Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de venir clôturer ici à TARBES, en cette fin d'après-midi, ces deux journées nationales consacrées à l'agritourisme et à la façon dont le CTE peut être utilisé pour son développement.
En premier lieu, je voudrais vous livrer mon constat.
18500 AGRICULTEURS DECLARENT AUJOURD'HUI PRATIQUER L'AGRITOURISME. UN CHIFFRE EN HAUSSE DE PLUS DE 10 % DEPUIS LE DERNIER RECENSEMENT DE L'AGRICULTURE VOILA 10 ANS.
Malgré cette progression, ce chiffre est encore trop modeste au regard de la richesse des terroirs de France en produits agricoles de qualité, au regard de l'immense patrimoine dont nos campagnes sont dépositaires (architecture, bâti vernaculaire, gastronomie, savoir-faire).
Ces chiffres sont également modestes, au regard d'une demande qui ne cesse de croître et qui n'est pas exclusivement le fait d'une élite sociale. Au plan national, les débuts de l'application des 35 heures dans les entreprises révèlent des comportements nouveaux. On note en particulier une augmentation de la fréquence des courts séjours et de leur durée qui profite aux campagnes.
Les chiffres sont également modestes au vu des besoins d'une clientèle étrangère qui apprécie sans doute nos littoraux et nos massifs montagneux, mais qui ne reste pas insensible aux charmes discrets de nos terroirs.
C'est trop peu, enfin, au regard de ce que nous constatons à l'étranger, au Tyrol autrichien, dans les comtés de la vieille Irlande, en Toscane ou en Bavière, dont la part touristique des exploitations agricoles constitue fréquemment l'essentiel du chiffre d'affaires.
J'ajoute, et de nombreuses études conduites sur le sujet en font foi, que cette activité est aussi fortement créatrice d'emplois. J'estime que la France peut s'inspirer de ces exemples et qu'il y aurait un paradoxe à ce que la première destination mondiale en terme touristique et le premier pays européen pour son agriculture demeure à la traîne en matière de développement de son agritourisme.
C'est dans cet esprit que j'ai souhaité l'organisation de ces journées nationales et que s'engage une réflexion sur ce thème sur le département des Hautes-Pyrénées. Les conclusions en seront sans doute facilement généralisables au territoire national. J'ai confié cette mission à Bernard SERRES, à qui je rends hommage aujourd'hui, car je sais que le succès de ces journées doit beaucoup à son implication personnelle. Et je suis persuadé que le contenu très riche de ces journées va lui donner une matière de première qualité.
En deuxième lieu, je veux évoquer les ambitions qui doivent nous animer en matière d'agritourisme.
Il faut sortir le tourisme à la ferme de sa confidentialité, multiplier l'offre actuelle par deux, voire par trois, pour lui donner les moyens d'atteindre un niveau conforme aux atouts dont nous disposons.
Etre inventif dans la nature des produits proposés à la clientèle constitue un autre impératif.
A côté des indispensables hébergements tels que les gîtes ruraux , il faut créer des unités de restauration ravitaillées si possible en produits de qualité (A.O.C. labels rouges) ou ayant recours aux produits de l'agriculture biologique...
Je pense qu'il est nécessaire également de développer les loisirs et en particulier ceux en lien direct avec la campagne et la forêt. S'agissant du domaine forestier, je suis convaincu qu'il existe pour ce secteur un vaste champ d'investigations. J'ai d'ailleurs fait en sorte que dans la loi d'orientation forestière adoptée en juillet dernier, ces aspects liés à l'accueil du public en forêt puissent être bien pris en compte.
Les opérations " Retrouvances " mises en place par l'O.N.F, les initiatives prises par certaines associations regroupant les propriétaires forestiers comme celle de FORESTOUR dans le sud de la France vont tout a fait dans ce sens. Le tourisme nature, l'écotourisme sont à l'évidence des secteurs sur lesquels les agriculteurs doivent se mobiliser. Il en va de même pour les activités liées à la chasse.
Je pense que parallèlement à la remise en état de nos ruisseaux et rivières, des possibilités de création de parcours de pêche et de développement d'activités de tourisme halieutique sont envisageables, au même titre que ce que développent déjà des pays comme l'Irlande ou l'Autriche.
L'engouement pour les activités équestres et spécifiquement celles qui sont liées à la randonnée est réel et correspond à un besoin de loisirs des jeunes. Je pense qu'il existe là un champ possible de développement avec l'installation de fermes équestres et de centres équestres.
