Texte intégral
Vous avez bien voulu, Mon Général, rappeler l'histoire de la Direction des centres d'expérimentations nucléaires (DIRCEN) et par conséquent des essais nucléaires français dont elle a été responsable depuis sa création voici 34 ans. C'est donc à mon tour de saluer les militaires, le personnel civil de la Défense et le personnel du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) qui ont uvré pendant plus d'un tiers de siècle au sein de la DIRCEN pour réaliser et réussir les essais nucléaires, aériens et souterrains qui ont permis à la France de disposer d'une force de dissuasion nationale, indépendante et reconnue, pilier essentiel de notre défense.
La France est aujourd'hui parmi les nations du monde qui comptent, on l'a encore perçu au début de cette année. Une des raisons, c'est que, pays des droits de l'Homme, elle dispose de la puissance nécessaire pour pouvoir s'exprimer en toutes circonstances sans être exposée à la menace.
Lorsque la DIRCEN est créée le 30 janvier 1964, notre champ de tir saharien fonctionne encore ; la dernière expérimentation, le tir souterrain "Grenat" y sera réalisé le 16 février 1966 et le 2e Régiment étranger d'infanterie remettra les installations parfaitement traitées aux autorités algériennes en février 1967. Mais comme vous l'avez rappelé, l'essentiel des missions se situera en Polynésie française puisque sur un total de 210 essais, ce sont 193 qui seront réalisés sur les deux atolls de MURUROA et de FANGATAUFA.
Ces expérimentations, véritables expériences de physique au plus haut niveau, ont été la nécessaire vérification expérimentale, des calculs et simulations successives, qui se sont développés pour la mise au point de nos différentes générations d'armes, la plus sophistiquée d'entre elles étant la TN 75, validée lors de l'ultime campagne de 1995-1996 et équipant aujourd'hui les missiles M45 qui arment nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.
Tous les enseignements tirés des campagnes d'essais permettent désormais de s'en remettre à la seule simulation pour le maintien à long terme de la crédibilité de notre force de dissuasion, objectif politique majeur.
C'est donc une situation tout à fait exceptionnelle dans laquelle se trouve notre pays : il dispose des capacités qui le font reconnaître par la communauté internationale comme l'un des grands ; il peut en outre, ayant atteint ce niveau par ses seules compétences, continuer à conduire une politique générale de paix, sans avoir à gérer les conséquences médiatiques et donc politiques d'essais réels.
C'est ainsi que nous pouvons intervenir sereinement dans les relations internationales dans lesquelles les pays qui possèdent l'arme nucléaire sont pilotes et que nous pouvons en même temps développer des rapports apaisés, dans le sens de rapports toujours plus pacifiques et équitables entre les nations, en particulier dans le Pacifique, zone économique et stratégique essentielle. Et j'ai pu le constater en allant il y a quelques semaines au Chili, ami et partenaire de la France dans la région Pacifique.
Tout ceci est dû, en particulier, aux capacités, aux compétences de nos chercheurs, de nos ingénieurs et techniciens du Commissariat à l'énergie atomique dont je sais qu'ils relèveront avec le même succès les défis pourtant nombreux de la simulation, comme le Président de la République l'évoque dans son message.
J'ajoute que les essais, réussis avec le soutien de la DIRCEN, ont bien évidemment, du fait des obstacles techniques et technologiques à vaincre, participé activement au développement du pays ; soit directement à travers les différentes branches de la science qu'il a fallu stimuler et solliciter, soit indirectement par les découvertes réalisées grâce à l'ardeur de nos chercheurs. Il y a là un exemple particulièrement probant de l'intérêt pour la Nation d'un Etat puissant, capable d'impulser les efforts et de canaliser les énergies.
Je voudrais aussi saluer à mon tour nos compatriotes polynésiens qui représentent ici l'ensemble des travailleurs qui ont uvré avec ardeur sur les sites depuis la création de la DIRCEN ; ils ont sans doute souffert de démanteler les installations de MURUROA que leurs anciens et eux-mêmes avaient en partie construites, c'est que cette action marquait la fin d'une réalisation exceptionnelle de la France dans leur Territoire.
Bien sûr, une page aussi se tourne pour la Polynésie française ; mais désormais, le Territoire a atteint un niveau de développement et de vie exceptionnels dans le Pacifique Sud et se trouve dans les conditions d'y développer une économie équilibrée. La France a décidé de l'y aider, et je veille à ce qu'elle respecte ses engagements.
Le Centre d'expérimentations du Pacifique, et donc la DIRCEN, ont généré la création de nombreuses entreprises polynésiennes, le plus souvent par d'anciens du CEP. Ces entreprises joueront à l'avenir un rôle important. Les entreprises françaises, qu'elles soient métropolitaines ou polynésiennes, ont participé pleinement à ce développement de notre champ de tir et du territoire grâce à leurs compétences et à leur dynamisme. Je salue ici leurs représentants.
La DIRCEN a rempli avec succès, vous l'avez rappelé, toutes ses missions, y compris la dernière qui n'était pas la plus simple, notamment sur le plan moral, et qui a consisté à démanteler nos installations, afin de bien marquer la volonté de la France d'être exemplaire dans le respect du traité d'interdiction complète des essais qu'elle a signé. Je tiens à en remercier personnellement l'ensemble du personnel qui y a participé et à rendre hommage à leur action.
