Texte intégral
Le gouvernement de la France, vous le savez, s'est assigné trois grands objectifs de politique internationale, pour prendre sa part à l'avenir du monde : les Droits de l'Homme, la paix, la coopération pour le développement enfin.
Nous savons tous que l'avenir est lié à un meilleur respect des droits de la personne humaine, nous partageons la même aspiration profonde à la paix, mais nous percevons de mieux en mieux que le respect des droits et le progrès vers la paix passent par une détermination commune pour concevoir une forme de solidarité qui aide nos pays et nos peuples à cheminer ensemble dans la quête difficile de la responsabilité, de l'initiative et de la prospérité.
Dans le discours de politique générale qu'il prononçait le 19 juin dernier devant le Parlement le Premier ministre du gouvernement français, M. Lionel Jospin, soulignait avec force, et je le cite, que "notre priorité marquée à l'Afrique, à laquelle nous unissent des liens anciens, profonds et confiants" suppose qu'avec elle nous définissions les conditions d'un nouveau partenariat.
L'Histoire témoigne en effet de ce qu'aux heures les plus difficiles, la volonté des peuples est le meilleur ressort de leur succès. Sans elle, la main tendue n'est pas secourable. Aussi, je le crois profondément, l'avenir de l'Afrique et sa place dans le monde dépendront beaucoup d'une nouvelle alliance entre la volonté des peuples et les aides qui souhaitent la fortifier.
Très tôt notre association l'a compris. Peu de forums de cette dimension ont su, avec une telle rapidité et une telle souplesse mettre en pratique les principes sur lesquels s'entendaient ses fondateurs. Peut-être, plus jeune que d'autres, était elle aussi plus apte à déjouer quelques pièges de l'échange international.
Elle a su immédiatement privilégier l'action sur la spéculation, car elle a vite senti qu'il fallait faire de toutes les innovations un bien commun dans lequel chacun garde la liberté de puiser.
L'ADEA ne se complaît pas dans la rhétorique du partage, pas plus qu'elle n'érige ses analyses en conseils qu'il faudrait suivre Mais en maintenant la distance qui convient, elle suggère que les Etats ne sont jamais si malades de leur Ecole qu'ils ne puissent par leur génie commun inventer le remède à une crise dont tous pâtissent à un moment ou un autre, à des degrés divers.
Je hasarderai une autre explication à cette juste pratique : lorsque l'Ecole est en panne ce n'est pas seulement l'avenir, qui est compromis. Cela, nous le savons tous. Les économistes nous aident de mieux en mieux à en peser les causes et les conséquences, et depuis longtemps maintenant, nous sommes d'accord sur le diagnostic à poser.
Plus profondément lorsque l'Ecole et l'Université sont en convulsion, c'est le signe que les jeunes perdent l'espoir dans leurs aînés, et que nos sociétés n'ont plus confiance en elles-mêmes
L'Ecole est au coeur du contrat social - lorsqu'elle ne joue plus son rôle, il est illusoire de croire que la croissance, la paix sociale, la présence réelle dans l'échange international ont quelque chance d'advenir et de façon durable
L'Ecole et la société, c'est tout un, parce que la crise de l'Ecole touche au fondement de nos sociétés, son traitement revient à l'Etat, dont la première responsabilité morale est d'interdire que le tissu social ne se déchire irrémédiablement.
Monsieur le Président de la République du Sénégal Monsieur le Président de la République de l'Ouganda Votre contribution personnelle au débat qu'inaugure aujourd'hui notre association, chacun ici la perçoit comme l'engagement que la communauté éducative appelle de ses voeux pour mobiliser autour de l'Ecole et de la formation des jeunes générations toutes les forces, toutes les volontés, toutes les ressources qui feront l'avenir.
Nous mêmes, qui travaillons à vos côtés depuis de longues années sur ce projet difficile, voulons vous dire combien nous sommes sensibles à votre disponibilité : je la vois comme la pierre angulaire de ce partenariat dont notre forum va maintenant rechercher les modalités.
