Texte intégral
Philippe SUEUR
Monsieur le ministre, Monsieur le Préfet, j'aurai la formule de Christophe BLANCHET : bonjour et bienvenue.
Votre présence est vraiment un témoignage du regard et de la volonté de ce gouvernement et de nos administrations sur l'attente des communes touristiques et des stations classées. Vous avez devant vous plus de deux cents de participants. 300 étaient inscrits. 200 ont pu venir. Vous connaissez malheureusement les conditions de la SNCF et d'Air France. Ceux qui sont là sont dans une pertinence de l'analyse. Ils sont en attente.
Votre présence est un témoignage fort. Il y a, dans la responsabilité ministérielle, un regard fort sur la première économie dynamique, celle du tourisme. 100 millions de visiteurs sont visés d'ici 2020. C'est demain. C'est tout de suite.
L'attractivité est le thème de ce congrès : l'attractivité par l'innovation et l'innovation par les technologies. Il ne faut pas de freins à l'innovation.
Le travail qui a été initié et le message que vous devez transmettre sont ceux des comités interministériels en charge du tourisme. C'est extraordinaire au regard de l'immense délai qui s'est écoulé entre les précédents comités, il y a pratiquement dix ans. Nous sommes d'ailleurs très heureux et fiers que Philippe AUGIER en soit un des membres et nous rapporte les travaux.
L'attractivité demande de la souplesse et de la différenciation. Nous ne pouvons pas faire de tourisme avec une Administration qui ne comprend pas véritablement les enjeux et n'accepte pas la différence ou qui nivelle. Ce n'est pas possible. Au nom de Marc FRANCINA et de tous ses collègues rassemblés ici, j'ai la joie de vous accueillir et de vous dire que nous sommes dans une attente extrêmement tendue.
Vous connaissez l'enjeu et les questions de tourisme. Vous avez présidé le comité départemental du tourisme de l'Yonne. Votre présence au ministère des Affaires étrangères est pour nous un gage d'avenir positif que vous transformerez. Nous n'en doutons pas.
Jean-Baptiste LEMOYNE
Cher Philippe SUEUR, Monsieur le Maire, cher Tristan DUVAL, Monsieur le Président de la Communauté de Communes, cher Olivier PAZ, Monsieur le député, cher Christophe, mesdames et Messieurs les élus départementaux, Monsieur le Président de Calvados Attractivité, Messieurs les conseillers départementaux du canton, Mesdames et Messieurs les élus régionaux, chère Marie-Agnès, Mesdames et Messieurs les députés, du groupe d'études Tourisme notamment, mes collègues du Sénat, Monsieur le Préfet, cher Laurent, chers amis, j'ai vraiment l'impression d'être dans la famille de ces élus qui font et non qui causent. Il m'a souvent été expliqué qu'il y avait deux familles. Les élus locaux font partie de ceux qui se bougent pour leur territoire. Nous avons en commun cette passion du tourisme qui est une passion pour nos territoires respectifs.
Je suis heureux d'être à vos côtés ce matin. Je regrette qu'un certain nombre n'aient pas pu rallier ce beau site de Cabourg et de la Côte Fleurie. De nombreuses perturbations ont hélas encore cours. Elles commencent d'ailleurs à produire des effets sur notre saison, alors que la destination France est bien repartie en 2017.
Sachez que nous allons tout faire pour rattraper tout cela, car nous avons besoin de cette économie touristique qui irrigue nos territoires et constitue, soit des revenus complets pour des familles, soit des compléments de revenus, à travers un certain nombre d'activités.
Ce gouvernement auquel j'appartiens a souhaité que le tourisme soit un sujet mis en haut des priorités. En termes de méthode, vous verrez que nous avons mis les bouchées doubles. Le premier ministre anime et coordonne ces travaux. Il s'est adjoint un comité interministériel du tourisme qui se réunit tous les six mois. Il réunit tous les ministres ayant des compétences qui, de par leur transversalité, ont un rôle en matière de tourisme. Je pense à l'Intérieur, aux Transports, etc. Ce CIT s'adjoint de personnalités. Je veux citer ici Philippe AUGIER, notre comparse. Outre qu'il est membre du Comité interministériel du Tourisme, il a été chargé d'une mission capitale sur l'hébergement, l'investissement. C'était au coeur du dernier CIT du 19 janvier 2018. Je l'en remercie.
