Texte intégral
S. Paoli Comment répondre à la psychose bactériologique ? Comment ne pas céder à la panique et faire ainsi le jeu des réseaux terroristes ? Des alertes ont eu lieu ces dernières heures au Centre national d'études spatiales, à Evry, à la Caisse des dépôts, au Collège de France, dans une trésorerie parisienne ; alertes en Suisse, à Bâle, en Allemagne, à Mayence, à Canterbury en Angleterre... Au total, 13 contaminations de la maladie du charbon reconnues au Etats-Unis et je rappelle - parce que ce sont des choses qu'il faut mettre en parallèle - que c'est la Journée mondiale de l'alimentation et que 800 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde. Nous allons mettre ces deux chiffres en parallèle pour essayer de répondre aux questions qui se posent à nous ce matin.
Vous dites : "Ne cédons pas à la panique", et c'est vrai que nous mettons en parallèle deux informations totalement démesurées l'une par rapport à l'autre.
- "Vous avez raison. D'ailleurs personne ne cède à la panique et je vous mets en garde : le mot "psychose" est inapproprié. On en fait la Une des journaux..."
Oui, pratiquement tous les quotidiens de ce matin !
- "Cela prouve le peu d'originalité et le peu de consultation du dictionnaire. La psychose est quelque chose qui n'a pas à voir avec la réalité, c'est une maladie mentale. Là, il s'agit d'alerte contre un ennemi, parfois bien déterminé, bien connu, et d'autres fois inconnu. Je m'étonnerais plutôt qu'un certain nombre de salauds, de malveillants, adressent ce qui pour le moment n'est pas une poudre dangereuse, à travers notre pays. Il y a eu plein d'alertes. Ce que je sais, pour toute la région parisienne, c'est qu'il n'y a rien dans ces poudres. Cela a été confirmé cette nuit. C'est quand même une bonne nouvelle."
On est plus menacé par la bêtise et la lâcheté que par l'anthrax ?
- "En France, on est aussi menacé par la jalousie, par la petitesse. Regardez les cibles : c'est la recette de perception, la CDC. D'ailleurs, le fait même que l'on s'adresse à de multiples entreprises, petites ou grandes - comme Ariane Espace - est une preuve de cette méchanceté dont je parle, disproportionnée, mais aussi une preuve, a contrario, peut-être par la bêtise, qu'il n'y a pas de danger dans notre pays, pas de cas, je le répète, aucun cas avéré. Pour le moment, des cultures sont en cours à propos de ces poudres, mais l'examen direct n'a rien révélé. Non seulement, "pas de panique", mais on sait qui affronter. La panique serait l'allié de M. Ben Laden et de ses affidés. Un certain nombre de gens malveillants se servent de cela : c'est petit et stupide."
Pour autant, ne faisons pas non plus d'angélisme. Est-il vrai que l'OMS s'inquiète un peu de cette situation ?
- "C'est sa mission de s'inquiéter, laissons-la de côté. Il y a un cas mortel de la maladie du charbon en tout. Je disais tout à l'heure que la maladie du charbon, par rapport aux autres dangers bactériologiques qui ne sont pas évoqués pour le moment, est une maladie qui, lorsqu'elle est pris tôt - et croyez-moi que le système français avec l'alerte Biotox, avec le système de prise en charge du Samu permet de traiter immédiatement cette maladie avec les antibiotiques dont nous disposons - est guérissable, presque à tous les coups. Pas tout le temps, hélas, puisqu'il y a eu un mort aux Etats-Unis. Depuis, les gens sont traités et iront bien."
S'agissant de la variole, tous ceux qui ont été vaccinés lorsqu'ils étaient enfant, sont-ils protégés ou pas ?
