Texte intégral
Ministre délégué à l'enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon est un passionné, c'est donc avec fougue qu'il s'est emparé de son sujet. Il dévoile pour le JDD la réforme la réforme de son secteur.
Florence Muracciole
Le chômage remonte, faut-il s'en inquiéter ?
Jean-Luc Mélenchon
Nous sommes en plein paradoxe. Le chômage remonte, mais nous assistons dans le même temps à une pénurie de main-d'uvre. Or la société du plein emploi que propose Lionel Jospin n'est pas une vue de l'esprit. Dans les dix ans, 5 millions de personnes partiront à la retraite, la moitié des cadres de l'industrie dans les cinq prochaines années. De plus 2 750 000 postes de travail supplémentaires seront créés mécaniquement par la croissance. Au total, près de 8 millions d'emplois seront ainsi disponibles. Il faut organiser un flux tendu vers l'emploi. Donc, on ne peut plus accepter que le système scolaire mette sur le marché du travail des jeunes sans qualification d'autant que les emplois non qualifiés vont disparaître.
Florence Muracciole
Y a-t-il des secteurs plus créateurs d'emplois que d'autres ? Tous en créent ! Et ça s'accélère !
Jean-Luc Mélenchon
L'allocation autonomie pour les personnes âgées va, par exemple, nécessiter le recrutement de 100 000 personnes dans les prochaines années ! Sans compter les métiers émergents comme le télémarketing pour lequel on annonce 200 000 à 300 000 créations de postes. Je dis attention !
Car, ou on arrive par nous-mêmes à trouver notre main-d'uvre ou, comme il est de bon ton de l'évoquer dans les réunions internationales, certains imposeront " l'immigration sélective ", expression de technocrate bien élevé. Moralement et politiquement, c'est insupportable. Et puis, il faut aussi que le Medef, trop occupé à faire la guerre au gouvernement, arrête avec ses discours idéologiques. Tout ce que nous entendons du Medef, ce sont les échos des meetings du baron Seillière en complète contradiction avec les préoccupations concrètes des branches professionnelles avec lesquelles nous discutons.
Florence Muracciole
Quelles mesures concrètes avez-vous prises depuis que vous êtes à ce ministère ?
Jean-Luc Mélenchon
J'en ai pris des dizaines pour remettre debout le système d'enseignement professionnel. Et pour la première fois depuis six ans, la tendance s'est inversée : nous avons enregistré plus de 12 000 nouvelles inscriptions dans les lycées professionnels, alors que les années précédentes, le nombre d'entrées ne cessait de diminuer. Pour cela le gouvernement Jospin a créé 6 830 postes de professeur. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure. Cette année encore, 300 familles se sont vu refuser pour leurs enfants l'entrée dans l'enseignement professionnel au motif que l'enseignement général, c'était mieux. Quelle vision stupide de l'enseignement professionnel ! Et pourtant les taux d'embauche, à la sortie, s'élèvent en moyenne à 90 % - dans certaines branches, c'est même du 110, 120 % - et les bacheliers des lycées professionnels sont mieux payés que les autres lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail. Enfin, il est urgent de rassembler sous une même autorité l'ensemble des enseignements professionnels aujourd'hui dispersés à travers plusieurs ministères dont les gardes frontières de bureaux sont extrêmement hargneux ! 208 lycées des métiers seront labellisés en janvier. On y trouvera sous le même toit et dans une même famille de métiers les formations du secondaire, du supérieur, les centres de formation continue, de validation des acquis professionnels et d'apprentissage public. Il s'agit de commencer à unifier la voie des métiers.
Florence Muracciole
Est-il difficile de recruter de nouveaux professeurs ?
Jean-Luc Mélenchon
Nous faisons tout pour les attirer ! Par exemple, cette année, les 200 professionnels préparant le concours pour devenir professeurs chez nous seront payés. Les branches patronales doivent, elles aussi, comprendre que la rétribution des périodes de formation en entreprise est nécessaire. J'ai déjà rencontré 60 d'entre elles qui, pour la plupart, l'ont accepté ! Mais le Medef refuse de discuter avec moi. Il préfère faire de la politique. Et de la mauvaise !
