Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, présidente du RPR, sur le bilan de la politique gouvernementale et son appel à la candidature de Jacques Chirac pour l'élection présidentielle, Paris le 2 février 2002.

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Circonstance : Réunion du Conseil national du RPR à Paris le 2 février 2002

Texte intégral

Chers amis,
Aujourd'hui est un jour important pour notre Mouvement, pour chacune et chacun d'entre vous.
C'est un jour de décision, de mobilisation, de lancement.
Chers amis, l'heure est venue.
Oui, l'heure est venue pour nous de proposer aux Français notre projet pour la France. Un projet à l'opposé du bilan des socialistes qui acte le déclin de notre pays.
Oui, l'heure est venue de rendre coup pour coup à ceux qui manient l'anathème, faute de pouvoir porter des idées.
Oui, l'heure est venue d'unir et de réunir le plus largement possible pour gagner les prochaines échéances et pour faire gagner la France.
I - C'est d'abord l'heure du projet. Votre vote vient de donner toute leur légitimité, mais aussi toute leur force à nos propositions.
Après de longs mois de réflexions, d'études, d'écoutes et de travaux, c'est maintenant la satisfaction de chacun d'entre nous de pouvoir faire vivre nos convictions par des propositions concrètes.
Que soient vivement remerciés toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la préparation de ce Conseil National, et ceux qui ont animé nos débats.
Le projet que vous avez entre les mains n'est pas une figure imposée dans une période préélectorale. Il n'est pas non plus le florilège de nos bonnes intentions.
C'est un contrat concret, sérieux, durable, que nous proposons aux Français. Un acte, une charte, un engagement réciproque entre les Français et leur gouvernement futur.
Je ne reviendrai pas sur le détail de nos propositions, puisque vous les connaissez. Vous venez de les approuver.
Permettez-moi d'en commenter l'esprit et d'en tirer devant vous quelques réflexions générales.
Le constat duquel nous sommes partis, nous le ressentons tous : nous vivons dans une société où la défiance règne et paralyse les initiatives individuelles.
Notre programme s'attache à restaurer le lien de confiance réciproque entre l'Etat et les Français, pour faire advenir cette société que nous appelons de nos vux, une société de confiance.
Réguler, réglementer, régenter la vie des Français malgré eux, ce n'est plus possible, ce n'est plus admissible.
Ce que nous proposons, c'est de bâtir une société de confiance reposant sur un pacte de confiance avec chacun de nos concitoyens.
Dans la confiance chacun retrouvera la liberté d'esprit et d'action indispensable à son épanouissement.
Quand on peut faire confiance à un Etat fiable pour garantir sa sécurité au quotidien, les conditions de protection de sa santé, sa retraite, alors on peut agir, créer, découvrir les autres, envisager sereinement son avenir.
Quand l'Etat fait confiance à ses citoyens, qu'il leur laisse le libre choix de leur vie, de la durée de leur travail, de l'utilisation de leur pouvoir d'achat, alors se développe chez eux le sens de la responsabilité.
Quand chacun voit son mérite reconnu, son identité respectée, alors il est davantage prêt à comprendre les autres, alors il peut partager avec eux, dans la confiance réciproque, l'envie de construire ensemble un pays, un destin commun.
Voilà l'esprit du pacte de confiance que nous voulons passer avec chacun de nos concitoyens.
Ce pacte a l'ambition d'être réalisable. Nous devons collectivement être garants devant les Français de nos propositions.
Promettre, faire rêver sans souci de tenir ses engagements, ce n'est plus tolérable, ce n'est plus raisonnable.
C'est pourquoi j'ai d'abord tenu à ce que les projets qui vous sont présentés soient évalués. J'ai voulu qu'ils soient étayés par des comparaisons avec nos principaux partenaires européens.
Nos propositions sont réalistes, nous savons combien elles coûtent.
Elles s'inscrivent dans un équilibre global des finances publiques.
Elles s'inscrivent dans le temps : cinq ans.
Elles s'inscrivent dans un espace : celui de l'Europe, car notre Projet a l'ambition de rendre à notre pays son rang européen et mondial naturel.
A ce projet, au débat d'idées, nos adversaires ne savent pas répondre.
Les idées nouvelles ? Ils les cherchent sans les trouver.
Le bilan, ils l'ont, mais aimeraient bien le cacher : insécurité, crise sociale, croissance gâchée, pouvoir d'achat en berne.
L'augmentation de la violence dans les zones urbaines comme dans les zones rurales marque l'échec impardonnable du gouvernement Jospin : + 16 % en 5 ans alors que la délinquance avait baissé de 12 % au cours des 4 années précédentes.
