Texte intégral
Q. : À Bruxelles, c'est la première journée du sommet de l'OTAN qui se poursuivra demain. Le dossier bosniaque a donc, je dirais, M. Juppé, enfin introduit à la demande de la France. Américains et Français sont-ils d'accord pour des frappes aériennes, lesquelles, sur qui et par qui, M. Juppé ?
R. : Je voudrais d'abord dire, que comme tout un chacun, je suis bouleversé par ce que je sais et par ce que je vois de la situation en Bosnie. Je ne voudrais pas qu'il y ait d'un côté les diplomates froids, de l'autre côté ceux qui ont du cœur. Gardons ça en tête compte tenu de ce que je vais dire ensuite. Je voudrais aussi rappeler quelques vérités avant de répondre à votre question parce qu'on n'arrivera pas à trouver une solution si on ne dit pas la vérité.
La première vérité, c'est qu'aucune grande puissance, ni l'Alliance atlantique, ni l'Union européenne, ni personne d'autre ne va débarquer en Bosnie pour établir la situation qui existait il y a deux ans. Il faut le dire pour ne pas entretenir d'illusions.
La deuxième vérité, c'est qu'aujourd'hui, au moment où je vous parle – cela n'a pas toujours été le cas mais au moment où je vous parle – les responsabilités sont partagées. Il y a, bien sûr, les Serbes qui sont les agresseurs et qui aujourd'hui répondent d'une manière criminelle aux provocations dont ils sont l'objet à Sarajevo. Il y a les Croates qui ont aussi ouvert des camps et pris souvent l'offensive, à Mostar en particulier, mais il y a aussi aujourd'hui, je veux le dire sans passion (mais je crois que cela a déjà été évoqué avant que je n'intervienne) l'armée bosniaque qui a refait ses effectifs et son armement et qui a pris l'offensive à Sarajevo, dans certaines parties de la ville contrôlées par les Serbes et aussi en Bosnie centrale. Si nous ne disons pas cela, si nous ne savons pas cela, nous ne ferons pas la paix parce qu'aujourd'hui, il faut faire des pressions sur toutes les parties pour les convaincre qu'il n'y a pas de solution militaire et que la seule solution, c'est un règlement politique.
Alors qu'est-ce que nous avons essayé de faire dans ce sommet sur l'Alliance ? D'abord parler de la Yougoslavie car, c'est vrai, au début on avait décidé de réunir 16 chefs d'État et de gouvernement pour évoquer la sécurité et la stabilité en Europe en mettant la Yougoslavie de côté. Et c'est parce que la France a dit la semaine dernière « c'est inconcevable » que nous avons aujourd'hui parlé de la Yougoslavie. Nous avons obtenu dans ce qui sera demain la déclaration finale du Sommet trois choses qui paraîtront peut-être minces à ceux qui nous écoutent mais qui paraissent pour l'avenir importantes.
1. D'abord, nous avons obtenu que les 16 pays de l'Alliance atlantique approuvent le plan de paix de l'Union européenne. On nous dit souvent « il n'y a pas d'objectif politique ». Je regrette, il y a un objectif politique. L'objectif, c'est la paix et une paix aussi juste que possible. Et pour cela, nous nous sommes engagés, nous Européens, nous avons dit : voilà quel est le plan que nous proposons. Ce plan, je l'ai discuté moi-même avec M. Izetbegovic, je me souviens très bien du moment à Genève, le 29 novembre dernier où je lui ai dit « qu'est-ce que vous voulez ? » et où il m'a écrit sur un papier « 33,3 % du territoire de la Bosnie ». C'est lui qui l'a dit. Nous avons donc proposé cela, 17,5 % pour les Croates, 33,3 pour les Musulmans, le reste pour les Serbes.
Il y a beaucoup d'autres aspects dans ce plan, l'accès à la mer, le statut international de Sarajevo, le statut européen de Mostar, l'accès à la Save et au Danube par le nord. Bref, le plan, il est sur la table et maintenant, nous sommes en mesure de dire : les 16 pays de l'Alliance atlantique présentent à toutes les parties le plan qu'il faut aujourd'hui approuver et accepter. Il n'y en aura pas d'autre.
