Texte intégral
Q - Au terme de l'intervention militaire occidentale en Yougoslavie, quelle est votre première appréciation globale ?
R - Ma conviction première est que nous avons eu raison de nous engager. Dans quelle situation politique et morale serions-nous si nous ne l'avions pas fait, si nous avions cru pouvoir nous en désintéresser ? Pire encore : si la France s'était tenue à l'écart de ce vaste élan visant à mettre en Europe un terme à ces pratiques ? Certains l'ont suggéré. Nous avons eu raison, tout en nous expliquant sans relâche, de persévérer et d'aller jusqu'au bout. Cela dit nous avons encore devant nous un travail énorme et compliqué, dans des conditions périlleuses. Le règlement que les Serbes aurait pu accepter à Rambouillet a dû leur être imposé. Qu'est ce qui l'emportera chez eux, de l'humiliation nationale qui pourrait alimenter une détestation du monde extérieur, ou du choc salutaire qui peut leur révéler combien l'ultra nationalisme et la politique de Milosevic auront été un désastre ? Nous allons tout faire pour que ce soit cette hypothèse qui l'emporte et crée une nouvelle pensée serbe démocratique et pacifique. De l'autre côté, l'UCK a finalement accepté notre plan mais les Kossovars restent divisés. Nous agissons pour que le retour des réfugiés débute au plus tôt, mais il faut être réaliste : il s'échelonnera sur une longue période.
Nous sommes au terme de l'emploi de la force, par lequel il a fallu passer en raison des exactions et de l'obstruction des autorités de Belgrade, mais nous ne sommes pas au terme de la question du Kossovo ou de celle des Balkans ! Il n'est pas trop tôt pour avoir un regard rétrospectif. Pour ma part, mon action diplomatique a commencé en novembre 1997 lorsque avec Klaus Kinkel, très sensibilisé à la question du Kossovo par le biais de la présence en Allemagne de nombreux réfugiés, nous avons décidé de nous mobiliser en allant à Belgrade. Cela a été ensuite, pour moi, un engagement constant. Je crois que nous avons eu raison au tout début, quand la question se posait avec une simplicité biblique : est-ce que l'on considère que parce, que ce sont les Balkans, nous n'y pouvons rien, ou bien dès lors que l'on ne tolère plus ces pratiques en Europe, fait-on ce qu'il faut pour y mettre un terme ?
Q - Mais étiez-vous personnellement hostile à une intervention militaire ?
R - Dés le début, nous nous étions engagés avec la volonté d'aboutir. Personne ne parlait à l'origine d'une intervention militaire, mais je voudrais rappeler que dès la première réunion du Groupe de contact le 9 mars 1998, nous avons réfléchi au "bâton" autant qu'à la "carotte". Dans ces réunions, nous avons discuté sanctions et, compte tenu des atrocités qui se produisaient déjà, menace d'emploi de la force. Or ces menaces m'étaient apparues à la fois vagues et disproportionnées, et donc non crédibles. Mon homologue britannique et moi avons alors demandé au début de l'été 1998 que ces études soient affinées, précisées, et donc crédibilisées. Nous avons eu raison de rester constamment mobilisés, de décider le "forcing diplomatique" qui a conduit à Rambouillet. Rambouillet, idée française, comme beaucoup d'autres tout au long de cette crise. Pour la légitimité de notre action ultérieure, pour la compréhension et l'adhésion des opinions, il était très important que nous ayons fait cette démonstration de notre volonté et de notre disponibilité. D'ailleurs plusieurs éléments clefs de Rambouillet ont été repris par les alliés, par le G8, puis dans la résolution du Conseil.
