Communiqué du ministère des affaires étrangères, en date du 16 janvier 1987, à propos de l'enlèvement de M. Roger Auque.

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Circonstance : Enlèvement de M. Roger Auque, journaliste français, le 13 janvier 1987, à Beyrouth

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Texte intégral

QUESTION : L'enlèvement de M. Roger Auque n'est-il pas un revers pour la politique menée par le gouvernement concernant les otages ?
- REPONSE DU PORTE-PAROLE : On ne peut, en vérité,rien dire pour l'instant, alors que l'on ignore encore les tenants et aboutissants de cet enlèvement qui n'a pas été revendiqué. Le gouvernement, devant ce type d'action, - hélas habituelle à Beyrouth, mais qui en l'occurence parait avoir été préméditée et bien organisée - s'est exprimé très rapidement dans un communiqué où il a déclaré qu'il poursuivrait ses contacts avec les Etats de la région qui peuvent jouer un rôle à cet égard. Le sens de ce communiqué, publié avant toute revendication, n'a certainement pas échappé à ceux qui pourraient être concernés. En outre, ce communiqué montre que le gouvernement entend maintenir la politique engagée depuis neuf mois, c'est-à-dire le développement de contacts étroits avec les divers pays de la région, et notamment une normalisation globale de nos relations avec l'Iran sans remise en cause de notre politique au Moyen-Orient. Naturellement, nous attendons de cette normalisation des retombées sur le problème des otages.
- QUESTION : Cet enlèvement est-il la conséquence du fait que l'Iran a été oublié par le Premier ministre dans les remerciements exprimés après la libération de M. Cornéa ?
- REPONSE DU PORTE-PAROLE : Les remerciements du gouvernement pour la libération de M. Cornea ont, en réalité, été exprimés en deux temps. Il y a d'abord eu, le 24 décembre, un communiqué de l'Hôtel Matignon qui a remercié "tous ceux qui ont contribué" à la libération. Le lendemain, juste avant l'arrivée de notre compatriote, le Premier ministre n'a pas mentionné l'Iran parmi ceux auxquels il adressait ses remerciements. Bien entendu, l'Iran a joué un rôle dans la libération de M. Cornea. Mais le Premier ministre a voulu donner un signal.
- Comme l'a dit plus tard le ministre, au stade où nous sommes parvenus de la normalisation, nous attendions mieux des Iraniens. Nous avons, pour notre part, respecté à la lettre nos promesses et nos engagements. Les Iraniens ne l'ont pas encore fait. Mais cela ne nous écarte pas de la voie que nous nous sommes tracée et qui a déjà porté des fruits.
QUESTION : N'y-a-t-il pas un engrenage dans lequel le gouvernement est entrainé malgré lui ? La France va-t-elle réviser sa politique concernant les otages ? REPONSE DU PORTE-PAROLE : Il n'y a pas d'engrenage, puisqu'il n'y a pas de marchandage. La France mène avec l'Iran une politique globale de normalisation fondée sur le rétablissement de la confiance. Nous ne négocions pas sur les otages. Nous négocions sur la normalisation des relations franco-iraniennes, en particulier sur l'apurement d'un contentieux économique et financier important, et nous avons beaucoup avancés en dix mois. Mais il va de soi que la normalisation ne pourra parvenir à son terme que lorsque les otages Français du Liban auront été relachés par leurs ravisseurs, sur lesquels l'Iran peut avoir une influence. Les Iraniens le savent. Nous le leur avons dit. Nous nous en tenons à un règlement d'ensemble de cette question des otages, même si, pour des raisons qui ne dépendent pas de nous, on assiste à des libérations au compte gouttes. Il n'est donc pas question de changer de politique.
- QUESTION : Le gouvernement va-t-il changer de ton à l'égard des Iraniens ?
- REPONSE DU PORTE-PAROLE : Notre langage vis-à-vis des Iraniens a toujours été fait à la fois d'ouverture et de netteté, voire de fermeté. Ce qu'il y avait lieu de leur dire après la libération de Cornea leur a été immédiatement et clairement dit, dans le cadre des contacts réguliers que nous avons avec eux en vue de régler les problèmes qui se posent. Nous verrons, dans les jours qui viennent, s'il y aura lieu de leur dire d'autres choses à d'autres propos.
- QUESTION : Les Syriens ont-ils joué un rôle dans cette affaire ? REPONSE DU PORTE-PAROLE : Compte tenu de l'influence syrienne au Liban, nous sommes persuadés que Damas ne manquera pas de nous aider, comme il l'a déjà fait. Nous maintenons, d'ailleurs, des contacts réguliers avec les Syriens.