Interview de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, dans "Nice-Matin" le 19 septembre 1998, sur le projet de réformer le mode d'élection du Sénat, la stratégie électorale du PS dans la région Provence Alpes Côte d' Azur et sur les élections européennes de 1999.

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Nice Matin : Dans une semaine le tiers des départements vont renouveler leurs sénateurs. Un sénat que de nombreux socialistes voudraient transformer. Selon vous, dans quel sens devrait-il l’être ?

François Hollande : Le Sénat est à droite depuis sa création et, semble t-il, pour toute éternité compte tenu du mode de scrutin. Ce n’est pas normal, car l’alternance est inscrite dans la Démocratie. Lionel Jospin a parlé d’anomalie, je suis d’accord avec lui. Aussi, la réforme du mode d’élection des sénateurs doit être une priorité. Nous pourrions aller dans le sens d’une représentation proportionnelle de nombreux départements. Ce serait un bon moyen d’assurer un rééquilibrage de la représentation politique au sein de la haute Assemblée.

Nice Matin : Au cours des dernières élections, municipales, législatives, cantonales et régionales, le Parti socialiste, avec ses alliés, a remporté un nombre certain de succès en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Quels sont les prochains objectifs du P.S., notamment en 2001 dans la région ?

François Hollande : C’est vrai que le PS a reconquis des positions dans votre région. Il le doit au renouvellement de ses candidats, à une meilleure écoute des préoccupations de la population et du souci du rassemblement de la Gauche plurielle, parfois dès le premier tour du scrutin. Nous devons désormais montrer que là où nous sommes en responsabilité – je pense au conseil régional – nous respectons nos engagements et nous changeons la vie quotidienne de nos concitoyens et que là où nous sommes dans l’opposition nous préparons l’alternance par des propositions constructives. Car nous avons pour objectif de changer le mode de gestion de nombreuses villes.
Enfin, je ne peux oublier que dans cette région le Front national est une menace sérieuse et constitue trop souvent le refuge à une population désemparée. La Gauche doit donc apparaître comme la seule force d’alternance démocratique à une droite épuisée.

Nice Matin : Ses dernières victoires, le PS les a acquises en menant ses campagnes électorales en symbiose avec les autres composantes de la gauche plurielle. Ne craignez-vous pas la division de cette gauche pour le prochain scrutin européen ?

François Hollande : Nous avions souhaité la régionalisation du mode de scrutin des élections européennes. Nos partenaires ne l’ont pas voulu ainsi ; c’est dommage. Mais peut-être n’avons-nous pas été assez clair sur nos intentions. Puisque la gauche plurielle s’apprête à présenter des listes séparées, je souhaite que nos différences sur la construction de l’Europe n’empêchent pas les convergences sur l’essentiel : nous voulons une Europe qui nous mette à l’abri des crises mondiales.

Nice Matin : Depuis cet été, plusieurs responsables communistes à commencer par Robert Hue ont durci leur discours à l’égard du rythme suivi par le gouvernement en matière de réformes. Comment interprétez-vous cette attitude ?

François Hollande : Nous ne demandons pas au Parti communiste d’être sur nos positions. Nos traditions et nos projets sont différents. Nous devons simplement respecter une cohérence majoritaire. En 14 mois des réformes importantes ont été réalisées et les premiers résultats sont là. Le chômage est en baisse depuis un an, la consommation reprend et l’investissement repart. Enfin les déficits publics se réduisent sensiblement. Pour autant le monde n’st pas devenu moins menaçant et les détresses moins pressantes.
De fait, ce qui compte, ce n’est pas d’aller vite, c’est d’arriver à bon port, en ayant atteint nos objectifs.