La France a réussi ses essais dans des conditions de sécurité et de respect de l'homme et de l'environnement exemplaires comme vient de le confirmer l'Agence internationale à l'énergie atomique. Elle tourne ainsi la page d'une période désormais révolue, au cours de laquelle elle a su développer toutes ses capacités et qui lui permet aujourd'hui de bénéficier d'une position remarquable au sein de la communauté internationale.
La DIRCEN y a participé à son niveau. Je salue son action avant sa dissolution.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 septembre 2001)
La France est aujourd'hui parmi les nations du monde qui comptent, on l'a encore perçu au début de cette année. Une des raisons, c'est que, pays des droits de l'Homme, elle dispose de la puissance nécessaire pour pouvoir s'exprimer en toutes circonstances sans être exposée à la menace.
Lorsque la DIRCEN est créée le 30 janvier 1964, notre champ de tir saharien fonctionne encore ; la dernière expérimentation, le tir souterrain "Grenat" y sera réalisé le 16 février 1966 et le 2e Régiment étranger d'infanterie remettra les installations parfaitement traitées aux autorités algériennes en février 1967. Mais comme vous l'avez rappelé, l'essentiel des missions se situera en Polynésie française puisque sur un total de 210 essais, ce sont 193 qui seront réalisés sur les deux atolls de MURUROA et de FANGATAUFA.
Ces expérimentations, véritables expériences de physique au plus haut niveau, ont été la nécessaire vérification expérimentale, des calculs et simulations successives, qui se sont développés pour la mise au point de nos différentes générations d'armes, la plus sophistiquée d'entre elles étant la TN 75, validée lors de l'ultime campagne de 1995-1996 et équipant aujourd'hui les missiles M45 qui arment nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.
Tous les enseignements tirés des campagnes d'essais permettent désormais de s'en remettre à la seule simulation pour le maintien à long terme de la crédibilité de notre force de dissuasion, objectif politique majeur.
C'est donc une situation tout à fait exceptionnelle dans laquelle se trouve notre pays : il dispose des capacités qui le font reconnaître par la communauté internationale comme l'un des grands ; il peut en outre, ayant atteint ce niveau par ses seules compétences, continuer à conduire une politique générale de paix, sans avoir à gérer les conséquences médiatiques et donc politiques d'essais réels.
C'est ainsi que nous pouvons intervenir sereinement dans les relations internationales dans lesquelles les pays qui possèdent l'arme nucléaire sont pilotes et que nous pouvons en même temps développer des rapports apaisés, dans le sens de rapports toujours plus pacifiques et équitables entre les nations, en particulier dans le Pacifique, zone économique et stratégique essentielle. Et j'ai pu le constater en allant il y a quelques semaines au Chili, ami et partenaire de la France dans la région Pacifique.
Tout ceci est dû, en particulier, aux capacités, aux compétences de nos chercheurs, de nos ingénieurs et techniciens du Commissariat à l'énergie atomique dont je sais qu'ils relèveront avec le même succès les défis pourtant nombreux de la simulation, comme le Président de la République l'évoque dans son message.
J'ajoute que les essais, réussis avec le soutien de la DIRCEN, ont bien évidemment, du fait des obstacles techniques et technologiques à vaincre, participé activement au développement du pays ; soit directement à travers les différentes branches de la science qu'il a fallu stimuler et solliciter, soit indirectement par les découvertes réalisées grâce à l'ardeur de nos chercheurs. Il y a là un exemple particulièrement probant de l'intérêt pour la Nation d'un Etat puissant, capable d'impulser les efforts et de canaliser les énergies.
Je voudrais aussi saluer à mon tour nos compatriotes polynésiens qui représentent ici l'ensemble des travailleurs qui ont uvré avec ardeur sur les sites depuis la création de la DIRCEN ; ils ont sans doute souffert de démanteler les installations de MURUROA que leurs anciens et eux-mêmes avaient en partie construites, c'est que cette action marquait la fin d'une réalisation exceptionnelle de la France dans leur Territoire.
Bien sûr, une page aussi se tourne pour la Polynésie française ; mais désormais, le Territoire a atteint un niveau de développement et de vie exceptionnels dans le Pacifique Sud et se trouve dans les conditions d'y développer une économie équilibrée. La France a décidé de l'y aider, et je veille à ce qu'elle respecte ses engagements.
Le Centre d'expérimentations du Pacifique, et donc la DIRCEN, ont généré la création de nombreuses entreprises polynésiennes, le plus souvent par d'anciens du CEP. Ces entreprises joueront à l'avenir un rôle important. Les entreprises françaises, qu'elles soient métropolitaines ou polynésiennes, ont participé pleinement à ce développement de notre champ de tir et du territoire grâce à leurs compétences et à leur dynamisme. Je salue ici leurs représentants.
La DIRCEN a rempli avec succès, vous l'avez rappelé, toutes ses missions, y compris la dernière qui n'était pas la plus simple, notamment sur le plan moral, et qui a consisté à démanteler nos installations, afin de bien marquer la volonté de la France d'être exemplaire dans le respect du traité d'interdiction complète des essais qu'elle a signé. Je tiens à en remercier personnellement l'ensemble du personnel qui y a participé et à rendre hommage à leur action.
La France a réussi ses essais dans des conditions de sécurité et de respect de l'homme et de l'environnement exemplaires comme vient de le confirmer l'Agence internationale à l'énergie atomique. Elle tourne ainsi la page d'une période désormais révolue, au cours de laquelle elle a su développer toutes ses capacités et qui lui permet aujourd'hui de bénéficier d'une position remarquable au sein de la communauté internationale.
La DIRCEN y a participé à son niveau. Je salue son action avant sa dissolution.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 septembre 2001)