Texte intégral
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors, justement, dans cette enquête, 59 % des Français disent qu'ils pensent qu'effectivement le second tour opposera Jacques CHIRAC à Lionel JOSPIN. Franchement, François BAYROU, est-ce que vous n'avez pas un coup de blues, et c'est une question que je poserai aux uns et aux autres, à vous dire : on est en campagne, on fait des meetings, on parle, et paf ! les Français disent toujours " ça sera CHIRAC et JOSPIN ".
FRANÇOIS BAYROU
On vient de voir un film sur votre antenne, et ce film il montre une chose simple : pas d'élection sans surprise, et même souvent pas d'élection sans surprise à l'intérieur de la surprise
ARLETTE CHABOT
Et ce sera quoi la surprise cette année ?
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien la surprise ce sera que les Français diront non à ce duel attendu parce que ce duel ne peut pas porter l'élan, l'espoir, dont on voit que chaque élection a besoin . Ce n'est pas avec ce choix pré-digéré, si j'ose dire, que l'on arrivera, alors naturellement Lionel JOSPIN et Jacques CHIRAC essaient de retarder le plus longtemps possible leur entrée en campagne, et ce n'est pas normal, pour deux raisons. Ca n'est pas normal parce que les problèmes que la France a devant elle aujourd'hui sont si lourds et si importants, quelle que soit la réponse qu'on choisit d'y apporter (sécurité, Europe, éducation), quelle que soit la réponse, qui sont si lourds, qu'on a besoin d'en débattre et que huit semaines, deux mois, ce n'est pas trop pour le faire, et la deuxième raison est encore plus sensible aujourd'hui, c'est que vous voyez bien la campagne pourrie à laquelle cela laisse la place, c'est-à-dire sous la maison il y a une cave et dans la cave il y a des égouts et chacun s'en donne à cur joie avec les dossiers qu'il prépare contre les uns et contre les autres, et je trouve moi que la France mérite autre chose que ça.
(...)
ARLETTE CHABOT
François BAYROU, qu'est-ce qui vous différencie à la fois de Jean-Marie LE PEN, de Charles PASQUA, on comprend, sur l'Europe, sur d'autres sujets
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien si vous faites les questions et les réponses en même temps, ça ne sera pas pratique.
ARLETTE CHABOT
Moi je dis ça plutôt parce qu'on a un petit peu de mal avec dans la mesure où une partie de vos amis soutient déjà Jacques CHIRAC, alors on se dit : mais qu'est-ce qui les différencie, qu'est-ce qui vous différencie aussi d'Alain MADELIN, par exemple, voilà. Moi je dis, par exemple, tiens, je ne vote pas pour Jacques CHIRAC et je choisis qui ?
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien ce qui me différencie, la première chose, de Charles PASQUA à monsieur LE PEN et Jean-Pierre CHEVENEMENT, c'est que tous les trois ont refusé l'Europe le jour du traité de Maastricht, c'est-à-dire le jour où on a décidé de l'euro.
CHARLES PASQUA
On n'a pas refusé l'Europe, on a refusé cette forme d'Europe.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà, l'euro. Et tous les trois d'ailleurs nous avaient annoncé, plus que ça, ils avaient bâti une partie de leur campagne sur l'idée que ça allait être une catastrophe nationale au moins et même, puisqu'il y avait douze pays, internationale
JEAN-MARIE LE PEN
Ca le sera.
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien 300 millions de personnes ont montré qu'il n'en n'était rien. Et voilà une différence qui devrait, je crois, ouvrir les yeux de beaucoup. Au moment où il a fallu faire le choix, un certain nombre de gens ont dit oui et un certain nombre d'autres ont dit non, et ceux qui ont dit oui à l'heure actuelle ont montré que les craintes de ceux qui ont dit non étaient fausses
CHARLES PASQUA
Parlons de l'euro, Jean-François, hein, parlons de l'euro.
FRANÇOIS BAYROU
Autrement dit et Jean-Pierre CHEVENEMENT c'est la même chose sur Saddam HUSSEIN : il avait, il n'est d'ailleurs pas le seul, mais il avait fait le choix de soutenir plutôt Saddam HUSSEIN, eh bien je trouve que ceux qui ont été contre Saddam HUSSEIN et pour l'euro, avaient plus raison que ceux qui ont été pour Saddam HUSSEIN et contre l'euro.
CHARLES PASQUA
Non, il ne faut pas mélanger les deux, ça n'a rien à voir.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà des différences.
CHARLES PASQUA
Ca n'a rien à voir.
FRANÇOIS BAYROU
En tout cas, Charles, j'énumère, j'énumère. Ca n'a rien à voir, ce n'est peut-être par certain que ça n'ai rien à voir.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Voilà un point très très important, très très important. Ceux qui croient qu'il s'est passé le 1er janvier quelque chose d'essentiel dans notre histoire, et que ce quelque chose est bon
CHARLES PASQUA
Ouais, vous vous en rendrez compte un jour.
FRANÇOIS BAYROU
Oui, mais prophète veut malheur, on sait bien, mais ceux là ont marqué une différence essentielle et je crois qu'il était bon de la poser en fondation de ce débat.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Je crois que c'est très facile : c'est l'uvre conjointe de monsieur LE PEN, de monsieur PASQUA, de madame LAGUILLER, de monsieur MAMERE.
ARLETTE LAGUILLER
Ah non non, je n'ai pas enfoncé monsieur CHEVENEMENT !
ARLETTE CHABOT
C'est une co-prod.
FRANÇOIS BAYROU
Chacun
NOËL MAMERE
Chacun sait que François BAYROU c'est la relève, donc il est épargné par tout ça.
FRANÇOIS BAYROU
Sur ce sujet, oui. Chacun a apporté sa brique et son seau de ciment. On a dit aux Français que l'Europe était une horreur et qu'il fallait être souverainiste
NOËL MAMERE
Je n'ai jamais dit ça, moi, qu'est-ce que vous racontez ?
FRANÇOIS BAYROU
Une minute, tu vas avoir ton compte enfin, pas ton compte souverainiste et CHEVENEMENT l'a pris. On a dit aux Français qu'il existait une solution disponible pourqu'il n'y ai plus de licenciements et CHEVENEMENT l'a pris, on a raconté qu'à Porto Alegre on pouvait trouver la réponse, comme ça, dans ce grand show, et CHEVENEMENT l'a pris aussi. Autrement dit il a fait son miel avec ce que chacun a apporté et je crois qu'il le fait très bien, mais au bout du compte il y a dans cette affaire là naturellement, une espèce de gigantesque malentendu, parce qu'il n'est pas vrai selon, moi qu'il y ait une solution pour la France et pour qu'elle fasse entendre sa voix et pour qu'elle pèse dans les affaires du monde en dehors de la construction d'une Europe forte et il n'est pas vrai qu'il y ait une solution immédiatement disponible et accessible pour que les licenciements n'aient pas lieu, d'ailleurs il n'y a aucun pays du monde dans lequel les licenciements ne sont pas prononcés quand les entreprises vont mal. Autre chose, de se demander comment on pourrait faire pour aider les gens quand ils vont être licenciés ? Mais
ARLETTE CHABOT
Alors, François BAYROU, on va revenir sur le fonds du sujet.
FRANÇOIS BAYROU
Mais tout discours qui a été entendu là est un discours qui nourrie CHEVENEMENT, ça durera ce que ça durera.
(...)
ARLETTE CHABOT
Je voudrais, avant que l'on aborde les sujets de fond et de vous demander de débattre sur le fond des idées. Question qu'on ne peut pas ne pas vous poser ce soir et d'ailleurs qui était résumée d'une autre façon par Raymond BARRE dans le documentaire qui précédait. Raymond BARRE dit : dans une élection présidentielle tous les coups sont permis, alors quand on voit les affaires de ces derniers jours, est-ce que vous dites, vous aussi, dans une élection présidentielle, tout les coups sont permis ? François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Ce n'est pas ça. Il dit qu'en France une élection présidentielle permet tous les coups, c'est l'exception française à l'envers, c'est-à-dire ce que l'on peut imaginer de plus méprisable, mais c'est comme ça que la France est gouvernée depuis 20 ans. Les deux partis dominants qui sont là, mais aucun d'entre nous ne peut vous regarder dans les yeux en disant qu'ils n'ont pas passé tout leur temps à faire des dossiers, à lancer des affaires des uns contre les autres, aucun d'entre nous ne pense que SCHULLER revient par le hasard des choses ni même que l'affaire DESTRADE (phon) ou l'affaire de la maison de JOSPIN à l'Ile de Ré est sortie par le plus grand des hasards. Moi je crois qu'il y a ce que l'on appelle des officines
ARLETTE CHABOT
Des cabinets noirs comme on dit.
