Conférence de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la situation dans les Balkans, le conflit du Kosovo, l'identité européenne de sécurité et de défense et le processus de paix au Proche-Orient, Paris le 17 mai 1999.

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Circonstance : Dîner de travail avec le ministre grec des affaires étrangères Georges Papandreou à Paris le 17 mai 1999

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'ai reçu ce soir à dîner M. Papandréou, le ministre grec des Affaires étrangères. Nous nous étions vus d'ailleurs aujourd'hui à Bruxelles où nous avons eu une rencontre du Conseil Affaires générales avec beaucoup d'événements importants : nous avons déjeuné avec le président du Monténégro, nous avons reçu M. Rugova, nous avons une réunion avec M. Ivanov à 17 heures.
Nous avons parlé de sujets tels que l'avenir des Balkans ou l'identité européenne de défense et de sécurité. C'était une journée déjà importante pour nous, et nous l'avons poursuivie agréablement, et, je crois utilement, par un dîner de travail où nous avons évoqué un certain nombre de sujets d'intérêt commun entre la France et la Grèce. Compte tenu du contexte et de l'actualité, nous avons naturellement concentré nos échanges et nos réflexions sur le Kosovo. Nous avons fait le point de l'état du travail politique et du travail diplomatique concernant le Kosovo et plus particulièrement de l'état des choses en ce qui concerne la préparation de la résolution que nous voulons voir adopter dès que cela sera possible par le Conseil de sécurité. Nous avons également travaillé longuement sur la question des Balkans. Nous avons adopté aujourd'hui à Bruxelles comme document de travail un pacte de stabilité pour les Balkans préparé par la présidence allemande qui comprend de très nombreuses propositions utiles. Nous travaillons ensemble à la préparation d'une réunion convoquée pour le 27 mai par la présidence allemande sur cette même question des Balkans.
L'Union européenne a décidé d'organiser des conférences sur le même sujet, c'est un processus dans la durée. Nous avons décidé de travailler dans ce cadre de façon très étroite entre la France et la Grèce, compte tenu de l'importance que nous attachons à cette question et de la complémentarité de nos approches sur ce plan. Nous allons développer par des initiatives concrètes cette coopération bilatérale avec l'idée qu'elle soit utile à toute cette région.
Voilà quel a été le programme de notre dîner.
Nous avons eu la joie d'apprendre au cour du dîner la victoire de M. Barak en Israël ; c'est une très heureuse nouvelle pour ceux qui sont attachés, comme le sont la Grèce et la France, à la paix au Proche-Orient, pour tous les pays qui n'ont pas économisé leurs efforts et leur énergie pour que le processus de paix devienne concevable, à une époque où personne n'y pensait, pour qu'il se concrétise, pour qu'il avance, des pays qui étaient affligés par le quasi arrêt du processus de paix et qui aujourd'hui reprennent espoir. C'est une espérance en forme de voeu très chaleureux que nous exprimons à cette occasion à l'égard de M. Barak, le nouveau Premier ministre d'Israël.
Q - Monsieur le Ministre, avez-vous lancé une initiative concrète avec votre collègue grec ?
R - Ce que nous faisons est très concret. Nous n'avons pas besoin, à ce stade, de prendre d'initiatives franco-grecques particulières. Nous sommes attachés à une concertation sur la question des Balkans, qui n'existait pas auparavant, qui était épisodique ou bien encore le fait du hasard. Nous allons en faire un élément systématique de notre relation, cela est très important. Pour l'affaire du Kosovo, comme nous le disions tout à l'heure, la priorité, c'est l'élaboration de la résolution pour le Conseil de sécurité. Nous ne devons donc pas prendre des initiatives séparées, nous avons à agir tous dans la même direction.
Q - Etes-vous d'accord sur la pause des frappes aériennes ?
R - Nous avons, dans nos analyses, étudié cette question de la pause. Cette question se conjugue à celle de la mise en oeuvre des conditions posées par la communauté internationale, d'abord par les Alliés, puis par le Secrétaire général des Nations unies et à la question de la préparation, de la rédaction et de l'adoption de la résolution. Nous avons travaillé sur ce noeud de décisions à prendre. On ne peut pas traiter séparément les différents aspects de ces problèmes.
Tous les efforts diplomatiques qui ont lieu en ce moment ont tous le même objectif : aboutir à l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution fixant la solution pour le Kosovo et sa mise en oeuvre. C'est le sujet dont j'ai parlé il y a huit jours à Moscou avec M. Ivanov, c'est le sujet dont le président Chirac a parlé avec le président Eltsine, c'est le sujet dont parle le chancelier Schroeder dans ces contacts, c'est le sujet sur lequel travaille M. Talbot dans ses discussions, c'est également le sujet dont pourraient avoir à s'occuper, mais dans une phase ultérieure, des personnalités comme
M. Tchernomyrdine ou le président Ahthissari. Ce que nous en attendons, c'est un progrès par rapport à cet objectif. Celui-ci au coeur de tous les efforts diplomatiques en ce moment.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 17 mai 1999)