Texte intégral
Il y a un proverbe chinois, traduit par André Santini, qui dit " ne regarde pas les sondages, ils changent, et parfois d'une heure à l'autre. Regarde le nombre de tes amis, ils restent. Et n'oublie pas de boire un coup avec eux quand les sondages auront changé "?
Je vous regarde, et je vois l'espérance.
Quand je vois Raymond Barre, avec la fidélité que vous savez, je vois le socle. Quand je vois les élus, si nombreux, et l'équipe de campagne, je vois notre force et notre différence. Et quand je pense à l'avenir, je sais qu'il est dans la fermeté des convictions et la volonté de les faire aboutir.
Qu'est ce que va être 2002 ? L'année des grands choix pour la France. Que voulons-nous qu'elle soit ? L'année de la relève.
La " drôle de campagne "
Le résultat est-il acquis ? Si j'ai bien compris, pas encore tout-à-fait dans les sondages ou les commentaires. Mais dans la réalité, il est certain.
Vous vous souvenez qu'en 1939, la guerre ayant été déclarée au mois de septembre, il se passa de longs mois avant que rien ne bouge sur le front.
On appelait cela la " drôle de guerre ". Eh bien, nous vivons, et nous risquons de vivre encore un bout de temps, la " drôle de campagne ". Celle où rien ne bouge, et on a l'impression que cette immobilité ne finira jamais, alors que tout le monde sait, sauf les fous, que l'orage est certain.
Et pourtant, je vous livre ma conviction la plus profonde et la raison de ma confiance : les Français attendent un changement profond. Ils ne savent pas l'exprimer. Le débat public ne le permet pas.
Mais ils l'attendent et le moment venu ils le diront et ils l'imposeront.
Et ce changement est nécessaire à la santé et à la grandeur de la France, aux choix historiques qui sont devant elle.
Quel est ce changement ?
- Les Français veulent de la clarté et de l'honnêteté dans leur vie publique. Ils veulent que la loi soit la même pour tous, et que les règles qui régissent le monde des puissants soient les mêmes que celles, toutes simples, de l'éducation civique : règles de droiture, plus d'affaires, sorties opportunément, plus de " cabinet noir ", de droite comme de gauche, de la dureté s'il le faut, mais pas de déloyauté, plus de pouvoir obscur.
- Ils veulent une ligne, de la vision et de la cohérence.
- Ils veulent un équilibre. Ni étatisme, socialiste ou autre, ni abandon au marché. Ils veulent un équilibre social et libéral. Ils veulent les deux mots : social et libéral.
- Ils veulent la justice.
- Ils veulent par-dessus tout, pour eux-mêmes, pour leurs proches, ils veulent de la reconnaissance.
Ce sont d'immenses changements, et le monde politique ne les prépare pas.
L'Euro
Pourtant, coup sur coup, nous avons reçu deux leçons, qui devraient nous entraîner à ne pas être en retard sur l'histoire !
Le 11 septembre, nous avons appris que l'optimisme béat n'est pas de mise et qu'il faut être fort si l'on veut défendre sa vie et ses valeurs.
Et le 1er janvier, nous avons appris que les peuples sont plus courageux, plus entreprenants que ne le croient ceux qui les gouvernent !
Souvenez-vous : pour l'arrivée de l'Euro, on nous avait prédit l'apocalypse. Et au lieu et place de toutes ces catastrophes annoncées, nous avons vécu une formidable réussite !
À qui faut-il dire merci ?
D'abord à la poignée de visionnaires, minoritaires absolus, qui ont voulu et porté ce projet.
Je veux dire leur nom : de Raymond Barre, je n'oublie pas la contribution de précurseur au début des années 70. Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt ont joué un rôle clé. Je me souviens encore du premier billet, offert par Valéry Giscard d'Estaing à Helmut Schmidt lors d'une émission de télévision. C'était encore à l'époque un ECU et personne n'y croyait. Puis Jacques Delors et aussi François Mitterrand ont joué un rôle déterminant, à partir de la chute du mur de Berlin.