Faire connaître l'agriculture, la vie agricole aux jeunes citadins, les initier pour en faire des consommateurs avertis est aussi une autre de nos ambitions.
Je pense dans ce domaine que l'on peut multiplier de façon importante le nombre des fermes pédagogiques. De nombreux savoir-faire trouvent leur origine dans l'ancienne société rurale et ses produits. Beaucoup sont méconnus, quelques uns même menacés de disparition. Je suis certain qu'ils peuvent trouver auprès des citadins en quête d'authenticité une valorisation possible au travers de l'agritourisme. A cet égard il est indispensable de mettre en avant l'aspect " fermier " des produits en associant à la location d'hébergement des prestations liées à la découverte des exploitations.
Vous êtes déjà plusieurs réseaux (Gîtes de France, Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan, ACTEON, Rando-plume) a avoir développé avec succès sur beaucoup de ces thèmes des initiatives prometteuses. J'ai le sentiment toutefois que certaines opérations restent trop cantonnées à des logiques de réseaux, sans peut-être tenir compte suffisamment des besoins de la clientèle. Il serait préférable je crois pour assurer une meilleure rentabilité de créer une densité d'équipements et une gamme de produits suffisantes, avec comme objectif de capter des clientèles variées.
Déjà certains opérateurs se rapprochent, se concertent pour déterminer dans un secteur donné quel type d'hébergement, quel produit, quelles combinaisons d'activités entre plusieurs prestataires on peut raisonnablement envisager. C'est effectivement ce genre d'approches nouvelles, concertées et rationnelles qu'il faut à mon sens privilégier.
S'agissant du montage des opérations, un crédit plus large doit être accordé aux initiatives regroupant si possible de l'hébergement, de la restauration et des loisirs.
Vous l'avez compris, de nombreux produits liés à l'agritourisme restent pour beaucoup à inventer mais surtout à assembler. Les professionnels ne me démentiront donc pas si je dis que l'innovation et la créativité seront des facteurs de développement de l'agritourisme dans la période qui vient.
J'EN VIENS MAINTENANT AUX MOYENS.
Augmenter significativement l'offre implique des moyens.
L'activité touristique repose sur un triptyque, celui de la qualité :
- qualité du patrimoine nature et des paysages, de l'environnement, du bâti qui fait venir les touristes,
- qualité des prestations qui les fait rester,
- qualité des produits agricoles qu'ils emmènent dans leurs bagages qui les fait revenir.
Je connais les efforts que beaucoup d'entre vous ont entrepris pour confectionner d'abord, puis appliquer des cahiers des charges. La qualité de l'agritourisme, comme celle du tourisme en général, est au prix de cette discipline.
La loi d'orientation agricole en créant le contrat territorial d'exploitation (CTE) a mis en place un outil original qui s'affirme au fil des mois comme un outil majeur pour réorienter notre agriculture.
La création de valeur ajoutée sur les exploitations doit être compatible avec la protection et la gestion des ressources naturelles et des paysages.
Aujourd'hui 20 000 contrats concernent plus d'un million d'hectares contractualisés.
Et je note que des initiatives collectives CTE se sont concrétisées sur plus de 400 territoires. Il y a là les signes d'une incontestable dynamique qui se met en place et dont je me réjouis.
L'agritourisme doit impérativement prendre sa place dans ces dynamiques. C'est même à mon sens une option qui s'inscrit de façon idéale dans l'objectif de ce nouvel outil.
En effet, appliqué au secteur de l'agritourisme, le CTE est un outil de transformation, de modernisation et de diversification de l'activité agricole. Il peut faciliter, grâce à son volet économique, la création d'hébergements, la mise en place d'activités et services, l'installation de circuits de découvertes, l'organisation de stages à la ferme, la création de points de vente collective. Grâce à son volet environnemental, le CTE apporte des réponses, en terme de valorisation et gestion paysagère, en terme de gestion de la qualité et de la ressource en eau. Il peut aussi promouvoir une meilleure gestion des rivières et des milieux aquatiques.
Il donne aussi aux exploitants agricoles la possibilité de mieux mettre en valeur leur patrimoine, qui est aussi celui de l'ancienne collectivité rurale. C'est l'occasion de remettre en état, d'entretenir le patrimoine bâti collectif, de procéder à la restauration des terrasses, des murets, pigeonniers, puits et fontaines.. C'est la possibilité de conserver pour toute une société sa culture et ses savoir-faire.