Le fait que le premier ministre s'empare du sujet et que nous ayons un comité de pilotage tous les trois mois avec Jean-Yves LE DRIAN et un certain nombre d'acteurs fournit des rendez-vous essentiels qui nous permettent d'obtenir des arbitrages. Nous en avons eu, notamment budgétaires.
Visitant à l'instant les stands du congrès, j'ai pu constater combien le tourisme était vecteur d'aménagement de notre territoire et de renouvellement parfois. Certains territoires vont bien quand d'autres vont un peu moins bien. Certains arrivent parfois, à travers le tourisme, à se reconstruire une image et une identité et même à recréer de l'activité.
Lens avec ce bassin minier sinistré connaît un nouveau départ avec le Louvre-Lens. Autour d'une prouesse architecturale et d'un très beau projet, nous voyons l'impact pour le territoire.
Le tourisme est aussi vecteur de cohésion sociale, à travers des animations culturelles et sportives. Nous savons ce que peut générer telle course cyclotouriste ou tel trail. Ce n'est pas le maire de Cabourg qui démentira, lui qui est très actif en matière d'évènementiels culturels.
Le rôle des élus du tourisme que vous êtes, que nous sommes tous ensemble, est très important.
Notre ambition pour la France est forte. La France est le premier pays pour attirer des touristes internationaux. Nous allons, je l'espère, flirter avec les 89 millions de touristes internationaux cette année. Nous ne devons toutefois pas nous reposer sur nos lauriers. Telle est ma conviction. Les Espagnols sont à 83 millions. Certaines destinations, en Europe, mettent les bouchées doubles. Nous devons nous-mêmes constamment nous réinventer. Le fait que vous mettiez l'innovation au coeur de vos débats est capital.
Sachez que l'objectif que vous avez réaffirmé de 100 millions de visiteurs internationaux ne sera pas atteint par l'État seul. Nous y arriverons, car nous nous démultiplierons et parce que, vous-mêmes, à la tête des destinations dont vous êtes élus, vous générerez des flux supplémentaires. Nous avons le rôle de créer un cadre favorable. Dans les très prochains chantiers, sachez qu'il existe un travail sur la connectivité, notamment aérienne.
Paris étant l'héritage d'une France parfois un peu jacobine, tout a tendance à converger vers elle ou de grandes métropoles. Or, nous avons besoin de faire circuler les flux. Vous le savez mieux que quiconque. Nous avons besoin de développer une offre aérienne internationale qui puisse desservir beaucoup plus largement encore nos territoires, régions et provinces. Ce sujet sera au coeur des États généraux de l'aérien qui ont été lancés par Élisabeth BORNE.
Plus généralement, nous pouvons travailler ensemble sur quatre axes d'amélioration. D'une part, nous devons améliorer notre connaissance des comportements des touristes. Vous évoquiez les innovations qui ont un impact sur la façon de préparer son voyage et ses déplacements, mais aussi de le vivre. Les touristes veulent être acteurs et auteurs de leur voyage. Nous devons donc réfléchir à toutes ces évolutions comportementales.
Je ne sais pas si l'ANETT est partenaire, mais je vous incite à vous joindre au rendez-vous qui se tient au mois de septembre, tous les deux ans, intitulé « les entretiens de Vixouze », dans le Cantal. Pendant deux ou trois jours, un remue-méninge est organisé avec des chercheurs, des innovateurs pour imaginer le tourisme dans 10 ou 20 ans. Il permet de se mettre à la page et de se projeter. Une journée spéciale élus aura lieu le 5 septembre prochain. Cela vaudrait le coup que nous arrivions à monter un partenariat pour là aussi, continuer à améliorer notre connaissance des comportements de touristes.
Ensuite, il nous faut naturellement améliorer la contribution des services publics à l'accueil des touristes. L'accueil est la clé. Vous le savez.
Le troisième axe vise à améliorer notre offre touristique. L'enjeu est énorme en termes d'investissement. Nous le savons : dans certaines communes littorales, montagnardes ou rurales, des équipements ont tendance à vieillir. L'État, avec la Caisse des Dépôts et Consignations, doit vous fournir des outils pour mener à bien ces chantiers qui coûtent souvent très cher.
Enfin, le dernier point concerne l'amélioration de la promotion internationale de notre destination. L'offre est présente. Encore faut-il la faire connaître. Nous sommes dans un monde très concurrentiel où les destinations sont très agressives. C'est pourquoi nous avons décidé d'accroître significativement le montant dédié à la promotion de la France. Le budget d'Atout France augmentera.
