Interview de Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation à RMC le 6 septembre 2018, sur la procédure Parcoursup et l'orientation des bacheliers.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral


JEAN-JACQUES BOURDIN
Frédérique VIDAL vous êtes donc avec nous, vous nous disiez 3.000, un peu plus de 3.000 bacheliers sont sans proposition ce matin.
FREDERIQUE VIDAL
C'est ça et ces 3.000 bacheliers sont accompagnés jour après jour par les commissions d'accès à l'enseignement supérieur, c'est-à-dire les chefs d'établissements, les recteurs, les CROUS aussi puisque s'il y a des mobilités il faut qu'on puisse les accompagner et des propositions leur sont faites tous les jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout à l'heure j'entendais le reportage que nous avons effectué auprès d'un étudiant qui cherche un BTS en alternance et qui n'a pas eu de propositions apparemment.
FREDERIQUE VIDAL
En alternance c'est vrai que c'est une difficulté supplémentaire parce qu'il faut trouver l'entreprise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui !
FREDERIQUE VIDAL
Et du coup les rectorats se sont mis en lien avec les CFA, avec les Direccte de façon à pouvoir essayer de faire correspondre les demandes des jeunes qui cherchent de l'alternance, et c'est très bien, et les demandes des entreprises, parce que c'est une difficulté c'est qu'on n'a rien qui pour le moment nous permet de les relier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de jeunes sont sans proposition, sans affectation ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors c'est…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans affectation, j'oublie les propositions, puisque vous le disiez un peu plus de 3.000, mais sans affectation ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est la même chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La même chose ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, oui absolument, si on n'a pas de propositions on ne peut pas les accepter, donc on ne peut pas être affecté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais il y a plus de 40.000 apparemment bacheliers qui sont inactifs, c'est cela ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors cela ça correspond en fait à des jeunes, et c'est classique, on voit ça année après année qui à un moment se sont connectés sur la plateforme on fait des voeux et puis ensuite n'ont plus répondu, n'ont plus répondu aux sollicitations, ne se sont plus connectés, donc évidemment la démission c'est un acte volontaire donc on ne les démissionne pas de force si je puis dire, mais simplement on les considère comme inactifs puisqu'ils ne répondent plus aux sollicitations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La phase complémentaire va se dérouler, débute ce matin, va se dérouler jusqu'au 21 septembre.
FREDERIQUE VIDAL
C'est ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Frédérique VIDAL, 21 septembre Parcoursup fermera le 21 septembre.
FREDERIQUE VIDAL
Oui absolument, la phase complémentaire c'est aujourd'hui plus de 127.000 places qui sont offertes y compris dans des filières sélectives comme des BTS ou des classes préparatoires et aussi dans les filières universitaires qui sont très demandées comme les Staps ou la Paces et donc c'est encore des opportunités et il ne faut pas hésiter non seulement à aller sur la procédure complémentaire mais aussi à solliciter les rectorats, parce que s'il y a une question de mobilité, si on a besoin d'aide à la mobilité le gouvernement a débloqué 7 millions d'euros pour accompagner cette mobilité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucun bachelier ne se retrouvera sans affectation fin septembre ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors vraiment tout le travail qui a été fait depuis le 22 mai par les commissions rectorales vise cet objectif, que chacun ait une proposition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une proposition.
FREDERIQUE VIDAL
Ait plusieurs propositions même puisque ce que l'on voit justement c'est que les propositions sont faites, les bacheliers peuvent les refuser et dans ce cas là évidemment on leur en fait d'autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On leur en fait d'autres. Bien ! Autre sujet les études de médecine, vous saviez que vous alliez être interrogée, est-ce que nous allons assister à la fin du numerus clausus en médecine, en première année ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors lorsque nous sommes arrivés au gouvernement avec Agnès BUZYN vous vous rappelez probablement que nous avons été confrontées à une grave crise autour des examens classés en nationaux en fin de sixième année, et là nous avons rencontré les étudiants de médecine qui nous ont dit d'une part leur mal être et qui nous ont demandé de faire en sorte que leurs études ne soient pas ponctuées en permanence de concours qui leur paraissaient avoir peu de sens au regard de ce qu'ils avaient comme idée de ce que devait être leur formation et de ce que devait être leur métier, et donc c'est ce que nous avons commencé à faire, nous avons supprimer les ECN et nous réfléchissons aussi à la façon dont on entre dans les études de médecine. C'est vraiment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous arrête parce que, pour expliquer aux auditeurs et aux auditrices.
