Texte intégral
Messieurs les députés,
Monsieur le chef d'état-major des Armées,
Monsieur le délégué général pour l'armement,
Monsieur le secrétaire général pour l'administration,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs,
La direction générale de l'armement, c'est d'abord une intuition. Celle de trois hommes, Charles de Gaulle, Michel Debré et Pierre Messmer. De trois hommes qui avaient conscience que les défis technologiques devaient s'affronter avec des savoir-faire pointus, des ingénieurs capables, des projets ambitieux et des moyens pour les penser et les mettre en oeuvre.
La DGA ne portait pas encore ce nom, mais déjà, elle montrait son avance. Déjà, elle permettait à la France d'établir son programme de dissuasion. Déjà, sa qualité, sa capacité à concevoir et accompagner des programmes longs, complexes, perfectionnés, étaient regardées, partout avec une pointe de jalousie.
Aujourd'hui, près de 60 ans plus tard, que reste-t-il de la promesse du Général de Gaulle ?
Il reste une institution capable et respectée. Un des hauts lieux de l'excellence technique de l'État. Le nom de la DGA est connu partout, son expertise enviée et réclamée. Il reste une expertise, exceptionnelle, dans tous les domaines, pour tous les programmes. La DGA détient encore tous les savoir-faire, les compétences les plus pointues. Terre, mer, air, espace : il n'est pas un milieu où la DGA sera prise à défaut. Il reste des ingénieurs de talent et d'exception. Il reste cette capacité rare de planification.
La DGA est une institution unique, une institution qui a accompagné tous les projets et tous les succès de nos armements.
Mais alors, pourquoi nous réunir aujourd'hui ?
Quelques mois seulement avant la création de la DGA, Kennedy prononçait un discours devenu célèbre : The new frontier. Il y prononçait cette phrase : « une nouvelle frontière est là, que nous le voulions ou non. Au-delà de cette frontière se trouvent les domaines inexplorés de la science et de l'espace, les problèmes non résolus de la paix et de la guerre, les poches d'ignorance et de préjugés invaincus. »
Regardons le monde qui nous entoure. Cette phrase n'a jamais été aussi vraie. Nous sommes au bord d'une nouvelle frontière et nous devons réinventer ce que nous avons construit une première fois. Les conflits ne ressemblent en rien à ceux d'hier. Le terrorisme nous frappe, ses modes d'action se réinventent et au Levant comme au Sahel, ce ne sont pas des guerres conventionnelles que mènent nos forces.
Les théâtres d'opération changent. L'espace exoatmosphérique devient un lieu de confrontation. Et d'un clic, une attaque cyber peut bloquer nos économies, nos industries, nos moyens de transport.
Les relations internationales ont changé. Sous chaque victoire du multilatéralisme, combien de coups du nationalisme ? Les États montrent leur puissance par tous moyens et reprennent une course à l'armement.
Les technologies ne sont plus l'apanage de quelques puissances, elles se répandent, se trouvent au coin d'une rue. Nous y avons un meilleur accès, nos ennemis aussi et ils en jouent.
L'innovation, aussi, ne cesse d'apporter son lot d'espoirs et de craintes. L'économie civile s'en est pleinement saisie, elle sait développer vite, tester vite, produire vite. L'intelligence artificielle, la robotique, les biotechnologies notre horizon technologique n'a plus de limite.
Voilà ce que j'appelle cette nouvelle frontière. Un monde où les technologies se mêlent et où les horizons s'élargissent, où le concept même de frontière, justement, s'interroge.
Dans ce monde, la France doit faire entendre sa voix. Elle doit compter, être respectée. Elle doit faire entendre le son du multilatéralisme, l'enthousiasme de la modernité. Elle ne peut passer à côté des défis de l'innovation, du numérique, des nouvelles technologies. Elle doit bénéficier des meilleurs investissements, des meilleurs équipements, des meilleurs talents.