Ce contrat entre l'agriculteur et l'Etat n'atteindra cependant sa pleine efficacité que s'il est conduit de manière collective, au sein d'un vaste partenariat entre les principaux acteurs des territoires.
A la lumière des premières expériences, il faut réfléchir à la manière dont les responsables touristiques (hôteliers, restaurateurs) doivent trouver leur place dans ces partenariats. A mon sens, ils doivent participer à la réflexion commune des acteurs dès la phase préalable de diagnostic. Viendra ensuite le projet collectif lui-même, résultante d'une concertation locale élargie autour d'enjeux, d'objectifs communs et enfin d'actions concrètes. Les pôles de développement touristique peuvent être aussi les lieux de ces nouveaux partenariats.
A plusieurs reprises depuis le début de l'application de la LOA, il m'a été donné l'occasion de signer plusieurs CTE à caractère collectif. Les activités touristiques n'y ont pas encore toute la place qu'elles méritent.
A ce propos j'ajoute que si certaines expériences, - et je pense notamment à la mise en place d'itinéraires de randonnée pédestre ou équestre - n'ont pas toujours pu concrètement être menées à leur terme, c'est peut être en raison de la rigidité excessive de certaines de nos procédures. J'ai bien conscience que la simplification est un gage de qualité de nos politiques publiques.
LE TOURISME A LA FERME EST UNE ACTIVITE A PART ENTIERE QUI DEMANDE DU TEMPS, DE LA MAIN D'UVRE, DU PROFESSIONNALISME ET UN VERITABLE GOUT POUR L'ACCUEIL. CETTE ACTIVITE NE SAURAIT SOUFFRIR UNE IMPROVISATION QUELCONQUE. ELLE NECESSITE DES COMPETENCES SOLIDES, QUI S'ETENDENT TRES AU DELA DU CHAMP AGRICOLE ET RECLAMENT UNE BONNE ORGANISATION DU TRAVAIL. PROFESSIONNALISER LES ACTEURS, LEUR DONNER DANS LA CONDUITE DE LEUR PROJET LES INSTRUMENTS QUI PERMETTRONT D'AIDER A LA DECISION CONSTITUE POUR LE MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE UNE VRAIE PRIORITE.
150 ETABLISSEMENTS DU MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE DISPENSENT AUX JEUNES QUI SOUHAITENT SE DIVERSIFIER DANS LE TOURISME DES FORMATIONS ADAPTEES ET POUR LES CANDIDATS EN FORMATION CONTINUE, DES MODULES SPECIALISES A LA CARTE. JE VOUS ENGAGE A MOBILISER CES ETABLISSEMENTS DE FORMATIONS AGRICOLES. ILS SONT A LA DISPOSITION DES ACTEURS POUR VENIR EN APPUI DES STRATEGIES TOURISTIQUES MISES EN PLACE SUR LES TERRITOIRES.
PLUSIEURS ACTIONS PILOTES ONT, D'AILLEURS, ETE ENGAGEES DANS 25 ETABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX D'ENSEIGNEMENT ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE QUI PARTICIPENT A L'ACTION " DEMONSTRATION AGRICULTURE DURABLE ".
DE MEME DANS LE DOMAINE DE LA FORMATION CONTINUE, DES ACTIONS PILOTES, NOTAMMENT LES ACTIONS TREFLE (TERRITOIRES EN RESEAU POUR LES FORMATIONS EN LIEN AVEC L'ENVIRONNEMENT), CHERCHENT A FAIRE EN PERMANENCE LE LIEN ENTRE FORMATION, PROJET DE DEVELOPPEMENT ET TERRITOIRE.
Beaucoup de personnes s'accordent à penser que si le tourisme à la ferme est si peu développé, c'est pour une bonne part en raison d'un environnement réglementaire trop contraignant. Sur ce plan j'ai le sentiment profond que pour rester professionnel il faut appliquer des règles strictes et des chartes de qualité rigoureuses. Celles régissant le tourisme à la ferme ne peuvent pas être différentes ni moins sévères que celles qui concernent les autres secteurs. Cette exigence de qualité est aussi celle que réclame les futurs clients. Poursuivre dans la voie de la certification des produits me semble impératif. C'est à ce prix que le secteur du tourisme à la ferme évitera de retourner à la confidentialité dont il commence à s'extraire.