Autre impression, alors que certains ont affirmé que les Américains avaient imposé leur volonté, ce qui est frappant c'est, au contraire, la détermination commune aux Européens, aux Américains et même aux Russes, hormis l'épisode des frappes, d'arriver ensemble à une solution. Cette crise a fonctionné comme un accélérateur de la modernisation des diplomaties, en les "décapant", en achevant de les débarrasser de tout formalisme (la coprésidence franco-britannique), en gommant les susceptibilités nationales toujours nuisibles, en intensifiant encore les contacts personnels et le travail en commun des ministres des Affaires étrangères - bien sûr, c'est leur fonction -, mais aussi des chefs d'Etat, des Premiers ministres, des ministres de la Défense, des chefs d'état major. Nous veillerons à ce que cette cohésion soit préservée dans la mise en oeuvre.
Q - A l'heure du bilan ne doit-on reconnaitre que la stratégie militaire retenue n'était pas adaptée à l'objectif premier, qui était d'arrêter l'exode forcé des Kosovars ?
R - Fin mars, quand nous avons constaté lors de la réunion de l'avenue Kléber que les Serbes revenaient sur les engagements donnés à Rambouillet, qu'on ne pouvait plus rien faire, plus négocier sur rien, la conclusion inévitable et l'objectif premier a été de donner un coup d'arrêt à la politique poursuivie depuis huit ans. La stratégie arrêtée à l'OTAN, après réflexion et examen était adaptée à cet objectif, on l'a vérifié depuis. Aucun des dix-neuf gouvernements de l'Alliance n'a demandé une stratégie différente, terrestre. C'était évident. Ce n'est que plus tard, pendant des moments d'impatience, qu'est apparue l'idée, non pas que la stratégie retenue n'était pas adaptée, mais qu'elle pourrait ne pas suffire. Débat aujourd'hui dépassé. Quant à l'exode forcé, s'ajoutant aux exactions antérieures, il n'a fait que confirmer qu'il était justifié d'employer les grands moyens contre un régime capable de tels actes.
Q - Les inculpations lancées par le TPI vous semblent-elles avoir joué un rôle déterminant dans l'acceptation du plan de paix par Milosevic ?
R - Elles ont certainement eu un impact psychologique sur les inculpés, encore que je n'ai pas les moyens d'en juger. Cela dit, les Serbes avaient commencé à accepter "les principes du G8" déjà huit jours avant. Donc les inculpations n'ont pas déclenché l'acceptation. En revanche on ne peut pas dire que ces inculpations aient cassé le mouvement. Il faut maintenant se demander si elles auront un effet à terme. J'ai tendance à le penser.
Q - Ces inculpations n'impliquent-elles pas des obligations pour les Occidentaux ? Milosevic ne sera-t-il jamais jugé ?
R - Cela dépend des Serbes, plus encore que du Tribunal ou de nous. Nous avons des obligations en ce qui concerne les inculpés s'ils se trouvent sur le territoire de pays reconnaissant la compétence du Tribunal et coopérant avec lui, comme la France le fait. Ce qui pourrait arriver de mieux pour l'avenir de la Serbie, c'est que les événements actuels produisent en Serbie un choc salutaire, que les Serbes réalisent que leurs légitimes intérêts ne peuvent plus être défendus par les procédés qu'a employés ce régime, qu'une refondation démocratique soit imposée par la population. Le changement qui en découlerait serait alors solide et durable.
Q - Mais pourquoi n'est-on pas intervenu contre Milosevic il y a sept ou huit ans ?
R - Vaste question ! Pour que, dès 1990 ou 1991, une politique collective de prévention ou d'intervention se mette en place, il aurait fallu que dès la mort de Tito en 1980, en tout cas deux ou trois ans avant 1991, toutes les puissances concernées soient mobilisées sur ce seul sujet et soient déjà d'accord sur les buts et les moyens. Cela n'a pas été le cas. Rappelez-vous les années 80 : euromissiles, Liban, Proche-Orient, relance européenne, guerre des étoiles, changement à Moscou et à l'Est, réunification allemande, etc... En 1991 l'Allemagne voulait reconnaître les indépendances de la Croatie et de la Bosnie, mal préparées et jugées explosives par le président Bush, John Major, Felippe Gonzales, François Mitterrand, etc... Il y a eu tâtonnement jusqu'à la création du Groupe de contact en 1994, date à laquelle l'Europe, les Etats-Unis et la Russie ont enfin compris que la seule chance de maîtriser la déflagration de l'ex-Yougoslavie et les politiques intolérables qu'elle a fait proliférer était d'exercer des pressions conjointes, et convergentes sur tous les protagonistes.