- "Oui, plus ou moins. Plutôt plus que moins, parce qu'il y a maintenant, vous et moi, un certain nombre d'années que nous avons été vaccinés ! C'est cela, installer la précaution : on nous reproche à la fois de ne pas être transparents et quand on dit que l'on va faire fabriquer trois millions de doses de vaccins antivarioliques supplémentaires, on s'étonne ! On nous reprocherait de ne pas le faire et pour le moment, il n'y a strictement aucun danger, nous ne connaissons pas de menaces sur la France. Mais cette commande était destinée à pratiquer des vaccinations localisées, en couronne, autour d'un foyer épidémique, si par hasard quelque chose se passait. Ne nous affolons pas et n'employons pas le mot "psychose" qui est ridicule ! Il y a des alertes, il est normal de réagir. Mais il n'y a pas de panique en France ; d'ailleurs, il n'y en a pas eu aux Etats-Unis."
Quelle situation paradoxale : vous avez en effet raison d'insister sur le fait qu'il n'y a rien d'objectivement dangereux pour l'instant, sauf que cela oblige les autorités à prendre des mesures très importantes, à mettre en place des plans et tout cela coûte beaucoup d'argent à la communauté !
- "Oui, mais cela oblige les Français et la communauté internationale riche à se rendre compte qu'il y a beaucoup de pauvreté. Vous avez vous-même parlé, en ce moment, des menaces sur 800 millions de personnes. Les effets secondaires de ce fascisme extrémiste musulman, c'est peut-être en effet de nous faire prendre en considération ce qui est notre quotidien, sans que l'on en parle. On n'est pas à l'abri d'une petite poudre blanche qui viendrait de je ne sais où. Le monde est tout petit, et il l'est aussi les pauvres. Pauvres et riches doivent se tendre la main - cela peut paraître un peu ridicule, un peu "scout." S'il y avait en France un sursaut national, une espèce de conscience qui viendrait, si l'on se demandait ce que l'on pouvait faire - la France peut beaucoup, surtout quand elle parle pour le reste du monde -, si nous nous demandions ce que l'on pouvait faire à l'occasion de cette guerre, pour que la différence entre les pauvres et les riches dans le monde se réduise, ce ne serait pas mal."
A vos yeux, est-ce un signe ? Le fait qu'il n'y ait rien à la Une des quotidiens sur les 800 millions qui sont en train de mourir de faim à la surface de la planète et que tout soit sur 10 ou 12 cas avérés ?
- "Je ne vais pas stigmatiser les journaux, mais l'utilisation du mot "psychose" est ridicule !"
Mais ce décalage entre les deux informations est peut-être aussi le signe que nous sommes un peu malades dans nos sociétés.
- "C'est aussi le signe de cette crise. J'entendais des gens des Nations Unies qui découvraient maintenant des difficultés en Afghanistan. C'était grotesque : il y a 20 ou 25 ans, que les médecins français, les mille volontaires français, les connaissent et essayent d'attirer l'attention. Jamais ils n'ont suffisamment attiré l'attention. Maintenant, bénéfice secondaire hélas, - pardon pour ce mot - des bombardements qui, bien entendu, ne me plaisent pas, c'est qu'on va enfin se rendre compte que les Afghans sont, dans leur grande majorité, très authentiquement contre cette dictature des taliban, ce fascisme islamique et que bientôt, je l'espère, dans la deuxième phase, que l'on pourra, la communauté internationale - les Américains et les Anglais pour le moment - proposer très vite que la démocratie s'installe. Cela prendra des années, mais qu'un nouveau Gouvernement s'installe à Kaboul ; ce nouveau Gouvernement que nous appelions de nos voeux, ceux qui connaissent la région avec leurs pieds, avec leur coeur, ceux qui savent que l'islam n'est pas la représentation de caricature qu'on en donne, car c'est cette caricature qui est notre ennemi."
Sauf que l'on n'est pas parti pour cela. Les bombardements continuent, on assiste à une radicalisation dans les pays arabes, en Asie et au Pakistan.
- "N'exagérons rien, on s'attendait à bien pire. Oui, il y a des manifestations de gens extrémistes qui sont entre 5.000 et 10.000 à chaque fois ; ce n'est pas la mer à boire."
Mais ils sont chaque jour un peu plus nombreux !
- "Bien sûr, il faudrait que cela cesse. Mais vous savez, on veut aussi faire la guerre en une journée maintenant. Avant, cela durait 100 ans."