FRANÇOIS BAYROU
c'est-à-dire des gens qui sont, qui utilisent leur temps avec de l'argent noir, pour aller monter des dossiers contre les uns et contre les autres et je dis que c'est une honte, et on a vu BARRE et DELORS dans votre film, je suis persuadé que c'est des gens qui n'auraient pas gouverné comme ça et je suis persuadé, oui, que c'est un grand enjeu national d'essayer de sortir de cette contagion française.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors, Charles PASQUA, les affaires. Une fois dans un sens, une fois dans un autre, on les utilise régulièrement dans les campagnes, comme dit François BAYROU ?
CHARLES PASQUA
Non, non non, je ne suis pas d'accord là dessus et je dois dire que je suis étonné que BAYROU dise ça parce qu'il a appartenu à la majorité RPR/UDF pendant 20 ans et il ne peut pas dire ça aujourd'hui après avoir occupé les fonctions qu'il a occupées.
ARLETTE CHABOT
Vous voulez dire que vous étiez dans le même gouvernement de BALLADUR, c'est ça, hein.
CHARLES PASQUA
Ou alors il aurait dû s'en rendre compte
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien Charles, on n'a pas vu les mêmes choses.
CHARLES PASQUA
Alors il faudra que tu t'expliques parce que c'est trop facile ça, tu comprends. C'est trop facile. Ce que je constate, et je suis bien placé pour le voir, c'est que semaine après semaine on sort ou on ressort les affaires d'il y a 15 ans, 10 ans, 12 ans, etc, et que comme d'habitude c'est toujours par le même média. Bon. On a même vu cette chose absolument extraordinaire :une équipe de télévision, je ne sais plus de quelle chaîne, j'espère que ce n'est pas la vôtre mais je n'en sais rien, une équipe de télévision se rendre en Iran pour demander à monsieur Anis NACCACHE qui est un assassin et un terroriste, si le ministre de l'Intérieur de l'époque disait la vérité ou pas. C'est enfin, dans quel système vivons-nous ? D'autre part, que la justice fasse son travail, c'est normal, mais elle a elle aussi des comptes à rendre, elle ne peut pas faire n'importe quoi et que les médias ne se substituent pas à la justice, il ne peut pas y avoir deux enquêtes, une enquête qui est conduite par la justice et une enquête publique du style de ce qui se faisait autrefois en Union Soviétique où vous êtes, à partir du moment où vous êtes cité, vous êtes jugé. C'est totalement inacceptable. Ca n'a rien à voir avec la démocratie.
NOËL MAMERE
Comment pouvez vous dire ça alors que vous savez pertinemment que la justice a été empêchée de travailler, donc c'est normal que
Brouhaha
CHARLES PASQUA
Monsieur MAMERE, ce n'est pas vrai.
NOËL MAMERE
Et quand vous parlez de NAKKACH c'est vous qui l'avez lâché. Alors et NAKKACH c'est vous qui l'avez lâché alors vous ne pouvez pas dire à la fois que c'est un assassin alors que vous l'avez laissé partir.
ARLETTE CHABOT
Je voudrai qu'on termine là dessus, pas ensemble parce que l'on ne comprend rien. FIN°
ARLETTE CHABOT
Monsieur BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Je vais dire très tranquillement, moi je ne crois pas une seconde, que les affaires soient d'un camp seulement, que les dossiers soient nourris par un camp seulement. De tout ce que je sais et de tout ce que je sens, c'est une pratique des deux bords.
ARLETTE CHABOT
Des deux bords.
FRANÇOIS BAYROU
C'est une pratique des deux partis dominants
ARLETTE CHABOT
Attendez.
NOËL MAMERE
Ca ne concerne pas la gauche que je sache, c'est un secteur monsieur JUPPE qui décidément flotte beaucoup dans ses bottes après y avoir été si droit.
ARLETTE CHABOT
Alors Charles PASQUA, question : si SCHULLER décide de rentrer aujourd'hui, selon vous ce n'est pas un hasard ?
CHARLES PASQUA
Ecoutez moi je n'en sais rien. Je ne suis pas à la place de SCHULLER. Je ne sais pas si c'est un hasard ou pas. En tous les cas
ARLETTE CHABOT
C'est un mauvais coup contre vous, contre Jacques CHIRAC, contre la droite ?
CHARLES PASQUA
Ecoutez en tous les cas c'est une coïncidence étonnante. Voilà. Je n'en dirais pas plus. Une coïncidence étonnante.
FRANÇOIS BAYROU
Ce que Charles PASQUA constate sur ce seul sujet, moi je l'élargis. Les coïncidences sont très étonnantes.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors pardonnez-moi, on va entendre François BAYROU. On va retrouver ensuite Gérard Alors est-ce que ça veut dire simplement, vous, vous dites tout ce qui est tolérance zéro, abaissement de l'âge de la majorité, modification de l'ordonnance de 45 ou suppression des allocations familiales pour les parents d'enfants délinquants non à ça ? C'est ça ?
NOËL MAMERE
C'est démagogique tout ça.
ARLETTE CHABOT
Ok, François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
On vient d'avoir en résumé le débat qu'on a tous les jours et depuis des années, les uns disent prévention et la politique de prévention a échoué
NOËL MAMERE
Protection et réparation.
FRANÇOIS BAYROU
A échoué gravissimement, hélas pour un idéal, gravissimement. Et les autres disent répression et il faut les deux. Simplement
NOËL MAMERE
Oui c'est une émission très centriste.
FRANÇOIS BAYROU
Simplement, oui elle est juste.
NOËL MAMERE
Celle du juste milieu.
FRANÇOIS BAYROU
Tu vas voir, simplement on ne peut pas en rester là. Parce qu'il est tout à fait exact de dire qu'il faudra beaucoup de temps, peut-être cinq ans ou dix ans pour rendre aux jeunes des repères qu'ils ont perdus complètement, pour aider les familles et madame LAGUILLER n'a pas tort de dire que les familles, elles sont abandonnées quelquefois. Cinq ans ou dix ans pour apprendre à lire, j'en parlerai dans une seconde mais on doit faire quelque chose demain matin. Ce qui est frappant c'est que vous ne comprenez pas que si on n'obtient pas des résultats demain matin, les gens vont nous jeter et ils auront raison. Parce que ce n'est pas nous ici qui sommes exposés à la trouille. Il faut appeler les choses par leur nom.
ARLETTE LAGUILLER
Moi je vis dans ces quartiers monsieur. Et je peux avoir peur aussi, mais je peux comprendre les choses.
FRANÇOIS BAYROU
Très bien.
NOËL MAMERE
Tu sais très bien que ça ne peut pas changer demain matin, c'est un travail de longue haleine.
FRANÇOIS BAYROU
Ca peut se changer demain matin.
NOËL MAMERE
Non ce n'est pas possible et ce n'est pas en mettant plus de flics que ça changera.
FRANÇOIS BAYROU
Nous ne sommes pas dignes, nous ne sommes pas dignes de prétendre que nous sommes un grand pays, un pays moderne, en laissant quoi ? 250 quartiers où les policiers ne peuvent pas entrer. Elle avait raison la jeune femme que l'on voyait.
CHARLES PASQUA
Il n'y en a pas 250, il y en a 500.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà moi je dis 250, peut-être 500, Charles. Vous croyez que l'on va pouvoir comme ça simplement être spectateur avec des belles paroles. Si nous ne sommes pas capables de prendre des engagements précis
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, il va finir, quels engagements François BAYROU ?
FRANÇOIS BAYROU
Ecoutez s'il faut une police particulière urbaine pour ces quartiers-là, moi je suis d'accord pour qu'on la mette. S'il faut réécrire l'ordonnance de 45, je suis d'accord pour qu'on la récrive.
ARLETTE CHABOT
On l'a changé 22 fois donc on peut la changer un peu plus.
FRANÇOIS BAYROU
Parce qu'avoir 16 ans en 1945 et 16 ans aujourd'hui ce n'est pas tout à fait la même chose. Avoir 13 ans en 1945 et 13 ans aujourd'hui qu'on n'en soit content ou pas ce n'est pas tout à fait la même chose. Moi ce qui m'obsède c'est que nous faisons collectivement la démonstration et chacun ayant été au gouvernement à la suite des uns, des autres
ARLETTE LAGUILLER
Pas moi.
ARLETTE CHABOT
Pas Arlette LAGUILLER et pas Jean-Marie LE PEN.
FRANÇOIS BAYROU
De l'impuissance absolue. Vous entendez ça, de l'impuissance absolue, ça ne cesse de monter au travers du temps.
ARLETTE LAGUILLER
Pour les enseignants oui
ARLETTE CHABOT
Il finit. Il finit.
NOËL MAMERE
Pour les enseignants, pour ceux qui travaillent à la police.
ARLETTE CHABOT
Il finit, laissez-le terminer.