Malgré les initiatives nombreuses prises pour faire disparaître certains obstacles, on peut imaginer cependant que des ajustements peuvent encore être envisagés. Dans ce domaine les questions sociales ou fiscales ont toujours la même actualité.
Je souhaiterais qu'au sein de la conférence permanente du tourisme rural, sans éviter la question délicate du paracommercialisme, on puisse réfléchir à ces problèmes. On pourrait imaginer que sur ce sujet des mesures d'adaptation soient formulées.
Les réseaux de l'agritourisme sont riches de leur diversité. C'est d'ailleurs ce qui fait leur originalité. Sans que chacun y perde sa spécificité, il est indispensable qu'ils se rapprochent, trouvent des voies communes. Les consommateurs se perdent dans le dédale des enseignes des uns, des marques et labels des autres, ce qui nuit à une commercialisation efficace. L'offre agritouristique reste trop confidentielle, trop limité à la clientèle des initiés . Dans ce domaine la mutualisation des efforts promotionnels est une voie qu'il faut encourager. Sur ce point également je sollicite la C.P.T.R. pour nous apporter des solutions appropriées.
Pour terminer, je voudrais vous faire part d'une conviction. Le développement de l'agritourisme ne peut se faire dans une logique de conflit entre les différentes catégories socioprofessionnelles d'un territoire. Je connais les réticences du monde agricole à s'engager dans des opérations concertées avec d'autres acteurs socio-économiques. Je connais aussi celles exactement symétriques des autres acteurs. Il me semble impératif aujourd'hui de dépasser ces réticences et promouvoir des partenariats où chacun en ressort gagnant.
Je formule donc le vux d'un développement vigoureux de l'agritourisme qui s'appuie sur de nouveaux rapports entre les agriculteurs, les autres catégories socioprofessionnelles, les élus et les citoyens qui partagent le même territoire.
Il me reste à remercier tous ceux qui sont venus témoigner dans ces journées, échanger et débattre. Je remercie particulièrement l'équipe d'HPTE qui a eu en charge l'organisation très réussie de ces 2 journées.
Je vous remercie et vous souhaite un bon retour.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 2 janvier 2002)
Je suis particulièrement heureux de venir clôturer ici à TARBES, en cette fin d'après-midi, ces deux journées nationales consacrées à l'agritourisme et à la façon dont le CTE peut être utilisé pour son développement.
En premier lieu, je voudrais vous livrer mon constat.
18500 AGRICULTEURS DECLARENT AUJOURD'HUI PRATIQUER L'AGRITOURISME. UN CHIFFRE EN HAUSSE DE PLUS DE 10 % DEPUIS LE DERNIER RECENSEMENT DE L'AGRICULTURE VOILA 10 ANS.
Malgré cette progression, ce chiffre est encore trop modeste au regard de la richesse des terroirs de France en produits agricoles de qualité, au regard de l'immense patrimoine dont nos campagnes sont dépositaires (architecture, bâti vernaculaire, gastronomie, savoir-faire).
Ces chiffres sont également modestes, au regard d'une demande qui ne cesse de croître et qui n'est pas exclusivement le fait d'une élite sociale. Au plan national, les débuts de l'application des 35 heures dans les entreprises révèlent des comportements nouveaux. On note en particulier une augmentation de la fréquence des courts séjours et de leur durée qui profite aux campagnes.
Les chiffres sont également modestes au vu des besoins d'une clientèle étrangère qui apprécie sans doute nos littoraux et nos massifs montagneux, mais qui ne reste pas insensible aux charmes discrets de nos terroirs.
C'est trop peu, enfin, au regard de ce que nous constatons à l'étranger, au Tyrol autrichien, dans les comtés de la vieille Irlande, en Toscane ou en Bavière, dont la part touristique des exploitations agricoles constitue fréquemment l'essentiel du chiffre d'affaires.
J'ajoute, et de nombreuses études conduites sur le sujet en font foi, que cette activité est aussi fortement créatrice d'emplois. J'estime que la France peut s'inspirer de ces exemples et qu'il y aurait un paradoxe à ce que la première destination mondiale en terme touristique et le premier pays européen pour son agriculture demeure à la traîne en matière de développement de son agritourisme.