Propos recueillis par Florence Muracciole.
(Source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 30 novembre 2001)
Florence Muracciole
Le chômage remonte, faut-il s'en inquiéter ?
Jean-Luc Mélenchon
Nous sommes en plein paradoxe. Le chômage remonte, mais nous assistons dans le même temps à une pénurie de main-d'uvre. Or la société du plein emploi que propose Lionel Jospin n'est pas une vue de l'esprit. Dans les dix ans, 5 millions de personnes partiront à la retraite, la moitié des cadres de l'industrie dans les cinq prochaines années. De plus 2 750 000 postes de travail supplémentaires seront créés mécaniquement par la croissance. Au total, près de 8 millions d'emplois seront ainsi disponibles. Il faut organiser un flux tendu vers l'emploi. Donc, on ne peut plus accepter que le système scolaire mette sur le marché du travail des jeunes sans qualification d'autant que les emplois non qualifiés vont disparaître.
Florence Muracciole
Y a-t-il des secteurs plus créateurs d'emplois que d'autres ? Tous en créent ! Et ça s'accélère !
Jean-Luc Mélenchon
L'allocation autonomie pour les personnes âgées va, par exemple, nécessiter le recrutement de 100 000 personnes dans les prochaines années ! Sans compter les métiers émergents comme le télémarketing pour lequel on annonce 200 000 à 300 000 créations de postes. Je dis attention !
Car, ou on arrive par nous-mêmes à trouver notre main-d'uvre ou, comme il est de bon ton de l'évoquer dans les réunions internationales, certains imposeront " l'immigration sélective ", expression de technocrate bien élevé. Moralement et politiquement, c'est insupportable. Et puis, il faut aussi que le Medef, trop occupé à faire la guerre au gouvernement, arrête avec ses discours idéologiques. Tout ce que nous entendons du Medef, ce sont les échos des meetings du baron Seillière en complète contradiction avec les préoccupations concrètes des branches professionnelles avec lesquelles nous discutons.
Florence Muracciole
Quelles mesures concrètes avez-vous prises depuis que vous êtes à ce ministère ?
Jean-Luc Mélenchon
J'en ai pris des dizaines pour remettre debout le système d'enseignement professionnel. Et pour la première fois depuis six ans, la tendance s'est inversée : nous avons enregistré plus de 12 000 nouvelles inscriptions dans les lycées professionnels, alors que les années précédentes, le nombre d'entrées ne cessait de diminuer. Pour cela le gouvernement Jospin a créé 6 830 postes de professeur. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure. Cette année encore, 300 familles se sont vu refuser pour leurs enfants l'entrée dans l'enseignement professionnel au motif que l'enseignement général, c'était mieux. Quelle vision stupide de l'enseignement professionnel ! Et pourtant les taux d'embauche, à la sortie, s'élèvent en moyenne à 90 % - dans certaines branches, c'est même du 110, 120 % - et les bacheliers des lycées professionnels sont mieux payés que les autres lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail. Enfin, il est urgent de rassembler sous une même autorité l'ensemble des enseignements professionnels aujourd'hui dispersés à travers plusieurs ministères dont les gardes frontières de bureaux sont extrêmement hargneux ! 208 lycées des métiers seront labellisés en janvier. On y trouvera sous le même toit et dans une même famille de métiers les formations du secondaire, du supérieur, les centres de formation continue, de validation des acquis professionnels et d'apprentissage public. Il s'agit de commencer à unifier la voie des métiers.
Florence Muracciole
Est-il difficile de recruter de nouveaux professeurs ?
Jean-Luc Mélenchon
Nous faisons tout pour les attirer ! Par exemple, cette année, les 200 professionnels préparant le concours pour devenir professeurs chez nous seront payés. Les branches patronales doivent, elles aussi, comprendre que la rétribution des périodes de formation en entreprise est nécessaire. J'ai déjà rencontré 60 d'entre elles qui, pour la plupart, l'ont accepté ! Mais le Medef refuse de discuter avec moi. Il préfère faire de la politique. Et de la mauvaise !
Propos recueillis par Florence Muracciole.
(Source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 30 novembre 2001)