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et aux téléspectateurs et téléspectatrices, depuis 1972 il y a un quota d'étudiants en médecine admis en 2ème année.
FREDERIQUE VIDAL
C'est ça absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est cela. Est-ce que ce quota va tomber ? Est-ce qu'on va en finir avec ce quota ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors il y a plusieurs hypothèses sur la table, on peut décider qu'on en finisse avec le quota mais cela ça dérégule complètement la profession de médecin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc le quota sera maintenu au niveau national.
FREDERIQUE VIDAL
Une fois de plus il y a plusieurs scenarii qui sont étudiés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais est-ce que le quota sera maintenu ?
FREDERIQUE VIDAL
On a besoin d'une régulation, est-ce que ce sera une régulation fixe ? Est-ce que ce sera quelque chose qui sera plus modulaire ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, ça veut dire quoi plus modulaire ?
FREDERIQUE VIDAL
Avec une fourchette haute, une fourchette basse, différente selon les territoires, voilà ! Mais en tout cas on réinterroge surtout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les universités elles-mêmes, est-ce que l'autonomie des universités, voulue, évidemment, est-ce que les universités pourront fixer le nombre d'étudiants en médecine passant en seconde année ?
FREDERIQUE VIDAL
Dans tous les cas les études de santé c'est quelque chose qui est portée à la fois par le Ministère de l'Enseignement supérieur et par le Ministère de la santé, parce que derrière il y a toute la formation notamment dans les CHU etc. etc. et donc c'est pour ça qu'une dérégulation totale n'est pas quelque chose qui est envisagée. Par contre, repenser les études de médecine et de façon générale d'ailleurs les études médicales, on a déjà beaucoup avancé avec la possibilité d'avoir des diplômes de master maintenant en pratique avancée pour les infirmiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quand même …
FREDERIQUE VIDAL
On modifie profondément le système.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quand même que le système actuel, c'est la fin du système actuel, du système du numerus clausus que l'on connaît, c'est la fin.
FREDERIQUE VIDAL
C'est la fin d'une première année avec un concours brutal en fin de première année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà c'est la fin d'une première année avec un concours brutal en fin de première année qui fixe le nombre d'étudiants en médecine sélectionnés pour passer en seconde année, en deuxième année.
FREDERIQUE VIDAL
On a déjà d'ailleurs plusieurs expérimentations qui sont en cours et qui justement nous permettent de voir qu'est-ce qui fonctionne. Ce qui est important c'est de comprendre aussi que le métier de médecin est un métier qui est en train d'évoluer, c'est de plus en plus un métier où les gens vont avoir besoin de travailler ensemble, toutes les professions médicales et paramédicales. Il faut qu'on réintroduise aussi pour certains une part de technique, on sait bien que toute l'intelligence artificielle va aussi modifier certaines pratiques. Donc voilà on repense en profondeur ça, on consulte. On consulte aussi bien sûr les étudiants et je crois que c'était une attente très forte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très forte et puis il faut former des médecins.
FREDERIQUE VIDAL
Il faut former des médecins, il n'y a jamais eu autant de médecins qu'aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon, bon ! Donc on ne manque pas de médecins ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors il faut faire attention, on ne manque pas de manière, en valeur absolue on ne manque pas de médecins, leur répartition interroge.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà ! C'est leur répartition qui interroge, ça va entrer en ligne de compte peut-être ?
FREDERIQUE VIDAL
Ça fait partie des choses auxquelles on réfléchit, si on diversifie les lieux de formation on diversifiera probablement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais chaque fac pourra former le nombre de médecins qu'elle souhaite ?
FREDERIQUE VIDAL
On n'en est pas du tout là. Honnêtement on n'en est pas du tout dans ce détail, il faut encore un tout petit peu de patience, ça sera annoncé le 18 septembre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dans tous les cas le numerus clausus tel qu'on le connaît aujourd'hui c'est terminé, ça s'est terminé ?
FREDERIQUE VIDAL
L'entrée dans les études de médecine va être profondément modifiée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci beaucoup Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être venu nous voir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2018