C'est cela mon objectif : préparer nos Armées à ce monde, à ces menaces et à ces défis. C'est créer des Armées capables d'agir et de l'emporter dans tous les milieux. C'est de fonder des Armées modernes, adaptées aux enjeux du XXIe siècle.
La loi de programmation militaire était une étape forte pour cette conquête. Elle rend enfin à nos Armées les pleins moyens de son action. Elle lance un renouvellement sans précédent de nos équipements, pour toutes les Armées. Elle accélère les programmes et augmente certaines cibles. Elle accorde une part majeure à la recherche et à l'innovation.
En 7 ans, les crédits d'équipements vont augmenter de 35%, des recherches vont être lancées, des programmes vont être accélérés. En 7 ans, les technologies changeront 100 fois et l'usage qu'en font nos forces aussi. Il faudra du travail, il faudra de la réactivité, il faudra de l'audace. Et c'est précisément pour répondre à ces défis, que nous nous trouvons ici, aujourd'hui, pour transformer la DGA.
La transformation de la DGA. Cher Joël Barre, à votre arrivée à la tête de cette superbe institution, c'est la mission que je vous ai confiée.Une mission qui m'est chère. Une mission dont l'enjeu a encore été rappelé en janvier par le Président de la République. Une mission, surtout, impérative pour nos forces et pour leur succès. Cette mission, vous vous en êtes emparé avec pugnacité et volontarisme, sans tabou ni parti pris. La présence à vos côtés aujourd'hui du chef d'état-major des armées et du secrétaire général pour l'administration témoigne aussi de votre méthode, celle du sens de l'écoute et du travail en équipe. La diversité des personnels présents dans cet amphithéâtre démontre aussi l'importance que revêt cette transformation de la DGA, pour votre direction, bien sûr, mais au-delà pour tout le ministère des Armées.
* Efficacité
La première des nécessités de la nouvelle DGA, c'est de gagner en efficacité et en réactivité. Aujourd'hui, nous fonctionnons trop souvent en silo. Les programmes pourraient se parler davantage, et les dialogues entre l'état-major et la DGA devraient être plus directs et pragmatiques. Il faut donc impérativement et rapidement gagner en souplesse et en réactivité à tous les niveaux.
Ne l'oublions pas, la vocation même de la DGA est d'être au service de nos Armées. C'est de concevoir et d'accompagner des équipements utiles et adaptés pour nos forces. Il faut donc que la DGA, l'EMA et les états-majors travaillent ensemble sur les projets d'armement. Il faut abandonner les vieilles lunes du travail en silo et mettre les armées et les équipes de la DGA sur un même plateau. Les fiches de caractéristiques militaires et la spécification technique, aujourd'hui séparées, seront regroupées dans un document unique. La voie est tracée avec le SCAF, qui montre d'une belle manière à quelle vitesse les projets peuvent avancer quand toutes les forces sont tendues ensemble vers un même objectif, en un même lieu.
Nos processus d'acquisition, aussi, doivent gagner en efficacité. Aujourd'hui, la DGA excelle pour les plans à long-terme, elle est capable de mener des programmes dans la durée comme très peu le peuvent dans le monde. Mais elle ne dispose pas, à l'heure actuelle des outils pour intégrer rapidement des changements de cap, pour permettre de s'adapter à une technologie nouvelle et pourtant nécessaire.
Nous allons donc simplifier les procédures d'acquisition d'armement, donner plus de souplesse, plus de capacité à intégrer l'innovation, en cherchant de nouveaux véhicules juridiques, de nouvelles modalités de financement et en revoyant la fameuse instruction « 15-16 ». Les programmes d'armement comporteront maintenant 3 phases, préparation, réalisation, utilisation, contre 6 actuellement.
Cette efficacité, cette souplesse, ce travail en commun, vont permettre d'éviter les doublons, de réduire les délais, de faciliter les processus de qualification et de mise en service de nos Armements. Pour ne prendre que cet exemple, aujourd'hui se succèdent des essais industriels, puis des essais menés par la DGA pour qualifier le matériel et enfin des essais dans les forces pour prononcer l'admission au service actif. Ne peut-on pas rapprocher ces processus, mutualiser ce qui peut l'être ?