Vous avez piqué un petit coup de gueule l'autre jour contre les organisations humanitaires qui disent qu'elles ne veulent pas mélanger les genres : elles ne font rien avec les militaires.
- "Oui, elles se veulent neutres et apolitiques, alors qu'elles fassent leur travail, sinon, qu'elles fassent de la politique - ce que j'appelle d'ailleurs de mes voeux, parce que pour moi, l'humanitaire et la politique ne sont pas très loin l'un de l'autre, ce sont d'autres moyens employés pour attirer l'attention et travailler de la main à la main. Je pense que très vite les humanitaires reviendront en Afghanistan où ils ne se trouvent pas. Il faut bien aider cette population. Le parachutage de vivre n'est pas le meilleur moyen, mais même si on n'en sauve qu'un, c'est bien pour lui et sa famille. Les Américains en sauveront beaucoup plus. Oui, c'est un peu confus. Les guerres sont confuses en général, ce n'est blanc-bleu. Les guerres sont en général le moment des plus grandes confusions, ensuite, les choses se dessinent différemment."
Vous étiez venu au lendemain de l'attentat contre les tours de New York et celui de Washington et ici, nous avions tous été frappés par votre gravité et le temps que vous mettiez à répondre aux questions que nous vous posions. Trois semaines se sont écoulées. Que percevez-vous de ce qui s'est passé en trois semaines ? Quelle est votre image du monde ?
- "Je perçois que l'on a déjà presque oublié l'attentat des Twins tours, c'est la réalité. Quand en France on parle de "psychose" pour rien, car je répète encore une fois qu'il n'y pas de cas avéré de la maladie du charbon et s'il y en avait, cette personne serait traitée immédiatement. Je perçois la distance en trois semaines et l'égoïsme qui revient. Je perçois la frivolité de notre pensée. Je pense que la France vaut mieux que cela et tous les petits politiques en ce moment. La France - pardon pour cette emphase - est quelque part responsable du monde ou alors ce n'est pas la peine de sauter en l'air en criant "République." On pourrait, à cette occasion, donner à notre pays et à travers notre pays, à l'Europe - qui est très importante et que l'on n'entend pas beaucoup - des buts pour sa jeunesse, l'écoute de sa jeunesse, la main tendue aux autres. Si nous ne réfléchissons pas plus, si nous pensons que ce formidable dispositif déployé pour traiter une personne - ou en traiter 34, comme hier à Paris - s'appelle "psychose", alors, on ne comprend rien."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 octobre 2001)
Vous dites : "Ne cédons pas à la panique", et c'est vrai que nous mettons en parallèle deux informations totalement démesurées l'une par rapport à l'autre.
- "Vous avez raison. D'ailleurs personne ne cède à la panique et je vous mets en garde : le mot "psychose" est inapproprié. On en fait la Une des journaux..."
Oui, pratiquement tous les quotidiens de ce matin !
- "Cela prouve le peu d'originalité et le peu de consultation du dictionnaire. La psychose est quelque chose qui n'a pas à voir avec la réalité, c'est une maladie mentale. Là, il s'agit d'alerte contre un ennemi, parfois bien déterminé, bien connu, et d'autres fois inconnu. Je m'étonnerais plutôt qu'un certain nombre de salauds, de malveillants, adressent ce qui pour le moment n'est pas une poudre dangereuse, à travers notre pays. Il y a eu plein d'alertes. Ce que je sais, pour toute la région parisienne, c'est qu'il n'y a rien dans ces poudres. Cela a été confirmé cette nuit. C'est quand même une bonne nouvelle."
On est plus menacé par la bêtise et la lâcheté que par l'anthrax ?
- "En France, on est aussi menacé par la jalousie, par la petitesse. Regardez les cibles : c'est la recette de perception, la CDC. D'ailleurs, le fait même que l'on s'adresse à de multiples entreprises, petites ou grandes - comme Ariane Espace - est une preuve de cette méchanceté dont je parle, disproportionnée, mais aussi une preuve, a contrario, peut-être par la bêtise, qu'il n'y a pas de danger dans notre pays, pas de cas, je le répète, aucun cas avéré. Pour le moment, des cultures sont en cours à propos de ces poudres, mais l'examen direct n'a rien révélé. Non seulement, "pas de panique", mais on sait qui affronter. La panique serait l'allié de M. Ben Laden et de ses affidés. Un certain nombre de gens malveillants se servent de cela : c'est petit et stupide."