FRANÇOIS BAYROU
Je vais prendre l'exemple, vous avez montré un chiffre là et pour une fois les chiffres de monsieur LE PEN sont vrais. Vous disiez
ARLETTE CHABOT
On n'a pas pris toutes les infractions, on a pris crimes et délits.
FRANÇOIS BAYROU
Le vrai chiffre c'est 4 millions cette année, de plaintes. Pas 4 millions de faits. 4 millions de plaintes et de plaintes songez au nombre de fois où on ne porte pas plainte. Je veux dire que moi je suis prêt à mettre tous les moyens disponibles en prévention, mais si on n'est pas capable
ARLETTE CHABOT
C'est-à-dire en terme de budget par exemple monsieur BAYROU. Parce que tout le monde dit il faut plus de moyens, enfin pas je veux dire en terme de budget justice-police ?
FRANÇOIS BAYROU
Ça coûtera ce que ça coûtera parce qu'on est en train de défaire le tissu là. On est en train de
CHARLES PASQUA
Je peux dire un mot ?
ARLETTE CHABOT
Oui, oui bien sûr. Chacun son tour. Vous n'êtes pas en retard.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
de couper les gens les uns des autres et si vous ne remettez pas d'abord le sentiment de paix, de tranquillité alors la prévention ne servira à rien.
NOËL MAMERE
On peut peut-être vous poser deux questions pour savoir si vous êtes d'accord pour financer cette politique. Est-ce que par exemple vous êtes d'accord avec ce qu'a été décidé par la gauche et que moi je trouve tout à fait scandaleux c'est la remise en cause de l'impôt progressif avec la suppression enfin la baisse de l'impôt sur le revenu. Vous savez que c'est à peu près 10 % des revenus qui assurent les deux tiers du fruit de cet impôt est-ce que vous êtes d'accord avec la suppression de l'avoir fiscal qui fait que dans notre pays on ne peut pas empocher les bénéfices ? Est-ce que vous êtes d'accord pour que l'on taxe un peu plus la valeur ajoutée sur la production ?
FRANÇOIS BAYROU
Noël MAMERE on a trouvé, on a trouvé 80 milliards pour les 35 heures, enfin actuellement 85. On peut bien trouver 10 ou 15 milliards pour ce ballon d'oxygène là. Mais on est en train..
NOËL MAMERE
Est-ce que vous seriez d'accord pour que l'on recrute 10 000 éducateurs par exemple sur cinq ans ?
FRANÇOIS BAYROU
Je suis d'accord pas seulement pour des éducateurs il en faudra plus que ça, parce que selon moi, il faut 10 000 places dans ces internats là.
NOËL MAMERE
Mais nous ne sommes pas pour les internats, ce ne sont pas des éducateurs pour les internats c'est des éducateurs dans les quartiers
FRANÇOIS BAYROU
Mais ce que demandent les jeunes
ARLETTE CHABOT
Attendez pas tous en même, ne recommencez pas.
FRANÇOIS BAYROU
Ce que demandent les gens qui sont au contact de ces enfants à l'abandon qui dérivent comme ça, qui sont récidivistes c'est de vraies places d'internat dans un grand département que je connais de la région parisienne. J'ai parlé avec le procureur de ce département, il me dit arrêtez vous voulez rire, on a cinq places pour le département, cinq.
NOËL MAMERE
Mais ce n'est pas le problème, on ne va pas enfermer ces enfants. Le problème c'est de les garder dans leur quartier et de faire du travail non seulement auprès d'eux, mais également auprès de leurs parents. Mais ce n'est pas de l'angélisme, je suis confronté dans ma commune à ça et je le fais, ça ne réussit pas toujours mais il y a des réussites, donc vous ne pouvez pas dire que ça ne marche jamais.
FRANÇOIS BAYROU
Noël MAMERE, il y a des fois où laisser les enfants comme vous le dites par angélisme c'est de la non-assistance à personne en danger. Vous les laissez et vous savez très bien..
NOËL MAMERE
Non, je ne, nous ne les laissons pas, on ne les laisse pas à l'abandon. Je vous amènerais dans ma commune vous verrez comment ça se passe.
FRANÇOIS BAYROU
Non mais je connais. Mais on ne peut pas les laisser comme ça.
ARLETTE CHABOT
Rendez-vous est pris.
NOËL MAMERE
Il y en a plein, il y en a plein, monsieur de ROBIEN vous dira la même chose dans sa commune.
ARLETTE CHABOT
Alors si vous voulez, tous les deux avant de continuer
FRANÇOIS BAYROU
Il dit et à juste titre. Il faut les élus, mesures concrètes, il faut que les élus locaux soient les patrons de la police de proximité.
NOËL MAMERE
Non certainement pas nous ne sommes pas des shérifs c'est la police républicaine. Créons un service unifié, un service d'Etat, unifié de la police républicaine avec la gendarmerie. Et démilitarisons la gendarmerie et faisons un grand ministère de la police républicaine et arrêtons les polices municipales
ARLETTE CHABOT
Alors vous êtes d'accord pour un grand ministère, alors prenons ce point vous dites oui ou non, grand ministère de la sécurité dit Noël MAMERE, vous êtes d'accord avec François BAYROU.
(MOTS CROISES - 2ème partie)
(...)
FRANÇOIS BAYROU
On a raison de dire que c'est à l'école que les choses se jouent. Proposition concrète, que l'on enseigne à l'école ou collège, qu'on enseigne la loi, parce qu'un très grand nombre de ces enfants-là, ils ne savent plus depuis très longtemps ce qui est permis et ce qui est interdit.
CHARLES PASQUA
Bien sûr.
FRANÇOIS BAYROU
Qu'on enseigne la loi, on a fait de l'Education Civique, j'en ai fait, CHEVENEMENT en a fait. La morale, mais que l'on enseigne la loi, la morale c'est subjectif.
JEAN-MARIE LE PEN
C'est la notion du bien et du mal.
CHARLES PASQUA
Qu'on leur apprenne à vivre en société en sachant qu'il y a des règles.
FRANÇOIS BAYROU
La loi c'est objectif. Il y a du permis et il y a de l'interdit. Qu'on enseigne la loi et deuxièmement, parce que c'est vrai les difficultés scolaires ont quelque chose à voir avec la suite et en particulier l'échec, la marginalisation et le bazar, qu'on note en 6ème que les enfants qui savent lire. Qu'on fasse et qu'on vérifie au moment de l'entrée en 6ème, si les enfants savent lire ou pas et que l'on concentre tous les moyens nécessaires sur ceux dont on sait à partir de 7 ou 8 ans, qu'ils n'apprendront pas à lire. Et eux, il m'est égal qu'on leur mette un enseignant pour trois élèves ou pour quatre élèves, que l'on mette tous les moyens de la nation. Parce qu'accepter comme on le fait que les enfants entrent en 6ème et montent de classe en classe alors qu'on sait très bien qu'ils ne suivent pas. C'est accepter aussi la déstabilisation
ARLETTE CHABOT
Alors s'il vous plaît, Noël MAMERE
NOËL MAMERE
Ce que dit François BAYROU, c'est très intéressant, mais ça pose le problème des moyens que l'on se donne pour l'Education et du statut des enseignants. On ne peut pas demander aux enseignants de transmettre la connaissance, de transmettre la connaissance et la citoyenneté ce qui est dans leur fonction. La plupart d'entre eux dans les quartiers difficiles, ils sont obligés de faire de la discipline. Donc il y a un secteur qui s'appelle l'économie solidaire avec les associations qui font du rattrapage scolaire, qui travaillent sur les questions de l'illettrisme c'est là-dessus qu'il faut travailler. C'est là où il faut donner des moyens à ce secteur de l'économie qui forge une innovation, qui forge la solidarité et qui aujourd'hui est totalement abandonné. Combien sommes-nous confrontés à des suppressions d'entreprise d'insertion parce qu'elles n'ont pas reçu les moyens qu'il fallait.
FRANÇOIS BAYROU
Je suis pour qu'on aille plus loin. Moi je propose qu'on instaure
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, attendezmonsieur BAYROU vous terminez puis
FRANÇOIS BAYROU
Pour aller plus loin dans le sens de ce que Noël MAMERE indique je propose que l'on instaure un service civil, humanitaire, pour tous les jeunes, garçons et filles entre 18 et 21 ans, parce qu'en effet, il y a eu je crois une erreur de supprimer
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, est-ce que l'on peut avancer
FRANÇOIS BAYROU
Oui on a supprimé le service national, il n'y a plus rien.
NOËL MAMERE
Les jeunes qui sont partis au service, on leur a proposé de passer dans les quartiers, pour beaucoup d'entre eux, ce sont devenus des bons éducateurs.
FRANÇOIS BAYROU
Là service civil humanitaire, garçon et fille, souple entre 18 et 22 ans, mettons, pour que chacun s'habitue à penser que vivre dans un pays ce n'est pas seulement recevoir, c'est donner.
(...)