Entendons-nous, cette souplesse que je veux vous apporter, n'exclut pas une forme de contrôle. Il faudra être rigoureux, plus encore, renforcer le contrôle de gestion et l'audit des projets. La gouvernance du Ministère en matière d'investissement sera rénovée. Le rôle du comité ministériel d'investissement sera renforcé. Quant à moi, je vous le dis, je ne débourse pas des centaines de millions d'euros sans qu'on me présente un dossier. La souplesse est notre arme, la rigueur sera notre force.
Par ailleurs, il est une autre conviction que j'aimerais partager avec vous. L'efficacité, c'est aussi une question d'échanges, de respiration, de connaissances d'autres mondes. La gestion de nos corps d'ingénieurs doit donc favoriser les passerelles, les aller-retours entre les différents employeurs publics. Et même au-delà, je crois important, à l'heure où l'Etat ne fait plus guère, mais fait faire, que nos ingénieurs puissent connaître le quotidien d'une entreprise privée. Ces compétences, vous pourrez ensuite les remettre au service du ministère des Armées, à la DGA, naturellement, mais aussi dans le MCO, les SIC ou les infrastructures de défense. Partout, où il y a besoin de compétences techniques, j'ai besoin de vous.
* Europe
Transformer la DGA, c'est aussi connaître et revoir son horizon. La DGA doit être un moteur pour l'Europe des armements, un architecte pour les partenariats internationaux.
Je parle beaucoup de l'Europe de la défense. Aujourd'hui ne fera pas exception. Je n'en parle ni par idéologie ni par monomanie. Si la loi de programmation militaire prévoit une augmentation d'un tiers de nos programmes en coopération, c'est par pragmatisme, c'est parce que nous refusons de diminuer nos ambitions pour nos forces et pour notre capacité d'intervention.
Si nous voulons être pleinement opérationnels et efficaces, ensemble, nos équipements doivent pouvoir opérer ensemble. Il faut créer ce que j'appelle une grammaire des équipements européens : des équipements capables de communiquer et d'agir de concert. Des équipements interopérables et utiles sur les théâtres d'opération. Nous ne pouvons pas prétendre parler d'Europe de la défense sans produire et acheter européen.
Et aujourd'hui, l'Europe des équipements se réveille. Les projets du système de combat aérien du futur et du char de combat du futur sont lancés en partenariat avec l'Allemagne. Ce sont des projets majeurs pour l'avenir de nos équipements. Ce sont des projets ouverts, qui permettront à d'autres nations de se joindre à nous. Ce sont des projets qui permettent de concevoir des équipements plus perfectionnés, de créer de plus d'emplois et de pousser plus loin l'innovation. Et ce ne sont pas des projets que nous lançons benoîtement, sans nous soucier de leur exécution future. C'est pourquoi j'ai souhaité que ces deux programmes soient lancés avec des lignes de force très claires : un pilotage assumé par un pays et pour le SCAF, ce sera la France, des équipements souverains c'est-à-dire libre d'emploi pour nos opérations, et un accord sur notre autonomie pour l'exportation de ces matériels. Ce sont là des conditions clés de succès d'un programme en coopération. La voie vous est maintenant ouverte et je compte sur vous pour mettre maintenant ces projets définitivement sur les rails !
Je parle du SCAF et du MGCS, j'aurais pu parler de l'Eurodrone. Dans les prochaines années, tous nos grands équipements seront renouvelés et nous aurons donc le choix : faire quelque chose de plus petit seul, ou mener des projets réellement novateurs, ensemble.