C'est dans cet esprit que j'ai souhaité l'organisation de ces journées nationales et que s'engage une réflexion sur ce thème sur le département des Hautes-Pyrénées. Les conclusions en seront sans doute facilement généralisables au territoire national. J'ai confié cette mission à Bernard SERRES, à qui je rends hommage aujourd'hui, car je sais que le succès de ces journées doit beaucoup à son implication personnelle. Et je suis persuadé que le contenu très riche de ces journées va lui donner une matière de première qualité.
En deuxième lieu, je veux évoquer les ambitions qui doivent nous animer en matière d'agritourisme.
Il faut sortir le tourisme à la ferme de sa confidentialité, multiplier l'offre actuelle par deux, voire par trois, pour lui donner les moyens d'atteindre un niveau conforme aux atouts dont nous disposons.
Etre inventif dans la nature des produits proposés à la clientèle constitue un autre impératif.
A côté des indispensables hébergements tels que les gîtes ruraux , il faut créer des unités de restauration ravitaillées si possible en produits de qualité (A.O.C. labels rouges) ou ayant recours aux produits de l'agriculture biologique...
Je pense qu'il est nécessaire également de développer les loisirs et en particulier ceux en lien direct avec la campagne et la forêt. S'agissant du domaine forestier, je suis convaincu qu'il existe pour ce secteur un vaste champ d'investigations. J'ai d'ailleurs fait en sorte que dans la loi d'orientation forestière adoptée en juillet dernier, ces aspects liés à l'accueil du public en forêt puissent être bien pris en compte.
Les opérations " Retrouvances " mises en place par l'O.N.F, les initiatives prises par certaines associations regroupant les propriétaires forestiers comme celle de FORESTOUR dans le sud de la France vont tout a fait dans ce sens. Le tourisme nature, l'écotourisme sont à l'évidence des secteurs sur lesquels les agriculteurs doivent se mobiliser. Il en va de même pour les activités liées à la chasse.
Je pense que parallèlement à la remise en état de nos ruisseaux et rivières, des possibilités de création de parcours de pêche et de développement d'activités de tourisme halieutique sont envisageables, au même titre que ce que développent déjà des pays comme l'Irlande ou l'Autriche.
L'engouement pour les activités équestres et spécifiquement celles qui sont liées à la randonnée est réel et correspond à un besoin de loisirs des jeunes. Je pense qu'il existe là un champ possible de développement avec l'installation de fermes équestres et de centres équestres.
Faire connaître l'agriculture, la vie agricole aux jeunes citadins, les initier pour en faire des consommateurs avertis est aussi une autre de nos ambitions.
Je pense dans ce domaine que l'on peut multiplier de façon importante le nombre des fermes pédagogiques. De nombreux savoir-faire trouvent leur origine dans l'ancienne société rurale et ses produits. Beaucoup sont méconnus, quelques uns même menacés de disparition. Je suis certain qu'ils peuvent trouver auprès des citadins en quête d'authenticité une valorisation possible au travers de l'agritourisme. A cet égard il est indispensable de mettre en avant l'aspect " fermier " des produits en associant à la location d'hébergement des prestations liées à la découverte des exploitations.
Vous êtes déjà plusieurs réseaux (Gîtes de France, Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan, ACTEON, Rando-plume) a avoir développé avec succès sur beaucoup de ces thèmes des initiatives prometteuses. J'ai le sentiment toutefois que certaines opérations restent trop cantonnées à des logiques de réseaux, sans peut-être tenir compte suffisamment des besoins de la clientèle. Il serait préférable je crois pour assurer une meilleure rentabilité de créer une densité d'équipements et une gamme de produits suffisantes, avec comme objectif de capter des clientèles variées.
Déjà certains opérateurs se rapprochent, se concertent pour déterminer dans un secteur donné quel type d'hébergement, quel produit, quelles combinaisons d'activités entre plusieurs prestataires on peut raisonnablement envisager. C'est effectivement ce genre d'approches nouvelles, concertées et rationnelles qu'il faut à mon sens privilégier.
S'agissant du montage des opérations, un crédit plus large doit être accordé aux initiatives regroupant si possible de l'hébergement, de la restauration et des loisirs.
Vous l'avez compris, de nombreux produits liés à l'agritourisme restent pour beaucoup à inventer mais surtout à assembler. Les professionnels ne me démentiront donc pas si je dis que l'innovation et la créativité seront des facteurs de développement de l'agritourisme dans la période qui vient.
J'EN VIENS MAINTENANT AUX MOYENS.
Augmenter significativement l'offre implique des moyens.