ARLETTE LAGUILLER
D'abord j'aimerais que l'on fasse la même campagne que l'on fait actuellement à propos de l'insécurité, que l'on fasse la même campagne contre le chômage, contre les suppressions d'emploi. Parce que la première insécurité et qui touche et qui menace tout le monde quelle que soit sa profession, c'est le chômage c'est la perte de son emploi. Je ne vais pas rappeler ce qu'il a dit sur les coefficients de 40 ou 50 % de chômeurs dans certains quartiers. Et puis la deuxième chose, c'est vrai qu'il manque dans les cités les partis ouvriers qui existaient dans le passé et qui créaient un lien social, moi je milite pour en recréer justement, un lien social parce qu'une société
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez
ARLETTE LAGUILLER
Je ne parle pas des curés, moi je suis athée
brouhaha
JEAN-MARIE LE PEN
Ils contribuaient à créer une formation morale et civique évidemment.
ARLETTE LAGUILLER
Cette société elle est basée sur l'égoïsme, sur l'appât du gain, sur l'individualisme, oui il faut créer effectivement des partis qui luttent
ARLETTE CHABOT
Pas uniquement les curés. Alors est-ce que vous pouvez
FRANÇOIS BAYROU
Elle est basée aussi sur la générosité, simplement elle ne trouve pas à s'employer.
CHARLES PASQUA
Elle est matérialiste la société.
FRANÇOIS BAYROU
Elle est matérialiste et pas seulement. Elle est matérialiste et pas seulement. Il y a aussi des tas et des tas, il y a des millions de jeunes en particulier qui ont envie de donner quelque chose à la société, alors qu'est-ce qu'on décrit
ARLETTE LAGUILLER
Déjà il n'y aurait pas de recherche contre le cancer, sans la générosité c'est l'Etat qui fait défaut.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Je disais on se fiche du monde. D'abord parce que je ne crois pas du tout qu'on puisse dans une ville simplement en arrivant trouver des améliorations de cet ordre. Je crois que monsieur COLLOMB a profité d'un certain nombre de choses que monsieur BARRE avait fait et qu'il avait approuvé et qui était juste vidéosurveillance. Par exemple on s'en fiche, ce n'est pas le sujet.
Mais je disais on se fiche du monde, parce que tout le monde dit avec le plus grand sérieux, tolérance zéro. Je préférerais d'ailleurs que l'on dise impunité zéro, parce que la tolérance pour moi c'est une vertu. Mais impunité zéro, figurez-vous qu'on n'est pas impunité zéro, on est un impunité 97 ou 96 %. Et donc quand nous, quand les politiques disent tolérance zéro ou impunité zéro, ceux qui nous entendent et qui nous écoutent, ils tournent le bouton parce qu'ils savent que ce que nous racontons, pour être poli, des paroles verbales, du pipo autrement dit! Et que tant qu'on ne sera pas capable de faire une vraie impunité, pas zéro, mais 50 % ça serait déjà très bien, ça multiplierait par cinq ou par dix les résultats que nous obtenons aujourd'hui. Autrement dit le débat est entièrement pipé par l'utilisation de mots et les réalités ne suivent jamais.
ARLETTE CHABOT
Alors Silvia AVINO vous êtes prof dans un collège, vous avez été patiente et vous écoutez allez-y, et dites ce que vous pensez et posez les questions, ils sont cinq pour vous répondre.
SILVIA AVINO
Je crois que tout le monde est d'accord sur le fait que l'école a un rôle central à jouer. Seulement quand j'entends parler les candidats, j'ai l'impression qu'ils parlent d'une école qui serait comme un îlot, comme quelque chose de totalement exclu du monde. Or même si nos principes républicains en prennent un coup, maintenant c'est plutôt des écoles. Il y a des écoles où une grande majorité d'élèves réussisse très bien et puis il y a des écoles où tout se passe dans le plus grand calme où les élèves travaillent en paix et puis il y a des écoles où il y a beaucoup de violence. Et quelle est la différence entre les deux, c'est le tissu social qui est autour. Alors vous dites il faut que l'école leur apprenne la loi, mais c'est ce que l'on fait en tant que professeur, seulement nous, il faudrait que l'on réussisse là où les parents ont échoué, où les éducateurs de rue ont échoué, où les îlotiers, tous les policiers qui sont sur le terrain échouent et où les familles échouent aussi. Alors je pense qu'on ne peut pas considérer comme ça l'école comme quelque chose, une espèce de recette qui serait un monde à part. Et je me demande si quand même le problème n'est pas dans la structure même, dans la ségrégation sociale qui existe dans les quartiers. Quand on entend les candidats parler, je trouve que c'est des solutions qui ne remettent jamais en cause ça. C'est-à-dire c'est amenons plus de policiers, amenons des éducateurs, des moyens, et puis ? Fondamentalement on continue à cumuler tous les handicaps dans une même zone et l'école ne pourra pas faire de miracle à cet endroit-là.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors en vous remerciant, François BAYROU, parce que moi je surveille un peu le temps de parole des uns et des autres. Un petit mot très court de François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Un petit mot mais qui n'est pas sans portée ou du moins j'ai la faiblesse de le croire. Je suis en désaccord avec Jean-François COPE sur un seul point. C'est quand il dit que c'est la grande différence entre la droite et la gauche. Je n'en crois rien, je pense que beaucoup de gens à gauche sont de l'avis que nous avons exprimé ici les uns et les autres, à savoir qu'il faut faire les deux et prendre des engagements sur des résultats vite. Ma conviction profonde est que c'est un sujet d'union nationale. C'est-à-dire que sur ce point-là, il faudrait que les électeurs nous mettent au pied du mur, en disant puisque vous dites les mêmes choses avec les mêmes mots, vous êtes priés de le réaliser ensemble. Noël MAMERE est sur une ligne complètement différente
NOËL MAMERE
Parce que vous, vous me parlez des effets, moi je vous parle des causes. Ce n'est pas pour obtenir un discours d'union nationale sur la sécurité sécuritaire qui changera les choses. C'est d'abord de s'attaquer aux causes, c'est-à-dire à la ségrégation sociale, à la précarité, au chômage, au racisme qui est dans les banlieues.
FRANÇOIS BAYROU
En s'attaquant aux causes sans s'occuper des sanctions, il y en a pour 20 ans.
NOËL MAMERE
Mais on ne vous a pas dit qu'il ne fallait pas de sanction. Ne faites pas croire aux téléspectateurs qui nous regardent encore à cette heure-là, ne leur faites pas croire que nous sommes des laxistes et des angéliques. Quand je vous parle de prévention et que je vous parle de protection et de réparation. J'emploie des mots, oui attendez la justice de réparation oui
ARLETTE CHABOT
On vous a entendu là-dessus. Est-ce que l'on peut clore sur ce sujet
NOËL MAMERE
Ne faites pas croire que parce que nous ne voulons pas une réforme de l'ordonnance de 45, parce que nous ne voulons pas des places de plus dans les prisons, j'ai été membre de la commission d'enquête parlementaire sur les prisons. Quand j'ai entendu monsieur COLLOMB tout à l'heure, j'ai été atterré par son discours. La tolérance zéro ça veut dire que monsieur LE PEN a gagné, que la matrice de la peur et de l'insécurité elle est là est reprise par la droite et par la gauche. Et dans les prisons nous savons qu'il n'y a plus de citoyens, parce que dès qu'on a franchi la porte de la prison, la citoyenneté ça ne veut plus rien dire. Est-ce que l'on va criminaliser une partie de la population en l'envoyant dans les prisons, ce n'est pas un projet ça ?
FRANÇOIS BAYROU
C'est avec des discours de cet ordre minoritaire même dans votre camp, mais qui a sa cohérence c'est avec des discours de cet ordre que vous bâtissez
NOEL MAMERE
Bien sûr, mais moi je ne produis pas la haine et la peur et je ne prône pas, comme vous, l'idée que le tout répression l'emportera.
FRANÇOIS BAYROU
La peur il faut la vaincre. Vous ne comprenez pas ça.
NOËL MAMERE
Vous savez les jeunes de banlieue, si ils nous écoutent ce soir, ils sont en droit d'être inquiets ce soir.
FRANÇOIS BAYROU
Vous ne comprenez pas ça, ils votent à gauche, ils votent à droite, ils s'en fichent mais ils ont peur.
NOEL MAMERE
Ils ne votent pas pour la plupart d'entre eux parce qu'ils sont dégoûtés par ce qu'ils entendent.
FRANÇOIS BAYROU
Ils ont peur, pas seulement les personnes âgées ou les jeunes, mais les gens comment dire, normaux, salariés, pauvres,... Ils ont peur. Et ce n'est pas normal de les abandonner.
(...)