Dans ces projets, dans les liens que nous allons tisser avec nos partenaires européens, la DGA jouera un rôle central. Elle devra chercher les coopérations, les pousser, les bâtir. Elle devra être le fer de lance de cette Europe des équipements et adapter sans cesse son organisation et son fonctionnement pour le permettre. Des organismes existent aujourd'hui en Europe pour gérer des projets communs, qu'on pense à l'OCCAR ou à l'AED. Mais leurs moyens sont souvent maigres et la parcelle d'autonomie qu'on leur consent souvent étroite. A l'heure où la commission européenne annonce 13 milliards d'euros pour le fonds européen de défense, je trouverais insensé que la France n'investisse pas ces structures. Il ne s'agit pas de dévitaliser la DGA, au contraire : la France doit être à la manoeuvre dans ces organismes internationaux, et assumer un leadership dans ces programmes européens, justement parce que la DGA est la championne européenne en ingénierie et en conduite de programmes d'armement. Dans cette perspective, est-ce par exemple utile de doublonner des équipes de programme entre la France et l'OCCAR ? En avons-nous même les moyens ? Je ne le crois pas.
En Europe et au-delà, la DGA s'attache à bâtir de grands partenariats d'armement, pensons au Brésil, à l'Inde ou à l'Australie. Ces partenariats, nous nous en réjouissons évidemment, mais il va nous falloir les assumer. Les demandes d'accompagnement de ces pays sont croissantes. La première réponse à cela, c'est l'augmentation des effectifs pour le soutien à l'exportation : ce sont 400 personnes qui viendront renforcer le ministère pour cette fonction d'ici la fin de la LPM. Mais il y a sans doute d'autres moyens pour démultiplier nos actions, et offrir l'accompagnement de la France à ces partenaires stratégiques, sans nous départir des compétences dont nous avons un besoin vital pour nos propres programmes. Je souhaite donc qu'on y travaille, sans dogmatisme ni simplisme. C'est un des nombreux chantiers de modernisation de notre ministère, et j'attends des propositions concrètes dans les prochaines semaines. Je veux enfin saluer le magnifique travail qui a été fait par les équipes de la DGA, de la direction des affaires juridiques, et de l'EMA, pour avoir mis sur pied un nouveau mode de contrat d'État à État. Demain, si un de nos partenaires nous le demande, et qu'il s'agit d'un projet stratégique pour la France, nous serons en mesure de nous présenter en tant que fournisseur, pour offrir toutes les garanties souhaitables.
* Industrie
La transformation que je vous demande est exigeante, je le sais. Elle nous oblige à nous dépasser, à faire mieux. Et si je vous en demande plus, nous allons donc en demander plus, aussi, à nos partenaires industriels. Cette transformation de la DGA doit être l'occasion de redéfinir notre lien avec eux. Car la DGA n'est ni un service d'intendance ni cette vieille grand-mère qui distribuerait des chèques en blanc. Nos relations avec les industriels ne doivent obéir qu'à un mot d'ordre : l'équilibre.
Il faut que chacun comprenne que ce n'est pas parce que la France se tiendra toujours auprès de ses industriels, qu'elle sera prête à les payer à n'importe quel prix. Se retrouver en tête à tête avec un industriel en situation de monopole n'est pas une situation facile pour un négociateur, même pour des acheteurs chevronnés de la DGA et j'ai donc souhaité que nous puissions nous redonner des marges de manoeuvre. C'est pourquoi j'ai décidé que des enquêtes de coûts a priori seront menées à chaque fois que cela est nécessaire, pour s'assurer que la France paie le prix juste. Par ailleurs, et je m'en félicite, nombre de nos armements s'exportent, souvent après avoir démontré leurs qualités au sein de nos forces, et après un intense travail de promotion et d'accompagnement des exportations, par les personnels de la DGA et des Armées.