2. La deuxième chose que nous avons retenue qui est très importante, c'est l'engagement des 16 de contribuer à la mise en application sur le terrain, en Bosnie, par l'envoi de troupes, de ce plan s'il est approuvé. Et je le dis à ceux qui nous écoutent à Sarajevo, le Président Clinton lui-même et les autres chefs d'État et de gouvernement ont dit aujourd'hui « si la paix est signée, nous viendrons en Bosnie avec des soldats de l'OTAN pour en garantir l'application ». C'est un engagement solennel.
3. Enfin, la troisième chose que nous avons obtenue, c'est que l'Alliance atlantique se dise prête à soutenir l'ONU dans l'application des résolutions du Conseil de sécurité. Cela veut dire deux choses concrètement. D'abord, comme François Léotard ou le Général Briquemont l'évoquaient, le nécessaire renforcement des effectifs de la Forpronu. On nous a annoncé depuis des mois et des mois qu'on allait envoyer 7 000 hommes supplémentaires. La France a fait son devoir, elle en a envoyé 1 000. Où sont les autres ? Dès demain, nous rencontrons Monsieur Boutros-Ghali, le Secrétaire général des Nations unies à Paris et nous allons lui dire « où sont les autres ? » Il faut qu'ils viennent.
Et le deuxième aspect de cet engagement de l'OTAN, c'est de dire « si la Forpronu est attaquée, si elle ne peut pas accomplir ce qui lui a été confiée par le Conseil de sécurité, alors nous sommes disponibles pour les frappes aériennes ». ET nous avons, non pas à 16 mais à l'initiative de la France une fois encore et avec nos partenaires qui ont des troupes sur le terrain, essayé de définir plus précisément les opérations que nous pourrions faire pour rendre sa crédibilité à la Forpronu. Je crois que François Léotard vous l'a expliqué tout à l'heure, j'y reviendrai simplement d'un mot. La première de ces interventions, consiste à forcer la route de Srebrenica pour assurer la relève du contingent canadien et la deuxième, c'est l'ouverture de l'aéroport de Tuzla de façon que l'aide humanitaire puisse y atterrir. Et nous avertissons très clairement ceux qui voudraient s'opposer à ces deux opérations que s'ils le font, alors les frappes aériennes interviendront. Voilà ce qu'est, au moment où je vous parle et alors que les chefs d'État et de gouvernement continuent à en discuter, le schéma qui a été arrêté ici à Bruxelles.
Q. : Votre conclusion rapidement, Monsieur Juppé, avant que nous ne terminions cette émission, du point de vue que vous choisirez vous-même d'exprimer, d'ailleurs.
R. : Comment voulez-vous conclure ? Je suis ici à Bruxelles dans un bâtiment officiel tranquillement installé. Je ne veux pas avoir vis-à-vis des témoignages que je viens d'entendre que respect et admiration. Qu'on me permette quand même de relever un mot. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'indifférence. Ce n'est pas juste. Qu'on puisse vous accuser d'inefficacité, peut-être d'impuissance, je l'admets. C'est vrai que toutes les initiatives que nous avons prises n'ont pas abouti pour l'instant, mais pas l'indifférence, ce n'est pas vrai. Depuis plusieurs mois, le France en particulier a fait ce qu'elle a pu, François Léotard l'a rappelé, par notre présence sur le terrain. Nous avons aussi, ça paraîtra accessoire mais après tout, il faut quand même le dire, dépensé beaucoup d'argent et puis, nous avons pris une multitude d'initiatives diplomatiques, je ne vais pas en faire la liste, pour essayer d'en sortir. Alors, de grâce, qu'on soit aussi parfois un peu juste vis-à-vis des pays qui, comme la France, essayent de se battre et de secouer, ce qui peut être ailleurs est de l'indifférence.
Q. : Vous avez le sentiment, Monsieur Juppé, qu'aujourd'hui cette façon qu'ont eue les Français, disons, de forcer un peu la main à leurs collègues de l'Otan, est en train de répondre à cette situation de virage dont je parlais tout à l'heure et dans laquelle se trouvent, au fond, des forces de l'ONU à Sarajevo que la population perçoit plutôt bien et qui sont un peu maintenant frappés d'impuissance par la limite du mandat. Il y a un virage maintenant, vous avez ce sentiment ? Cela peut aller un peu plus loin et plus nettement ?