(source http://www.bayrou.net, le 13 février 2002)
ARLETTE CHABOT
Alors, justement, dans cette enquête, 59 % des Français disent qu'ils pensent qu'effectivement le second tour opposera Jacques CHIRAC à Lionel JOSPIN. Franchement, François BAYROU, est-ce que vous n'avez pas un coup de blues, et c'est une question que je poserai aux uns et aux autres, à vous dire : on est en campagne, on fait des meetings, on parle, et paf ! les Français disent toujours " ça sera CHIRAC et JOSPIN ".
FRANÇOIS BAYROU
On vient de voir un film sur votre antenne, et ce film il montre une chose simple : pas d'élection sans surprise, et même souvent pas d'élection sans surprise à l'intérieur de la surprise
ARLETTE CHABOT
Et ce sera quoi la surprise cette année ?
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien la surprise ce sera que les Français diront non à ce duel attendu parce que ce duel ne peut pas porter l'élan, l'espoir, dont on voit que chaque élection a besoin . Ce n'est pas avec ce choix pré-digéré, si j'ose dire, que l'on arrivera, alors naturellement Lionel JOSPIN et Jacques CHIRAC essaient de retarder le plus longtemps possible leur entrée en campagne, et ce n'est pas normal, pour deux raisons. Ca n'est pas normal parce que les problèmes que la France a devant elle aujourd'hui sont si lourds et si importants, quelle que soit la réponse qu'on choisit d'y apporter (sécurité, Europe, éducation), quelle que soit la réponse, qui sont si lourds, qu'on a besoin d'en débattre et que huit semaines, deux mois, ce n'est pas trop pour le faire, et la deuxième raison est encore plus sensible aujourd'hui, c'est que vous voyez bien la campagne pourrie à laquelle cela laisse la place, c'est-à-dire sous la maison il y a une cave et dans la cave il y a des égouts et chacun s'en donne à cur joie avec les dossiers qu'il prépare contre les uns et contre les autres, et je trouve moi que la France mérite autre chose que ça.
(...)
ARLETTE CHABOT
François BAYROU, qu'est-ce qui vous différencie à la fois de Jean-Marie LE PEN, de Charles PASQUA, on comprend, sur l'Europe, sur d'autres sujets
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien si vous faites les questions et les réponses en même temps, ça ne sera pas pratique.
ARLETTE CHABOT
Moi je dis ça plutôt parce qu'on a un petit peu de mal avec dans la mesure où une partie de vos amis soutient déjà Jacques CHIRAC, alors on se dit : mais qu'est-ce qui les différencie, qu'est-ce qui vous différencie aussi d'Alain MADELIN, par exemple, voilà. Moi je dis, par exemple, tiens, je ne vote pas pour Jacques CHIRAC et je choisis qui ?
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien ce qui me différencie, la première chose, de Charles PASQUA à monsieur LE PEN et Jean-Pierre CHEVENEMENT, c'est que tous les trois ont refusé l'Europe le jour du traité de Maastricht, c'est-à-dire le jour où on a décidé de l'euro.
CHARLES PASQUA
On n'a pas refusé l'Europe, on a refusé cette forme d'Europe.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà, l'euro. Et tous les trois d'ailleurs nous avaient annoncé, plus que ça, ils avaient bâti une partie de leur campagne sur l'idée que ça allait être une catastrophe nationale au moins et même, puisqu'il y avait douze pays, internationale
JEAN-MARIE LE PEN
Ca le sera.
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien 300 millions de personnes ont montré qu'il n'en n'était rien. Et voilà une différence qui devrait, je crois, ouvrir les yeux de beaucoup. Au moment où il a fallu faire le choix, un certain nombre de gens ont dit oui et un certain nombre d'autres ont dit non, et ceux qui ont dit oui à l'heure actuelle ont montré que les craintes de ceux qui ont dit non étaient fausses
CHARLES PASQUA
Parlons de l'euro, Jean-François, hein, parlons de l'euro.
FRANÇOIS BAYROU
Autrement dit et Jean-Pierre CHEVENEMENT c'est la même chose sur Saddam HUSSEIN : il avait, il n'est d'ailleurs pas le seul, mais il avait fait le choix de soutenir plutôt Saddam HUSSEIN, eh bien je trouve que ceux qui ont été contre Saddam HUSSEIN et pour l'euro, avaient plus raison que ceux qui ont été pour Saddam HUSSEIN et contre l'euro.
CHARLES PASQUA
Non, il ne faut pas mélanger les deux, ça n'a rien à voir.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà des différences.
CHARLES PASQUA
Ca n'a rien à voir.
FRANÇOIS BAYROU
En tout cas, Charles, j'énumère, j'énumère. Ca n'a rien à voir, ce n'est peut-être par certain que ça n'ai rien à voir.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Voilà un point très très important, très très important. Ceux qui croient qu'il s'est passé le 1er janvier quelque chose d'essentiel dans notre histoire, et que ce quelque chose est bon
CHARLES PASQUA
Ouais, vous vous en rendrez compte un jour.
FRANÇOIS BAYROU
Oui, mais prophète veut malheur, on sait bien, mais ceux là ont marqué une différence essentielle et je crois qu'il était bon de la poser en fondation de ce débat.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Je crois que c'est très facile : c'est l'uvre conjointe de monsieur LE PEN, de monsieur PASQUA, de madame LAGUILLER, de monsieur MAMERE.
ARLETTE LAGUILLER
Ah non non, je n'ai pas enfoncé monsieur CHEVENEMENT !
ARLETTE CHABOT
C'est une co-prod.
FRANÇOIS BAYROU
Chacun
NOËL MAMERE
Chacun sait que François BAYROU c'est la relève, donc il est épargné par tout ça.
FRANÇOIS BAYROU
Sur ce sujet, oui. Chacun a apporté sa brique et son seau de ciment. On a dit aux Français que l'Europe était une horreur et qu'il fallait être souverainiste
NOËL MAMERE
Je n'ai jamais dit ça, moi, qu'est-ce que vous racontez ?
FRANÇOIS BAYROU
Une minute, tu vas avoir ton compte enfin, pas ton compte souverainiste et CHEVENEMENT l'a pris. On a dit aux Français qu'il existait une solution disponible pourqu'il n'y ai plus de licenciements et CHEVENEMENT l'a pris, on a raconté qu'à Porto Alegre on pouvait trouver la réponse, comme ça, dans ce grand show, et CHEVENEMENT l'a pris aussi. Autrement dit il a fait son miel avec ce que chacun a apporté et je crois qu'il le fait très bien, mais au bout du compte il y a dans cette affaire là naturellement, une espèce de gigantesque malentendu, parce qu'il n'est pas vrai selon, moi qu'il y ait une solution pour la France et pour qu'elle fasse entendre sa voix et pour qu'elle pèse dans les affaires du monde en dehors de la construction d'une Europe forte et il n'est pas vrai qu'il y ait une solution immédiatement disponible et accessible pour que les licenciements n'aient pas lieu, d'ailleurs il n'y a aucun pays du monde dans lequel les licenciements ne sont pas prononcés quand les entreprises vont mal. Autre chose, de se demander comment on pourrait faire pour aider les gens quand ils vont être licenciés ? Mais
ARLETTE CHABOT
Alors, François BAYROU, on va revenir sur le fonds du sujet.
FRANÇOIS BAYROU
Mais tout discours qui a été entendu là est un discours qui nourrie CHEVENEMENT, ça durera ce que ça durera.
(...)
ARLETTE CHABOT
Je voudrais, avant que l'on aborde les sujets de fond et de vous demander de débattre sur le fond des idées. Question qu'on ne peut pas ne pas vous poser ce soir et d'ailleurs qui était résumée d'une autre façon par Raymond BARRE dans le documentaire qui précédait. Raymond BARRE dit : dans une élection présidentielle tous les coups sont permis, alors quand on voit les affaires de ces derniers jours, est-ce que vous dites, vous aussi, dans une élection présidentielle, tout les coups sont permis ? François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Ce n'est pas ça. Il dit qu'en France une élection présidentielle permet tous les coups, c'est l'exception française à l'envers, c'est-à-dire ce que l'on peut imaginer de plus méprisable, mais c'est comme ça que la France est gouvernée depuis 20 ans. Les deux partis dominants qui sont là, mais aucun d'entre nous ne peut vous regarder dans les yeux en disant qu'ils n'ont pas passé tout leur temps à faire des dossiers, à lancer des affaires des uns contre les autres, aucun d'entre nous ne pense que SCHULLER revient par le hasard des choses ni même que l'affaire DESTRADE (phon) ou l'affaire de la maison de JOSPIN à l'Ile de Ré est sortie par le plus grand des hasards. Moi je crois qu'il y a ce que l'on appelle des officines
ARLETTE CHABOT
Des cabinets noirs comme on dit.