Et je le dis avec la conviction de l'expérience et avec la leçon de l'Histoire : nulle part l'Ecole ne peut être à vendre, au hasard des intérêts, des opinions ou des propositions aventureuses.
C'est un bien collectif, que doivent par conséquent entretenir l'intelligence et la générosité de la collectivité nationale.
C'est un bien immatériel et universel dont vos partenaires extérieurs se sentent aussi comptables devant notre avenir commun.
Mais ce bien a tant souffert, depuis deux décennies maintenant, du nécessaire et patient retour aux équilibres budgétaires, base de la reprise économique, qu'on se trouve dans une situation probablement inédite d'un modèle d'Ecole, fait pour un modèle de croissance administrée par l'Etat n'est plus dans sa forme actuelle en mesure de satisfaire la demande de formation dont les populations, les entreprises, le monde rural, l'Etat lui-même ne peuvent se passer.
N'étant pas enclin au pessimisme, je préfère à la description de la crise nécessaire mais dans laquelle on ne peut se complaire, substituer celle de l'initiative.
La France a réfléchi dans d'autres instances au concept de partenariat. Elle l'a fait parce qu'elle veut mettre son aide à l'unisson d'une solidarité qui ne reproduise plus des biens de dépendance et parce qu'elle souhaite, en toute liberté, meure à la disposition du monde en développement ses meilleures ressources. Au sein du Comité d'aide au développement de l'OCDE, elle a fortement contribué à formuler les grandes lignes de cette réflexion.
J'en esquisserai la traduction dans l'éducation
L'Ecole en Afrique s'est transformée beaucoup plus vite et plus profondément qu'on ne le pense. Elle s'appuie de plus en plus sur une participation active des populations : celles-ci deviennent créatrices d'écoles
Elle comprend que l'utilité de son enseignement technique dépendra d'un dialogue renoué avec la sphère économique et s'engage sur cette voie
L'Université, fragile encore, partage maintenant sa responsabilité avec l'initiative privée. Il lui reste à vouloir être au niveau des normes académiques internationales pour produire des élites entreprenantes, mobiles, bref des acteurs de la modernité.
Dans chacun de ces domaines, un pont est à jeter entre ce qui est et ce qui doit être. C'est l'ouvrage des partenaires de l'Ecole et de l'Université.
Car des blocages subsistent.
Si les réformes voulues par l'Etat rencontrent des résistances, c'est que leurs destinataires n'y adhèrent pas suffisamment.
Si l'aide externe n'enregistre pas tout l'effet qu'on attend d'elle, c'est qu'elle demeure trop périphérique, trop atomisée, voire trop rigide pour n'être pas perçue parfois comme un corps étranger.
Si la qualité enfin n'est pas toujours au rendez-vous, c'est qu'elle exige un face à face sans complaisance avec les réalités académiques et avec les mesures qui s'imposent : une évaluation ouverte, les termes d'un contrat entre l'Etat et les établissements d'enseignement et des économies d'échelle que procureront les intégrations régionales ; sinon, chacune s'épuisera à rechercher des résultats qui demeureront décevants.
Nous croyons, à juste titre, que des réformes sont indispensables. Peut-être avons-nous oublié, chemin faisant, que dans l'éducation plus qu'ailleurs, la décision revient à une permanente négociation avec l'incertitude.
C'est le nouveau visage du monde dans lequel nous vivons. Ce que j'appelle incertitude renvoie à des économies maintenant ouvertes, à des espaces culturels humains différents, mais qui constituent une nation, à des millions de citoyens qui chaque jour se projettent dans l'avenir.
C'est donc la somme de volontés et d'intérêts qu'il faut non pas réduire mais rassembler.
Or l'Etat n'est plus omniscient pour jouer ce rôle et pourtant son rôle est ici primordial.