Et enfin, s'il y avait une statue à dresser, c'est à Helmut Kohl qu'il serait juste de le faire. Sans lui, sans son courage tranquille, sans sa détermination inébranlable, le mark n'aurait pas disparu et l'Euro ne se serait pas fait.
J'ai écrit le 1er janvier à chacun de ces pères de notre monnaie pour leur dire : " tous les Européens sont heureux de leur nouvelle monnaie. Vous qui l'avez faite, vous pouvez être fiers d'avoir accompli ce que tout le monde croyait impossible. Vous, rien ne vous a impressionné. Et c'est comme cela que vous avez fait l'histoire ! "
Et il faut dire merci à d'autres précurseurs. Ceux qui en assurent aujourd'hui le succès et à qui revient le mérite : aux 304 millions d'Européens, aux soixante millions de Français, courageux, qu'ils soient commerçants, avec sang-froid, malgré la période des soldes, ou simples consommateurs et utilisateurs, qui ont simplement assumé ce qu'on leur présentait comme si difficile !
Qui n'entend l'appel venu de cette réussite ?
" Pour quel destin se doter d'un signe de rassemblement aussi neuf dans un continent aussi vieux ? "
On ne peut pas ignorer ce que veut dire le succès de l'Euro, quelle aspiration cela recouvre et révèle. L'Europe, et les Français, au premier rang de l'Europe, en ont assez d'être spectateurs et pas acteurs, de ne pas disposer des outils qui permettent de changer le monde et de construire un monde nouveau ! La campagne de Kennedy, cette naissance d'une nouvelle Amérique, c'était " A Time for Greatness ". Un temps pour la grandeur. La chance pour la grandeur, pour la France, c'est l'Europe.
Trois cents millions d'Européens ont adopté la monnaie de l'Europe. Maintenant, il faut leur proposer le pouvoir qui va avec !
Il faut bâtir la réalité politique de l'Europe qui correspond à cette monnaie !
Il faut leur donner le moyen d'inspirer directement les choix fiscaux, sociaux, budgétaires qui vont nécessairement avec une monnaie. Il faut leur donner la défense à laquelle ils ont droit. Il faut leur garantir le poids sur la scène internationale qui correspond à cette monnaie.
Ils ont les billets. Il faut leur donner le bulletin de vote !
On me dira que ceux qui défendent cette idée de fédération européenne sont minoritaires ! Ils ne le sont pas plus que ceux qui voulaient une monnaie unique pour les peuples européens. Et ce sont d'ailleurs les mêmes !
Face à la monnaie européenne, il faut une fédération européenne, gouvernée par une authentique démocratie européenne ! Et le pouvoir souverain de tous les Européens sera exercé en leur nom à la fois par leur État national, et par la fédération Européenne.
Pour moi, c'est la principale question politique de notre temps.
Nous allons changer les choses
Mais nous avons une autre question, plus nationale.
Je le disais, les Français attendent, sans même l'espérer, un changement profond de leur démocratie.
Je veux une autre manière de gouverner qui construise une France plus juste.
Je veux un pays où les citoyens soient entendus par le pouvoir.
Que les médecins français soient obligés de faire six semaines de grève des soins d'urgence pour n'être même pas reçus par leurs ministres, cela montre les blocages dans lesquels nous vivons.
Et la même chose pour les médecins hospitaliers, les internes, les infirmières libérales, les échographistes. Même chose, il y a quelque jour à peine pour les policiers, les gendarmes descendant dans la rue en uniforme. Même chose pour les éleveurs, forcément, d'ici quelques semaines.
Je veux un pays où l'on puisse retrouver le sentiment de justice. Un pays où l'on puisse de nouveau dire : " j'ai confiance dans la justice de mon pays ". Comment continuer d'accepter qu'il faille des années pour obtenir un jugement et quand on l'obtient, que rien ne se passe ?
Je veux un pays où la justice soit rendue. Les centaines de milliers d'affaires qui traînent, les dizaines de milliers de jugements qui ne sont pas exécutés, ce n'est pas juste.
Je veux un pays où la justice soit juste : sentiment de malaise à voir tant de laxisme dans certains cas, gros trafiquants, prévenus capables de se payer les meilleurs avocats et de jouer avec la procédure, et tant de sévérité lorsqu'il s'agit de condamner, en appel, et devant toutes les caméras, une jeune femme qui a craqué devant les victuailles et les cadeaux de Noël.
Je veux un pouvoir qui ait une ligne. Qu'on gouverne à la godille, comme on le fait depuis des années, qui ne voit les dangers que cela représente.
Changer d'opinion au gré des manifestations, à la va-vite, comme on vient de le voir avec la loi sur la présomption d'innocence, où l'on en vient à voir s'affronter policiers et juges, cela menace les fondements mêmes de l'État national.
Et c'est pour cela qu'il faut forcer le monde politique à la relève.
Si les Français choisissent au printemps une des deux équipes en place depuis vingt ans, je vous le dis, rien ne changera. Ils sont habitués au système. Ils n'ont plus l'indignation, la moelle nécessaire pour changer les choses ! Ils sont dans les meubles de la république depuis des décennies. Ils s'en accommodent. Et, pour eux, la grande question, vous l'entendez bien, c'est comment se partager les meubles, les meubles de Matignon, les meubles des autres grandes fonctions, des autres grands palais.
Ils ne veulent pas construire l'État impartial. Ils ne veulent pas l'État juste et rassembleur. Ils ne cherchent pas un idéal nouveau auquel les Français pourraient croire ! Ils ne veulent pas changer le pouvoir, pas le partager vraiment avec les Français. Ils veulent le garder comme il est, mais pour eux.
Alors, si l'on est porté par cette ambition nouvelle, nécessairement, on dérange, nécessairement au début, on se trouve minoritaire. Nécessairement, on vous oppose les sondages. Je ne me présente pas à la Présidence de la République pour les sondages ! Je me présente pour les Français ! Le jour où ils décideront d'entendre, ils emporteront toutes les digues. Mais je ne cesserai pas de leur parler, de défendre des idées qui ne sont défendues par personne, de mettre ces idées sur la table, comme je le ferai chaque semaine à partir de lundi.
Je le ferai avec mes convictions qui sont celles du centre, européen, et social-libéral.
Et le centre impartial qui respecte ses alliés, mais qui sait que l'on ne gouverne pas pour un camp, qu'on gouverne pour la France.
Je veux secouer tout cela, tous ces échecs accumulés ! Il faut faire le grand ménage de printemps ! Ouvrir les fenêtres, appeler des forces nouvelles, les forces du terrain, les forces de la France tenues à l'écart du pouvoir depuis vingt ans. Et cela ne peut se faire que par un renouvellement, par une relève.
Eh bien je vous dis qu'il y a beaucoup de gens en France qui veulent une ambition européenne, qui veulent le social et le libéral en même temps. Il y a beaucoup de gens en France qui veulent la performance et la justice en même temps. Et il y a beaucoup de gens en France qui ne sautent pas de joie à l'idée qu'une fois de plus ils vont avoir le choix en réalité, entre le PS et le RPR ! Eh bien ces gens ont le droit d'avoir un candidat !
Il y a un candidat pour ceux qui se méfient de l'Europe, pour ceux qui ne voulaient pas de l'Euro, c'est Jean-Pierre Chevènement.
Et il y aura un candidat pour ceux qui ont voulu l'Euro et qui veulent maintenant que la France soit le moteur de l'Europe, et je suis ce candidat.
La campagne aura bien lieu
Et ce sont les Français qui diront ce qu'ils veulent, le 21 avril et pas avant, et qui renverront, je le crois, la politique du siècle dernier.
Mais pour cela, il faut assumer, tenir bon, se battre, jusqu'au moment où les Français décideront que c'est le moment de choisir. On le voit bien Lionel Jospin et Jacques Chirac ont choisi de retarder ce moment : grand bien leur fasse !
J'ai le souvenir qu'en 1997 au moment de la dissolution, on se frottait les mains en pensant qu'avec une campagne si courte, en quatre semaines, on échapperait au choix des Français.
C'est ne rien comprendre à la politique. Quelle que soit la durée de la vraie campagne, le choix des Français s'exerce avec la même force, avec la même dureté. Ce n'est pas la durée de la pièce qui fait la force de l'intrigue !
En revanche, pour moi, c'est le moment de mettre des idées concrètes sur la table.
Tous les lundis, à partir de lundi prochain, j'exposerai dans une conférence de presse, les idées concrètes, simples, j'espère compréhensibles par tous, qui sont celles de la relève que je propose à la France !
Et je commencerai par ce sujet : comment, concrètement, changer le pouvoir pour que le peuple français y ait vraiment accès et qu'il ne soit pas dupé une fois de plus !
Et la relève se fera.
Je vous demande de regarder l'équipe qui m'entoure. Ils ont deux points communs : ce sont tous des gens de terrain, élus locaux, implantés, qui représentent la France. Et aucun d'entre eux n'est un homme de clan. Tous, à l'image de Raymond Barre et de Gilles de Robien, ils ont refusé d'être partisans, sans jamais renier leurs convictions, ils ont su tendre la main et rassembler, sans sectarisme, au-delà même de leur camp.
Cette équipe, elle parle avec moi, la plupart de ses membres sont jeunes, engagés. Elle montre une autre manière de gouverner la France, concrètement, et de changer les choses, effectivement. Sans rien perdre de vue de son idéal, de l'horizon vers lequel on marche, et sans rien ignorer du sillon que l'on trace.
Éloge du pluralisme
D'autres ont une autre approche. Je fais l'éloge du pluralisme.
Je fais une prédiction : au moment du choix final, le pluralisme de la gauche sera son atout, et à droite l'entreprise obstinée pour empêcher le pluralisme se révélera une faiblesse tragique.
Une alliance sincère vaut mieux que l'embrigadement forcé qui est certitude d'échec.
Conclusion
C'est parce que les Français le veulent et l'attendent que les choses vont changer. Pour moi, je suis au service de cette attente. Alors, en conclusion de ces vux, au moment où les sondages pullulent et donnent des résultats contradictoires ; à une époque où c'est par eux que les décisions se prennent, je vais vous donner les miens : ceux qui me guident et vont guider ma campagne : volonté 100 % ! combativité 100 % ! confiance 100 % !
(source http://www.udf.org, le 14 janvier 2002)
Je vous regarde, et je vois l'espérance.
Quand je vois Raymond Barre, avec la fidélité que vous savez, je vois le socle. Quand je vois les élus, si nombreux, et l'équipe de campagne, je vois notre force et notre différence. Et quand je pense à l'avenir, je sais qu'il est dans la fermeté des convictions et la volonté de les faire aboutir.
Qu'est ce que va être 2002 ? L'année des grands choix pour la France. Que voulons-nous qu'elle soit ? L'année de la relève.
La " drôle de campagne "
Le résultat est-il acquis ? Si j'ai bien compris, pas encore tout-à-fait dans les sondages ou les commentaires. Mais dans la réalité, il est certain.
Vous vous souvenez qu'en 1939, la guerre ayant été déclarée au mois de septembre, il se passa de longs mois avant que rien ne bouge sur le front.
On appelait cela la " drôle de guerre ". Eh bien, nous vivons, et nous risquons de vivre encore un bout de temps, la " drôle de campagne ". Celle où rien ne bouge, et on a l'impression que cette immobilité ne finira jamais, alors que tout le monde sait, sauf les fous, que l'orage est certain.
Et pourtant, je vous livre ma conviction la plus profonde et la raison de ma confiance : les Français attendent un changement profond. Ils ne savent pas l'exprimer. Le débat public ne le permet pas.
Mais ils l'attendent et le moment venu ils le diront et ils l'imposeront.
Et ce changement est nécessaire à la santé et à la grandeur de la France, aux choix historiques qui sont devant elle.
Quel est ce changement ?
- Les Français veulent de la clarté et de l'honnêteté dans leur vie publique. Ils veulent que la loi soit la même pour tous, et que les règles qui régissent le monde des puissants soient les mêmes que celles, toutes simples, de l'éducation civique : règles de droiture, plus d'affaires, sorties opportunément, plus de " cabinet noir ", de droite comme de gauche, de la dureté s'il le faut, mais pas de déloyauté, plus de pouvoir obscur.
- Ils veulent une ligne, de la vision et de la cohérence.
- Ils veulent un équilibre. Ni étatisme, socialiste ou autre, ni abandon au marché. Ils veulent un équilibre social et libéral. Ils veulent les deux mots : social et libéral.
- Ils veulent la justice.
- Ils veulent par-dessus tout, pour eux-mêmes, pour leurs proches, ils veulent de la reconnaissance.
Ce sont d'immenses changements, et le monde politique ne les prépare pas.
L'Euro
Pourtant, coup sur coup, nous avons reçu deux leçons, qui devraient nous entraîner à ne pas être en retard sur l'histoire !
Le 11 septembre, nous avons appris que l'optimisme béat n'est pas de mise et qu'il faut être fort si l'on veut défendre sa vie et ses valeurs.
Et le 1er janvier, nous avons appris que les peuples sont plus courageux, plus entreprenants que ne le croient ceux qui les gouvernent !
Souvenez-vous : pour l'arrivée de l'Euro, on nous avait prédit l'apocalypse. Et au lieu et place de toutes ces catastrophes annoncées, nous avons vécu une formidable réussite !
À qui faut-il dire merci ?
D'abord à la poignée de visionnaires, minoritaires absolus, qui ont voulu et porté ce projet.
Je veux dire leur nom : de Raymond Barre, je n'oublie pas la contribution de précurseur au début des années 70. Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt ont joué un rôle clé. Je me souviens encore du premier billet, offert par Valéry Giscard d'Estaing à Helmut Schmidt lors d'une émission de télévision. C'était encore à l'époque un ECU et personne n'y croyait. Puis Jacques Delors et aussi François Mitterrand ont joué un rôle déterminant, à partir de la chute du mur de Berlin.
Et enfin, s'il y avait une statue à dresser, c'est à Helmut Kohl qu'il serait juste de le faire. Sans lui, sans son courage tranquille, sans sa détermination inébranlable, le mark n'aurait pas disparu et l'Euro ne se serait pas fait.
J'ai écrit le 1er janvier à chacun de ces pères de notre monnaie pour leur dire : " tous les Européens sont heureux de leur nouvelle monnaie. Vous qui l'avez faite, vous pouvez être fiers d'avoir accompli ce que tout le monde croyait impossible. Vous, rien ne vous a impressionné. Et c'est comme cela que vous avez fait l'histoire ! "
Et il faut dire merci à d'autres précurseurs. Ceux qui en assurent aujourd'hui le succès et à qui revient le mérite : aux 304 millions d'Européens, aux soixante millions de Français, courageux, qu'ils soient commerçants, avec sang-froid, malgré la période des soldes, ou simples consommateurs et utilisateurs, qui ont simplement assumé ce qu'on leur présentait comme si difficile !
Qui n'entend l'appel venu de cette réussite ?
" Pour quel destin se doter d'un signe de rassemblement aussi neuf dans un continent aussi vieux ? "
On ne peut pas ignorer ce que veut dire le succès de l'Euro, quelle aspiration cela recouvre et révèle. L'Europe, et les Français, au premier rang de l'Europe, en ont assez d'être spectateurs et pas acteurs, de ne pas disposer des outils qui permettent de changer le monde et de construire un monde nouveau ! La campagne de Kennedy, cette naissance d'une nouvelle Amérique, c'était " A Time for Greatness ". Un temps pour la grandeur. La chance pour la grandeur, pour la France, c'est l'Europe.
Trois cents millions d'Européens ont adopté la monnaie de l'Europe. Maintenant, il faut leur proposer le pouvoir qui va avec !
Il faut bâtir la réalité politique de l'Europe qui correspond à cette monnaie !
Il faut leur donner le moyen d'inspirer directement les choix fiscaux, sociaux, budgétaires qui vont nécessairement avec une monnaie. Il faut leur donner la défense à laquelle ils ont droit. Il faut leur garantir le poids sur la scène internationale qui correspond à cette monnaie.
Ils ont les billets. Il faut leur donner le bulletin de vote !
On me dira que ceux qui défendent cette idée de fédération européenne sont minoritaires ! Ils ne le sont pas plus que ceux qui voulaient une monnaie unique pour les peuples européens. Et ce sont d'ailleurs les mêmes !
Face à la monnaie européenne, il faut une fédération européenne, gouvernée par une authentique démocratie européenne ! Et le pouvoir souverain de tous les Européens sera exercé en leur nom à la fois par leur État national, et par la fédération Européenne.
Pour moi, c'est la principale question politique de notre temps.
Nous allons changer les choses
Mais nous avons une autre question, plus nationale.
Je le disais, les Français attendent, sans même l'espérer, un changement profond de leur démocratie.
Je veux une autre manière de gouverner qui construise une France plus juste.
Je veux un pays où les citoyens soient entendus par le pouvoir.
Que les médecins français soient obligés de faire six semaines de grève des soins d'urgence pour n'être même pas reçus par leurs ministres, cela montre les blocages dans lesquels nous vivons.
Et la même chose pour les médecins hospitaliers, les internes, les infirmières libérales, les échographistes. Même chose, il y a quelque jour à peine pour les policiers, les gendarmes descendant dans la rue en uniforme. Même chose pour les éleveurs, forcément, d'ici quelques semaines.
Je veux un pays où l'on puisse retrouver le sentiment de justice. Un pays où l'on puisse de nouveau dire : " j'ai confiance dans la justice de mon pays ". Comment continuer d'accepter qu'il faille des années pour obtenir un jugement et quand on l'obtient, que rien ne se passe ?
Je veux un pays où la justice soit rendue. Les centaines de milliers d'affaires qui traînent, les dizaines de milliers de jugements qui ne sont pas exécutés, ce n'est pas juste.
Je veux un pays où la justice soit juste : sentiment de malaise à voir tant de laxisme dans certains cas, gros trafiquants, prévenus capables de se payer les meilleurs avocats et de jouer avec la procédure, et tant de sévérité lorsqu'il s'agit de condamner, en appel, et devant toutes les caméras, une jeune femme qui a craqué devant les victuailles et les cadeaux de Noël.
Je veux un pouvoir qui ait une ligne. Qu'on gouverne à la godille, comme on le fait depuis des années, qui ne voit les dangers que cela représente.
Changer d'opinion au gré des manifestations, à la va-vite, comme on vient de le voir avec la loi sur la présomption d'innocence, où l'on en vient à voir s'affronter policiers et juges, cela menace les fondements mêmes de l'État national.
Et c'est pour cela qu'il faut forcer le monde politique à la relève.
Si les Français choisissent au printemps une des deux équipes en place depuis vingt ans, je vous le dis, rien ne changera. Ils sont habitués au système. Ils n'ont plus l'indignation, la moelle nécessaire pour changer les choses ! Ils sont dans les meubles de la république depuis des décennies. Ils s'en accommodent. Et, pour eux, la grande question, vous l'entendez bien, c'est comment se partager les meubles, les meubles de Matignon, les meubles des autres grandes fonctions, des autres grands palais.
Ils ne veulent pas construire l'État impartial. Ils ne veulent pas l'État juste et rassembleur. Ils ne cherchent pas un idéal nouveau auquel les Français pourraient croire ! Ils ne veulent pas changer le pouvoir, pas le partager vraiment avec les Français. Ils veulent le garder comme il est, mais pour eux.
Alors, si l'on est porté par cette ambition nouvelle, nécessairement, on dérange, nécessairement au début, on se trouve minoritaire. Nécessairement, on vous oppose les sondages. Je ne me présente pas à la Présidence de la République pour les sondages ! Je me présente pour les Français ! Le jour où ils décideront d'entendre, ils emporteront toutes les digues. Mais je ne cesserai pas de leur parler, de défendre des idées qui ne sont défendues par personne, de mettre ces idées sur la table, comme je le ferai chaque semaine à partir de lundi.
Je le ferai avec mes convictions qui sont celles du centre, européen, et social-libéral.
Et le centre impartial qui respecte ses alliés, mais qui sait que l'on ne gouverne pas pour un camp, qu'on gouverne pour la France.
Je veux secouer tout cela, tous ces échecs accumulés ! Il faut faire le grand ménage de printemps ! Ouvrir les fenêtres, appeler des forces nouvelles, les forces du terrain, les forces de la France tenues à l'écart du pouvoir depuis vingt ans. Et cela ne peut se faire que par un renouvellement, par une relève.
Eh bien je vous dis qu'il y a beaucoup de gens en France qui veulent une ambition européenne, qui veulent le social et le libéral en même temps. Il y a beaucoup de gens en France qui veulent la performance et la justice en même temps. Et il y a beaucoup de gens en France qui ne sautent pas de joie à l'idée qu'une fois de plus ils vont avoir le choix en réalité, entre le PS et le RPR ! Eh bien ces gens ont le droit d'avoir un candidat !
Il y a un candidat pour ceux qui se méfient de l'Europe, pour ceux qui ne voulaient pas de l'Euro, c'est Jean-Pierre Chevènement.
Et il y aura un candidat pour ceux qui ont voulu l'Euro et qui veulent maintenant que la France soit le moteur de l'Europe, et je suis ce candidat.
La campagne aura bien lieu
Et ce sont les Français qui diront ce qu'ils veulent, le 21 avril et pas avant, et qui renverront, je le crois, la politique du siècle dernier.
Mais pour cela, il faut assumer, tenir bon, se battre, jusqu'au moment où les Français décideront que c'est le moment de choisir. On le voit bien Lionel Jospin et Jacques Chirac ont choisi de retarder ce moment : grand bien leur fasse !
J'ai le souvenir qu'en 1997 au moment de la dissolution, on se frottait les mains en pensant qu'avec une campagne si courte, en quatre semaines, on échapperait au choix des Français.
C'est ne rien comprendre à la politique. Quelle que soit la durée de la vraie campagne, le choix des Français s'exerce avec la même force, avec la même dureté. Ce n'est pas la durée de la pièce qui fait la force de l'intrigue !
En revanche, pour moi, c'est le moment de mettre des idées concrètes sur la table.
Tous les lundis, à partir de lundi prochain, j'exposerai dans une conférence de presse, les idées concrètes, simples, j'espère compréhensibles par tous, qui sont celles de la relève que je propose à la France !
Et je commencerai par ce sujet : comment, concrètement, changer le pouvoir pour que le peuple français y ait vraiment accès et qu'il ne soit pas dupé une fois de plus !
Et la relève se fera.
Je vous demande de regarder l'équipe qui m'entoure. Ils ont deux points communs : ce sont tous des gens de terrain, élus locaux, implantés, qui représentent la France. Et aucun d'entre eux n'est un homme de clan. Tous, à l'image de Raymond Barre et de Gilles de Robien, ils ont refusé d'être partisans, sans jamais renier leurs convictions, ils ont su tendre la main et rassembler, sans sectarisme, au-delà même de leur camp.
Cette équipe, elle parle avec moi, la plupart de ses membres sont jeunes, engagés. Elle montre une autre manière de gouverner la France, concrètement, et de changer les choses, effectivement. Sans rien perdre de vue de son idéal, de l'horizon vers lequel on marche, et sans rien ignorer du sillon que l'on trace.
Éloge du pluralisme
D'autres ont une autre approche. Je fais l'éloge du pluralisme.
Je fais une prédiction : au moment du choix final, le pluralisme de la gauche sera son atout, et à droite l'entreprise obstinée pour empêcher le pluralisme se révélera une faiblesse tragique.
Une alliance sincère vaut mieux que l'embrigadement forcé qui est certitude d'échec.
Conclusion
C'est parce que les Français le veulent et l'attendent que les choses vont changer. Pour moi, je suis au service de cette attente. Alors, en conclusion de ces vux, au moment où les sondages pullulent et donnent des résultats contradictoires ; à une époque où c'est par eux que les décisions se prennent, je vais vous donner les miens : ceux qui me guident et vont guider ma campagne : volonté 100 % ! combativité 100 % ! confiance 100 % !
(source http://www.udf.org, le 14 janvier 2002)