Les moyens mis à la disposition du ministère de l'Intérieur ont augmenté ? Preuve supplémentaire de l'incapacité socialiste en ce domaine. C'est le savoir-faire autant que la volonté qui manquent.
Le secteur social ? Les socialistes se targuaient d'en être les chantres. Il est aujourd'hui occupé par les grèves, les manifestations, les crises. Le dialogue social est rompu.
C'est vrai à la Sécurité sociale. C'est vrai dans les entreprises. C'est vrai avec le corps médical dans son ensemble. C'est vrai avec les fonctionnaires de la Police Nationale, de la Gendarmerie, de l'Education nationale, de la Justice, etc...
L'emploi ?
Quand, grâce à la croissance, le chômage baissait heureusement, Lionel Jospin se l'appropriait.
Quand il augmente pour le 8ème mois consécutif, c'est la faute du ralentissement économique mondial.
Ce que révèle, en réalité, le ralentissement de la croissance, c'est que, contrairement à la plupart de nos voisins, nous n'avons pas su agir pendant les années fastes pour faire reculer en profondeur le chômage.
Au lieu de poursuivre les baisses de charges qui, selon l'INSEE, ont créé 400 000 emplois en 1993, le Gouvernement Jospin n'a cessé d'étouffer les entreprises de charges et de contraintes supplémentaires, comme les conditions uniformes du passage aux 35 heures.
Or, l'emploi, c'est dans l'entreprise, par le travail et le pouvoir d'achat qu'il se crée.
Dans ces conditions, on comprend que les amis de Monsieur Jospin n'aient pas envie que l'on parle de leur bilan.
Engoncés dans leur certitude, assurés par leur foi dogmatique, ils n'ont que mépris pour leurs adversaires, et pour tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
Ecoutez les ! Là où nous proposons un débat, les socialistes, faute de projet convaincant, répondent par l'agressivité et les attaques contre les hommes.
L'invective est devenue une arme électorale. Et l'insulte, un genre oratoire.
Oh certes, les registres diffèrent.
L'insulte est agressive chez Madame Aubry, viscérale chez Monsieur Mamère, culturelle chez Madame Guigou, toujours exacerbée chez Monsieur Forni - le pauvre doit bien exister -, pateline chez Monsieur Hollande.
Mais pour tous, les attaques personnelles tiennent lieu d'argument. Pour tous, les accusations expéditives tiennent place de débat.
II - Alors, mes chers amis, l'heure est venue de répondre.
Et nous ne manquons pas de réserves.
On nous parle d'honnêteté ? D'accord, parlons-en ! Mais avec les Français. Pas avec les donneurs de leçons de l'affaire URBA et de l'affairisme des années 80.
On nous parle de morale ?
D'accord, parlons-en, et demandons par exemple son avis à Monsieur Strauss Kahn, abandonné à la première information judiciaire par tous ses excellents camarades, au premier rang desquels le vertueux Monsieur Hollande.
On nous parle de constance et de loyauté ? D'accord, interrogeons Messieurs Allègre et Sauter, congédiés à la première manifestation hostile.
On nous parle de mensonge ? Pourquoi pas ! Réécoutons Monsieur Jospin nous assurer doctement que le chômage était terrassé et que s'ouvraient devant nous les lendemains radieux du plein emploi.
On nous parle de promesses non tenues ? Soit ! Relisons l'engagement de Monsieur Jospin de créer 350.000 emplois jeunes dans le secteur privé.
On nous parle d'espoirs déçus ? Interrogeons les infirmières, les médecins, les juges, les avocats, les enseignants ou les agriculteurs, les commerçants contrôlés plus assidûment que les délinquants, les personnes âgées en proie à la délinquance, les policiers découragés par l'impunité.
A tous ceux-là, qui répond ? Qui propose ? C'est dans la tempête qu'on reconnaît les grands capitaines. C'est là aussi que l'unité de l'équipage est indispensable. Où est l'unité de la gauche ? Où est l'union du Gouvernement ?
Pour gagner les dernières législatives, Monsieur Jospin a inventé la " gauche plurielle ". À l'entendre, il s'agissait d'une prouesse intellectuelle, d'une tactique inouïe, appelée à durer ad vitam æternam. Avec la gauche plurielle, on allait voir ce qu'on allait voirOn a vu !
Communistes, Verts, MDC, Radicaux de gauche, Socialistes des diverses tendances s'opposent allègrement sur tout.