Q - Cela n'a pas marché tant qu'on ne s'est pas résolu, tardivement, à une intervention militaire, que la France notamment refusait depuis le début...
R - Aucun pays n'y était prêt. Et même pour les "simples" opérations de maintien de la paix, il n'y avait guère d'empressement. La France était le premier contributeur. De plus, sans unité de vues sur la solution à imposer, la force n'est pas efficace. Il y a d'ailleurs eu des bombardements sur les batteries serbes autour de Sarajevo en 1994, en 1995 des actions militaires plus fortes, puis Dayton. Quoi qu'il en soit, vous avez pu constater que, dans l'affaire du Kossovo, le Président, le Premier ministre et le gouvernement ont tiré des leçons de ce passé. D'une certaine façon, il s'agissait aussi, avec les autorités de Belgrade, de solder ces huit années et avec l'Europe d'ouvrir un nouveau chapitre.
Q - Pour l'avenir, peut-on exclure pour longtemps la Serbie des plans de reconstruction, du projet d'intégration de toute une région ?
R - Depuis longtemps, nous pensons que l'Europe doit avoir une politique ambitieuse et globale pour les Balkans. La présidence allemande vient de résumer très utilement la quinzaine d'initiatives déjà présentées, ce qui nous a permis d'adopter un projet de pacte de stabilité et le principe d'une conférence pour les Balkans. L'objectif étant résumé par ma formule "européaniser les Balkans". Mais entre le Kossovo et les Balkans, il y a la Yougoslavie. C'est bien sûr une Yougoslavie démocratique et pacifique que nous voulons pleinement intégrer dans un projet européen et réinsérer dans la communauté internationale. Mais il n'est pas question non plus de laisser se créer une impasse à l'iraquienne. C'est une question délicate dont nous allons parler sans tarder avec nos partenaires.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juin 1999)
R - Ma conviction première est que nous avons eu raison de nous engager. Dans quelle situation politique et morale serions-nous si nous ne l'avions pas fait, si nous avions cru pouvoir nous en désintéresser ? Pire encore : si la France s'était tenue à l'écart de ce vaste élan visant à mettre en Europe un terme à ces pratiques ? Certains l'ont suggéré. Nous avons eu raison, tout en nous expliquant sans relâche, de persévérer et d'aller jusqu'au bout. Cela dit nous avons encore devant nous un travail énorme et compliqué, dans des conditions périlleuses. Le règlement que les Serbes aurait pu accepter à Rambouillet a dû leur être imposé. Qu'est ce qui l'emportera chez eux, de l'humiliation nationale qui pourrait alimenter une détestation du monde extérieur, ou du choc salutaire qui peut leur révéler combien l'ultra nationalisme et la politique de Milosevic auront été un désastre ? Nous allons tout faire pour que ce soit cette hypothèse qui l'emporte et crée une nouvelle pensée serbe démocratique et pacifique. De l'autre côté, l'UCK a finalement accepté notre plan mais les Kossovars restent divisés. Nous agissons pour que le retour des réfugiés débute au plus tôt, mais il faut être réaliste : il s'échelonnera sur une longue période.
Nous sommes au terme de l'emploi de la force, par lequel il a fallu passer en raison des exactions et de l'obstruction des autorités de Belgrade, mais nous ne sommes pas au terme de la question du Kossovo ou de celle des Balkans ! Il n'est pas trop tôt pour avoir un regard rétrospectif. Pour ma part, mon action diplomatique a commencé en novembre 1997 lorsque avec Klaus Kinkel, très sensibilisé à la question du Kossovo par le biais de la présence en Allemagne de nombreux réfugiés, nous avons décidé de nous mobiliser en allant à Belgrade. Cela a été ensuite, pour moi, un engagement constant. Je crois que nous avons eu raison au tout début, quand la question se posait avec une simplicité biblique : est-ce que l'on considère que parce, que ce sont les Balkans, nous n'y pouvons rien, ou bien dès lors que l'on ne tolère plus ces pratiques en Europe, fait-on ce qu'il faut pour y mettre un terme ?