Les temps de crise révèlent dans nos sociétés le besoin d'un Etat qui sache comprendre les phénomènes, réunir les points de vue pour respecter l'équité et faire progresser l'égalité des groupes sociaux devant l'instruction. Un Etat assez fort enfin pour convaincre et mobiliser tous les acteurs, libérer les initiatives et les faire concourir au bien commun.
Nulle autre instance n'est en mesure ni en droit d'exercer cette responsabilité. Tirons en cette conséquence que les mutations attendues dépendront maintenant de capacités nationales suffisantes pour en fixer le cap et en déterminer la cadence et en déterminer la cadence et le coût.
J'ai tendance à penser qu'au point où elle est de la réflexion, notre association doit réfléchir à une véritable révolution de point de vue sur le partenariat qui renouvellera et fortifiera ces capacités.
Je l'illustrerai par trois exemples :
La formulation de politiques nouvelles pour l'enseignement de base les formations professionnelles, la formation d'élites un peu partout est à l'oeuvre Elle doit maintenant s'appuyer sur une conviction large de tous ceux qui ont vocation à y être associés : enseignants, parents d'élèves, entreprises. Dans ce contexte le système éducatif ne peut plus être conçu seulement comme une hiérarchie mue par des instructions. Tout au contraire, il faut le voir comme un ensemble considérable de compétences à solliciter, mobiliser et enrichir pour aller sur la voie du changement.
Cela suppose une administration résolument déconcentrée, des réseaux d'information modernes qui fassent des acteurs de l'Ecole des partenaires ouverts au dialogue, cela suppose enfin que d'un seul bloc la recherche et la formation s'organisent au maximum là où ils sont et qu'ils en fassent leur propre projet.
- Le dynamisme d'un système éducatif repose d'autre part essentiellement sur la mobilisation de sa ressource humaine. Mais si l'Etat décrit insuffisamment sa place, son rôle et son image dans la nation alors le risque existe que cette mobilisation soit malaisée, jusqu'à compromettre les réformes souvent courageusement entreprises.
Sur ce sujet, notre association produit des analyses fécondes Elles montrent que l'écheveau des contraintes budgétaires, des réflexes corporatistes, de modes de gestion et de prospective insuffisamment performants doit être dénoué avec l'aide de toutes les parties prenantes. Il faut donc réunir les conditions d'une compréhension commune, globale et courageuse des questions à poser sur la profession enseignante.
Cette priorité n'échappe à personne. Elle relève d'une décision nationale. Mais il faut savoir que nous, partenaires externes sommes prêts à nous y associer. Car nous sommes conscients que tous les efforts seront vains si l'Ecole n'est pas prise en charge par une communauté enseignante apaisée, réunie autour d'un projet qui lui fixe ses missions, ses droits, mais aussi ses obligations.
- Tout cela assigne enfin à notre partenariat une place nouvelle les ressources additionnelles sont nécessaires à vos projets, l'expertise étrangère peut vous aider à leur donner de la chair.
Mais rien de tout cela ne sera déterminant sans un espace de concertation qui assure l'Ecole du concours de tous. Tous les intervenants doivent y être intégrés, et qu'ils en composent les forces ou qu'ils souhaitent la soutenir, ne doivent plus discuter leurs concours. Sous forme de "conditions" "a priori". C'est dans un contrat réaliste, distribuant dans le temps et l'espace les efforts et les obligations des partenaires que chacun d'entre eux doit maintenant retrouver le sens et l'image de ce qu'il fait, sans esquive ni surenchère.