R. : Il faut l'espérer. C'est en tout cas ce que j'essaye de faire. C'est vrai que la France est à la pointe de l'initiative dans ce domaine et je le dis au trois parties qui sont là. Récemment, les deux médiateurs internationaux, Lord Owen et M. Stoltenberg, me disaient à Paris « jamais on n'a été aussi près d'un accord politique ». Il faut quand même bien savoir qu'aujourd'hui, dès lors que chacun confirme les engagements pris à Genève ou à Bruxelles, on est à 0,1 % ou à 0,2 % de l'accord sur le plan territorial. Alors il y a encore un espoir, il y a encore un rendez-vous le 18 janvier prochain. On est tout près de l'accord. On est près de l'accord sur l'accès à la mer, on est près de l'accord sur la répartition territoriale, on est près de l'accord sur le statut ONU de Sarajevo, on est près de l'accord sur le statut européen de Mostar. De grâce, concluons cet accord. Cela ne réglera pas tout. Il y aura encore beaucoup de difficultés après. Il faudra aller sur le terrain, mais cela nous permettra au moins d'arrêter le massacre qui est en cours aujourd'hui.
Q. : Cela, c'est à destination des parties en présence que vous le dites, Monsieur Juppé, de ceux qui sont les belligérants ?
R. : Bien sûr, je le dis à destination des trois parties. Ce n'est pas moi qui peux signer l'accord de paix. Ce sont le gouvernement bosniaque, les autorités serbes, les autorités croates. C'est la seule voie aujourd'hui pour sortir de la situation dans laquelle nous sommes. Il ne faut pas espérer que la reprise de la guerre, la reprise de l'offensive qui provoque des rétorsions de part et d'autre est une solution. Il n'y aura pas d'issue. Nous arriverons simplement alors à un moment où la communauté internationale se désengagera et ce sera la catastrophe. Donc, c'est une sorte de cri, non pas de désespoir mais au contraire de mobilisation que je veux lancer.
Q. : D'une phrase : pour vous, Monsieur Juppé, qui peut sauver Sarajevo maintenant au stade où nous en sommes, qui ?
R. : M. Izetbegovic, M. Karadzic, M. Boban, M. Tudjman, M. Milosevic en venant, comme nous leur avons proposé, à Bruxelles accepter le plan que nous avons mis sur la table et qui est un plan aussi juste que possible pour nous permettre d'entamer la reconstruction. Voilà aujourd'hui la solution. Il ne faut pas laisser croire qu'il y en a d'autres. La poursuite des combats, c'est la catastrophe assurée.
Q. : Alors, à Bruxelles, les 16 pays membres de l'Alliance atlantique ont pris, concernant la Bosnie, de bonnes et fermes résolutions, mais peut-être que les résolutions ça ne suffit pas ?
R. : Tous les chefs d'État et de gouvernement que j'ai entendus de mes propres oreilles ont proclamé : il ne suffit pas de dire que l'on va prendre ces initiatives, il faut les concrétiser sur le terrain. Donc, lorsque l'on entend cela dans la bouche du Président Clinton, du Président Mitterrand, de M. Major et de quelques autres, je veux penser que c'est sérieux. Qu'est-ce que vous avons obtenu et je voudrais rappeler que c'est à l'initiative de la France, puisqu'au départ il était prévu de ne pas parler de la Yougoslavie, dans ce sommet consacré pourtant au problème de la sécurité en Europe ?
Q. : Oui, il était difficile d'éviter la Yougoslavie quand même ?
R. : C'était même inconcevable.
Alors, il y a deux initiatives concrètes qui sont en cours de préparation : la première c'est d'aller à Srebrenica, c'est une zone de sécurité dans la partie orientale de la Bosnie, actuellement encerclée par les Serbes. Il y a un contingent canadien à Srebrenica et nous ne pouvons pas en organiser la relève. Nous avons décidé d'organiser cette relève et de prévenir que si l'on empêche la Forpronu de le faire, alors, elle réagira.