L'activité touristique repose sur un triptyque, celui de la qualité :
- qualité du patrimoine nature et des paysages, de l'environnement, du bâti qui fait venir les touristes,
- qualité des prestations qui les fait rester,
- qualité des produits agricoles qu'ils emmènent dans leurs bagages qui les fait revenir.
Je connais les efforts que beaucoup d'entre vous ont entrepris pour confectionner d'abord, puis appliquer des cahiers des charges. La qualité de l'agritourisme, comme celle du tourisme en général, est au prix de cette discipline.
La loi d'orientation agricole en créant le contrat territorial d'exploitation (CTE) a mis en place un outil original qui s'affirme au fil des mois comme un outil majeur pour réorienter notre agriculture.
La création de valeur ajoutée sur les exploitations doit être compatible avec la protection et la gestion des ressources naturelles et des paysages.
Aujourd'hui 20 000 contrats concernent plus d'un million d'hectares contractualisés.
Et je note que des initiatives collectives CTE se sont concrétisées sur plus de 400 territoires. Il y a là les signes d'une incontestable dynamique qui se met en place et dont je me réjouis.
L'agritourisme doit impérativement prendre sa place dans ces dynamiques. C'est même à mon sens une option qui s'inscrit de façon idéale dans l'objectif de ce nouvel outil.
En effet, appliqué au secteur de l'agritourisme, le CTE est un outil de transformation, de modernisation et de diversification de l'activité agricole. Il peut faciliter, grâce à son volet économique, la création d'hébergements, la mise en place d'activités et services, l'installation de circuits de découvertes, l'organisation de stages à la ferme, la création de points de vente collective. Grâce à son volet environnemental, le CTE apporte des réponses, en terme de valorisation et gestion paysagère, en terme de gestion de la qualité et de la ressource en eau. Il peut aussi promouvoir une meilleure gestion des rivières et des milieux aquatiques.
Il donne aussi aux exploitants agricoles la possibilité de mieux mettre en valeur leur patrimoine, qui est aussi celui de l'ancienne collectivité rurale. C'est l'occasion de remettre en état, d'entretenir le patrimoine bâti collectif, de procéder à la restauration des terrasses, des murets, pigeonniers, puits et fontaines.. C'est la possibilité de conserver pour toute une société sa culture et ses savoir-faire.
Ce contrat entre l'agriculteur et l'Etat n'atteindra cependant sa pleine efficacité que s'il est conduit de manière collective, au sein d'un vaste partenariat entre les principaux acteurs des territoires.
A la lumière des premières expériences, il faut réfléchir à la manière dont les responsables touristiques (hôteliers, restaurateurs) doivent trouver leur place dans ces partenariats. A mon sens, ils doivent participer à la réflexion commune des acteurs dès la phase préalable de diagnostic. Viendra ensuite le projet collectif lui-même, résultante d'une concertation locale élargie autour d'enjeux, d'objectifs communs et enfin d'actions concrètes. Les pôles de développement touristique peuvent être aussi les lieux de ces nouveaux partenariats.
A plusieurs reprises depuis le début de l'application de la LOA, il m'a été donné l'occasion de signer plusieurs CTE à caractère collectif. Les activités touristiques n'y ont pas encore toute la place qu'elles méritent.
A ce propos j'ajoute que si certaines expériences, - et je pense notamment à la mise en place d'itinéraires de randonnée pédestre ou équestre - n'ont pas toujours pu concrètement être menées à leur terme, c'est peut être en raison de la rigidité excessive de certaines de nos procédures. J'ai bien conscience que la simplification est un gage de qualité de nos politiques publiques.
LE TOURISME A LA FERME EST UNE ACTIVITE A PART ENTIERE QUI DEMANDE DU TEMPS, DE LA MAIN D'UVRE, DU PROFESSIONNALISME ET UN VERITABLE GOUT POUR L'ACCUEIL. CETTE ACTIVITE NE SAURAIT SOUFFRIR UNE IMPROVISATION QUELCONQUE. ELLE NECESSITE DES COMPETENCES SOLIDES, QUI S'ETENDENT TRES AU DELA DU CHAMP AGRICOLE ET RECLAMENT UNE BONNE ORGANISATION DU TRAVAIL. PROFESSIONNALISER LES ACTEURS, LEUR DONNER DANS LA CONDUITE DE LEUR PROJET LES INSTRUMENTS QUI PERMETTRONT D'AIDER A LA DECISION CONSTITUE POUR LE MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE UNE VRAIE PRIORITE.