Monsieur le Président de la République du Sénégal Monsieur le Président de la République de l'Ouganda
Mesdames, Messieurs les Ministres,
La France est prête à prendre sa part à cette éthique et à cette pratique de la solidarité. Elle renouvelle déjà sa coopération en ce sens
Elle a, vous le savez, toujours fait de l'éducation sa priorité chez elle et pour les amis qui l'en sollicitaient Elle continuera à leur demande de le faire parce que dans un monde complexe et incertain, elle considère que l'Education est un creuset pour notre avenir commun. C'est ensemble, résolument, les yeux ouverts qu'il faut y travailler.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)
Nous savons tous que l'avenir est lié à un meilleur respect des droits de la personne humaine, nous partageons la même aspiration profonde à la paix, mais nous percevons de mieux en mieux que le respect des droits et le progrès vers la paix passent par une détermination commune pour concevoir une forme de solidarité qui aide nos pays et nos peuples à cheminer ensemble dans la quête difficile de la responsabilité, de l'initiative et de la prospérité.
Dans le discours de politique générale qu'il prononçait le 19 juin dernier devant le Parlement le Premier ministre du gouvernement français, M. Lionel Jospin, soulignait avec force, et je le cite, que "notre priorité marquée à l'Afrique, à laquelle nous unissent des liens anciens, profonds et confiants" suppose qu'avec elle nous définissions les conditions d'un nouveau partenariat.
L'Histoire témoigne en effet de ce qu'aux heures les plus difficiles, la volonté des peuples est le meilleur ressort de leur succès. Sans elle, la main tendue n'est pas secourable. Aussi, je le crois profondément, l'avenir de l'Afrique et sa place dans le monde dépendront beaucoup d'une nouvelle alliance entre la volonté des peuples et les aides qui souhaitent la fortifier.
Très tôt notre association l'a compris. Peu de forums de cette dimension ont su, avec une telle rapidité et une telle souplesse mettre en pratique les principes sur lesquels s'entendaient ses fondateurs. Peut-être, plus jeune que d'autres, était elle aussi plus apte à déjouer quelques pièges de l'échange international.
Elle a su immédiatement privilégier l'action sur la spéculation, car elle a vite senti qu'il fallait faire de toutes les innovations un bien commun dans lequel chacun garde la liberté de puiser.
L'ADEA ne se complaît pas dans la rhétorique du partage, pas plus qu'elle n'érige ses analyses en conseils qu'il faudrait suivre Mais en maintenant la distance qui convient, elle suggère que les Etats ne sont jamais si malades de leur Ecole qu'ils ne puissent par leur génie commun inventer le remède à une crise dont tous pâtissent à un moment ou un autre, à des degrés divers.
Je hasarderai une autre explication à cette juste pratique : lorsque l'Ecole est en panne ce n'est pas seulement l'avenir, qui est compromis. Cela, nous le savons tous. Les économistes nous aident de mieux en mieux à en peser les causes et les conséquences, et depuis longtemps maintenant, nous sommes d'accord sur le diagnostic à poser.
Plus profondément lorsque l'Ecole et l'Université sont en convulsion, c'est le signe que les jeunes perdent l'espoir dans leurs aînés, et que nos sociétés n'ont plus confiance en elles-mêmes
L'Ecole est au coeur du contrat social - lorsqu'elle ne joue plus son rôle, il est illusoire de croire que la croissance, la paix sociale, la présence réelle dans l'échange international ont quelque chance d'advenir et de façon durable
L'Ecole et la société, c'est tout un, parce que la crise de l'Ecole touche au fondement de nos sociétés, son traitement revient à l'Etat, dont la première responsabilité morale est d'interdire que le tissu social ne se déchire irrémédiablement.
Monsieur le Président de la République du Sénégal Monsieur le Président de la République de l'Ouganda Votre contribution personnelle au débat qu'inaugure aujourd'hui notre association, chacun ici la perçoit comme l'engagement que la communauté éducative appelle de ses voeux pour mobiliser autour de l'Ecole et de la formation des jeunes générations toutes les forces, toutes les volontés, toutes les ressources qui feront l'avenir.
Nous mêmes, qui travaillons à vos côtés depuis de longues années sur ce projet difficile, voulons vous dire combien nous sommes sensibles à votre disponibilité : je la vois comme la pierre angulaire de ce partenariat dont notre forum va maintenant rechercher les modalités.
