Communiqué de la présidence de la République en date du 4 mai 1985 sur les propositions françaises pour lutter contre la famine et la sécheresse en Afrique.

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Circonstance : Sommet des pays industrialisés à Bonn des 3 et 4 mai 1985.

Texte intégral

Propositions françaises pour lutter contre la famine et la sécheresse en Afrique.
- La situation actuelle de crise que connaît l'Afrique est due à une évolution climatique exceptionnelle décelée trop tardivement.
- La sécheresse n'est toutefois pas la seule cause de cet accident qui s'explique également par la destructuration du système de production agricole et la dégradation de l'environnement.
- Les mesures proposées par la France dans le cadre de la préparation du Sommet des sept pays industrialisés se situent dans la ligne des décisions prises par le Conseil européen de Dublin et la Conférence des Nations unies à Genève portant sur la situation d'urgence en Afrique.
- Les pays occidentaux doivent à la fois améliorer l'efficacité de l'aide d'urgence et répondre aux besoins à plus long terme du développement.
- I - Des actions d'urgence plus efficaces.
- Deux propositions : 1 - Le renforcement du système d'alerte rapide : les systèmes d'observation par satellite peuvent fournir à l'avance des informations sur l'état des récoltes et permettre une action rapide.
- Or, il n'existe pas en Afrique d'organisation équipée pour recevoir et traiter sur place les images des satellites de télédétection et pour couvrir la totalité de la zone soudano-sahelienne.
- Proposition : financement de deux stations de réception et de traitement des images satellitaires à Nairobi et à Ouagadougou où existent déjà des installations, la coordination étant assurée par les organisations régionales existantes.
- 2 - Création d'unités de transports rapides : les transports vers l'intérieur du continent se sont révélés particulièrement difficiles.
- Des initiatives ponctuelles ont été prises par certains pays ou par les organisations multilatérales (CEE, Programme alimentaire mondial) mais il n'existe pas l'équivalent d'une force d'urgence mobilisable rapidement.
- Proposition : les pays occidentaux financeraient des unités de transport rapide en Afrique, avions et surtout camions, afin d'acheminer des produits alimentaires et des intrants. La coordination serait assurée par le P.A.M.
(suite) II - La relance de la production agricole.
- Deux propositions : 1 - Une action immédiate : les pays occidentaux enverraient non seulement de l'aide alimentaire mais également des intrants (semences, pesticides, engrais) pour relancer les productions locales et réduire la dépendance vis-à-vis de l'aide alimentaire. La coordination serait assurée par la FAO.
- 2 - Une action à plus long terme : il existe déjà des recherches sur les céréales en zone aride, notamment sur le riz. Mais les recherches sont incomplètes et ne traitent pas les problèmes particuliers d'adaptation à la sécheresse.
- Proposition : renforcer et mieux coordonner ce qui existe en créant un réseau régional et international de recherche sur les céréales des zones arides. L'objectif est d'élaborer de nouvelles variétés plus productives et adaptées aux conditions locales. L'assistance technique et les coûts de fonctionnement seraient à la charge des donateurs.
- Le groupe technologie alimentaire de la comission TCE pourrait étudier ce projet.
- III - Lancement d'un programme coordonné de lutte contre la désertification du Sahel.
- La désertification est un phénomène global qui correspond à une destruction profonde de l'équilibre naturel. Il importe donc de reconstruire un environnement qui permette la renaissance de l'agriculture.
- Il existe actuellement un grand nombre de projets portant sur la reforestation, la maîtrise de l'énergie consommée, le développement des espèces végétales.
- Proposition : Elaborer un programme d'ensemble constitué par une série de projets pilotes mis en oeuvre de manière simultanée dans les pays du Sahel.
- Ce programme complèterait les projets de développement rural.
- Un nouveau fond de lutte contre la désertification financé par des contributions multilatérales et bilatérales pourrait être créé, la coordination étant assurée par le FIDA.