Déclaration de M. Georges Sarre, président du Mouvement des citoyens, sur son soutien à Jean-Pierre Chevènement, défenseur d'une politique privilégiant l'intervention publique afin de préserver l'intérêt général, notamment dans le cas des logements sociaux, Sarcelles, le 12 janvier 2002.

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Circonstance : Comité de soutien à Jean-Pierre Chevènement à Sarcelles, le 12 janvier 2002

Texte intégral

Chers Amis,
Comme ici à Sarcelles, dans toute la France, des citoyens, venus de tous les horizons politiques, se mobilisent pour constituer des comités de soutien à la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Il s'agit d'un mouvement de fond dans notre société, qui dépasse les clivages traditionnels. Il faut encore l'amplifier pour qu'au soir du 21 avril prochain nous sachions pour qui voter le 5 mai suivant.
Loin d'être hétéroclite, comme le prétendent nos adversaires, notre rassemblement se construit sur des bases claires, celles de la République, celles sur lesquelles repose depuis au moins deux siècles le contrat social dans notre pays. C'est pour cela que le candidat que nous soutenons peut faire une campagne active et présenter ses propositions au peuple français. Aussi, depuis le 4 septembre, anniversaire si symbolique où il s'est déclaré, Jean-Pierre Chevènement a progressivement créé la surprise. En effet, depuis longtemps maintenant, nombre de nos concitoyens attendaient le moment où un responsable politique présenterait un projet crédible et sérieux pour la République.
En revanche, les deux candidats sortants, eux, ont décidé de limiter la campagne électorale quasiment au minimum légal. Ils souhaitent d'un commun accord priver les Français d'un véritable débat démocratique pour les éclairer avant de se prononcer. C'est une drôle de conception de la citoyenneté que partagent nos deux cohabitants. Ils continuent à jouer au Président de la République ou au Premier Ministre, comme si de rien n'était. Puis, sans sourciller, la main sur le cur, ils nous parlent de transparence tout en faisant semblant de ne pas savoir s'ils seront candidats. En fait, ils se livrent à la plus basse des hypocrisies, quand ce n'est pas à de ridicules minauderies de jeune fille d'un autre siècle.
Cette attitude a un but. Cette hypocrisie a un objectif. Ces minauderies ne sont pas gratuites. Il s'agit de dissimuler aux électeurs une fâcheuse réalité. En dehors de quelques apparences superficielles, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont le même programme. C'est la politique du pareil au même. Et, comment pourrait-il en être autrement quand toutes les décisions importantes, celles de portée générale, comme celles qui ont des répercussions directes sur notre vie quotidienne, sont désormais prises à Bruxelles ou à Francfort. Même nos tribunaux ne sont plus soumis aux lois de la République, ils dépendent de la jurisprudence des cours de Strasbourg et de Luxembourg. Or, celles-ci n'hésitent pas à piétiner les textes que le peuple français souverain s'est librement donné.
Pour nous faire accroire que cette politique du pareil au même est populaire, tous les artifices sont permis. Ainsi, avec la disparition du franc, nous perdons un signe important de notre existence collective en tant que nation. La République, en renonçant à batte monnaie, abandonne une partie d'elle-même. Il fallut pourtant tant de siècles, tant de luttes, pour imposer ce droit régalien essentiel. Aujourd'hui, on nous explique longuement que le passage à l'euro rencontrerait un large succès, je n'ose dire un franc succès. On donne un contenu politique à cette célérité. La disparition accélérée du franc témoignerait de l'enthousiasme des Français pour la monnaie unique. Je vois plutôt dans ce phénomène du bon sens, un rejet de la cohabitation. Pourquoi se compliquer la vie pendant six semaines en faisant cohabiter dans nos poches deux monnaies ? En tout état de cause, on le sait, il est trop tard, l'euro l'emportera, alors autant s'habituer le plus vite possible au nouvel état de fait.
Et, puisque je suis à Sarcelles, comment ne pas souligner que Dominique Strauss-Kahn est le parfait représentant de cette politique sociale-libérale ou libérale-sociale au gré du vent ? Ainsi, par exemple, à lui tout seul, il a plus privatisé qu'Edouard Balladur. Il est un partisan convaincu de la disparition de la France dans le magma européïste. Il a abandonné l'idée de la taxe Tobin, c'est-à-dire la taxation de la spéculation financière internationale. Soyons sans illusion sur les idées, qu'il veut encore mystérieuses, sur les idées donc développées dans son livre à paraître.
Pour illustrer cette politique du " laisser-faire " du gouvernement Jospin, je tiens à évoquer brièvement un sujet qui concerne directement Sarcelles, dont ni le Premier ministre, ni Dominique Strauss-Kahn lorsqu'il était ministre des finances, n'ont saisi l'importance et apporté des solutions. Je pense en effet aux logements à vocation sociale qui appartiennent au patrimoine de la SCIC, filiale de la Caisse des Dépôts et consignations (CDC). Près de 900 logements à Sarcelles, financés par les fonds de la CDC et par des crédits d'Etat, devaient il y a peu de temps encore faire l'objet de procédures de déconventionnement et rejoindre ceux du parc privé, ouvrant la voie à des augmentations de loyers et à des congés-ventes collectifs.
La SCIC semble aujourd'hui renoncer à ce projet. Mais l'avenir de ces logements reste incertain. D'autant qu'après les élections la SCIC pourrait reprendre l'offensive. C'est pourquoi il faut rester vigilant sur ces projets de déconventionnement qui résultent d'une logique purement financière et qui sont inacceptables. Il faut que ces logements sociaux restent dans le patrimoine social comme cela avait été envisagé dans le cadre de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains. Un article de ce projet de loi prévoyant le maintien du parc de la SCIC dans le domaine social a été jugé non constitutionnel par le Conseil constitutionnel parce que fort mal rédigé. Mais l'intention politique doit demeurer selon moi.
Depuis quelques années, j'observe en effet une amplification des procédures de déconventionnement et de congés-ventes collectifs dans l'agglomération parisienne. C'est pourquoi j'ai saisi à plusieurs reprises le gouvernement sur ce problème afin que des mesures soient prises pour préserver ce parc social et celui de la SCIC notamment. Ces interventions sont malheureusement restées sans réponses concrètes à la hauteur des problèmes, alors que l'Etat peut, comme je l'ai proposé par exemple aider les collectivités à se doter des outils nécessaires : OPAC ou Société d'Economie Mixte de manière à racheter ce parc conventionné et le gérer, afin qu'il conserve sa vocation sociale. L'immobilisme du gouvernement sur ce dossier semble l'avoir emporté : des milliers de logements risquent aujourd'hui en France de quitter le parc social, au détriment des locataires, et alors que les besoins sont très importants. Or, seule une politique privilégiant résolument l'intervention publique peut permettre de préserver l'intérêt général.
Nous sommes convaincus que la donne politique doit changer en France. Nous proposons à nos concitoyens le moyen de ce changement avec la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Alors, tout ensemble dans les mois qui viennent, allons vers la République en mobilisant tous les Français.
(Source http://www.georges-sarre.net, le 23 janvier 2002)