Et je le dis avec la conviction de l'expérience et avec la leçon de l'Histoire : nulle part l'Ecole ne peut être à vendre, au hasard des intérêts, des opinions ou des propositions aventureuses.
C'est un bien collectif, que doivent par conséquent entretenir l'intelligence et la générosité de la collectivité nationale.
C'est un bien immatériel et universel dont vos partenaires extérieurs se sentent aussi comptables devant notre avenir commun.
Mais ce bien a tant souffert, depuis deux décennies maintenant, du nécessaire et patient retour aux équilibres budgétaires, base de la reprise économique, qu'on se trouve dans une situation probablement inédite d'un modèle d'Ecole, fait pour un modèle de croissance administrée par l'Etat n'est plus dans sa forme actuelle en mesure de satisfaire la demande de formation dont les populations, les entreprises, le monde rural, l'Etat lui-même ne peuvent se passer.
N'étant pas enclin au pessimisme, je préfère à la description de la crise nécessaire mais dans laquelle on ne peut se complaire, substituer celle de l'initiative.
La France a réfléchi dans d'autres instances au concept de partenariat. Elle l'a fait parce qu'elle veut mettre son aide à l'unisson d'une solidarité qui ne reproduise plus des biens de dépendance et parce qu'elle souhaite, en toute liberté, meure à la disposition du monde en développement ses meilleures ressources. Au sein du Comité d'aide au développement de l'OCDE, elle a fortement contribué à formuler les grandes lignes de cette réflexion.
J'en esquisserai la traduction dans l'éducation
L'Ecole en Afrique s'est transformée beaucoup plus vite et plus profondément qu'on ne le pense. Elle s'appuie de plus en plus sur une participation active des populations : celles-ci deviennent créatrices d'écoles
Elle comprend que l'utilité de son enseignement technique dépendra d'un dialogue renoué avec la sphère économique et s'engage sur cette voie
L'Université, fragile encore, partage maintenant sa responsabilité avec l'initiative privée. Il lui reste à vouloir être au niveau des normes académiques internationales pour produire des élites entreprenantes, mobiles, bref des acteurs de la modernité.
Dans chacun de ces domaines, un pont est à jeter entre ce qui est et ce qui doit être. C'est l'ouvrage des partenaires de l'Ecole et de l'Université.
Car des blocages subsistent.
Si les réformes voulues par l'Etat rencontrent des résistances, c'est que leurs destinataires n'y adhèrent pas suffisamment.
Si l'aide externe n'enregistre pas tout l'effet qu'on attend d'elle, c'est qu'elle demeure trop périphérique, trop atomisée, voire trop rigide pour n'être pas perçue parfois comme un corps étranger.
Si la qualité enfin n'est pas toujours au rendez-vous, c'est qu'elle exige un face à face sans complaisance avec les réalités académiques et avec les mesures qui s'imposent : une évaluation ouverte, les termes d'un contrat entre l'Etat et les établissements d'enseignement et des économies d'échelle que procureront les intégrations régionales ; sinon, chacune s'épuisera à rechercher des résultats qui demeureront décevants.
Nous croyons, à juste titre, que des réformes sont indispensables. Peut-être avons-nous oublié, chemin faisant, que dans l'éducation plus qu'ailleurs, la décision revient à une permanente négociation avec l'incertitude.
C'est le nouveau visage du monde dans lequel nous vivons. Ce que j'appelle incertitude renvoie à des économies maintenant ouvertes, à des espaces culturels humains différents, mais qui constituent une nation, à des millions de citoyens qui chaque jour se projettent dans l'avenir.
C'est donc la somme de volontés et d'intérêts qu'il faut non pas réduire mais rassembler.
Or l'Etat n'est plus omniscient pour jouer ce rôle et pourtant son rôle est ici primordial.
Les temps de crise révèlent dans nos sociétés le besoin d'un Etat qui sache comprendre les phénomènes, réunir les points de vue pour respecter l'équité et faire progresser l'égalité des groupes sociaux devant l'instruction. Un Etat assez fort enfin pour convaincre et mobiliser tous les acteurs, libérer les initiatives et les faire concourir au bien commun.