Nous aimerions dépenser, à terme, dans la promotion, un euro pour chaque touriste international en France. Nous visons donc, à terme, 100 millions d'euros de budget, contre 50 à 60 millions d'euros actuellement, pour aider vos destinations à rayonner.
Quelques informations complémentaires sur l'action de promotion sont utiles. Vous êtes vous-mêmes des acteurs de la promotion, à travers les sites Internet et les brochures des Offices de tourisme, des CDT et des CRT. Pour autant, nous nous devons d'amplifier l'effort. L'État a d'ores et déjà affecté près de 6 millions d'euros supplémentaires à Atout France, dont 1,5 million d'euros sur la gastronomie. Nos territoires et nos terroirs, ce sont souvent de bons produits. Le Calvados a donné au département son nom. Le fait est que notre Président de la République souhaite mettre en avant ces produits de bouche et ces chefs qui font la réputation de la France.
Nous accueillerons dans les mois prochains un Forum de la gastronomie pour que l'excellence française soit reconnue et continue à rayonner. Ce sera l'occasion de réunir des évènements que vous connaissez bien : la Fête de la gastronomie, qui se tenait traditionnellement en septembre, et l'opération « Goût de France » qui, partout dans le monde, permettait à plus de 3000 restaurants de proposer des animations culinaires autour des produits français.
Le Chef d'État a une ambition forte. Il souhaite passer de 3 000 à 10 000. Nous allons nous retrousser les manches. Notre force sera démultipliée en réunissant les évènements qui se tiendront, à l'avenir, le 21 mars, avec la journée du printemps.
En matière de promotion, un comité des partenaires s'est mis place à Atout France.
Cela permet d'agréger du mécénat de grosses entreprises touristiques et de tirer dans le même sens pour une promotion conjointe. Cela nous rendra plus forts.
Le rôle de l'État est aussi de faciliter la venue des touristes internationaux. De nos consulats, partout dans le monde, nous devons faire en sorte que nos amis chinois, russes, brésiliens puissent venir très facilement. Nous avons mis en place des procédures pour que ces clientèles puissent obtenir un visa en 48 heures. Nous en voyons les effets. En 2017, 20 à 30 % de clientèles supplémentaires sont enregistrées de ces pays dans lesquels des classes moyennes émergent. Je ne sais pas quelle est la fréquentation de la clientèle chinoise, mais elle rayonne de plus en plus. Nous commençons à sortir des groupes à très petits budgets pour aller vers un tourisme plus personnalisé, plus familial et disposant d'un budget plus conséquent ayant des retombées pour nos territoires.
Je sais qu'en tant qu'élus locaux, vous avez des attentes. Monsieur le Vice-Président, vous m'avez dit vos attentes sur le régime des stations classées. La DGE travaille naturellement avec l'ANETT et nous prendrons des décisions après avoir travaillé ensemble. Nous avons la conviction qu'il fallait effectivement revoir le régime pour s'assurer que les services demandés collaient aux attentes des clients de 2018. L'idée a donc été de revoir en profondeur la liste des activités et des équipements attendus sur le territoire des communes. Ceci doit se faire en concertation avec vous parce que vous connaissez mieux que quiconque le tourisme de terrain.
Sachez que ce travail se poursuit. Nous pourrions nous fixer comme objectif que ces nouveaux critères soient effectifs d'ici au prochain renouvellement de classement, soit à l'horizon 2021.
Nous avons dû tous lutter, au début, avec la mise en oeuvre de la loi NOTRe. Les choses se stabilisent. Il est important de faire une pause. Nos collectivités ont vécu beaucoup de transformations en dix ans. Il est temps de digérer. Dans ce domaine, le souhait est de clarifier le travail communal et intercommunal de perception de la taxe de séjour, outil de développement essentiel pour les collectivités. Un certain nombre de dérogations à la loi NOTRe ont été votées par le législateur et certaines stations classées ont conservé la compétence tourisme.
La loi de finances rectificative a pris des dispositions supplémentaires concernant les plateformes en ligne. Il est heureux qu'à partir du 1 er janvier 2019, la collecte de la taxe de séjour par ces plateformes générera des flux financiers nouveaux pour un certain nombre de communes. Cet argent est essentiel pour bâtir des outils, créer des produits et être toujours plus ambitieux et à l'offensive.