FRANÇOIS BAYROU
c'est-à-dire des gens qui sont, qui utilisent leur temps avec de l'argent noir, pour aller monter des dossiers contre les uns et contre les autres et je dis que c'est une honte, et on a vu BARRE et DELORS dans votre film, je suis persuadé que c'est des gens qui n'auraient pas gouverné comme ça et je suis persuadé, oui, que c'est un grand enjeu national d'essayer de sortir de cette contagion française.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors, Charles PASQUA, les affaires. Une fois dans un sens, une fois dans un autre, on les utilise régulièrement dans les campagnes, comme dit François BAYROU ?
CHARLES PASQUA
Non, non non, je ne suis pas d'accord là dessus et je dois dire que je suis étonné que BAYROU dise ça parce qu'il a appartenu à la majorité RPR/UDF pendant 20 ans et il ne peut pas dire ça aujourd'hui après avoir occupé les fonctions qu'il a occupées.
ARLETTE CHABOT
Vous voulez dire que vous étiez dans le même gouvernement de BALLADUR, c'est ça, hein.
CHARLES PASQUA
Ou alors il aurait dû s'en rendre compte
FRANÇOIS BAYROU
Eh bien Charles, on n'a pas vu les mêmes choses.
CHARLES PASQUA
Alors il faudra que tu t'expliques parce que c'est trop facile ça, tu comprends. C'est trop facile. Ce que je constate, et je suis bien placé pour le voir, c'est que semaine après semaine on sort ou on ressort les affaires d'il y a 15 ans, 10 ans, 12 ans, etc, et que comme d'habitude c'est toujours par le même média. Bon. On a même vu cette chose absolument extraordinaire :une équipe de télévision, je ne sais plus de quelle chaîne, j'espère que ce n'est pas la vôtre mais je n'en sais rien, une équipe de télévision se rendre en Iran pour demander à monsieur Anis NACCACHE qui est un assassin et un terroriste, si le ministre de l'Intérieur de l'époque disait la vérité ou pas. C'est enfin, dans quel système vivons-nous ? D'autre part, que la justice fasse son travail, c'est normal, mais elle a elle aussi des comptes à rendre, elle ne peut pas faire n'importe quoi et que les médias ne se substituent pas à la justice, il ne peut pas y avoir deux enquêtes, une enquête qui est conduite par la justice et une enquête publique du style de ce qui se faisait autrefois en Union Soviétique où vous êtes, à partir du moment où vous êtes cité, vous êtes jugé. C'est totalement inacceptable. Ca n'a rien à voir avec la démocratie.
NOËL MAMERE
Comment pouvez vous dire ça alors que vous savez pertinemment que la justice a été empêchée de travailler, donc c'est normal que
Brouhaha
CHARLES PASQUA
Monsieur MAMERE, ce n'est pas vrai.
NOËL MAMERE
Et quand vous parlez de NAKKACH c'est vous qui l'avez lâché. Alors et NAKKACH c'est vous qui l'avez lâché alors vous ne pouvez pas dire à la fois que c'est un assassin alors que vous l'avez laissé partir.
ARLETTE CHABOT
Je voudrai qu'on termine là dessus, pas ensemble parce que l'on ne comprend rien. FIN°
ARLETTE CHABOT
Monsieur BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Je vais dire très tranquillement, moi je ne crois pas une seconde, que les affaires soient d'un camp seulement, que les dossiers soient nourris par un camp seulement. De tout ce que je sais et de tout ce que je sens, c'est une pratique des deux bords.
ARLETTE CHABOT
Des deux bords.
FRANÇOIS BAYROU
C'est une pratique des deux partis dominants
ARLETTE CHABOT
Attendez.
NOËL MAMERE
Ca ne concerne pas la gauche que je sache, c'est un secteur monsieur JUPPE qui décidément flotte beaucoup dans ses bottes après y avoir été si droit.
ARLETTE CHABOT
Alors Charles PASQUA, question : si SCHULLER décide de rentrer aujourd'hui, selon vous ce n'est pas un hasard ?
CHARLES PASQUA
Ecoutez moi je n'en sais rien. Je ne suis pas à la place de SCHULLER. Je ne sais pas si c'est un hasard ou pas. En tous les cas
ARLETTE CHABOT
C'est un mauvais coup contre vous, contre Jacques CHIRAC, contre la droite ?
CHARLES PASQUA
Ecoutez en tous les cas c'est une coïncidence étonnante. Voilà. Je n'en dirais pas plus. Une coïncidence étonnante.
FRANÇOIS BAYROU
Ce que Charles PASQUA constate sur ce seul sujet, moi je l'élargis. Les coïncidences sont très étonnantes.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors pardonnez-moi, on va entendre François BAYROU. On va retrouver ensuite Gérard Alors est-ce que ça veut dire simplement, vous, vous dites tout ce qui est tolérance zéro, abaissement de l'âge de la majorité, modification de l'ordonnance de 45 ou suppression des allocations familiales pour les parents d'enfants délinquants non à ça ? C'est ça ?
NOËL MAMERE
C'est démagogique tout ça.
ARLETTE CHABOT
Ok, François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
On vient d'avoir en résumé le débat qu'on a tous les jours et depuis des années, les uns disent prévention et la politique de prévention a échoué
NOËL MAMERE
Protection et réparation.
FRANÇOIS BAYROU
A échoué gravissimement, hélas pour un idéal, gravissimement. Et les autres disent répression et il faut les deux. Simplement
NOËL MAMERE
Oui c'est une émission très centriste.
FRANÇOIS BAYROU
Simplement, oui elle est juste.
NOËL MAMERE
Celle du juste milieu.
FRANÇOIS BAYROU
Tu vas voir, simplement on ne peut pas en rester là. Parce qu'il est tout à fait exact de dire qu'il faudra beaucoup de temps, peut-être cinq ans ou dix ans pour rendre aux jeunes des repères qu'ils ont perdus complètement, pour aider les familles et madame LAGUILLER n'a pas tort de dire que les familles, elles sont abandonnées quelquefois. Cinq ans ou dix ans pour apprendre à lire, j'en parlerai dans une seconde mais on doit faire quelque chose demain matin. Ce qui est frappant c'est que vous ne comprenez pas que si on n'obtient pas des résultats demain matin, les gens vont nous jeter et ils auront raison. Parce que ce n'est pas nous ici qui sommes exposés à la trouille. Il faut appeler les choses par leur nom.
ARLETTE LAGUILLER
Moi je vis dans ces quartiers monsieur. Et je peux avoir peur aussi, mais je peux comprendre les choses.
FRANÇOIS BAYROU
Très bien.
NOËL MAMERE
Tu sais très bien que ça ne peut pas changer demain matin, c'est un travail de longue haleine.
FRANÇOIS BAYROU
Ca peut se changer demain matin.
NOËL MAMERE
Non ce n'est pas possible et ce n'est pas en mettant plus de flics que ça changera.
FRANÇOIS BAYROU
Nous ne sommes pas dignes, nous ne sommes pas dignes de prétendre que nous sommes un grand pays, un pays moderne, en laissant quoi ? 250 quartiers où les policiers ne peuvent pas entrer. Elle avait raison la jeune femme que l'on voyait.
CHARLES PASQUA
Il n'y en a pas 250, il y en a 500.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà moi je dis 250, peut-être 500, Charles. Vous croyez que l'on va pouvoir comme ça simplement être spectateur avec des belles paroles. Si nous ne sommes pas capables de prendre des engagements précis
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, il va finir, quels engagements François BAYROU ?
FRANÇOIS BAYROU
Ecoutez s'il faut une police particulière urbaine pour ces quartiers-là, moi je suis d'accord pour qu'on la mette. S'il faut réécrire l'ordonnance de 45, je suis d'accord pour qu'on la récrive.
ARLETTE CHABOT
On l'a changé 22 fois donc on peut la changer un peu plus.
FRANÇOIS BAYROU
Parce qu'avoir 16 ans en 1945 et 16 ans aujourd'hui ce n'est pas tout à fait la même chose. Avoir 13 ans en 1945 et 13 ans aujourd'hui qu'on n'en soit content ou pas ce n'est pas tout à fait la même chose. Moi ce qui m'obsède c'est que nous faisons collectivement la démonstration et chacun ayant été au gouvernement à la suite des uns, des autres
ARLETTE LAGUILLER
Pas moi.
ARLETTE CHABOT
Pas Arlette LAGUILLER et pas Jean-Marie LE PEN.
FRANÇOIS BAYROU
De l'impuissance absolue. Vous entendez ça, de l'impuissance absolue, ça ne cesse de monter au travers du temps.
ARLETTE LAGUILLER
Pour les enseignants oui
ARLETTE CHABOT
Il finit. Il finit.
NOËL MAMERE
Pour les enseignants, pour ceux qui travaillent à la police.
ARLETTE CHABOT
Il finit, laissez-le terminer.
FRANÇOIS BAYROU
Je vais prendre l'exemple, vous avez montré un chiffre là et pour une fois les chiffres de monsieur LE PEN sont vrais. Vous disiez
ARLETTE CHABOT
On n'a pas pris toutes les infractions, on a pris crimes et délits.
