Texte intégral
P. Amar : Que ressentez-vous ?
S. Veil : Je ne pouvais pas rater cela. C'est un événement bouleversant. On se dit que d'avoir la télévision à ce moment-là c'est formidable. De vivre un moment pareil, il y en a très peu dans l'histoire, c'est exceptionnel. Il y a eu le Mur de Berlin. Sur le plan d'une émotion différente, nous avons aussi assisté aux premiers pas sur la lune. Ce sont des instants extraordinaires dont on veut gagner le souvenir en images. C'est l'espoir qui marque la fin d'un conflit, qui impliquait tous les peuples du Moyen-Orient et bien au-delà qui était un danger pour le monde entier. Peut-être que, comme les événements paraissaient se régionaliser, les jeunes ont moins le sentiment de cette menace. On s'est souvent demandé si une troisième guerre mondiale ne partirait pas du Moyen-Orient. Tout d'un coup par la volonté d'un petit groupe d'hommes, grâce à leur courage, ils ont renversé le sens de l'histoire. Camp David c'était déjà il y a 15 ans, El-Sadate l'a payé de sa vie, c'était un moment formidable quand il avait été à Jérusalem. Cet espoir est parrainé par les États-Unis et par la Russie et on a le cœur serré, même si on est réjoui, devant l'absence de l'Europe. Il y a des gens qui restent sceptiques, je ne vois pas comment même si c'est encore dur, même s'il y aura beaucoup d'obstacles. I. Rabin a fait un discours bouleversant d'émotion, en disant, c'est fini il n'y aura plus de différence entre ceux qui ont été les victimes palestiniennes et israéliennes, c'est une reconnaissance mutuelle avec un respect mutuel.