150 ETABLISSEMENTS DU MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE DISPENSENT AUX JEUNES QUI SOUHAITENT SE DIVERSIFIER DANS LE TOURISME DES FORMATIONS ADAPTEES ET POUR LES CANDIDATS EN FORMATION CONTINUE, DES MODULES SPECIALISES A LA CARTE. JE VOUS ENGAGE A MOBILISER CES ETABLISSEMENTS DE FORMATIONS AGRICOLES. ILS SONT A LA DISPOSITION DES ACTEURS POUR VENIR EN APPUI DES STRATEGIES TOURISTIQUES MISES EN PLACE SUR LES TERRITOIRES.
PLUSIEURS ACTIONS PILOTES ONT, D'AILLEURS, ETE ENGAGEES DANS 25 ETABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX D'ENSEIGNEMENT ET DE FORMATION PROFESSIONNELLE QUI PARTICIPENT A L'ACTION " DEMONSTRATION AGRICULTURE DURABLE ".
DE MEME DANS LE DOMAINE DE LA FORMATION CONTINUE, DES ACTIONS PILOTES, NOTAMMENT LES ACTIONS TREFLE (TERRITOIRES EN RESEAU POUR LES FORMATIONS EN LIEN AVEC L'ENVIRONNEMENT), CHERCHENT A FAIRE EN PERMANENCE LE LIEN ENTRE FORMATION, PROJET DE DEVELOPPEMENT ET TERRITOIRE.
Beaucoup de personnes s'accordent à penser que si le tourisme à la ferme est si peu développé, c'est pour une bonne part en raison d'un environnement réglementaire trop contraignant. Sur ce plan j'ai le sentiment profond que pour rester professionnel il faut appliquer des règles strictes et des chartes de qualité rigoureuses. Celles régissant le tourisme à la ferme ne peuvent pas être différentes ni moins sévères que celles qui concernent les autres secteurs. Cette exigence de qualité est aussi celle que réclame les futurs clients. Poursuivre dans la voie de la certification des produits me semble impératif. C'est à ce prix que le secteur du tourisme à la ferme évitera de retourner à la confidentialité dont il commence à s'extraire.
Malgré les initiatives nombreuses prises pour faire disparaître certains obstacles, on peut imaginer cependant que des ajustements peuvent encore être envisagés. Dans ce domaine les questions sociales ou fiscales ont toujours la même actualité.
Je souhaiterais qu'au sein de la conférence permanente du tourisme rural, sans éviter la question délicate du paracommercialisme, on puisse réfléchir à ces problèmes. On pourrait imaginer que sur ce sujet des mesures d'adaptation soient formulées.
Les réseaux de l'agritourisme sont riches de leur diversité. C'est d'ailleurs ce qui fait leur originalité. Sans que chacun y perde sa spécificité, il est indispensable qu'ils se rapprochent, trouvent des voies communes. Les consommateurs se perdent dans le dédale des enseignes des uns, des marques et labels des autres, ce qui nuit à une commercialisation efficace. L'offre agritouristique reste trop confidentielle, trop limité à la clientèle des initiés . Dans ce domaine la mutualisation des efforts promotionnels est une voie qu'il faut encourager. Sur ce point également je sollicite la C.P.T.R. pour nous apporter des solutions appropriées.
Pour terminer, je voudrais vous faire part d'une conviction. Le développement de l'agritourisme ne peut se faire dans une logique de conflit entre les différentes catégories socioprofessionnelles d'un territoire. Je connais les réticences du monde agricole à s'engager dans des opérations concertées avec d'autres acteurs socio-économiques. Je connais aussi celles exactement symétriques des autres acteurs. Il me semble impératif aujourd'hui de dépasser ces réticences et promouvoir des partenariats où chacun en ressort gagnant.
Je formule donc le vux d'un développement vigoureux de l'agritourisme qui s'appuie sur de nouveaux rapports entre les agriculteurs, les autres catégories socioprofessionnelles, les élus et les citoyens qui partagent le même territoire.
Il me reste à remercier tous ceux qui sont venus témoigner dans ces journées, échanger et débattre. Je remercie particulièrement l'équipe d'HPTE qui a eu en charge l'organisation très réussie de ces 2 journées.
Je vous remercie et vous souhaite un bon retour.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 2 janvier 2002)