futur, d'avoir une vraie politique en la matière, ce qui a beaucoup manqué pour venir en appui de l'Italie…
GUILLAUME DURAND
Lui il dit « je l'espère, dans le futur ».
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non non, parce que là, maintenant…
GUILLAUME DURAND
Mes gens pensent : c'est aujourd'hui.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr, mais il y a déjà… Non, mais c'est pour ça qu'il y a plusieurs choses à faire, mais en tout cas il faut aussi prévoir ce qu'on pourrait appeler le moyen terme, c'est-à-dire arriver un jour à ce qu'il y ait de véritables gardes frontières européens, qu'il y ait une solidarité des pays, des uns vis-à-vis des autres quand il y a des crises.
GUILLAUME DURAND
C'est ce que font déjà les Italiens. Les Italiens ils disent : on ferme tout. Les Polonais disent : on ferme tout.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais, quand on le fait…
GUILLAUME DURAND
Les Hongrois disent : on ferme tout.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais quand on le fait, pays par pays, sans coordination, on aboutit à des choses qui ne fonctionnent pas, y compris ce qui a fait l'Allemagne il y a un an et demi qui évidemment pouvait peut-être se justifier à certains égards, mais qui en tout cas, en étant fait pas un pays seul, sans discuter avec les autres, n'est évidemment pas une bonne chose. On a besoin d'Europe, plus que jamais, sur ces questions-là. Donc là il y a évidemment un progrès en la matière, qui va venir. Il y a aussi d'autres progrès à accomplir, et le plus grand des progrès c'est évidemment le jour où par la France et par l'Europe, nous contribuons à ce que, en Afrique, le développement permette d'éviter tout simplement les flux migratoires, parce que, ce qu'il faut dire sur ces sujets, c'est que les personnes qui arrivent, la plupart du temps elles prennent la route du malheur, c'est des personnes qui se séparent de leur famille, c'est des personnes qui parfois vont mourir en mer, donc vous la vraie question humanitaire c'est d'éviter qu'ils traversent la Méditerranée et donc éviter cela, c'est avoir la très grande politique volontariste vers l'Afrique, que nous devons avoir, le président de la République a d'ailleurs donné des premiers signaux très importants, y compris en matière d'éducation et je suis mobilisé sur cette question…
GUILLAUME DURAND
Pardonnez-moi, mais la politique migratoire, enfin de la pression migratoire mondiale, Adrien QUATENNENS, député de la France Insoumise, le disait hier, est beaucoup plus forte que la pression qu'on peut faire, ou l'aide qu'on peut donner, donc aux pays qui sont de l'autre côté de la Méditerranée. C'est-à-dire que cette route du malheur, elle est beaucoup puissante, beaucoup plus forte, regardez les chiffres de l'ONU, 68 millions de migrants, que toutes les possibilités que nous avons d'installer des hotspots ou de vouloir justement coopérer avec les pays qui sont de l'autre côté de la Méditerranée. C'est ça l'argument.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, il faudrait voir ce que dit, que ceux qui disent cela, proposent autre chose, mais il est évident que la solution durable sur ces questions, c'est un développement de l'Afrique, c'est la question démographique notamment, comment nous accompagnons par exemple, le sujet de l'éducation des filles, le sujet structurel auquel nous nous somme attelés. Nous l'avons défini comme une priorité mondiale dans l'aide publique que la France apporte aux pays en développement. Vous avez toute la question du développement économique de l'Afrique, l'Afrique est en plein boom économique actuellement, c'est une bonne nouvelle, mais nous savons très bien que cela peut virer du bon ou du mauvais côté, selon la façon dont cela se produira, donc notre responsabilité historique à nous Européens aujourd'hui, c'est évidemment d'être en partenariat avec l'Afrique pour éviter ça, et d'ailleurs c'est ce qui se produit avec certains pays aujourd'hui, que nous réussissons à amener vers des progrès qui évitent une émigration, qui est aussi une mauvaise nouvelle pour les pays en question, parce que c'est la fuite des cerveaux, parce que c'est encore une fois du malheur dans les familles, que ça crée de la déstabilisation. Aujourd'hui il y a des gens qui ont intérêt à ce que ces flux migratoires s'accentuent, ce sont les passeurs, ce sont les mafias, ce sont les intégristes de tous bords qui profitent de cela, c'est la traite humaine, tous ceux qui bénéficient de la traite humaine, les humanistes d'Europe, du monde, doivent travailler à une nouvelle vision du développement africain et c'est évidemment une des priorités que l'Europe doit avoir, en plus d'avoir une efficacité dans la capacité à maîtriser l'immigration.