Pour autant, ne faisons pas non plus d'angélisme. Est-il vrai que l'OMS s'inquiète un peu de cette situation ?
- "C'est sa mission de s'inquiéter, laissons-la de côté. Il y a un cas mortel de la maladie du charbon en tout. Je disais tout à l'heure que la maladie du charbon, par rapport aux autres dangers bactériologiques qui ne sont pas évoqués pour le moment, est une maladie qui, lorsqu'elle est pris tôt - et croyez-moi que le système français avec l'alerte Biotox, avec le système de prise en charge du Samu permet de traiter immédiatement cette maladie avec les antibiotiques dont nous disposons - est guérissable, presque à tous les coups. Pas tout le temps, hélas, puisqu'il y a eu un mort aux Etats-Unis. Depuis, les gens sont traités et iront bien."
S'agissant de la variole, tous ceux qui ont été vaccinés lorsqu'ils étaient enfant, sont-ils protégés ou pas ?
- "Oui, plus ou moins. Plutôt plus que moins, parce qu'il y a maintenant, vous et moi, un certain nombre d'années que nous avons été vaccinés ! C'est cela, installer la précaution : on nous reproche à la fois de ne pas être transparents et quand on dit que l'on va faire fabriquer trois millions de doses de vaccins antivarioliques supplémentaires, on s'étonne ! On nous reprocherait de ne pas le faire et pour le moment, il n'y a strictement aucun danger, nous ne connaissons pas de menaces sur la France. Mais cette commande était destinée à pratiquer des vaccinations localisées, en couronne, autour d'un foyer épidémique, si par hasard quelque chose se passait. Ne nous affolons pas et n'employons pas le mot "psychose" qui est ridicule ! Il y a des alertes, il est normal de réagir. Mais il n'y a pas de panique en France ; d'ailleurs, il n'y en a pas eu aux Etats-Unis."
Quelle situation paradoxale : vous avez en effet raison d'insister sur le fait qu'il n'y a rien d'objectivement dangereux pour l'instant, sauf que cela oblige les autorités à prendre des mesures très importantes, à mettre en place des plans et tout cela coûte beaucoup d'argent à la communauté !
- "Oui, mais cela oblige les Français et la communauté internationale riche à se rendre compte qu'il y a beaucoup de pauvreté. Vous avez vous-même parlé, en ce moment, des menaces sur 800 millions de personnes. Les effets secondaires de ce fascisme extrémiste musulman, c'est peut-être en effet de nous faire prendre en considération ce qui est notre quotidien, sans que l'on en parle. On n'est pas à l'abri d'une petite poudre blanche qui viendrait de je ne sais où. Le monde est tout petit, et il l'est aussi les pauvres. Pauvres et riches doivent se tendre la main - cela peut paraître un peu ridicule, un peu "scout." S'il y avait en France un sursaut national, une espèce de conscience qui viendrait, si l'on se demandait ce que l'on pouvait faire - la France peut beaucoup, surtout quand elle parle pour le reste du monde -, si nous nous demandions ce que l'on pouvait faire à l'occasion de cette guerre, pour que la différence entre les pauvres et les riches dans le monde se réduise, ce ne serait pas mal."
A vos yeux, est-ce un signe ? Le fait qu'il n'y ait rien à la Une des quotidiens sur les 800 millions qui sont en train de mourir de faim à la surface de la planète et que tout soit sur 10 ou 12 cas avérés ?
- "Je ne vais pas stigmatiser les journaux, mais l'utilisation du mot "psychose" est ridicule !"
Mais ce décalage entre les deux informations est peut-être aussi le signe que nous sommes un peu malades dans nos sociétés.
