Interview de Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des armées, avec Cnews le 8 août 2018, sur les commémorations du centenaire de la Bataille d'Amiens, l'opération Sentinelle, la protection du fort de Brégançon et sur l'affaire du chargé de mission de l'Elysée accusé de violences contre des manifestants le 1er mai à Paris.

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Média : CNews

Texte intégral


THOMAS LEQUERTIER
Ce sera l'une des images de la journée : Theresa MAY, le prince William, attendus aujourd'hui à Amiens, pour commémorer le centenaire de la Bataille d'Amiens, justement, épisode de la fin de la Première guerre mondiale, dirigé en grande partie par l'armée britannique. Il a permis, cet épisode, aux alliés, de prendre le dessus sur l'armée allemande. On en parle ce matin avec notre invitée politique, nous recevons Geneviève DARRIEUSSECQ. Bonjour.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Bonjour.
THOMAS LEQUERTIER
Merci d'être avec nous ce matin, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées. Vous serez tout à l'heure sur place, avec Florence PARLY. J'ai longuement regardé la liste des invités, près de 3 000 invités, je l'ai dit, Theresa MAY, le prince William, et personne de chez nous, en tout cas de la Direction, on va dire, ni le président de la République, ni le Premier ministre Edouard PHILIPPE. Pourquoi ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Eh bien écoutez, « personne de chez nous », vous y allez un peu fort quand même. Florence PARLY sera là, je serai là…
THOMAS LEQUERTIER
Je parlais au haut sommet de l'Etat.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Je sais bien… Au sommet de l'Etat, je crois qu'il n'y a pas de questions à se poser sur cette cérémonie, le président de la République a reçu Theresa MAY il y a quelques jours à Brégançon, donc je pense qu'ils ont du parler aussi de cette commémoration du centième anniversaire de cette bataille d'Amiens, et tout simplement, c'est Florence PARLY et moi-même qui représentons la France dans cette cérémonie, et je pense que la réglementation est à une bonne hauteur, au Canada il y a un ministre des Anciens combattants, pour les Australiens également, le ministre des Anciens combattants, donc…
THOMAS LEQUERTIER
Mais il y a Theresa MAY, côté britannique.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Eh bien oui, c'est important, parce que c'est une bataille qui est très importante pour les Britanniques, ce sont les forces alliées qui – Français et Britanniques – qui ont combattu en ce 8 août et qui ont mis en oeuvre une très grande offensive, qui a permis de marquer véritablement le début de la, on va dire, de la reconquête, de la conquête des alliés et donc de la victoire qui s'est signée après, le 11 novembre.
THOMAS LEQUERTIER
Alors, je l'ai dit, il y a 3 000 invités, l'importance de ces commémorations, de ce centenaire pour l'histoire, il est bien sûr primordial, pour ne jamais oublier, on ne le répétera jamais assez, celles et ceux que vous côtoyez au quotidien vous le disent tous les jours, sûrement, surtout ne jamais oublier.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
La mémoire, effectivement, et la transmission de la mémoire a un but, c'est bien sûr connaître ce qui s'est passé, mais en tirer les leçons pour l'avenir, et l'idée de se souvenir de ces conflits, porte bien sûr à réfléchir à l'architecture du monde actuellement, à la géopolitique, aux géostratégies, et surtout à réfléchir sur le fait que la paix reste encore le meilleur moyen de vivre ensemble sur notre planète.
THOMAS LEQUERTIER
Vous avez prévu de vous entretenir avec Theresa MAY ou le prince William ? Vous allez les croiser, rien n'est prévu, c'est « on se promène et on se croire et on se dit bonjour », ou quelque chose est prévu, d'officiel ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Il y a une cérémonie qui dure une heure à peu près, une heure et quart, donc un format assez court, avec des arrivés de chacun, qui sont programmées et minutées, et je pense que nous nous saluerons, mais que nous n'aurons pas d'échanges particuliers pendant la cérémonie. Après la cérémonie, il y aura des échanges entre les autorités, de façon à informelle.
THOMAS LEQUERTIER
Donc, je le disais, vous êtes secrétaire d'Etat auprès de la ministre des armées, l'armée mobilisée plus généralement sur les terrains extérieurs mais aussi sur le territoire français, on pense bien sûr à l'opération Sentinelle, qui ne se relâche pas durant l'été, bien au contraire, on a vécu des fortes canicules, comment ça se passe pour nos militaires français ? Combien sont-ils encore aujourd'hui dans cette opération Sentinelle ? On a parlé aussi de certains militaires qui étaient lassés, fatigués. Qu'en est-il sur le terrain ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Eh bien l'opération Sentinelle, elle a été redéfinie, avec notre ministère et le ministère de l'Intérieur, elle a été redéfinie dans le décompte des contours qui étaient des contours, on va dire, plus pragmatiques. Et effectivement, par exemple cet été, l'opération Sentinelle se déploie là où on a besoin, c'est-à-dire dans les zones estivales où nous avons des concentrations de touristes bien sûr. Alors bien sûr que c'est une opération difficile : les grandes chaleurs, elles n'atteignent pas que les touristes, elles atteignent aussi nos militaires qui sont en uniformes, avec gilets pare-balles, chargés, mais je crois qu'ils font cela, tout cela est mis en oeuvre pour la sécurité des Français et des étrangers qui sont sur notre sol.
THOMAS LEQUERTIER
