Texte intégral
Monsieur le Préfet, Commissaire de la République,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie bien vivement Monsieur Lachmann d'avoir organisé cette inauguration du nouvel établissement Strafor de Senonches. Le groupe qu'il dirige constitue en effet un cas exemplaire de ce que peut et dans la plupart des cas doit devenir la politique en matière de ressources humaines d'un groupe industriel dynamique. Il nous montre en outre que malgré le travail accompli par les pouvoirs publics depuis 2 ans, beaucoup reste à faire pour adapter l'offre à la demande d'emploi.
En prenant mes fonctions de Ministre des Affaires sociales et de l'Emploi, j'ai rapidement constaté qu'en dépit des taux de chômage trop élevés que nous connaissons, de nombreux artisans ou industriels rencontraient souvent des difficultés à pourvoir certains postes de travail ; l'analyse a fait apparaître que trois facteurs étaient à l'origine de cette situation paradoxale : l'organisation du système de placement, les orientations du système éducatif et de formation, l'état d'esprit de chacun.
Je me suis employé dans un premier temps à compléter et à rénover les dispositions législatives en la matière ; je m'attache aujourd'hui à organiser et à suivre la mise en oeuvre des réformes qui ont été décidées.
Depuis 1945, les fondements juridiques que l'intervention de l'Etat en matière de placement s'inscrivaient dans le cadre des dispositions de l'ordonnance du 24 mai 1945 qui traduisaient un souci de contrôle étroit du marché du travail par l'Etat, la création de l'Agence nationale pour l'emploi en 1967 n'a pas modifié ces principes.
L'ordonnance du 20 décembre 1986 permet d'adapter ces dispositions au contexte économique actuel. De manière plus précise la réforme du service public du placement vise quatre objectifs :
- démultiplier les actions du service public du placement ;
- faciliter l'intervention des collectivités locales dans le domaine de l'emploi ;
- adapter le service public du placement aux réalités économiques ;
- favoriser le rapprochement entre l'ANPE et l'UNEDIC.
Il a notamment été institué un Comité régional de l'ANPE, constitué de cinq membres représentant les employeurs et de cinq membres représentant les salariés. Ce comité qui se réunit au moins quatre fois par an, fait des propositions sur les orientations spécifiques de l'ANPE dans la région, élabore le projet de répartition des dépenses, et analyse le bilan de l'application des conventions que lui présente le délégué régional.
L'ordonnance a en outre précisé les conditions dans lesquelles peuvent être décidées les radiations de la liste des demandeurs d'emploi. Peuvent ainsi être radiés ceux qui, sans motif légitime, refusent :
- un emploi ressortissant à leur spécialité ou compatibilité avec leur formation antérieure, et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la région et la profession ;
- de suivre une action de formation ;
- de répondre aux convocations de l'ANPE.
Mais adapter offre et demande, ce n'est pas seulement améliorer notre système de placement, c'est également renforcer la formation, et d'une certaine façon la faire changer de nature.
La conception de la place de l'entreprise dans le système de formation a été longtemps dominée par deux clans finalement assez proches :
D'un côté se trouvent les tenants et l'école comme seule institution réellement formatrice. Pour ceux-là, au mieux la légitimité de l'entreprise en matière de formation n'est pas établie, au pire l'entreprise n'est qu'un lieu d'exploitation où les objectifs de production s'opposent à la prise en compte d'objectifs de formation.
De l'autre côté, se regroupent des chefs d'entreprise affirmant que le travail en entreprise est formateur par nature. Pour eux, le 1,2 % légal est une charge sociale dont ils s'acquittent par obligation, au lieu d'y voir un investissement pour l'entreprise et ses salariés.
Aujourd'hui, il est clair que la voie intermédiaire, celle de l'alternance école-entreprise, n'est pas une voie marginale et de repêchage, mais qu'elle doit concerner une majorité de jeunes.
Du 1er mai 1985 au 31 juillet 1986, 210 000 jeunes avaient bénéficié des formations en alternance nées de l'accord interprofessionnel d'octobre 1983 ; pour la période correspondante de 1986-1987, ce nombre est passé à 710 000.
L'apprentissage était également un des points d'appui du plan d'urgence pour l'emploi des jeunes. Le nombre de contrats s'est ainsi établi pour la période juillet 1986-juin 1987 à 134 145. Mais le Gouvernement a souhaité donner à cette voie de formation en alternance plus d'importance encore, par la Loi du 23 juillet 1987 qui vise à faire de l'apprentissage une véritable filière de formation professionnel initiale.
Parallèlement à cet effort, le Gouvernement a accentué l'effort en faveur des jeunes chômeurs les plus démunis : près de 75 000 jeunes ont ainsi bénéficié de ces stages de préparation à l'emploi.
Le groupe Strafor avait été un précurseur dans ces différents domaines. Il illustre bien qu'il ne s'agit plus d'attendre de nouveaux changements législatifs ou des moyens financiers supplémentaires. Ce qu'il faut modifier c'est l'état d'esprit et ce qu'il faut améliorer c'est l'organisation. C'est d'ailleurs pour cette raison que je m'efforce de me rendre aussi fréquemment que possible dans les départements.