Article de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la première quinzaine de mai 1998, et intervention au Parlement européen, parue dans "Présent" du 5 mai 1998, sur le passage à l'euro.

Prononcé le 1er mai 1998

Intervenant(s) : 

Média : Français d'abord - Présent

Texte intégral

FRANÇAIS D'ABORD : 1ere quinzaine de MAI 1998

Chirac ? Un fieffé menteur !

Ironie du destin ! C'est le week-end prolongé du 1er mai où traditionnellement les travailleurs se trouvent mis à l'honneur, qui a été choisi pour officialiser le passage à l'Euro, cet Euro qui va détruire les économies, les avantages sociaux, et surtout les souverainetés nationales sans lesquelles les peuples n'ont point de liberté !

Invité le 3 mai sur TF1 pour commenter l'événement, Chirac a été désarmant de platitude. Sous son air de grand benêt, il a battu des records d'hypocrisie et abusé les téléspectateurs en leur mentant cyniquement sur l'Euro. Ce qu'il y a d'ailleurs de surprenant chez Jacques Chirac, c'est cette constante capacité à mentir sans vergogne aux Français, émission après émission, année après année. En une heure d'émission, il n'a jamais répondu correctement une seule fois aux questions de fond.

L'Euro ? “C'est une très grande réforme” a dit Chirac. Non, c'est une rupture fondamentale, puisque pour la première fois de son histoire, notre pays ne bénéficiera plus du privilège de battre monnaie, c'est-à-dire de gérer librement ses finances.

La direction de la Banque Centrale Européenne ? C'est l'exemple même du faux débat puisque' les deux hommes concernés, qui se moquent de leur nation respective comme de leur première chemise, ont été formés par les mêmes réseaux et appartiennent aux mêmes lobbies. Qu'importe que cet organisme incontrôlé soit désormais dirigé par Duisenberg, l'ancien technocrate formé sur le moule de la Bundesbank, ou par Trichet (qui porte si bien son nom, un nom qui pourrait d'ailleurs être conjugué au présent et même au futur…), qui cumule à mes yeux les handicapas d'être à la fois ancien de l'ENA et ancien du PSU… Il est vrai qu'il n'y a rien là de bien surprenant, car c'est une vocation pour les anciens gauchistes de terminer leur carrière comme chiens de garde capitalisme !

L'Euro est une faute économique, sociale et politique. C'est un crime contre la Nation

L'Europe elle-même ? ”Ce n'est rien d'autre que l'Europe qu'avait imaginée au départ le général de Gaulle”, susurre Chirac. Faux, archi-faux. Il s'agit là du travestissement le plus éhonté de la pensée gaullienne. Quiconque en douterait serait bien avisé de se reporter aux mémoires du Général ou de ses plus proches collaborateurs, comme Alain Peyrefitte dans “C'était de Gaulle”.
Maastricht ? L'homme qui a aidé Mitterrand à faire adopter ce Traité affirme aujourd'hui sans rire que “les critères de Maastricht n'étaient pas des critères de rigueur, mais des critères de sagesse”. Sans doute considère-t-il que l'accroissement du chômage, des faillites, des impôts, de l'insécurité, de la drogue, de l'immigration, constituent autant de stigmates de la “sagesse” version Chirac !

Le chômage ? La réduction de la fracture sociale passe par l'Euro ! On nous a déjà fait le coup pour l'Acte Unique, pour Schengen, pour Maastricht ! On sait que non seulement c'est faux, mais encore que c'est l'inverse qui va se produire. Car comment peut-on espérer créer des emplois en favorisant les délocalisations, en ouvrant toutes grandes les frontières, en mettant ce qui reste de l'économie française en compétition avec des pays où les coûts de production sont dix, vingt, cinquante fois inférieurs aux nôtres ?

Et ainsi de suite, mais comme le dit le proverbe, “tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse !”.. L'expérience nous a prouvé que l'Europe voulue par Jean Monnet constituait une véritable catastrophe pour notre pays. Or, il est hautement significatif que Chirac, en dépit de toutes ses maladresses, de son impuissance, de sa médiocrité, reçoive les louanges d'une caste politico-médiatique unanime à voir en l'Europe supranationale de Bruxelles le meilleur moyen de tuer les nations et l'idéal national, et en Chirac son cheval de Troie.