- "C'est aussi le signe de cette crise. J'entendais des gens des Nations Unies qui découvraient maintenant des difficultés en Afghanistan. C'était grotesque : il y a 20 ou 25 ans, que les médecins français, les mille volontaires français, les connaissent et essayent d'attirer l'attention. Jamais ils n'ont suffisamment attiré l'attention. Maintenant, bénéfice secondaire hélas, - pardon pour ce mot - des bombardements qui, bien entendu, ne me plaisent pas, c'est qu'on va enfin se rendre compte que les Afghans sont, dans leur grande majorité, très authentiquement contre cette dictature des taliban, ce fascisme islamique et que bientôt, je l'espère, dans la deuxième phase, que l'on pourra, la communauté internationale - les Américains et les Anglais pour le moment - proposer très vite que la démocratie s'installe. Cela prendra des années, mais qu'un nouveau Gouvernement s'installe à Kaboul ; ce nouveau Gouvernement que nous appelions de nos voeux, ceux qui connaissent la région avec leurs pieds, avec leur coeur, ceux qui savent que l'islam n'est pas la représentation de caricature qu'on en donne, car c'est cette caricature qui est notre ennemi."
Sauf que l'on n'est pas parti pour cela. Les bombardements continuent, on assiste à une radicalisation dans les pays arabes, en Asie et au Pakistan.
- "N'exagérons rien, on s'attendait à bien pire. Oui, il y a des manifestations de gens extrémistes qui sont entre 5.000 et 10.000 à chaque fois ; ce n'est pas la mer à boire."
Mais ils sont chaque jour un peu plus nombreux !
- "Bien sûr, il faudrait que cela cesse. Mais vous savez, on veut aussi faire la guerre en une journée maintenant. Avant, cela durait 100 ans."
Vous avez piqué un petit coup de gueule l'autre jour contre les organisations humanitaires qui disent qu'elles ne veulent pas mélanger les genres : elles ne font rien avec les militaires.
- "Oui, elles se veulent neutres et apolitiques, alors qu'elles fassent leur travail, sinon, qu'elles fassent de la politique - ce que j'appelle d'ailleurs de mes voeux, parce que pour moi, l'humanitaire et la politique ne sont pas très loin l'un de l'autre, ce sont d'autres moyens employés pour attirer l'attention et travailler de la main à la main. Je pense que très vite les humanitaires reviendront en Afghanistan où ils ne se trouvent pas. Il faut bien aider cette population. Le parachutage de vivre n'est pas le meilleur moyen, mais même si on n'en sauve qu'un, c'est bien pour lui et sa famille. Les Américains en sauveront beaucoup plus. Oui, c'est un peu confus. Les guerres sont confuses en général, ce n'est blanc-bleu. Les guerres sont en général le moment des plus grandes confusions, ensuite, les choses se dessinent différemment."
Vous étiez venu au lendemain de l'attentat contre les tours de New York et celui de Washington et ici, nous avions tous été frappés par votre gravité et le temps que vous mettiez à répondre aux questions que nous vous posions. Trois semaines se sont écoulées. Que percevez-vous de ce qui s'est passé en trois semaines ? Quelle est votre image du monde ?
- "Je perçois que l'on a déjà presque oublié l'attentat des Twins tours, c'est la réalité. Quand en France on parle de "psychose" pour rien, car je répète encore une fois qu'il n'y pas de cas avéré de la maladie du charbon et s'il y en avait, cette personne serait traitée immédiatement. Je perçois la distance en trois semaines et l'égoïsme qui revient. Je perçois la frivolité de notre pensée. Je pense que la France vaut mieux que cela et tous les petits politiques en ce moment. La France - pardon pour cette emphase - est quelque part responsable du monde ou alors ce n'est pas la peine de sauter en l'air en criant "République." On pourrait, à cette occasion, donner à notre pays et à travers notre pays, à l'Europe - qui est très importante et que l'on n'entend pas beaucoup - des buts pour sa jeunesse, l'écoute de sa jeunesse, la main tendue aux autres. Si nous ne réfléchissons pas plus, si nous pensons que ce formidable dispositif déployé pour traiter une personne - ou en traiter 34, comme hier à Paris - s'appelle "psychose", alors, on ne comprend rien."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 octobre 2001)