Q - Mais étiez-vous personnellement hostile à une intervention militaire ?
R - Dés le début, nous nous étions engagés avec la volonté d'aboutir. Personne ne parlait à l'origine d'une intervention militaire, mais je voudrais rappeler que dès la première réunion du Groupe de contact le 9 mars 1998, nous avons réfléchi au "bâton" autant qu'à la "carotte". Dans ces réunions, nous avons discuté sanctions et, compte tenu des atrocités qui se produisaient déjà, menace d'emploi de la force. Or ces menaces m'étaient apparues à la fois vagues et disproportionnées, et donc non crédibles. Mon homologue britannique et moi avons alors demandé au début de l'été 1998 que ces études soient affinées, précisées, et donc crédibilisées. Nous avons eu raison de rester constamment mobilisés, de décider le "forcing diplomatique" qui a conduit à Rambouillet. Rambouillet, idée française, comme beaucoup d'autres tout au long de cette crise. Pour la légitimité de notre action ultérieure, pour la compréhension et l'adhésion des opinions, il était très important que nous ayons fait cette démonstration de notre volonté et de notre disponibilité. D'ailleurs plusieurs éléments clefs de Rambouillet ont été repris par les alliés, par le G8, puis dans la résolution du Conseil.
Autre impression, alors que certains ont affirmé que les Américains avaient imposé leur volonté, ce qui est frappant c'est, au contraire, la détermination commune aux Européens, aux Américains et même aux Russes, hormis l'épisode des frappes, d'arriver ensemble à une solution. Cette crise a fonctionné comme un accélérateur de la modernisation des diplomaties, en les "décapant", en achevant de les débarrasser de tout formalisme (la coprésidence franco-britannique), en gommant les susceptibilités nationales toujours nuisibles, en intensifiant encore les contacts personnels et le travail en commun des ministres des Affaires étrangères - bien sûr, c'est leur fonction -, mais aussi des chefs d'Etat, des Premiers ministres, des ministres de la Défense, des chefs d'état major. Nous veillerons à ce que cette cohésion soit préservée dans la mise en oeuvre.
Q - A l'heure du bilan ne doit-on reconnaitre que la stratégie militaire retenue n'était pas adaptée à l'objectif premier, qui était d'arrêter l'exode forcé des Kosovars ?
R - Fin mars, quand nous avons constaté lors de la réunion de l'avenue Kléber que les Serbes revenaient sur les engagements donnés à Rambouillet, qu'on ne pouvait plus rien faire, plus négocier sur rien, la conclusion inévitable et l'objectif premier a été de donner un coup d'arrêt à la politique poursuivie depuis huit ans. La stratégie arrêtée à l'OTAN, après réflexion et examen était adaptée à cet objectif, on l'a vérifié depuis. Aucun des dix-neuf gouvernements de l'Alliance n'a demandé une stratégie différente, terrestre. C'était évident. Ce n'est que plus tard, pendant des moments d'impatience, qu'est apparue l'idée, non pas que la stratégie retenue n'était pas adaptée, mais qu'elle pourrait ne pas suffire. Débat aujourd'hui dépassé. Quant à l'exode forcé, s'ajoutant aux exactions antérieures, il n'a fait que confirmer qu'il était justifié d'employer les grands moyens contre un régime capable de tels actes.
Q - Les inculpations lancées par le TPI vous semblent-elles avoir joué un rôle déterminant dans l'acceptation du plan de paix par Milosevic ?
R - Elles ont certainement eu un impact psychologique sur les inculpés, encore que je n'ai pas les moyens d'en juger. Cela dit, les Serbes avaient commencé à accepter "les principes du G8" déjà huit jours avant. Donc les inculpations n'ont pas déclenché l'acceptation. En revanche on ne peut pas dire que ces inculpations aient cassé le mouvement. Il faut maintenant se demander si elles auront un effet à terme. J'ai tendance à le penser.