Nulle autre instance n'est en mesure ni en droit d'exercer cette responsabilité. Tirons en cette conséquence que les mutations attendues dépendront maintenant de capacités nationales suffisantes pour en fixer le cap et en déterminer la cadence et en déterminer la cadence et le coût.
J'ai tendance à penser qu'au point où elle est de la réflexion, notre association doit réfléchir à une véritable révolution de point de vue sur le partenariat qui renouvellera et fortifiera ces capacités.
Je l'illustrerai par trois exemples :
La formulation de politiques nouvelles pour l'enseignement de base les formations professionnelles, la formation d'élites un peu partout est à l'oeuvre Elle doit maintenant s'appuyer sur une conviction large de tous ceux qui ont vocation à y être associés : enseignants, parents d'élèves, entreprises. Dans ce contexte le système éducatif ne peut plus être conçu seulement comme une hiérarchie mue par des instructions. Tout au contraire, il faut le voir comme un ensemble considérable de compétences à solliciter, mobiliser et enrichir pour aller sur la voie du changement.
Cela suppose une administration résolument déconcentrée, des réseaux d'information modernes qui fassent des acteurs de l'Ecole des partenaires ouverts au dialogue, cela suppose enfin que d'un seul bloc la recherche et la formation s'organisent au maximum là où ils sont et qu'ils en fassent leur propre projet.
- Le dynamisme d'un système éducatif repose d'autre part essentiellement sur la mobilisation de sa ressource humaine. Mais si l'Etat décrit insuffisamment sa place, son rôle et son image dans la nation alors le risque existe que cette mobilisation soit malaisée, jusqu'à compromettre les réformes souvent courageusement entreprises.
Sur ce sujet, notre association produit des analyses fécondes Elles montrent que l'écheveau des contraintes budgétaires, des réflexes corporatistes, de modes de gestion et de prospective insuffisamment performants doit être dénoué avec l'aide de toutes les parties prenantes. Il faut donc réunir les conditions d'une compréhension commune, globale et courageuse des questions à poser sur la profession enseignante.
Cette priorité n'échappe à personne. Elle relève d'une décision nationale. Mais il faut savoir que nous, partenaires externes sommes prêts à nous y associer. Car nous sommes conscients que tous les efforts seront vains si l'Ecole n'est pas prise en charge par une communauté enseignante apaisée, réunie autour d'un projet qui lui fixe ses missions, ses droits, mais aussi ses obligations.
- Tout cela assigne enfin à notre partenariat une place nouvelle les ressources additionnelles sont nécessaires à vos projets, l'expertise étrangère peut vous aider à leur donner de la chair.
Mais rien de tout cela ne sera déterminant sans un espace de concertation qui assure l'Ecole du concours de tous. Tous les intervenants doivent y être intégrés, et qu'ils en composent les forces ou qu'ils souhaitent la soutenir, ne doivent plus discuter leurs concours. Sous forme de "conditions" "a priori". C'est dans un contrat réaliste, distribuant dans le temps et l'espace les efforts et les obligations des partenaires que chacun d'entre eux doit maintenant retrouver le sens et l'image de ce qu'il fait, sans esquive ni surenchère.
Monsieur le Président de la République du Sénégal Monsieur le Président de la République de l'Ouganda
Mesdames, Messieurs les Ministres,
La France est prête à prendre sa part à cette éthique et à cette pratique de la solidarité. Elle renouvelle déjà sa coopération en ce sens
Elle a, vous le savez, toujours fait de l'éducation sa priorité chez elle et pour les amis qui l'en sollicitaient Elle continuera à leur demande de le faire parce que dans un monde complexe et incertain, elle considère que l'Education est un creuset pour notre avenir commun. C'est ensemble, résolument, les yeux ouverts qu'il faut y travailler.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)