Sur l'Europe, Monsieur Jospin est, en fait, à peu près d'accord avec les Verts. Mais il est en totale opposition avec le PC et une bonne part des socialistes.
Sur le nucléaire, c'est la guerre !
Sur la sécurité, c'est l'anarchie jusqu'au pathétique !
Sur l'école, c'est la débandade !
Sur les institutions, c'est l'algarade généralisée !
Sur les retraites, il y a les partisans timides d'une évolution et ceux qui la jugent démoniaque
Même sur un sujet aussi concret, aussi capital que l'avenir d'EDF, il y a ceux qui veulent privatiser, un peu, beaucoup, ou pas du tout !
On pourrait multiplier les exemples à l'infini.
En réalité, au cours de ces dernières années, la France n'a pas été gouvernée par une majorité plurielle, mais par la somme de minorités singulières.
Au point que si vous consultiez, il y a quelques jours encore, sur le site internet du parti socialiste les propositions de Martine Aubry, pourtant chargée du projet, vous pouviez lire en bas de page cette mention surréaliste : " ces idées n'engagent pas le parti socialiste ". Mais qu'est-ce qui les engage donc ?
Le RPR s'engage, lui. Nous nous engageons tous envers les Français sur des propositions concrètes que je porterai dans le débat public comme vous les porterez vous-mêmes.
III- Et ces propositions, nous ne les porterons pas seuls. L'heure est venue, chers amis, de réunir tous ceux qui partagent nos idées pour la France.
Notre projet est notre première contribution au grand débat démocratique qui s'ouvrira avec l'élection présidentielle et les élections législatives.
Ce projet, nous l'apportons naturellement à l'Union de l'opposition. Il lui faudra être capable de former au Parlement une majorité solide, pour mettre en uvre très vite les réformes que le pays attend.
C'est pourquoi, je milite pour l'Union. C'est pourquoi, depuis mon arrivée à la tête de notre Mouvement, je suis, jour après jour, la première militante de l'Union.
Ce projet, il est le socle et le ferment de l'union qui s'organise.
Je me réjouis de constater que vos propositions alimentent, de façon substantielle, les travaux préparatoires de notre réunion du 23 février à Toulouse.
Mais au-delà de ce projet, mes chers compagnons, j'entends assumer pleinement une triple mission que je vous invite à partager :
- d'abord engager toutes nos forces dans la bataille derrière notre candidat, avec tous ceux qui le soutiendront au-delà de nos rangs.
Notre candidat, celui dont nous appelons ardemment la candidature, de toutes nos forces, vous le savez, c'est Jacques Chirac.
C'est Jacques CHIRAC, parce qu'à l'heure de la tempête, nos avons besoin d'un vrai capitaine et qui a montré aux Français et au monde que, dans les pires tempêtes face au terrorisme, il savait, lui, tenir la barre et le rang de la France.
Parce que face à un horizon brumeux, nous avons besoin d'un homme de vision, d'un homme qui connaisse le monde et les hommes, qui sache comprendre, qui aime les gens.
Jacques CHIRAC est le candidat de notre raison et de notre cur, parce qu'il est, pour chaque Français, proche quand les difficultés appellent soutien, compréhension et aide.
Oui, nous souhaitons ardemment la candidature de Jacques CHIRAC.
Parce qu'à l'heure du déclin, nous n'avons pas besoin de gestionnaire manuvrier, mais d'un homme porteur de toutes les forces françaises, de toutes les énergies du pays.
- Cet homme, et c'est notre deuxième mission, nous devons lui permettre de rassembler le plus largement possible au second tour de l'élection présidentielle et de l'emporter.
- Dans le même temps, je créerai avec nos partenaires naturels les conditions d'une victoire aux législatives qui donnera au Président réélu une majorité forte pour conduire sa politique et tenir tous nos engagements.
Cette campagne politique, je la voisavant tout militante, car sans vous, sans les militants, sans chacun de nos sympathisants, nous ne pouvons rien espérer.
Je vous demande donc de vous engager avec toute votre force, avec toutes vos convictions, avec toutes vos envies, pour convaincre les Français, pour faire gagner notre candidat naturel, Jacques Chirac, mais aussi et enfin pour gagner les élections législatives.
La bataille sera rude mais son issue dépend de chacun d'entre nous. Je suis prête. Nous sommes prêts. La victoire est désormais notre horizon.
Je suis garante de nos engagements envers la France.
Et je serai là, avec vous, sur tous les fronts pour que nos idées gagnent le cur des Français.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 4 février 2002)