Texte intégral
Monsieur le Maire,
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs
Je tiens tout d'abord, Monsieur le maire à vous remercier de votre accueil. Je sais bien sûr que l'hospitalité occupe une grande place dans les valeurs alsaciennes, elle prend tout son sens dans une aussi belle ville que Colmar. Je tiens également, Madame Palat, ainsi que Madame Sattler à vous remercier, pour votre invitation tout d'abord mais aussi car peu de temps après la tenue du salon Infirmier, je suis particulièrement heureux d'être parmi vous à l'occasion des troisièmes assises nationales d'Aide-Soignante, et d'avoir ainsi l'occasion de saluer également votre profession et de rendre hommage à votre travail.
Je peux vous assurer que votre ministre – comme d'ailleurs sans aucun doute les malades auxquels vous vous dévouez – vous englobe dans une même estime ; et je souhaite que les clivages qui peuvent parfois exister soient dépassés au profit d'une complémentarité et d'un véritable travail d'équipe.
Très fortement motivés par votre métier, vous estimez que celui-ci n'est pas encore suffisamment reconnu, et vous avez raison.
Nous appartenons à une époque qui jusqu'alors a survalorisé le scientifique et le technique, les savoirs académiques et les diplômes les sanctionnant.
Il faut bien sûr nous féliciter des formidables progrès qui ont pu être réalisés dans tous les domaines et notamment dans celui des connaissances médicales, des équipements, des matériels et des processus de diagnostic et de soins !
Grâce à eux, l'espérance de vie en France ne cesse de s'allonger et il n'est plus rare que les établissements sanitaires et sociaux accueillent des centenaires encore valides.
Plus de santé, plus de vie, c'est bien mais à condition que celle-ci reste de qualité et que soit préservée la dignité humaine. À cet égard, votre rôle, vos interventions au quotidien sont essentiels.
Effectuer une toilette par exemple à un grand malade, à un grand vieillard peut sembler secondaire. Et pourtant, les enjeux d'un tel acte pour le patient qui vit cette toilette dans l'intimité de sa dépendance sont considérables.
La qualité des relations que vous savez nouer avec les malades, l'attention que vous leur portez à travers les multiples actes professionnels, dont dépend le bien-être d'une personne prisonnière de sa maladie et éloignée de son milieu familial, entretiennent l'espérance du patient et permettent aussi l'apaisement de ses angoisses et sa volonté de recouvrer un meilleur état de santé.
Ces actes – même s'ils sont délégués par l'infirmière dans le cadre de l'exercice de son rôle propre – n'en sont donc pas pour autant subalternes et mineurs, bien au contraire.
Ils méritent par ailleurs d'être répertoriés de façon précise pour que soit clarifié le niveau des responsabilités qui vous incombent.
Vous avez soulevé, Madame la Présidente, les problèmes de formation des Aides-Soignantes.
Un groupe de travail au sein de la Direction Générale de la Santé est actuellement chargé de redéfinir le contenu et les modalités de cette formation. J'attends de ces travaux une définition actualisée de votre programme de formation et donc de vos compétences.
Cette formation rénovée doit permettre de mieux valoriser un enseignement privilégiant la transmission de l'expérience et les qualités relationnelles.
Cette formation sera largement commune avec celle des auxiliaires de puériculture afin de faciliter les passerelles entre ces deux professions.
Il ne s'agit pas de remettre en cause la spécificité de ces professions mais de développer les possibilités de mobilité professionnelle, qui doit être ici synonyme de promotion sociale. La profession d'aide-soignante ne doit pas se sentir enfermée, il nous faut créer des perspectives réelles de carrière et que d'autre part l'expérience de la relation de proximité au malade, des soins de base, puisse être mieux prise en compte au cours de la scolarité infirmière.
Les règles de la fonction publique hospitalière présentent le mérite d'offrir aux personnes dotées d'une forte motivation, les moyens de progresser dans la filière des soins.
Si les revalorisations indiciaires prévues par le protocole du 9 février 1990 et les protocoles du 15 novembre 1991 ont bien été mises en œuvre, je souhaite poursuivre l'effort en faveur de la promotion interne. Ceci doit nous permettre d'atteindre les objectifs fixés, c'est-à-dire un taux de recrutement d'infirmiers par promotion interne de 25 % d'ici 1995.
J'ai demandé à mes services de me faire rapidement des propositions allant dans ce sens.
Autre dossier qui retiendra prioritairement mon attention, celui de l'amélioration de vos conditions de travail.
Je sais que votre travail comporte de nombreux facteurs de pénibilité : manutention des malades, horaires parfois alternants, espaces de travail insuffisamment ergonomiques, avec bien sûr des variations importantes selon les services.
En 1993 et 1994, une enveloppe annuelle de 150 MF sera dégagée par l'État pour inciter les établissements sanitaires à s'engager dans des démarches d'amélioration de travail.
Je vous invite à participer activement aux réflexions et aux travaux qui sont menés à ce sujet au sein de vos services et qui vous intéressent au premier chef.
Beaucoup de progrès peuvent être obtenus dans vos conditions de travail à travers une meilleure organisation et une meilleure répartition des charges.
Il faut oser vous exprimer et faire entendre vos préoccupations et suggestions à l'intérieur de l'équipe soignante.
Je vous appelle à saisir les opportunités qui vous sont offertes dans les instances mises en place à cet effet : commissions de service en soins infirmiers – conseils de département notamment.
Encore une fois, c'est aussi à cette condition que le travail d'équipe auquel vous aspirez légitimement, se mettra à exister sur le terrain.
Il y a beaucoup à faire, je le sais, en matière de dialogue entre l'équipe médicale et l'équipe soignante et à l'intérieur de l'équipe soignante entre ses diverses composantes.
Ayant travaillé moi-même en milieu hospitalier, croyez que je serais particulièrement attentif à toute mesure permettant de favoriser ce dialogue dont j'ai pu constater souvent l'insuffisance sur le terrain.
Il me reste à vous souhaiter des travaux fructueux.
J'ai noté avec grand intérêt les thèmes abordés au cours de 3e Assises, qu'il s'agisse de la Santé en Europe, des relations au sein de l'équipe, des problèmes relationnels devant la fin de la vie. Je ne doute pas qu'ils feront l'objet de débats passionnants.
Enfin je voudrais vous assurer des principes qui guident mon action : une écoute attentive de vos interrogations, une réponse la plus rapide possible à vos problèmes, une méthode de concertation approfondie avec l'ensemble de la profession, et une présence régulière à vos côtés.
Je vous remercie.