Deuxième initiative, l'aéroport de Tuzla : c'est une ville dans la Bosnie centrale, il y a un aéroport qui peut être utilisé pour acheminer l'aide humanitaire, on est en zone musulmane, mais on est sous les canons serbes et les Serbes ne veulent pas laisser les avions de la Forpronu se poser. Alors nous avons décidé d'y aller quand même et de prévenir que si l'on nous empêche de le faire, là encore il y aura riposte.
Q. : Alors, Alain Juppé, pour la première fois, on désigne des objectifs précis ?
R. : Précis, ces zones existent déjà. C'est aussi à l'initiative de la France que les zones de sécurité ont été définies aux mois d'avril-mai derniers, mais il ne s'était rien passé de concret et ce qui nous avons souhaité, c'est précisément choisir deux exemples précis pour agir vite. Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Boutros-Ghali, dont tout cela dépend en grande partie puisque la Forpronu est sous son autorité, était hier à Paris. M. Balladur l'a reçu, j'ai assisté à cet entretien et M. Boutros-Ghali nous a donné l'assurance qu'aujourd'hui à Genève, il allait étudier les plans concrets pour mettre en œuvre ces décisions.
Q. : Oui, mais Alain Juppé, puisque vous évoquiez M. Boutros-Ghali, il a dit : « moi, je n'hésiterai pas à utiliser la frappe aérienne, mais personne ne me le demande ».
R. : Mais si, eh bien maintenant on le lui demande.
Q. : On le lui demande ?
R. : Il ne peut plus dire cela, les 16 pays de l'OTAN le lui ont demandé, on pas pour prendre l'offensive, pour aller jouer les gros bras, mais pour assurer la sécurité de nos soldats lorsqu'ils prennent ces initiatives humanitaires.
Je voudrais tout de suite ajouter quelque chose. On se focalise là-dessus à juste titre, parce que c'est cela qui est concret sur ces deux initiatives, il ne faut pas se faire d'illusion, ce n'est pas ça qui réglera le problème, cela va permettre à l'aide humanitaire de parvenir un peu mieux qu'elle ne le fait aujourd'hui. Mais pour régler véritablement le problème, il faut une solution politique.
Et la deuxième chose importante qui s'est passée dans ce sommet de l'Alliance atlantique, c'est que d'abord les 16, y compris les États-Unis qui ne l'avaient pas fait jusqu'à présent, ont approuvé le plan de paix présenté par les Européens à l'initiative de la France et de l'Allemagne. Nous disons maintenant aux parties : ça suffit, vous n'aurez pas d'autres solutions politiques que celles que nous avons proposées.
Les 16 pays, y compris encore une fois les Américains ont affirmé aussi que si la paix était signée, nous étions prêts à aller sur le terrain pour assurer l'application de ce plan, éviter les dérapages ou les règlements de compte.
Q. : Oui, mais Alain Juppé ; la solution politique que vous préconiser, comment l'impose-t-on ?
R. : On ne l'impose pas. Si on l'imposait il y a longtemps que cela serait fait, on demande aux parties d'avoir un sursaut…
Q. : C'est un vœu pieux, ça non ?
R. : J'ose espérer que ce n'est pas un vœu pieux parce que si c'est un vœu pieux, on va à la catastrophe absolue. Il y a encore quelques jours devant nous et il faut savoir que les négociations continuent pendant qu'on se massacre à Sarajevo. Ailleurs, à Vitez et dans beaucoup d'autres villes on continue à discuter, quand je dis « on » je parle des 3 parties concernées à Genève.
Il y a un prochain rendez-vous le 19 janvier, il faut absolument qu'à cette occasion un accord soit conclu, sinon la meilleure volonté de tous ceux qui ont des troupes sur le terrain finira par être découragée et on va à la catastrophe absolue.