GUILLAUME DURAND
Deux questions précises, avant de parler un soupçon de culture et que nous nous quittions et la Revue de presse de Michel GROSSIORD interviendra. La première, c'est au fond pendant la campagne électorale, et c'est un peu ce que disait VALLS, pendant la campagne électorale, FILLON avait dit : il va falloir que l'Assemblée nationale, pour que tout le monde soit d'accord, parce qu'il y a une tension dans le pays, entre ceux qui veulent accueillir et ceux qui le refusent et qui sont majoritaires dans l'opinion, il faudrait que l'Assemblée nationale définisse des quotas, c'est-à-dire que tout le monde vote et à ce moment à la France a des chiffres précis qui sont acceptés par le législateur et donc c'est plus facile de convaincre les Français. Est-ce que vous êtes favorable à cette politique des quotas ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Personnellement, je ne suis pas très favorable, de façon générale, tout ce qui est quotas, est rarement une bonne idée, sur le sujet de l'immigration comme sur d'autres, mais c'est ça doit être discuté. Je pense que, lorsqu'il y a une loi, ce qui est intéressant c'est de faire progresser la loi par le débat, donc il y a des arguments dans ce sens, moi je les entends, je pense que le but que l'on doit atteindre c'est une réelle maîtrise des flux migratoire, que ce soit par les quotas ou par d'autres formules, mais surtout par une efficacité aux frontières, et que surtout nous réussissions ensuite l'intégration, parce que c'est un peu ce à quoi vous faisiez référence dans votre question, c'est-à-dire on réussira l'intégration, je suis optimiste sur cette question, dès lors que l'on est dans des proportions raisonnables d'immigration. Après, au-delà d'une certaine proportion ça devient impossible pour l'ensemble des pouvoirs publics d'arriver à maîtriser tout cela et certains maires le savent aujourd'hui, certains territoires le savent, donc nous devons être raisonnables sur ces questions, nous devons être humanistes raisonnables, et c'est tout à fait la ligne du gouvernement.
GUILLAUME DURAND
On trouve dans « Construisons ensemble l'école de la confiance », chez Odile Jacob, donc l'essentiel de votre politique, voici le livre. Un autre livre qui bouleverse évidemment beaucoup, à la fois la littérature et l'opinion, et qu'il serait bien malheureux d'instrumentaliser politiquement, c'est celui de Philippe Lançon, journaliste à Libération et à Charlie Hebdo, « Le lambeau », qui raconte justement à la fois ce qui a été sa vie, ce qu'est sa vie aujourd'hui et ce qui a été le terrible attentat de Charlie Hebdo. Est-ce qu'il faut interdire définitivement le salafisme en France ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense qu'il faut être extrêmement rigoureux contre le salafisme. J'ai encouragé le vote d'une loi tout récemment…
GUILLAUME DURAND
Mais, rigoureux ou l'interdire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, il faut être très rigoureux, il faut quand même être très attentif à respecter la Constitution, la liberté de pensée c'est quelque chose de très important, qu'on ne doit pas passer aux oubliettes de cette façon.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que le salafisme, c'est une liberté de penser ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Heureusement, attendez, il faut toujours être très prudent dans ce qu'on dit, et je ne ferai jamais des déclarations à l'emporte-pièce là-dessus. La liberté de conscience, la liberté religieuse, la liberté de pensée, la liberté de s'exprimer, c'est le socle d'une République comme la nôtre, et il ne faut évidemment pas jouer avec ça. En revanche, le salafisme dans ses expressions de prosélytisme, dans ses expressions de poussée et de pression sur les gens est évidemment inacceptable, et on doit être sans aucune naïveté sur ce sujet. Dans mon domaine, celui de l'Education, j'ai déjà agi sur cette question. Nous empêchons telle école d'ouvrir, j'ai fait voter une loi, la loi Catel (phon), tout récemment, qui est une loi qui nous permet désormais d'avoir les outils juridiques pour nous opposer à des ouvertures d'écoles, et notamment des écoles d'inspiration salafiste, des choses tout à fait inacceptables avaient commencé à se développer ces dernières années sur ce terrain, nous sommes en train d'y mettre fin, donc je suis d'une rigueur totale là-dessus, et vous savez, on n'est pas obligé de faire beaucoup de bruit sur ces sujets, mais je peux vous dire que…
GUILLAUME DURAND
Non mais le bruit que l'on attend, c'est le discours d'Emmanuel MACRON sur l'organisation de l'islam, par exemple, beaucoup de gens disent : il est flou, certains le soupçonnent de communautarisme non avoué.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il n'est pas flou du tout, et encore une fois, regardez ma politique qui est un petit peu considérée comme la pointe avancée de la politique de Manuel VALLS en matière de laïcité, elle n'est pas floue du tout, elle est moins floue que tout ce qui a pu précéder et il n'y a aucune ambigüité sur ces sujets-là. Maintenant, Manuel VALLS est très attentif au respect des libertés, il est très attentif aussi à la question du sens dans nos sociétés, il ne faut pas de jeter le bébé avec l'eau du bain, on ne peut pas mettre fin à la liberté de pensée, encore une fois, au nom du fait qu'il faut bel et bien combattre les extrémismes et a fortiori ceux qui mènent au terrorisme. C'est cette position à la fois fine et ferme qui est celle du président. Nous en parlons souvent, je n'ai aucun doute sur sa visée, et à mon avis il est justement sur l'équation qui va bien, c'est-à-dire une République laïque, et une République laïque, ce qui signifie que la laïcité va au service de la liberté, de l'égalité, de la fraternité. On a le droit de penser, on n'a pas le droit de faire pression sur autrui, au nom de ses convictions et notamment dans des secteurs comme l'éducation où on doit être très vigilant sur ce point.