Notre troisième axe de travail concerne la modernisation de l'offre touristique. J'évoquais l'investissement. Notre investissement a tendance à stagner autour de 12 milliards d'euros par an en matière touristique. Nous aimerions passer à 15 milliards d'euros. Le gouvernement s'est penché autour des propositions faites par Philippe AUGIER, Éric LOMBARD et Serge TRIGANO. C'est ainsi que la Caisse des Dépôts et Consignations intensifiera ses interventions en tant qu'investisseur territorial. Elle s'engagera à investir 500 millions d'euros, soit un effet de levier de 3,5 milliards d'euros. BPI France a également amélioré son dispositif de prêts hôtellerie pour pouvoir s'adresser à des structures de taille moyenne. BPI France porte par ailleurs le fonds d'investissement « France investissement tourisme ». Ce fonds doublera pour passer de 100 à 200 millions d'euros de fonds propres. Cela lui permettra de financer des projets innovants, des PME et des start-ups dans le domaine du tourisme. Cela se traduira également en termes d'hébergements.
S'agissant de l'hébergement, les élus sont parfois confrontés aux tensions qui peuvent exister entre le secteur de l'hôtellerie et les plateformes dont je ne vous donne pas le nom, mais que vous devinez toutes et tous. Ma conviction est qu'il peut y avoir une complémentarité. Différents besoins sont à satisfaire. Une famille qui se déplace aura une préférence pour un type d'hébergements, alors qu'un voyageur d'affaires en aura d'autres. Tout cela peut se compléter. Encore faut-il que l'environnement juridique, fiscal et social soit équitable et juste. De ce point de vue, la loi sur le logement qui arrive permettra de clarifier la responsabilité des plateformes et fera en sorte que des sanctions fortes soient là en cas de non-respect des dispositions législatives existantes (notamment en termes de publication non enregistrée). Elle visera à inciter tout le monde à rentrer dans le bon chemin, celui de la loi qui s'applique à tous.
Voilà quelques éléments de la politique que l'État met en oeuvre en matière touristique. L'État est là de façon subsidiaire. Si nous agrégeons tous les moyens financiers et humains mis en oeuvre par les collectivités (communes, intercommunalités, régions, départements), les collectivités locales sont les premiers contributeurs à cette politique.
Celle-ci est restée largement partagée, même si la région a un rôle pilote avec la mise en place des schémas de développement.
Pour autant, je crois qu'il est bien que les différents échelons puissent continuer à intervenir ; ils sont assez complémentaires finalement. Je pense à la promotion. Les départements font assez bien la promotion au niveau national et les régions le font naturellement beaucoup mieux à l'échelle internationale, en coopération avec Atout France.
C'est une façon de nous responsabiliser toutes et tous et de développer un pan de l'économie qui est très important (7 à 8 % du PIB). Nous devons absolument continuer à aller de l'avant parce que, comme je vous le disais, un certain nombre de destinations se mobilisent et sont très actives. Nous ne pouvons pas descendre du podium.
Du fond du coeur, merci pour tout ce que vous faites. Quand je place l'État comme étant subsidiaire, c'est que vous êtes en première ligne et que avez les premiers rôles. Nous devons donc être au rendez-vous pour vous aider, vous accompagner du mieux que nous le pouvons pour bâtir vos contrats de destination. Nous allons les renouveler. Je sais qu'ici, il y a notamment le contrat de destination « tourisme de mémoire ». Je crois que ce type d'instrument permet de mettre tout le monde autour de la table. Il permet de tirer dans le même sens.
J'ai envie de terminer avec cette maxime : « L'union fait la force ». Merci de votre attention et à tout de suite pour continuer de façon plus informelle autour du cocktail déjeunatoire.
Merci pour tout ce que vous faites. Vous donnez du temps, souvent bénévole, ou presque. Ce temps rapporte énormément au pays. La Nation doit donc vous en être reconnaissante. Je vous en remercie.
Frédéric BERETTA
La matinée se termine sur l'intervention du Secrétaire d'État. Nous vous invitons bien entendu au cocktail déjeunatoire qui se trouve juste à côté. Sachez qu'un jeu-concours est organisé avec deux lots à la clé. Pour y participer, il suffit de vous rendre sur le stand de Primagaz juste à côté.
Merci à toutes et à tous pour votre attention. Bon appétit et à tout à l'heure pour la suite de nos travaux. Merci.
Source https://www.communes-touristiques.net, le 24 août 2018