Alors justement, l'armée c'est la protection, la sécurité. Quand un drone survole le Fort de Brégançon, lieu de résidence d'été du couple MACRON, je vous pose la question : y a-t-il faille dans la sécurité ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Je ne sais pas, ce n'est pas à moi dire s'il y a faille dans la sécurité. Il y a beaucoup de spécialistes de la sécurité qui interviendront certainement. Je pense néanmoins que, effectivement, un Rhône n'a pas à survoler le Fort de Brégançon, mais si j'en crois la géographie du Fort de Brégançon, que je ne connais pas personnellement mais que j'ai pu voir en images, les choses ne sont pas toujours très faciles à sécuriser. Ce que je retiens c'est que le drone n'a pas fait long chemin, puisque il est parti, il a plongé dans la mer, très rapidement.
THOMAS LEQUERTIER
Il a plongé dans la mer, grâce au dispositif de sécurité mis en place au Fort de Brégançon ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Je n'ai pas ces informations, mais je sais que nous avons des dispositifs de sécurité qui permettent d'annihiler les drones effectivement.
THOMAS LEQUERTIER
Donc c'est probable.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
C'est possible.
THOMAS LEQUERTIER
C'est possible. En toile de fond, on l'a vu hier aussi, Emmanuel MACRON, qui est en vacances donc au Fort de Brégançon, qui a fait sa « première sortie officielle », bain de foule avec les résidents. On va peut-être voir les images, il a embrassé les enfants sur le front, serrages de mains, « je lis des livres, je me repose ». L'aspect communication, elle est bel et bien gérée par le chef de l'Etat qui en avait besoin ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Je crois qu'Emmanuel MACRON, il aime vraiment les gens, et quand il va à la rencontre des Français, je peux vous dire pour l'avoir accompagné et pour ressentir cela, quand il va à la rencontre des Français, quel qu'en soit le théâtre, quel que soit le lieu, il le fait avec toujours beaucoup d'abord de simplicité, d'empathie et c'est un vrai plaisir pour lui. Il aime beaucoup les enfants, il aime les familles, il aime rencontrer et il se souvient parfaitement des personnes qu'il a rencontrées, longtemps après.
THOMAS LEQUERTIER
Donc, clairement, Geneviève DARRIEUSSECQ, si on prend les images, on n'est pas en pleine séquence de communication pure et simple d'un Président de la République ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Il peut faire de la communication, après tout, il a bien le droit de faire de la communication, il a aussi, je crois, la possibilité pendant ses vacances, de ne pas se couper complètement et de s'enfermer, de s'isoler dans le Fort de Brégançon, c'est bien qu'il en sorte, je crois que c'est salutaire et puis c'est bien qu'il montre aux Français et aux autres qu'il est là.
THOMAS LEQUERTIER
La sécurité encore et toujours l'affaire BENALLA. Tempête dans un verre d'eau pour le président de la République, vous êtes membre du gouvernement, vous l'avez vécu comment ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Moi je l'ai vécu comme… Déjà, l'affaire elle-même, j'ai surtout le sentiment que c'est la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf, pour ce qui est de monsieur BENALLA, et ensuite pour un enchaînement de, même pas de révélations, de faits qui se sont entrechoqués, et qui ont créé une mousse estivale. Moi je crois qu'il faut remettre les choses à leur juste valeur, je pense que c'est l'affaire d'un homme, et que franchement, si l'on remet les choses à leur juste valeur, on se rend compte qu'il y a actuellement des choses beaucoup plus graves dans le monde. Il y a eu des affaires d'Etat qui étaient beaucoup plus importantes, mais que cela mérite néanmoins…
THOMAS LEQUERTIER
Les images sont fortes, elles ont interrogé les Français, certains n'ont pas compris l'agissement de cet homme, qui participe à des manifestations…
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Mais moi non plus, moi non plus.
THOMAS LEQUERTIER
Certains parlent d'affaire d'Etat. Emmanuel MACRON botte en touche, il dit : « C'est une tempête dans un verre d'eau ». Est-ce que vous rejoignez le président de la République, est-ce que c'est une véritable tempête dans un verre d'eau ou c'est un peu plus quand même ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Moi, les images m'ont choquée également, ce monsieur n'avait pas à faire cela. Franchement. Mais je veux dire, bon voilà, une fois qu'on a remis les choses à leur place, que la justice s'est emparée de cette affaire, et que, eh bien nous attendrons dans les semaines à venir les conclusions de la justice, eh bien je pense qu'il faut que ce monsieur soit remis à sa place, la justice dit ce qu'elle a à dire, et puis que l'on passe un peu à autre chose, parce que nous avons des affaires beaucoup plus graves.
THOMAS LEQUERTIER
Justement, vous avez croisé Emmanuel MACRON avant ses vacances, il a été durement impacté par cette affaire, on l'a très peu entendu, quelques mots seulement, le sentiment qu'il vous a donné ?
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Je ne pense pas qu'il ait été durement impacté, je pense qu'il s'est néanmoins rendu compte qu'il y avait peut-être des dysfonctionnements autour de lui, des dysfonctionnements qui se sont créés et qui se sont accumulés, et donc cette affaire a été le révélateur, et qui veut apporter à tout cela une réponse très claire, en réorganisant le fonctionnement de ses équipes autour de lui. Et ça je crois que, chaque fois qu'il y a un problème, moi j'ai été élue, j'ai été maire d'une commune, quand il y avait un dysfonctionnement, eh bien ça nous servait, pour pouvoir justement travailler à améliorer les choses, c'est ce que va faire le président de la République. Je n'en ai aucun doute.
THOMAS LEQUERTIER
Merci à vous d'être venue ce matin sur CNews, Geneviève DARRIEUSSECQ, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées. Bonne journée et à bientôt.
GENEVIEVE DARRIEUSSECQ
Merci, au revoir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 août 2018