Rien n'est plus édifiant à cet égard que l'attitude aussi servile que consensuelle adoptée par les parlementaires français, toutes tendances confondues hors le Front national, lors du vote sur l'Euro à Bruxelles le 2 mai dernier. Prenant la parole au nom des nationaux européens, j'ai rappelé en ces circonstances solennelles, que l'Euro constituait non seulement une faute économique, une faute sociale, une faute politique, dont les Français paieront inéluctablement la note, mais surtout une crime contre la nation, car le passage à la monnaie unique entraîne ipso facto la perte de notre souveraineté. Il s'agit donc bien là d'une trahison envers la France. Les lois fondamentales, les plus anciennes du royaume de France, les traditions démocratiques et républicaines, l'idéal national, bref, ce qui constitue la quintessence de notre philosophie du droit, basé sur le concept de souveraineté nationale, tout se trouve ainsi bafoué et balayé d'un simple coup de plume.

Notre grand défilé du premier mai a prouvé notre détermination. Nous avons dit non à l'Euro. Continuons sur notre lancée. Les élections européennes de juin prochain seront l'occasion de donner un coup d'arrêt aux euro-mondialistes. Alors, dès maintenant, entrons en campagne… Le pire n'est jamais certain, loin de là, et l'avenir nous appartient.


PRESENT : 05 MAI 1998

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Nous vivons assurément un grand moment, ici convoqués d'urgence, un samedi, pour, en fait, entériner la mort de onze de nos monnaies.

C'est précisément parce que cet acte est important et surtout parce que ces monnaies sont les condensés du travail des peuples qui les ont créées qu'il fallait consulter ces derniers.

Or nos peuples, propriétaires pourtant de leurs monnaies, sont exclus de cette décision d'expropriation.

I – Doublement exclus même : de façon présente et permanente.

A) L'exclusion est présente parce que, ici, au Parlement européen, représentant les peuples d'Europe, notre vote n'a pas plus de portée juridique qu'une conversation de société savante.
B) Mais l'exclusion de nos concitoyens, pourtant souverains, est aussi permanente.

La gestion de l'Euro qui va naître est confiée à la Banque centrale européenne, dont le Conseil de gouverneurs, dans son building de Francfort, ne reçoit d'ordre de personne, et n'est contrôlé par personne.

Sinon un vague et potiche Conseil de l'Euro.

Ne relevant ainsi que du gouvernement d'une douzaine de hauts fonctionnaires, l'Euro est de gestion oligarchique.

Le peuple en est donc bien exclu.

Ce qui ne va pas aller sans destruction.

II – Une double destruction même de nos nations.

A) L'Euro va détruire d'abord la solidarité, qui s'exerce au sein des Nations.

Dans une Europe sans frontière en effet, où les produits et les hommes circulent librement, une monnaie unique va donner une prime au produit. Le moins cher. Donc fabriqué avec le moins de coûts sociaux.

Voilà pourquoi l'Euro c'est moins de minima sociaux, moins de protection sociale, moins de solidarité.

L'Europe de l'Euro c'est celle du capital par le capital, pour le capital.

Mais regardez autour de vous. En voyez-vous vraiment beaucoup ?

En fracturant un peu plus nos sociétés aux 20 millions de chômeurs.

B) L'Euro va détruire les libertés de nos Nations.

Son seul but nous le savons, c'est d'imposer :

- une politique économique et budgétaire unique ;
- un gouvernement unique ;
- et ce faisant en final la disparition de nos Etats Nations.

Une monnaie, c'est vivant. Le coeur d'un peuple y bat.

Vouloir la supprimer, c'est peu vouloir refaire le sacrifice de son fils Isaac par Abraham, Je vous rappelle que Dieu avait arrêté son bras.

Pourra-t-il arrêter le vôtre au moment de voter le sacrifice ? Je le souhaite. Sinon il restera sur vous comme une marque infamante. Celle du sang des onze Nations que vous aurez fait disparaître. L'Histoire dira de vous « Ruunt in servitium ».