GUILLAUME DURAND
Pourquoi aimez-vous Jean FERRAT, « Aimer à perdre la raison » ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'ai toujours trouvé extrêmement poétiques que la plupart des chansons de Jean FERRAT, a fortiori celles qui sont basées sur les textes d'ARAGON, et donc voilà c'est tout simplement d'une très grande beauté.
GUILLAUME DURAND
Justement, c'est l'anniversaire de quelqu'un que vous aimez beaucoup, il s'agit de François BAROIN, dont on dit qu'il est votre meilleur ami. Le 16 novembre 2017 il avait abandonné la vie politique, je suppose que vous en avez parlé. Pourquoi vous, vous continuez, pourquoi vous vous êtes vraiment lancé là-dedans et pourquoi lui a arrêté ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, je ne vais pas parler à sa place. C'est vrai que c'est son anniversaire. Pour ce qui me concerne, vous le savez bien, le président de la République m'a fait signe en quelque sorte, m'a appelé parce qu'il pensait que je pouvais mener une politique d'éducation d'intérêt général, parce que j'avais travaillé, écrit sur ce sujet et je pense qu'il est bon, je dirais à la romaine, ou à la grecque, mais encore plus à la romaine, de temps en temps, d'exercer des fonctions publiques, de donner ce que l'on pense pouvoir donner à l'esprit public et au bien public, ou du mieux que l'on peut, avec les qualités et les défauts que l'on a, et puis se retirer, François BAROIN vient de le faire, mais peut-être qu'il reviendra, c'est à lui qu'il faut poser la question, et en tout cas, je pense qu'il y a un certain sens de l'Etat et un certain sens du service public derrière l'idée qu'on n'est pas toute sa vie un homme politique, mais que, à un moment de sa vie, on se consacre du mieux que l'on peut au biens public et quitte à se retirer une fois qu'on a fait ce qu'on devait faire au service de l'Etat.
GUILLAUME DURAND
Nous allons écouter donc, puisque nous allons nous quitter, des choeurs qui chantent la fameuse chanson de Charles TRENET, « La mer », c'est l'anniversaire aussi de Jean-Paul SARTRE, pas simplement celui de François BAROIN, là on change de domaine et on change d'importance. Il a dit cette phrase : « Agir c'est modifier la figure du monde », vous la reprendriez pour vous ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais je pense, il y a beaucoup de choses que je ne partage pas avec Jean-Paul SARTRE, mais que ce point-là, c'est-à-dire de le fait que l'action est importante et que c'est un peu en marchant qu'on prouve le mouvement, me va très bien.
GUILLAUME DURAND
Merci Jean-Michel BLANQUER de d'être venu ce matin sur l'antenne de Radio Classique. On se retrouve le 3 septembre, vous êtes notre invité le 3 septembre, je l'espère bien, pour cette opération, donc de la Rentrée en musique avec un concert de Renaud CAPUÇON, donc, qui aura lieu dans une école de d'Epinay, et puis donc des collégiens qui vont entrer en chantant, ce qui finalement n'est pas plus mal que de rentrer en pleurant, ce qui n'empêchera pas dans les familles une certaine émotion. Ce choeur que nous allons diffuser ce soir sur l'antenne de Radio Classique, qui chante « La mer », le voici, merci, bonne journée à vous.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.
GUILLAUME DURAND
Merci d'avoir expliqué cette politique et puis je rappelle donc, qu'il y aura cette magnifique édition du livre, évidemment, des Fables Jean de LA FONTAINE, illustrées par Joann SFAR, qui sera distribué pour les vacances à tous les élèves qui passent du CE2 au collège. Bonne chance à eux, bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juin 2018