Q. : Et vous pensez que c'est cela qui fera taire les snipers et les 200 et quelques batteries qui entourent Sarajevo ?
R. : Je l'ai dit l'autre soir à la télévision : qui peut faire la paix ? Ce sont les responsables politiques des 3 parties en présence. On a désigné l'agresseur, je l'ai fait moi-même et j'en ai encore parlé à l'instant, c'est vrai que les Serbes portent la responsabilité la plus écrasante de la façon…
Q. : Cela n'a pas toujours été le langage de la France ?
R. : Mais ça l'a été depuis que j'exerce les fonctions que j'exerce. Par exemple à Sarajevo aujourd'hui, il y a des provocations contre les Serbes, c'est exact. Mais ils réagissent de manière criminellement disproportionnée en multipliant les bombardements.
Les Croates ont aussi leur lourde part de responsabilité. Il y a eu des camps croates dans lesquels les prisonniers vivaient dans des conditions inhumaines. Mais je dois dire aujourd'hui, que nous avons vu, l'armée bosniaque reprendre l'offensive à Sarajevo et dans la Bosnie centrale, et l'un des représentants du président Izetbegovic dire à la télévision : nous allons gagner la guerre. Alors aujourd'hui ce sont les 3 parties qui sont dans cette logique de guerre et il faut que nous le dénoncions pour provoquer un sursaut, une prise de conscience et arriver à la signature de cette paix qui est la seule façon de s'en sortir. C'est un peu une lapalissade que de le dire.
Q. : Oui, alors Alain Juppé l'OTAN existe, vous l'avez rencontrée ?
R. : Oui, et ce sommet a été bon. Je sais bien que les ministres des Affaires étrangères qui rentrent d'une conférence internationale disent toujours qu'elle a été bonne, mais dans ce cas précis, je crois que c'est vrai ; je n'ai pas été le seul à le dire, d'abord parce que nous avons parlé de la Yougoslavie, mais aussi parce que d'autres initiatives ont été prises. La force du lien transatlantique entre les États-Unis et l'Europe a été réaffirmée, le président Clinton a dit que 100 000 soldats américains resteraient sur le sol européen, je crois que c'est une bonne chose quand on voit ce qui se passe ici ou là en Russie ou ailleurs.
Ensuite, l'idée que l'Europe doit affirmer sa propre identité en matière de défense a été reconnue par les États-Unis et enfin nous allons lancer vis-à-vis des pays de l'Est, cette idée du partenariat pour la paix (dont certains estiment qu'elle est insuffisante ou que c'est une reculade) mais que je considère pour ma part comme un progrès.
Q. : Alors justement le Président Clinton est en tournée. Le partenariat ne veut pas dire intégration de ces pays demandeurs à l'OTAN ?
R. : Est-ce que vous êtes prêt parce que cela vous concerne très directement, dans votre quotidien, à donner à la Pologne, à la Hongrie, à la République tchèque la garantie que vous irez vous battre sur la Vistule s'il se passe des choses en Europe ? C'est quelque chose à quoi il faut réfléchir, il faut rassurer…
Q. : C'est vrai qu'à une époque, il y avait beaucoup de Français qui n'étaient pas prêts à mourir pour Dantzig ?
R. : Parce que l'OTAN c'est cela : une garantie automatique de faire jouer notre armée si une attaque est faite contre l'un des pays membres de l'Alliance. Je crois que ce que nous avons décidé qui est de les associer, de faire des exercices militaires communs, d'étudier l'interopérabilité des armements, comme l'on dit, est un progrès important. Il faudra peut-être aller plus loin.
Q. : Pour conclure, ce n'est pas le risque d'isoler la Russie ?
R. : Pas du tout.
Q. : Et l'excuse de jouer un nouvel empire contre un ancien empire ?
R. : Non, pas du tout, c'est exactement le contraire puisque cette proposition du partenariat pour la paix s'adresse également à la Russie. Il faut encourager la Russie à poursuivre dans la voie des réformes. Il ne faut pas non plus fermer les yeux sur ce qui s'y passe, c'est notre devoir d'être vigilants et de rappeler le respect de certains principes ou de certaines valeurs. Les dirigeants russes ne doivent pas s'exonérer de certaines exigences que nous formulons vis-à-vis des autres. Quand j'entends des discours antisémites, xénophobes ou guerriers de la part de certains dirigeants qui sont présentés comme les vainqueurs des élections, cela m'inquiète et je crois que notre devoir est de leur dire : attention, nous n'acceptons pas n'importe quoi.