Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la coopération du service national en entreprise (CSNE) et son devenir après la suppression du service national, Paris le 17 septembre 1998.

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Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui à Bercy avec mon ami Claude Allègre, Ministre de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie que je remercie vivement.

Je tiens tout d’abord à vous féliciter chaleureusement pour le choix que vous avez effectué d’être Coopérant du Service National en Entreprise.

En vous engageant dans une expérience internationale, vous avez clairement en effet fait le pari de l’avenir.

En premier lieu, ce choix, qui témoigne d’un esprit de conquête que je ne peux qu’encourager, va vous offrir une formidable opportunité pour aborder, dans de bonnes conditions, le marché du travail.

Sous l’égide du Secrétaire d’Etat au Commerce Extérieur et du CFME-ACTIM, vous êtes actuellement 5 000 CNSE, affectés dans tous les secteurs économiques, présents dans 115 pays et sur tous les continents.

Avant vous, près de 30 000 autres jeunes ont accompli le même type de mission.

65 % d’entre eux ont été directement recrutés par les entreprises qui les ont accueillis dans le cadre de leur service national.

Au-delà de ce chiffre, nous avons constaté que l’expérience acquise au titre des CSNE conduisait les jeunes qui ont adhéré à cette formule à trouver systématiquement un emploi.

La procédure du CSNE constitue donc bien véritablement un passeport pour l’emploi.

Aujourd’hui, le monde change, les marchés s’ouvrent, la concurrence se durcit.

A l’évidence, vos horizons ne seront pas les mêmes que ceux que nous avions hier.

Vous devez avant tout démontrer votre mobilité et votre capacité à vous adapter professionnellement à de nouveaux modes de fonctionnement.

Cela passe bien entendu par la maîtrise des langues étrangères mais aussi par l’assimilation d’autres cultures qui, seule, peut permettre d’aborder efficacement les phases de prospection, de négociation et de réalisation des contrats.

Or, ce savoir-faire international que vous allez avoir la chance d’acquérir est – j’en suis convaincu – le principal vecteur de réussite du développement de nos entreprises à l’étranger.

L’enjeu est essentiel.

Plus de 2/3 des dirigeants de PME françaises admettent aujourd’hui que le développement dépend de leur capacité à exporter et il y a de toute évidence, pour les raisons que je viens d’évoquer, une forte corrélation entre le niveau d’expatriation d’un pays et ses performances à l’étranger.

Or, dans ce domaine, nous sommes plus frileux que nos principaux partenaires, au premier titre desquels, il convient de citer l’Allemagne.

Vous savez que la France est aujourd’hui une des premières puissances économiques du monde : 4ème pour les exportations de marchandises, 2ème pour celles des services.

L’arrivée de l’Euro va d’ailleurs dynamiser encore davantage nos échanges avec les autres pays européens.

Dès aujourd’hui, on peut observer que la monnaie unique protège l’Europe pour la première fois de son histoire des fluctuations monétaires internationales et assure ainsi à nos entreprises des conditions de concurrence et de croissance stables.

Au-delà de l’Europe, je suis pour ma part convaincu que les difficultés que traversent les pays émergents sont temporaires et que ceux qui parmi vous vont s’y rendre pourront véritablement optimiser cette expérience dans l’avenir.

Il est certain que ces pays offriront encore de grands potentiels de développement.

Vous allez donc, sur le terrain, consolider votre formation et commencer à apprendre un métier en découvrant d’autres mentalités, d’autres approches de marché et d’autres méthodes commerciales.

Vous allez aussi pratiquer d’autres langues et apprendre à « raisonner international ».

A votre retour en France, dans seize mois, vous disposerez ainsi des compétences nécessaires pour aider nos entreprises à concevoir et à vendre de nouveaux produits et services sur les marchés étrangers.

C’est pour vous et pour nos entreprises un atout considérable et c’est bien sûr ce qui explique le succès de cette formule.

En 3 ans, les effectifs CSNE ont augmenté de près de 50 % et l’indice de satisfaction des entreprises, qui a été mesuré récemment par l’institut CSA, est très largement positif, aussi bien dans les grands groupes industriels que dans les PME-PMI.

Les demandes progressent régulièrement et de manière très significative autant chez les entreprises que chez les candidats pour qui l’attractivité du dispositif repose à la fois sur la qualité des structures d’accueil et sur le régime indemnitaire.

Nous avons fait récemment de vrais efforts pour mieux répondre aux nouveaux besoins exprimés par les entreprises, notamment en leur donnant la possibilité d’avoir recours au temps partagé.

Alors - pourriez-vous dire – ce dispositif si efficace, que va-t-il devenir avec la disparition du service national obligatoire en 2002 ?

C’est très simple : ce dispositif – non seulement ne va pas disparaître – mais il devrait être assoupli et renforcé et je m’y emploie bien sûr.

Bercy et le Quai d’Orsay ont en effet proposé au Premier Ministre d’examiner à ce propos un projet de loi sur le volontariat international.

Ce texte innove sur deux points :
La durée : on évoluera d’une durée fixe à une durée modulaire, allant de 6 à 24 mois.
Le public concerné : les jeunes de 18 à 28 ans et il s’agit là d’ouvrir très largement les promotions aux jeunes femmes pour aboutir à une véritable égalité des sexes dans les carrières internationales.

Il faut reconnaître que sur ce point, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et je vais illustrer mes propos par un exemple.

Vous êtes ici 500, originaire de toutes les régions et avec des cursus de formation très différents. Eh bien, il n’y a que 2 jeunes filles dans votre promotion ! L’une d’elle est d’ailleurs déjà partie en Chine pour le compte d’un fabricant français d’isolateur.

Je suis décidé à tout mettre en œuvre pour encourager les jeunes femmes à élargir vos rangs et j’ai demandé au CFME ACTIM de se mobiliser en ce sens.

Il me reste à vous adresser tous mes vœux de réussite pour l’accomplissement de votre mission dans l’intérêt de votre entreprise et au profit de l’image de la France dans le pays que vous allez rejoindre.

Je souhaite de tous cœur que l’aventure que vous allez vivre vous conduise vers une vie professionnelle réussie qui serve l’intérêt de notre pays à l’exportation.

Je suis sûr que vous allez constater que tout n’est pas facile – loin s’en faut – mais que les chances, les opportunités l’emportent sur les difficultés et que l’on n’obtient rien si l’on n’ose rien.

« La réussite – dit-on – est toujours un enfant de l’audace ! » Je le crois.

Nous sommes à l’aube de l’an 2000 et le monde commence seulement à s’ouvrir.

Des milliards d’hommes ont encore à découvrir les bienfaits des découvertes scientifiques et techniques et ceux d’une économie moderne qui s’appuie sur un État de droit et des institutions démocratiques.

Des progrès immenses restent à accomplir pour l’humanité et vous allez en être un peu les acteurs pour construire le monde de demain.

Alors, bonne chance à tous !

Je passe maintenant la parole à mon ami, Claude Allègre, Ministre de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie.