Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Léa SALAME, votre invité ce matin est porte-parole du Gouvernement.
LEA SALAME
Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour.
LEA SALAME
Merci d'être avec nous ce matin. Pas d'annonce, rassurez-nous ? Pas de surprise ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je n'ai pas prévu d'en faire.
LEA SALAME
Est-ce que vous êtes tombé de votre chaise hier matin en apprenant, je crois que vous étiez en direct à la télévision, en apprenant le départ de Nicolas HULOT ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je l'ai appris quelques minutes avant d'entrer en plateau chez un de vos confrères matinaliers. J'ai été vraiment très surpris, puisque, Nicolas HULOT l'a dit d'ailleurs, il n'avait pas prévenu quiconque, ni le président, ni le Premier ministre et évidemment encore moins le porte-parole du Gouvernement, et donc il y a eu
LEA SALAME
Vous avez parlé d'un manque de courtoisie hier.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, enfin, je considère que l'on pouvait passer un coup de téléphone, on fait partie d'un collectif, mais après, c'est aussi je crois la décision très personnelle d'un homme, à un moment de son engagement, de l'engagement qui a été le sien depuis 15 mois dans ce Gouvernement. Il a redit d'ailleurs ici l'amitié et le plaisir qu'il avait eu à travailler, et avec le président de la République et avec le Premier ministre. C'est quelqu'un qui était très apprécié dans l'équipe Gouvernementale, il y avait des débats, et c'est vrai que quand on est ministre on ne gagne pas toujours tous ses arbitrages, et moi je considérais et je l'ai dit dès hier matin, qu'il avait gagné des arbitrages, qu'il n'avait pas à rougir de ce qu'il avait fait en 15 mois, qu'il avait sans doute fait beaucoup, peut-être pas assez au regard de l'urgence qu'il a rappelée hier à votre micro, qu'il rappelait dans toutes ses interventions fréquemment, mais mais il a fait beaucoup.
LEA SALAME
Il dit : « Les petits pas ne suffisent pas », il a parlé du manque d'union du Gouvernement, du manque de volonté, il a parlé du manque de vision, c'était ses mots, face à l'urgence climatique.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, que l'urgence climatique soit totale, l'été qu'on vient de vivre, et on l'a vu en France, on l'a vu en Europe avec les incendies, on l'a vu y compris aux Etats-Unis, en Asie avec des villes où on ne peut plus respirer, elle est partagée. Moi, je suis je ne suis pas opposé aux petits pas, ça ne veut pas dire que la multiplication de petits pas ne permet pas un grand bond on avant si on file la métaphore, mais ce que je veux dire et ce que je viens d'entendre, à la fois chez Thomas LEGRAND et chez Dominique SEUX, il y a des choses
LEA SALAME
Vous êtes plutôt d'accord avec Dominique SEUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, je suis plutôt d'accord avec Dominique SEUX, et je veux dire à Thomas LEGRAND, quand on dit : la France ne décarbone pas son économie, mais ce n'est pas vrai. Nicolas HULOT, la fin des centrales à charbon, c'est 2022, ce qui n'est pas le cas Outre-Rhin. Quand on dit « on n'utilise pas moins de pesticides », quand Nicolas HULOT est arrivé, c'était 15 ans en Europe le glyphosate, on a réussi à obtenir 5 ans en Europe, et Nicolas HULOT le dit lui-même, on va essayer de le faire en 3 ans, mais c'est difficile. Et on ne peut pas changer un écosystème
THOMAS LEGRAND
Cette année, on a consommé plus de carbone que l'année dernière.
BENJAMIN GRIVEAUX
On ne peut pas changer un écosystème d'un claquement de doigts, ça n'est pas vrai. Et c'est ces petits pas là, moi, auxquels je suis très attaché.
LEA SALAME
J'entends
BENJAMIN GRIVEAUX
Je peux comprendre la frustration ou l'envie d'aller plus vite qu'avait Nicolas HULOT et qui est parfaitement légitime et que je respecte.
LEA SALAME
Mais est-ce que vous entendez les mots de Nicolas HULOT ? Je vais vous les reciter, c'était c'est le verbatim ; « Est-ce que nous avons commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non ».
BENJAMIN GRIVEAUX
La réponse est oui, puisque Notre-Dame-des-Landes c'était 1 000 hectares d'artificialisation des sols, donc ça, la réponse est oui. Sur les pesticides, le glyphosate c'était 15 ans, on est passé à 5 ans, donc la réponse est oui. A nouveau je sais que chacun rêverait qu'on puisse révolutionner le monde, du jour au lendemain. Ce serait raconter des histoires aux gens et leur faire croire des histoires que cela. On ne change pas notre mixe énergétique qui a fait le choix il y a 50 ans il y a des générations, du nucléaire, en l'espace de 5 ans. On peut se faire plaisir en inscrivant dans la loi des objectifs que personne ne tiendra, et en même temps, Nicolas HULOT il a aussi obtenu
LEA SALAME
C'est-à-dire que vous ne tiendrez pas, pardonnez-moi, les objectifs
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, ça veut dire que les Gouvernements précédents, ils ont inscrit dans la loi des objectifs dont ils savaient qu'ils n'étaient pas tenables. Des objectifs dont ils savaient qu'ils n'étaient pas tenables.
LEA SALAME
Donc l'objectif de sortie du glyphosate dans les 3 ans pardonnez-moi
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, parce que nous n'avons pas inscrit dans la loi, je le dis, non
LEA SALAME
Donc ça ne sera pas tenable ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, ce n'est pas ce que je dis, Léa SALAME, s'il vous plaît, le sujet est trop sérieux pour en faire un sujet de politique politicienne.
LEA SALAME
Mais justement ! Mais ce n'est absolument pas un sujet de politique politicienne.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est un sujet trop sérieux et donc je vous le redis
LEA SALAME
L'engagement est pris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Les Gouvernements précédents avaient inscrit dans la loi la sortie du nucléaire à un horizon temporel dont ils savaient pertinemment que ça n'existerait pas et qu'ils ne le feraient pas et dont ils ne seraient pas comptables, parce qu'ils ne seraient plus en responsabilité. Le rôle du politique c'est aussi de dire la vérité, d'assumer nos contradictions, et il y a des contradictions, croyez-moi, dans toutes les sensibilités, et s'il y a bien un sujet sur lequel on doit faire fi des postures politiques, et Nicolas HULOT l'a dit hier matin à votre micro, « je ne veux pas de récupération ».
LEA SALAME
Il l'a dit.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ils se sont tous jetés sur Nicolas HULOT dans la minute, gauche, droite, extrême gauche, extrême droite, de manière assez irresponsable et je crois irrespectueuse envers la sincérité et l'engagement d'un homme.
LEA SALAME
Benjamin GRIVEAUX, l'engagement de sortir du glyphosate dans les 3 ans est toujours pris ?
BENJAMIN GRIVEAUX
L'engagement de sortir du glyphosate dans les 3 ans a été pris par le président de la République et je rappelle à nouveau que c'était 15 ans quand nous sommes arrivés, que personne ne s'en était soucié
LEA SALAME
Mais il est respecté.
THOMAS LEGRAND
Qu'on nous avait dit que l'Union européenne ne céderait pas, que nous avons fait céder nos partenaires et que nous avons ramené à 5 ans et nous en sortirons en 3 ans, nous le ferons avec les industriels, nous le ferons avec les filières, parce que il faut aussi le dire, et Nicolas HULOT avait eu le courage de le dire. Vous ne pouvez pas dire à un modèle agricole qui utilise le glyphosate, et c'est évidemment la pire des choses depuis 40 ans, vous allez le changer en 6 mois. Raconter ça, c'est mentir aux gens.
LEA SALAME
Il y a eu le détonateur, Nicolas HULOT en a parlé hier, la présence d'un lobbyiste, Thierry COSTE, à la réunion des chasseurs. Nicolas HULOT a eu cette phrase : « Les lobbies n'ont rien à faire dans les cercles du pouvoir, c'est un problème de démocratie ». Qui a le pouvoir, qui gouverne ? Les lobbies invités aux tables de négociations à l'Elysée, est-ce que c'est ça le nouveau monde ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, est-ce que quand on reçoit WWF, est-ce que quand on reçoit Greenpeace, est-ce que lorsqu'on reçoit les fédérations professionnelles qui représentent des secteurs, on a face à nous des gens à qui on cède tout ? Non. C'est important de pouvoir dialoguer. Soit on est alors un pouvoir qui, un ministre enfermé avec son administration, qui décide tout seul. Et je pense que c'est la pire des manières de construire des politiques publiques efficaces et acceptées par la population.
LEA SALAME
Donc vous nous dites : il n'y a rien de choquant à voir Thierry COSTE à l'Elysée.
BENJAMIN GRIVEAUX
Soit on entend aussi ce que disent les représentants de fédérations professionnelles, d'associations, du monde sportif, culturel, et autres et après on tranche, et il y a des sujets qui sont tranchés et qui n'ont pas été tranchés favorablement. Moi j'ai eu l'occasion, lorsque j'étais à Bercy, de recevoir des fédérations de professionnel, de leur dire : voilà les projets qui sont les nôtres, d'avoir face à moi des fédérations professionnelles qui n'étaient pas d'accord et de les mettre en oeuvre. Le dialogue, ça n'est pas la soumission aux lobbies, il faut aussi savoir écouter sinon c'est un exercice bien solitaire, et donc à mon avis peu efficace du pouvoir.
LEA SALAME
Mais au fond, Benjamin GRIVEAUX, est-ce que cette démission ne révèle pas les limites de votre « et en même temps », vouloir satisfaire, vouloir mettre sur une même table les chasseurs et les lobbyistes d'un côté, Nicolas HULOT de l'autre ? C'est ambitieux mais on a vu hier la preuve par la démission que ça ne marche pas.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je que l'on a manqué de beaucoup d'ambition depuis 30 ans, et c'est sans doute ça qui a bloqué le pays, donc nous on a effectivement pour ambition de ne pas opposer les uns aux autres, de ne pas considérer que les chasseurs ne respectent pas aussi, parce que vous avez parmi les chasseurs, des gens qui sont respectueux de la biodiversité, et ne pas faire la caricature en organisant le combat des uns contre les autres. C'est notre manière de faire, c'est notre manière de concevoir une société plus apaisée, une société qui souhaite se projeter dans le progrès et qui fait fi des conservatismes, de gauche comme de droite, depuis le début de cette rentrée politique. Nos oppositions essaient de recréer ce clivage parce que c'est le confort, c'est ce qu'ils ont toujours connu, c'est tellement simple. Ceux de gauche contre ceux de droite, la lecture est facile : le monde n'est pas binaire, le monde est suffisamment complexe pour il y apporter aussi un peu d'ambition et un peu de en même temps.
LEA SALAME
Très honnêtement, à la question : « Etiez-vous à la hauteur pour être ministre ? » Il a répondu : « Je ne sais pas ». Est-ce que ça pose la question pour son successeur de trouver quelqu'un qui ne vient pas forcément de la société civile ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne crois pas. J'ai entendu ce débat depuis hier, on a des ministres qui sont issus de la société civile, qui ont des réalisations exceptionnelles, je pense à Jean-Michel BLANQUER, Frédérique VIDAL dans le domaine de l'éducation, je pense à la réforme qu'a conduite Elisabeth BORNE sur la réforme du ferroviaire, je pense à Agnès BUZYN et là je me suis lancé dans un exercice terrible, parce que je vais forcément en oublier.
LEA SALAME
Vous allez faire des déçus.
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi je pense à Muriel PENICAUD, mais ce que je veux dire, c'est avoir des personnalités issues de la société civile, qui viennent avec leurs connaissances d'un secteur, qui viennent avec, au fond, une expérience qu'on avait peu vue à la tête de l'Etat dans des Gouvernements précédents, je pense que c'est utile, je pense que c'est bon
LEA SALAME
Donc vous recherchez ça comme profil pour remplacer HULOT.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui cherche, vous l'imaginez bien.
LEA SALAME
Oui oui, je sais bien, mais votre avis, vous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi mon sentiment c'est que non, ça ne disqualifie en rien et que les projets qui ont été conduits depuis 15 mois et les sujets qui ont été engagés par Nicolas HULOT, nous les poursuivrons. Vous le savez, les politiques, eh bien elles survivent aux personnalités qui les ont portées, et nous notre honneur, ce sera aussi de faire honneur à ce que Nicolas HULOT a engagé depuis 15 mois dans ce Gouvernement.
LEA SALAME
Et nul n'est irremplaçable.
BENJAMIN GRIVEAUX
Et nul n'est irremplaçable.
LEA SALAME
Merci Benjamin GRIVEAUX. Belle journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2018
Léa SALAME, votre invité ce matin est porte-parole du Gouvernement.
LEA SALAME
Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour.
LEA SALAME
Merci d'être avec nous ce matin. Pas d'annonce, rassurez-nous ? Pas de surprise ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je n'ai pas prévu d'en faire.
LEA SALAME
Est-ce que vous êtes tombé de votre chaise hier matin en apprenant, je crois que vous étiez en direct à la télévision, en apprenant le départ de Nicolas HULOT ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je l'ai appris quelques minutes avant d'entrer en plateau chez un de vos confrères matinaliers. J'ai été vraiment très surpris, puisque, Nicolas HULOT l'a dit d'ailleurs, il n'avait pas prévenu quiconque, ni le président, ni le Premier ministre et évidemment encore moins le porte-parole du Gouvernement, et donc il y a eu
LEA SALAME
Vous avez parlé d'un manque de courtoisie hier.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, enfin, je considère que l'on pouvait passer un coup de téléphone, on fait partie d'un collectif, mais après, c'est aussi je crois la décision très personnelle d'un homme, à un moment de son engagement, de l'engagement qui a été le sien depuis 15 mois dans ce Gouvernement. Il a redit d'ailleurs ici l'amitié et le plaisir qu'il avait eu à travailler, et avec le président de la République et avec le Premier ministre. C'est quelqu'un qui était très apprécié dans l'équipe Gouvernementale, il y avait des débats, et c'est vrai que quand on est ministre on ne gagne pas toujours tous ses arbitrages, et moi je considérais et je l'ai dit dès hier matin, qu'il avait gagné des arbitrages, qu'il n'avait pas à rougir de ce qu'il avait fait en 15 mois, qu'il avait sans doute fait beaucoup, peut-être pas assez au regard de l'urgence qu'il a rappelée hier à votre micro, qu'il rappelait dans toutes ses interventions fréquemment, mais mais il a fait beaucoup.
LEA SALAME
Il dit : « Les petits pas ne suffisent pas », il a parlé du manque d'union du Gouvernement, du manque de volonté, il a parlé du manque de vision, c'était ses mots, face à l'urgence climatique.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, que l'urgence climatique soit totale, l'été qu'on vient de vivre, et on l'a vu en France, on l'a vu en Europe avec les incendies, on l'a vu y compris aux Etats-Unis, en Asie avec des villes où on ne peut plus respirer, elle est partagée. Moi, je suis je ne suis pas opposé aux petits pas, ça ne veut pas dire que la multiplication de petits pas ne permet pas un grand bond on avant si on file la métaphore, mais ce que je veux dire et ce que je viens d'entendre, à la fois chez Thomas LEGRAND et chez Dominique SEUX, il y a des choses
LEA SALAME
Vous êtes plutôt d'accord avec Dominique SEUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, je suis plutôt d'accord avec Dominique SEUX, et je veux dire à Thomas LEGRAND, quand on dit : la France ne décarbone pas son économie, mais ce n'est pas vrai. Nicolas HULOT, la fin des centrales à charbon, c'est 2022, ce qui n'est pas le cas Outre-Rhin. Quand on dit « on n'utilise pas moins de pesticides », quand Nicolas HULOT est arrivé, c'était 15 ans en Europe le glyphosate, on a réussi à obtenir 5 ans en Europe, et Nicolas HULOT le dit lui-même, on va essayer de le faire en 3 ans, mais c'est difficile. Et on ne peut pas changer un écosystème
THOMAS LEGRAND
Cette année, on a consommé plus de carbone que l'année dernière.
BENJAMIN GRIVEAUX
On ne peut pas changer un écosystème d'un claquement de doigts, ça n'est pas vrai. Et c'est ces petits pas là, moi, auxquels je suis très attaché.
LEA SALAME
J'entends
BENJAMIN GRIVEAUX
Je peux comprendre la frustration ou l'envie d'aller plus vite qu'avait Nicolas HULOT et qui est parfaitement légitime et que je respecte.
LEA SALAME
Mais est-ce que vous entendez les mots de Nicolas HULOT ? Je vais vous les reciter, c'était c'est le verbatim ; « Est-ce que nous avons commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non ».
BENJAMIN GRIVEAUX
La réponse est oui, puisque Notre-Dame-des-Landes c'était 1 000 hectares d'artificialisation des sols, donc ça, la réponse est oui. Sur les pesticides, le glyphosate c'était 15 ans, on est passé à 5 ans, donc la réponse est oui. A nouveau je sais que chacun rêverait qu'on puisse révolutionner le monde, du jour au lendemain. Ce serait raconter des histoires aux gens et leur faire croire des histoires que cela. On ne change pas notre mixe énergétique qui a fait le choix il y a 50 ans il y a des générations, du nucléaire, en l'espace de 5 ans. On peut se faire plaisir en inscrivant dans la loi des objectifs que personne ne tiendra, et en même temps, Nicolas HULOT il a aussi obtenu
LEA SALAME
C'est-à-dire que vous ne tiendrez pas, pardonnez-moi, les objectifs
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, ça veut dire que les Gouvernements précédents, ils ont inscrit dans la loi des objectifs dont ils savaient qu'ils n'étaient pas tenables. Des objectifs dont ils savaient qu'ils n'étaient pas tenables.
LEA SALAME
Donc l'objectif de sortie du glyphosate dans les 3 ans pardonnez-moi
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, parce que nous n'avons pas inscrit dans la loi, je le dis, non
LEA SALAME
Donc ça ne sera pas tenable ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, ce n'est pas ce que je dis, Léa SALAME, s'il vous plaît, le sujet est trop sérieux pour en faire un sujet de politique politicienne.
LEA SALAME
Mais justement ! Mais ce n'est absolument pas un sujet de politique politicienne.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est un sujet trop sérieux et donc je vous le redis
LEA SALAME
L'engagement est pris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Les Gouvernements précédents avaient inscrit dans la loi la sortie du nucléaire à un horizon temporel dont ils savaient pertinemment que ça n'existerait pas et qu'ils ne le feraient pas et dont ils ne seraient pas comptables, parce qu'ils ne seraient plus en responsabilité. Le rôle du politique c'est aussi de dire la vérité, d'assumer nos contradictions, et il y a des contradictions, croyez-moi, dans toutes les sensibilités, et s'il y a bien un sujet sur lequel on doit faire fi des postures politiques, et Nicolas HULOT l'a dit hier matin à votre micro, « je ne veux pas de récupération ».
LEA SALAME
Il l'a dit.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ils se sont tous jetés sur Nicolas HULOT dans la minute, gauche, droite, extrême gauche, extrême droite, de manière assez irresponsable et je crois irrespectueuse envers la sincérité et l'engagement d'un homme.
LEA SALAME
Benjamin GRIVEAUX, l'engagement de sortir du glyphosate dans les 3 ans est toujours pris ?
BENJAMIN GRIVEAUX
L'engagement de sortir du glyphosate dans les 3 ans a été pris par le président de la République et je rappelle à nouveau que c'était 15 ans quand nous sommes arrivés, que personne ne s'en était soucié
LEA SALAME
Mais il est respecté.
THOMAS LEGRAND
Qu'on nous avait dit que l'Union européenne ne céderait pas, que nous avons fait céder nos partenaires et que nous avons ramené à 5 ans et nous en sortirons en 3 ans, nous le ferons avec les industriels, nous le ferons avec les filières, parce que il faut aussi le dire, et Nicolas HULOT avait eu le courage de le dire. Vous ne pouvez pas dire à un modèle agricole qui utilise le glyphosate, et c'est évidemment la pire des choses depuis 40 ans, vous allez le changer en 6 mois. Raconter ça, c'est mentir aux gens.
LEA SALAME
Il y a eu le détonateur, Nicolas HULOT en a parlé hier, la présence d'un lobbyiste, Thierry COSTE, à la réunion des chasseurs. Nicolas HULOT a eu cette phrase : « Les lobbies n'ont rien à faire dans les cercles du pouvoir, c'est un problème de démocratie ». Qui a le pouvoir, qui gouverne ? Les lobbies invités aux tables de négociations à l'Elysée, est-ce que c'est ça le nouveau monde ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, est-ce que quand on reçoit WWF, est-ce que quand on reçoit Greenpeace, est-ce que lorsqu'on reçoit les fédérations professionnelles qui représentent des secteurs, on a face à nous des gens à qui on cède tout ? Non. C'est important de pouvoir dialoguer. Soit on est alors un pouvoir qui, un ministre enfermé avec son administration, qui décide tout seul. Et je pense que c'est la pire des manières de construire des politiques publiques efficaces et acceptées par la population.
LEA SALAME
Donc vous nous dites : il n'y a rien de choquant à voir Thierry COSTE à l'Elysée.
BENJAMIN GRIVEAUX
Soit on entend aussi ce que disent les représentants de fédérations professionnelles, d'associations, du monde sportif, culturel, et autres et après on tranche, et il y a des sujets qui sont tranchés et qui n'ont pas été tranchés favorablement. Moi j'ai eu l'occasion, lorsque j'étais à Bercy, de recevoir des fédérations de professionnel, de leur dire : voilà les projets qui sont les nôtres, d'avoir face à moi des fédérations professionnelles qui n'étaient pas d'accord et de les mettre en oeuvre. Le dialogue, ça n'est pas la soumission aux lobbies, il faut aussi savoir écouter sinon c'est un exercice bien solitaire, et donc à mon avis peu efficace du pouvoir.
LEA SALAME
Mais au fond, Benjamin GRIVEAUX, est-ce que cette démission ne révèle pas les limites de votre « et en même temps », vouloir satisfaire, vouloir mettre sur une même table les chasseurs et les lobbyistes d'un côté, Nicolas HULOT de l'autre ? C'est ambitieux mais on a vu hier la preuve par la démission que ça ne marche pas.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je que l'on a manqué de beaucoup d'ambition depuis 30 ans, et c'est sans doute ça qui a bloqué le pays, donc nous on a effectivement pour ambition de ne pas opposer les uns aux autres, de ne pas considérer que les chasseurs ne respectent pas aussi, parce que vous avez parmi les chasseurs, des gens qui sont respectueux de la biodiversité, et ne pas faire la caricature en organisant le combat des uns contre les autres. C'est notre manière de faire, c'est notre manière de concevoir une société plus apaisée, une société qui souhaite se projeter dans le progrès et qui fait fi des conservatismes, de gauche comme de droite, depuis le début de cette rentrée politique. Nos oppositions essaient de recréer ce clivage parce que c'est le confort, c'est ce qu'ils ont toujours connu, c'est tellement simple. Ceux de gauche contre ceux de droite, la lecture est facile : le monde n'est pas binaire, le monde est suffisamment complexe pour il y apporter aussi un peu d'ambition et un peu de en même temps.
LEA SALAME
Très honnêtement, à la question : « Etiez-vous à la hauteur pour être ministre ? » Il a répondu : « Je ne sais pas ». Est-ce que ça pose la question pour son successeur de trouver quelqu'un qui ne vient pas forcément de la société civile ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne crois pas. J'ai entendu ce débat depuis hier, on a des ministres qui sont issus de la société civile, qui ont des réalisations exceptionnelles, je pense à Jean-Michel BLANQUER, Frédérique VIDAL dans le domaine de l'éducation, je pense à la réforme qu'a conduite Elisabeth BORNE sur la réforme du ferroviaire, je pense à Agnès BUZYN et là je me suis lancé dans un exercice terrible, parce que je vais forcément en oublier.
LEA SALAME
Vous allez faire des déçus.
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi je pense à Muriel PENICAUD, mais ce que je veux dire, c'est avoir des personnalités issues de la société civile, qui viennent avec leurs connaissances d'un secteur, qui viennent avec, au fond, une expérience qu'on avait peu vue à la tête de l'Etat dans des Gouvernements précédents, je pense que c'est utile, je pense que c'est bon
LEA SALAME
Donc vous recherchez ça comme profil pour remplacer HULOT.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui cherche, vous l'imaginez bien.
LEA SALAME
Oui oui, je sais bien, mais votre avis, vous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi mon sentiment c'est que non, ça ne disqualifie en rien et que les projets qui ont été conduits depuis 15 mois et les sujets qui ont été engagés par Nicolas HULOT, nous les poursuivrons. Vous le savez, les politiques, eh bien elles survivent aux personnalités qui les ont portées, et nous notre honneur, ce sera aussi de faire honneur à ce que Nicolas HULOT a engagé depuis 15 mois dans ce Gouvernement.
LEA SALAME
Et nul n'est irremplaçable.
BENJAMIN GRIVEAUX
Et nul n'est irremplaçable.
LEA SALAME
Merci Benjamin GRIVEAUX. Belle journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2018