Je le dis calmement mais clairement : notre pays ne paiera pas seul pour des systèmes d'armes qui bénéficieront à d'autres. Je rappelais hier à la commission de défense de l'assemblée nationale que « les exportations d'armement sont le business model de notre souveraineté. » Ces exportations sont vitales pour que notre tissu industriel garde sa capacité à couvrir tout le spectre des technologies dont nous avons besoin pour préserver un modèle d'armée complet. C'est pourquoi je souhaite que nos programmes nationaux prennent mieux en compte, dès leur commencement, les perspectives d'exportation. Mais en contrepartie, il n'est pas normal que l'État ne bénéficie pas de prix plus avantageux, lorsque les hypothèses d'exportation deviennent réalité. Cela doit changer, et nous inaugurerons cette nouvelle approche avec le lancement du programme MICA NG à la fin de ce mois de juillet.
Les industries devront aussi s'impliquer pleinement dans notre nouvelle politique en matière d'industrie de défense : une politique à la fois nationale et européenne.
Le constat, vous le connaissez, il est simple : des marchés nationaux trop étroits pour permettre la pérennité de nos industries de défense. Il nous faut donc exporter pour assurer leur modèle économique, innover toujours plus pour présenter les meilleures technologies au meilleur prix. Cette compétition, nous ne la menons pas d'égal à égal. Nous avons face à nous des concurrents plus forts, qui s'appuient sur des marchés plus vastes. Ne pas consolider nos industries au niveau européen : c'est se tirer une balle dans le pied. C'est choisir de partir avec un handicap face à des adversaires déjà plus forts que nous.
Je n'entends donc pas les coopérations étatiques sans coopérations industrielles. Il faudra les rendre véritablement efficaces. Vous connaissez l'exemple de MBDA, il montre la réussite de ce modèle. Il faut maintenant accentuer ce mouvement, encourager les rapprochements et fonder une BITD européenne solide et protectrice.
Le renouveau de notre politique industrielle de défense, c'est aussi garantir la totale souveraineté de nos équipements : être autonomes pour l'emploi de nos matériels, pour leur exportation : c'est un impératif catégorique. Là-aussi, la DGA aura tout son rôle à jouer, car je n'entends pas que les armements de la France et de l'Europe soient dépendants des technologies et du bon vouloir d'autres nations. Nous avons enfin les moyens de nos ambitions, profitons-en.
Je crois à la possibilité et à la force de ce dialogue d'égal à égal entre nos industries et la DGA. Je crois même que c'est la botte secrète dont nous disposons pour réussir. J'ai donc décidé, aussi, la création d'un comité de politique industrielle de défense pour assurer ce dialogue de qualité.
* Innovation
Le dernier axe, enfin, de cette transformation de la DGA, c'est l'innovation.
Ce mot, vous l'avez souvent entendu dans mes interventions et je crois que vous l'avez compris, il n'est pas près d'en sortir.
L'innovation, dois-je le rappeler, n'a rien d'un gadget ou d'une lubie : c'est la condition de notre supériorité opérationnelle, la condition du succès de nos exportations, la condition de la sécurité et de la crédibilité de nos forces.
Aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre du retard. Ce serait la voie vers la dépendance, vers l'incertitude, vers le déclassement. Cela n'arrivera pas.
La DGA doit être au coeur de l'innovation dans le ministère des Armées. Elle doit voir loin, anticiper les technologies de rupture, donner sa chance aux idées nouvelles, qu'elles viennent du terrain, de nos laboratoires ou de l'imagination de quelques start-uppers à la coupe non-réglementaire.
Après des années de budget en contraction, les prises de risques et l'audace pouvaient être coûteuses. Avec des moyens nouveaux, avec des ambitions nouvelles, la DGA doit renouer avec le goût de l'essai et de l'expérimentation. Elle doit ré-apprendre à peser et prendre des risques. Les ambitions raisonnables sont les ambitions des médiocres, quand il s'agit d'innover pour nos forces, d'innover pour nos technologies : ne soyez pas raisonnables.
Depuis un an, beaucoup a été fait. RAPID a été conforté, notre éventail de dispositifs a été complété par Definvest, le premier fonds d'investissement dans les technologies de défense et nous avons accru nos dispositifs vers les PME, les ETI avec le Plan Action PME.