Q - Ces inculpations n'impliquent-elles pas des obligations pour les Occidentaux ? Milosevic ne sera-t-il jamais jugé ?
R - Cela dépend des Serbes, plus encore que du Tribunal ou de nous. Nous avons des obligations en ce qui concerne les inculpés s'ils se trouvent sur le territoire de pays reconnaissant la compétence du Tribunal et coopérant avec lui, comme la France le fait. Ce qui pourrait arriver de mieux pour l'avenir de la Serbie, c'est que les événements actuels produisent en Serbie un choc salutaire, que les Serbes réalisent que leurs légitimes intérêts ne peuvent plus être défendus par les procédés qu'a employés ce régime, qu'une refondation démocratique soit imposée par la population. Le changement qui en découlerait serait alors solide et durable.
Q - Mais pourquoi n'est-on pas intervenu contre Milosevic il y a sept ou huit ans ?
R - Vaste question ! Pour que, dès 1990 ou 1991, une politique collective de prévention ou d'intervention se mette en place, il aurait fallu que dès la mort de Tito en 1980, en tout cas deux ou trois ans avant 1991, toutes les puissances concernées soient mobilisées sur ce seul sujet et soient déjà d'accord sur les buts et les moyens. Cela n'a pas été le cas. Rappelez-vous les années 80 : euromissiles, Liban, Proche-Orient, relance européenne, guerre des étoiles, changement à Moscou et à l'Est, réunification allemande, etc... En 1991 l'Allemagne voulait reconnaître les indépendances de la Croatie et de la Bosnie, mal préparées et jugées explosives par le président Bush, John Major, Felippe Gonzales, François Mitterrand, etc... Il y a eu tâtonnement jusqu'à la création du Groupe de contact en 1994, date à laquelle l'Europe, les Etats-Unis et la Russie ont enfin compris que la seule chance de maîtriser la déflagration de l'ex-Yougoslavie et les politiques intolérables qu'elle a fait proliférer était d'exercer des pressions conjointes, et convergentes sur tous les protagonistes.
Q - Cela n'a pas marché tant qu'on ne s'est pas résolu, tardivement, à une intervention militaire, que la France notamment refusait depuis le début...
R - Aucun pays n'y était prêt. Et même pour les "simples" opérations de maintien de la paix, il n'y avait guère d'empressement. La France était le premier contributeur. De plus, sans unité de vues sur la solution à imposer, la force n'est pas efficace. Il y a d'ailleurs eu des bombardements sur les batteries serbes autour de Sarajevo en 1994, en 1995 des actions militaires plus fortes, puis Dayton. Quoi qu'il en soit, vous avez pu constater que, dans l'affaire du Kossovo, le Président, le Premier ministre et le gouvernement ont tiré des leçons de ce passé. D'une certaine façon, il s'agissait aussi, avec les autorités de Belgrade, de solder ces huit années et avec l'Europe d'ouvrir un nouveau chapitre.
Q - Pour l'avenir, peut-on exclure pour longtemps la Serbie des plans de reconstruction, du projet d'intégration de toute une région ?
R - Depuis longtemps, nous pensons que l'Europe doit avoir une politique ambitieuse et globale pour les Balkans. La présidence allemande vient de résumer très utilement la quinzaine d'initiatives déjà présentées, ce qui nous a permis d'adopter un projet de pacte de stabilité et le principe d'une conférence pour les Balkans. L'objectif étant résumé par ma formule "européaniser les Balkans". Mais entre le Kossovo et les Balkans, il y a la Yougoslavie. C'est bien sûr une Yougoslavie démocratique et pacifique que nous voulons pleinement intégrer dans un projet européen et réinsérer dans la communauté internationale. Mais il n'est pas question non plus de laisser se créer une impasse à l'iraquienne. C'est une question délicate dont nous allons parler sans tarder avec nos partenaires.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juin 1999)