Texte intégral
Monsieur le chef d'état-major de la marine,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots,
En prenant votre envol, au large, c'est une part de la souveraineté de la France que vous projetez au-delà de nos frontières.
Car depuis 40 ans, la FANu rappelle partout dans le monde que la France est là, que sa voix compte et qu'elle entend bien être entendue.
Depuis 40 ans, votre mission est un défi, une prouesse et un succès.
Un défi technologique complexe, bien sûr.
Un défi militaire, exigeant, évidemment.
Mais un défi humain, aussi. Car au quotidien, votre mission est d'assurer la crédibilité opérationnelle de cette force de dissuasion non-permanente. Votre engagement c'est donc une vigilance intransigeante et une fiabilité extrême. Et vous êtes non seulement les artisans de notre dissuasion, mais aussi les chevilles ouvrières, chaque jour, qui mettent en oeuvre ce porte-avions, ses aéronefs et l'ensemble de ses systèmes d'armes, de maintenance, de logistique et de soutien.
Il y a quelques semaines, j'ai rencontré les sous-mariniers de la FOST pour la 500e patrouille d'un SNLE. J'ai vu les Forces aériennes stratégiques à Istres pour la livraison du nouveau Phénix. Aujourd'hui, je vous rencontre, vous qui êtes un élément important à part entière de la composante aéroportée de la dissuasion. Dans vos yeux, comme dans les leurs, je lis la fierté. Je lis le sens du devoir. De ce devoir, si nécessaire pour notre pays, si crucial pour notre liberté.
Je mesure aussi la somme de compétences, de dévouement, de talents, qui, de la direction des applications militaires du CEA à l'équipage du Charles-de-Gaulle, en passant par la DGA et par nos entreprises stratégiques, permettent, au travers d'un effort commun dans la durée, d'offrir au Président de la République et à la France, une telle capacité, qui la distingue parmi les nations.
Depuis 40 ans, sur toutes les mers du monde, vous donnez à notre dissuasion une capacité essentielle, faite de souplesse et de mobilité. Vous lui offrez une capacité unique à se déployer au loin. Et à l'heure où le monde est instable, où les menaces se font plus vives et changeantes, vous permettez d'en étendre l'ombre portée, toujours, lorsque cela fait nécessité.
La haute mer vous offre cette liberté d'action et vous émancipe de certaines contraintes. Dans les eaux internationales, la FANu peut se positionner, exactement, là où son effet stratégique est le plus pertinent, là où son effet militaire est le plus assuré.
La FANu, c'est aussi un guide. Elle participe pleinement à la défense de notre pays, mais elle donne aussi un souffle pour que chacun puisse se dépasser. L'exigence qu'elle impose à tous est un aiguillon pour notre marine, pour nos Armées. C'est un cap pour notre recherche, un chemin pour notre innovation.
Et la FANu n'a de sens, d'existence véritable sans le porte-avions. Autrefois le Foch et le Clemenceau, le Charles de Gaulle aujourd'hui et demain, qui sait.
Car le Charles de Gaulle est cet outil stratégique. C'est aussi l'expression de notre souveraineté, de notre puissance, de nos technologies et de nos savoir-faire.
Il fallait le restaurer, le renouveler, l'adapter pour lui permettre de faire face aux défis de la deuxième partie de sa vie. Marins, services de soutien, industriels, pendant près de deux ans d'efforts collectifs, chacun s'est investi, engagé. Et grâce à ce travail acharné, à cette exceptionnelle détermination, à cette expertise technique hors pair et ce dépassement de soi, aujourd'hui, le Charles de Gaulle navigue, s'entraîne et fera bientôt flotter au large le pavillon français.
Et sur chaque mer traversée, le message est clair : la France est présente, déterminée à faire respecter le droit et la liberté de navigation, résolue à protéger ses valeurs.
Vous, son équipage, renforcez encore ce signal à tous ceux qui pourraient nous défier. Vous êtes près de 2000 femmes et hommes, capables d'agir et de durer en mer, parfois plusieurs mois. Votre force, votre détermination trouvent toutes leurs racines dans l'esprit d'équipage qui vous anime, comme il anime notre Marine. Vous êtes près de 2000 qui connaissez chacune de vos tâches, les exécutez avec talent et précision. Mais vous n'êtes qu'un, un seul équipage mu par la mission, par l'amour de la France, par la volonté, indéfectible, de défendre ses valeurs et sa liberté.
Car aujourd'hui, la France a plus que jamais besoin d'être protégée.
Le terrorisme frappe. Les grandes nations s'arment et font montre de leur puissance par tous moyens. Chaque menace en dissimule une autre et leurs formes ne cessent d'évoluer.
Nous devions donc tout faire pour protéger le coeur de notre souveraineté, pour garantir nos intérêts vitaux. Pour être certains que malgré les vents violents et les tempêtes qui s'annoncent, jamais la France ne pourrait vaciller.
C'est pourquoi le Président de la République a décidé de consacrer des moyens exceptionnels à nos Armées. C'est pourquoi la loi de programmation militaire lance le renouvellement des moyens de notre dissuasion. C'est pourquoi aussi, j'ai lancé les chantiers structurants pour l'avenir de la FANu.
Un avenir ambitieux, innovant, moderne. Un avenir que je veux, guidé par le courage d'assumer la nécessité de nous défendre. Un avenir que je veux audacieux, qui permette de forger la défense et la dissuasion du XXIe siècle.
Le SCAF sera l'avion du futur. Il répondra parfaitement aux enjeux et relèvera tous les défis de la modernité. Nous le bâtirons en coopération, car nous ne pourrons parvenir à une industrie solide, à des innovations franches et des succès audacieux en ne cherchant pas le travail avec nos plus proches alliés.
Que cela soit clair toutefois, coopération ne veut pas dire tout partager. N'ayez pas de craintes, il est hors de question de brader le coeur même de notre souveraineté.
La FANu de demain s'appuiera sur le porte-avions de nouvelle génération. J'en ai lancé les études il y a quelques semaines. Ce porte-avions viendra intégrer les nouvelles technologies nécessaires pour assurer sa puissance et sa protection dans le demi-siècle à venir. La FANu sera bien sûr partie de son ADN et vous serez ensemble, indissociables.
Officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots,
Nous célébrons aujourd'hui les 40 ans de la FANu.
Quarante ans de prouesses réussies, d'une technologie maîtrisée, d'un effort, constant, pour l'excellence.
Quarante ans, mais une mission plus que jamais d'actualité, au service de la France et des Français.
Car la France a besoin de ses Armées. Elle a besoin de sa capacité de dissuasion pour lui offrir l'ultime protection. Et grâce à vous, aux côtés de vos frères d'armes de la FOST et des FAS, la France sait que ses intérêts vitaux sont protégés, que sa parole partout dans le monde est respectée.
Vive la FANu !
Vive la République ! Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 12 novembre 2018