FRANÇOIS BAYROU
Le vrai chiffre c'est 4 millions cette année, de plaintes. Pas 4 millions de faits. 4 millions de plaintes et de plaintes songez au nombre de fois où on ne porte pas plainte. Je veux dire que moi je suis prêt à mettre tous les moyens disponibles en prévention, mais si on n'est pas capable
ARLETTE CHABOT
C'est-à-dire en terme de budget par exemple monsieur BAYROU. Parce que tout le monde dit il faut plus de moyens, enfin pas je veux dire en terme de budget justice-police ?
FRANÇOIS BAYROU
Ça coûtera ce que ça coûtera parce qu'on est en train de défaire le tissu là. On est en train de
CHARLES PASQUA
Je peux dire un mot ?
ARLETTE CHABOT
Oui, oui bien sûr. Chacun son tour. Vous n'êtes pas en retard.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
de couper les gens les uns des autres et si vous ne remettez pas d'abord le sentiment de paix, de tranquillité alors la prévention ne servira à rien.
NOËL MAMERE
On peut peut-être vous poser deux questions pour savoir si vous êtes d'accord pour financer cette politique. Est-ce que par exemple vous êtes d'accord avec ce qu'a été décidé par la gauche et que moi je trouve tout à fait scandaleux c'est la remise en cause de l'impôt progressif avec la suppression enfin la baisse de l'impôt sur le revenu. Vous savez que c'est à peu près 10 % des revenus qui assurent les deux tiers du fruit de cet impôt est-ce que vous êtes d'accord avec la suppression de l'avoir fiscal qui fait que dans notre pays on ne peut pas empocher les bénéfices ? Est-ce que vous êtes d'accord pour que l'on taxe un peu plus la valeur ajoutée sur la production ?
FRANÇOIS BAYROU
Noël MAMERE on a trouvé, on a trouvé 80 milliards pour les 35 heures, enfin actuellement 85. On peut bien trouver 10 ou 15 milliards pour ce ballon d'oxygène là. Mais on est en train..
NOËL MAMERE
Est-ce que vous seriez d'accord pour que l'on recrute 10 000 éducateurs par exemple sur cinq ans ?
FRANÇOIS BAYROU
Je suis d'accord pas seulement pour des éducateurs il en faudra plus que ça, parce que selon moi, il faut 10 000 places dans ces internats là.
NOËL MAMERE
Mais nous ne sommes pas pour les internats, ce ne sont pas des éducateurs pour les internats c'est des éducateurs dans les quartiers
FRANÇOIS BAYROU
Mais ce que demandent les jeunes
ARLETTE CHABOT
Attendez pas tous en même, ne recommencez pas.
FRANÇOIS BAYROU
Ce que demandent les gens qui sont au contact de ces enfants à l'abandon qui dérivent comme ça, qui sont récidivistes c'est de vraies places d'internat dans un grand département que je connais de la région parisienne. J'ai parlé avec le procureur de ce département, il me dit arrêtez vous voulez rire, on a cinq places pour le département, cinq.
NOËL MAMERE
Mais ce n'est pas le problème, on ne va pas enfermer ces enfants. Le problème c'est de les garder dans leur quartier et de faire du travail non seulement auprès d'eux, mais également auprès de leurs parents. Mais ce n'est pas de l'angélisme, je suis confronté dans ma commune à ça et je le fais, ça ne réussit pas toujours mais il y a des réussites, donc vous ne pouvez pas dire que ça ne marche jamais.
FRANÇOIS BAYROU
Noël MAMERE, il y a des fois où laisser les enfants comme vous le dites par angélisme c'est de la non-assistance à personne en danger. Vous les laissez et vous savez très bien..
NOËL MAMERE
Non, je ne, nous ne les laissons pas, on ne les laisse pas à l'abandon. Je vous amènerais dans ma commune vous verrez comment ça se passe.
FRANÇOIS BAYROU
Non mais je connais. Mais on ne peut pas les laisser comme ça.
ARLETTE CHABOT
Rendez-vous est pris.
NOËL MAMERE
Il y en a plein, il y en a plein, monsieur de ROBIEN vous dira la même chose dans sa commune.
ARLETTE CHABOT
Alors si vous voulez, tous les deux avant de continuer
FRANÇOIS BAYROU
Il dit et à juste titre. Il faut les élus, mesures concrètes, il faut que les élus locaux soient les patrons de la police de proximité.
NOËL MAMERE
Non certainement pas nous ne sommes pas des shérifs c'est la police républicaine. Créons un service unifié, un service d'Etat, unifié de la police républicaine avec la gendarmerie. Et démilitarisons la gendarmerie et faisons un grand ministère de la police républicaine et arrêtons les polices municipales
ARLETTE CHABOT
Alors vous êtes d'accord pour un grand ministère, alors prenons ce point vous dites oui ou non, grand ministère de la sécurité dit Noël MAMERE, vous êtes d'accord avec François BAYROU.
(MOTS CROISES - 2ème partie)
(...)
FRANÇOIS BAYROU
On a raison de dire que c'est à l'école que les choses se jouent. Proposition concrète, que l'on enseigne à l'école ou collège, qu'on enseigne la loi, parce qu'un très grand nombre de ces enfants-là, ils ne savent plus depuis très longtemps ce qui est permis et ce qui est interdit.
CHARLES PASQUA
Bien sûr.
FRANÇOIS BAYROU
Qu'on enseigne la loi, on a fait de l'Education Civique, j'en ai fait, CHEVENEMENT en a fait. La morale, mais que l'on enseigne la loi, la morale c'est subjectif.
JEAN-MARIE LE PEN
C'est la notion du bien et du mal.
CHARLES PASQUA
Qu'on leur apprenne à vivre en société en sachant qu'il y a des règles.
FRANÇOIS BAYROU
La loi c'est objectif. Il y a du permis et il y a de l'interdit. Qu'on enseigne la loi et deuxièmement, parce que c'est vrai les difficultés scolaires ont quelque chose à voir avec la suite et en particulier l'échec, la marginalisation et le bazar, qu'on note en 6ème que les enfants qui savent lire. Qu'on fasse et qu'on vérifie au moment de l'entrée en 6ème, si les enfants savent lire ou pas et que l'on concentre tous les moyens nécessaires sur ceux dont on sait à partir de 7 ou 8 ans, qu'ils n'apprendront pas à lire. Et eux, il m'est égal qu'on leur mette un enseignant pour trois élèves ou pour quatre élèves, que l'on mette tous les moyens de la nation. Parce qu'accepter comme on le fait que les enfants entrent en 6ème et montent de classe en classe alors qu'on sait très bien qu'ils ne suivent pas. C'est accepter aussi la déstabilisation
ARLETTE CHABOT
Alors s'il vous plaît, Noël MAMERE
NOËL MAMERE
Ce que dit François BAYROU, c'est très intéressant, mais ça pose le problème des moyens que l'on se donne pour l'Education et du statut des enseignants. On ne peut pas demander aux enseignants de transmettre la connaissance, de transmettre la connaissance et la citoyenneté ce qui est dans leur fonction. La plupart d'entre eux dans les quartiers difficiles, ils sont obligés de faire de la discipline. Donc il y a un secteur qui s'appelle l'économie solidaire avec les associations qui font du rattrapage scolaire, qui travaillent sur les questions de l'illettrisme c'est là-dessus qu'il faut travailler. C'est là où il faut donner des moyens à ce secteur de l'économie qui forge une innovation, qui forge la solidarité et qui aujourd'hui est totalement abandonné. Combien sommes-nous confrontés à des suppressions d'entreprise d'insertion parce qu'elles n'ont pas reçu les moyens qu'il fallait.
FRANÇOIS BAYROU
Je suis pour qu'on aille plus loin. Moi je propose qu'on instaure
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, attendezmonsieur BAYROU vous terminez puis
FRANÇOIS BAYROU
Pour aller plus loin dans le sens de ce que Noël MAMERE indique je propose que l'on instaure un service civil, humanitaire, pour tous les jeunes, garçons et filles entre 18 et 21 ans, parce qu'en effet, il y a eu je crois une erreur de supprimer
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez, est-ce que l'on peut avancer
FRANÇOIS BAYROU
Oui on a supprimé le service national, il n'y a plus rien.
NOËL MAMERE
Les jeunes qui sont partis au service, on leur a proposé de passer dans les quartiers, pour beaucoup d'entre eux, ce sont devenus des bons éducateurs.
FRANÇOIS BAYROU
Là service civil humanitaire, garçon et fille, souple entre 18 et 22 ans, mettons, pour que chacun s'habitue à penser que vivre dans un pays ce n'est pas seulement recevoir, c'est donner.
(...)