Avec le lancement de l'agence pour l'innovation de défense, la DGA aura toutes les cartes en mains. Avec un périmètre conséquent, d'un milliard d'euros, elle portera notre ambition pour l'innovation. Cette agence va regrouper nos programmes en faveur de l'innovation, offrir une visibilité nouvelle et internationale à notre innovation de défense. Cette agence sera portée vers l'Europe, vers les coopérations. Elle sera ouverte sur l'économie civile, sur les start-up, car aucun talent ne peut être gâché ou mis sur le côté.Aujourd'hui, parler d'innovation, de nouvelles technologies, c'est bien trop souvent parler de la côte ouest des États-Unis. Je veux que demain tous les entrepreneurs et les ingénieurs Français, européens et pourquoi pas plus loin sachent que la France leur tend les bras, sachent que s'ils ont une idée, la DGA sera l'abri des créatifs, des novateurs et des audacieux.
Une dernière ambition pour la DGA sera de porter l'innovation dans le ministère bien au-delà du capacitaire. L'innovation, ce sont aussi des procédures plus simples, plus astucieuses. Ce sont des process plus faciles, des améliorations concrètes des conditions de vie et d'engagement. L'innovation, c'est avant tout un état d'esprit et le rôle de la DGA sera de le propager et de le cultiver partout dans le ministère des Armées.
Pensons enfin aux établissements publics qui ont la défense dans leur ADN : l'ONERA, le CNES, l'Institut Saint-Louis, ne demandent qu'à travailler à nos côtés. Il y a aussi nos écoles d'ingénieurs, qui recèlent une recherche d'une immense qualité. J'ai annoncé avec Frédérique Vidal et Bruno Le Maire il y a quelques jours la création d'un cluster de grandes écoles autour de l'Ecole polytechnique, qui a vocation à devenir un pôle de sciences et de technologies d'envergure mondiale. Le ministère des Armées doit désormais travailler plus étroitement avec ces organismes : ils y sont prêts, à vous de vous tourner vers eux.
* Conclusion
Aujourd'hui, je vous ai livré ma conviction. Je vous ai dit ce que nous devions changer pour nos forces, pour notre défense. J'ai tracé les lignes qui permettront une DGA plus adaptée aux menaces de demain, plus réactive face à l'innovation. D'une DGA au service des Armées, de ses besoins concrets. D'une DGA qui parle d'égal à égal avec nos industries et pèse dans la construction de l'Europe. Ces lignes, c'est à vous, maintenant de vous en saisir. C'est à vous de faire de bouger les choses, de montrer une fois encore la capacité de la DGA à surmonter les défis.
Cher Joël Barre, j'ai confiance. J'ai confiance en vous. Nous nous retrouverons en décembre. Nous verrons où nous en sommes, nous verrons si les avancées sont suffisantes. Je sais que vous avez encore beaucoup d'idées pour transformer la DGA. Et si nous ne sommes pleinement satisfaits, alors nous travaillerons de plus belle, nous prendrons des mesures plus fortes encore.
Je vais vous dire le fond de ma pensée : vous disposez d'un atout immense pour réussir ce défi que vous vous êtes lancés : ce sont vos équipes. Des ingénieurs, des techniciens, des personnels civils et militaires hautement qualifiés, entièrement dévoués, qui ont choisi ce métier et cette institution, bien sûr parce que les défis scientifiques et techniques qu'ils embrassent sont immenses, mais aussi parce qu'ils trouvent à leur mission un supplément d'âme. Parce qu'ils ont conscience qu'en travaillant pour notre outil de défense, à la DGA, ils travaillent pour le bien commun, pour les Français.
Construire la DGA de demain, c'est une ambition pour toutes nos Armées. C'est une ambition collective et la réussite de cette réforme sera la réussite de tous. C'est une ambition pour le succès de nos armes, pour le futur de l'Europe, pour l'avenir de nos équipements.
Nous avons tout pour réussir. A nous maintenant d'être à la hauteur !
Vive la DGA !
Vive la République ! Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 16 juillet 2018