ARLETTE LAGUILLER
D'abord j'aimerais que l'on fasse la même campagne que l'on fait actuellement à propos de l'insécurité, que l'on fasse la même campagne contre le chômage, contre les suppressions d'emploi. Parce que la première insécurité et qui touche et qui menace tout le monde quelle que soit sa profession, c'est le chômage c'est la perte de son emploi. Je ne vais pas rappeler ce qu'il a dit sur les coefficients de 40 ou 50 % de chômeurs dans certains quartiers. Et puis la deuxième chose, c'est vrai qu'il manque dans les cités les partis ouvriers qui existaient dans le passé et qui créaient un lien social, moi je milite pour en recréer justement, un lien social parce qu'une société
ARLETTE CHABOT
Attendez, attendez
ARLETTE LAGUILLER
Je ne parle pas des curés, moi je suis athée
brouhaha
JEAN-MARIE LE PEN
Ils contribuaient à créer une formation morale et civique évidemment.
ARLETTE LAGUILLER
Cette société elle est basée sur l'égoïsme, sur l'appât du gain, sur l'individualisme, oui il faut créer effectivement des partis qui luttent
ARLETTE CHABOT
Pas uniquement les curés. Alors est-ce que vous pouvez
FRANÇOIS BAYROU
Elle est basée aussi sur la générosité, simplement elle ne trouve pas à s'employer.
CHARLES PASQUA
Elle est matérialiste la société.
FRANÇOIS BAYROU
Elle est matérialiste et pas seulement. Elle est matérialiste et pas seulement. Il y a aussi des tas et des tas, il y a des millions de jeunes en particulier qui ont envie de donner quelque chose à la société, alors qu'est-ce qu'on décrit
ARLETTE LAGUILLER
Déjà il n'y aurait pas de recherche contre le cancer, sans la générosité c'est l'Etat qui fait défaut.
(...)
FRANÇOIS BAYROU
Je disais on se fiche du monde. D'abord parce que je ne crois pas du tout qu'on puisse dans une ville simplement en arrivant trouver des améliorations de cet ordre. Je crois que monsieur COLLOMB a profité d'un certain nombre de choses que monsieur BARRE avait fait et qu'il avait approuvé et qui était juste vidéosurveillance. Par exemple on s'en fiche, ce n'est pas le sujet.
Mais je disais on se fiche du monde, parce que tout le monde dit avec le plus grand sérieux, tolérance zéro. Je préférerais d'ailleurs que l'on dise impunité zéro, parce que la tolérance pour moi c'est une vertu. Mais impunité zéro, figurez-vous qu'on n'est pas impunité zéro, on est un impunité 97 ou 96 %. Et donc quand nous, quand les politiques disent tolérance zéro ou impunité zéro, ceux qui nous entendent et qui nous écoutent, ils tournent le bouton parce qu'ils savent que ce que nous racontons, pour être poli, des paroles verbales, du pipo autrement dit! Et que tant qu'on ne sera pas capable de faire une vraie impunité, pas zéro, mais 50 % ça serait déjà très bien, ça multiplierait par cinq ou par dix les résultats que nous obtenons aujourd'hui. Autrement dit le débat est entièrement pipé par l'utilisation de mots et les réalités ne suivent jamais.
ARLETTE CHABOT
Alors Silvia AVINO vous êtes prof dans un collège, vous avez été patiente et vous écoutez allez-y, et dites ce que vous pensez et posez les questions, ils sont cinq pour vous répondre.
SILVIA AVINO
Je crois que tout le monde est d'accord sur le fait que l'école a un rôle central à jouer. Seulement quand j'entends parler les candidats, j'ai l'impression qu'ils parlent d'une école qui serait comme un îlot, comme quelque chose de totalement exclu du monde. Or même si nos principes républicains en prennent un coup, maintenant c'est plutôt des écoles. Il y a des écoles où une grande majorité d'élèves réussisse très bien et puis il y a des écoles où tout se passe dans le plus grand calme où les élèves travaillent en paix et puis il y a des écoles où il y a beaucoup de violence. Et quelle est la différence entre les deux, c'est le tissu social qui est autour. Alors vous dites il faut que l'école leur apprenne la loi, mais c'est ce que l'on fait en tant que professeur, seulement nous, il faudrait que l'on réussisse là où les parents ont échoué, où les éducateurs de rue ont échoué, où les îlotiers, tous les policiers qui sont sur le terrain échouent et où les familles échouent aussi. Alors je pense qu'on ne peut pas considérer comme ça l'école comme quelque chose, une espèce de recette qui serait un monde à part. Et je me demande si quand même le problème n'est pas dans la structure même, dans la ségrégation sociale qui existe dans les quartiers. Quand on entend les candidats parler, je trouve que c'est des solutions qui ne remettent jamais en cause ça. C'est-à-dire c'est amenons plus de policiers, amenons des éducateurs, des moyens, et puis ? Fondamentalement on continue à cumuler tous les handicaps dans une même zone et l'école ne pourra pas faire de miracle à cet endroit-là.
(...)
ARLETTE CHABOT
Alors en vous remerciant, François BAYROU, parce que moi je surveille un peu le temps de parole des uns et des autres. Un petit mot très court de François BAYROU.
FRANÇOIS BAYROU
Un petit mot mais qui n'est pas sans portée ou du moins j'ai la faiblesse de le croire. Je suis en désaccord avec Jean-François COPE sur un seul point. C'est quand il dit que c'est la grande différence entre la droite et la gauche. Je n'en crois rien, je pense que beaucoup de gens à gauche sont de l'avis que nous avons exprimé ici les uns et les autres, à savoir qu'il faut faire les deux et prendre des engagements sur des résultats vite. Ma conviction profonde est que c'est un sujet d'union nationale. C'est-à-dire que sur ce point-là, il faudrait que les électeurs nous mettent au pied du mur, en disant puisque vous dites les mêmes choses avec les mêmes mots, vous êtes priés de le réaliser ensemble. Noël MAMERE est sur une ligne complètement différente
NOËL MAMERE
Parce que vous, vous me parlez des effets, moi je vous parle des causes. Ce n'est pas pour obtenir un discours d'union nationale sur la sécurité sécuritaire qui changera les choses. C'est d'abord de s'attaquer aux causes, c'est-à-dire à la ségrégation sociale, à la précarité, au chômage, au racisme qui est dans les banlieues.
FRANÇOIS BAYROU
En s'attaquant aux causes sans s'occuper des sanctions, il y en a pour 20 ans.
NOËL MAMERE
Mais on ne vous a pas dit qu'il ne fallait pas de sanction. Ne faites pas croire aux téléspectateurs qui nous regardent encore à cette heure-là, ne leur faites pas croire que nous sommes des laxistes et des angéliques. Quand je vous parle de prévention et que je vous parle de protection et de réparation. J'emploie des mots, oui attendez la justice de réparation oui
ARLETTE CHABOT
On vous a entendu là-dessus. Est-ce que l'on peut clore sur ce sujet
NOËL MAMERE
Ne faites pas croire que parce que nous ne voulons pas une réforme de l'ordonnance de 45, parce que nous ne voulons pas des places de plus dans les prisons, j'ai été membre de la commission d'enquête parlementaire sur les prisons. Quand j'ai entendu monsieur COLLOMB tout à l'heure, j'ai été atterré par son discours. La tolérance zéro ça veut dire que monsieur LE PEN a gagné, que la matrice de la peur et de l'insécurité elle est là est reprise par la droite et par la gauche. Et dans les prisons nous savons qu'il n'y a plus de citoyens, parce que dès qu'on a franchi la porte de la prison, la citoyenneté ça ne veut plus rien dire. Est-ce que l'on va criminaliser une partie de la population en l'envoyant dans les prisons, ce n'est pas un projet ça ?
FRANÇOIS BAYROU
C'est avec des discours de cet ordre minoritaire même dans votre camp, mais qui a sa cohérence c'est avec des discours de cet ordre que vous bâtissez
NOEL MAMERE
Bien sûr, mais moi je ne produis pas la haine et la peur et je ne prône pas, comme vous, l'idée que le tout répression l'emportera.
FRANÇOIS BAYROU
La peur il faut la vaincre. Vous ne comprenez pas ça.
NOËL MAMERE
Vous savez les jeunes de banlieue, si ils nous écoutent ce soir, ils sont en droit d'être inquiets ce soir.
FRANÇOIS BAYROU
Vous ne comprenez pas ça, ils votent à gauche, ils votent à droite, ils s'en fichent mais ils ont peur.
NOEL MAMERE
Ils ne votent pas pour la plupart d'entre eux parce qu'ils sont dégoûtés par ce qu'ils entendent.
FRANÇOIS BAYROU
Ils ont peur, pas seulement les personnes âgées ou les jeunes, mais les gens comment dire, normaux, salariés, pauvres,... Ils ont peur. Et ce n'est pas normal de les abandonner.
(...)
(source http://www.bayrou.net, le 13 février 2002)