Texte intégral
Le Quotidien : Comment avez-vous réagi au refus des Verts d'accepter votre présence en deuxième place sur une liste d'union ?
Brice Lalonde : Je trouve tout ceci très fâcheux, C'est une erreur de la part des Verts, du moins de la majorité actuelle. Cela prouve en tout cas un réel entêtement. Je ne pensais pas qu'on pouvait être aussi maladroit. Je ne crois pas que les Français comprendront qu'on m'ait refusé cette seconde place.
Le Quotidien : Certains amis de Dominique Voynet affirmaient que cette division avait au moins l'avantage d'être un éclaircissement de montrer qu'il y a deux écologies, une écologie sociale et une autre qui se dit indépendante mais qu'ils traitent l'opportuniste.
Brice Lalonde : Autant Marie-Anne Isler-Béghin que Dominique Voynet ou Yves Cochet évitent de dire clairement qu'ils constituent une écologie de gauche. Si c'est le cas, ils devraient le clamer haut et fort, sinon cela indiquera que la majorité des Verts ne va pas au bout de ses idées.
Le Quotidien : Et vous, à présent, qu'allez-vous faire ? Allez-vous constituer votre propre liste ?
Brice Lalonde : Je vous rappelle que mon parti m'a donné mandat, il y a trois mois, de constituer une liste. Ce que je regrette, c'est tout ce temps perdu...
Le Quotidien : Avec qui comptez-vous constituer cette liste ?
Brice Lalonde : Avec tous les défenseurs de l'environnement, bien évidemment. Avec mon propre mouvement qui prône une écologie indépendante.
Le Quotidien : Ainsi qu'avec la minorité représentée par Noël Mamère ?
Brice Lalonde : Génération Écologie avait déjà composé un début de liste dans lequel ces minoritaires étaient présents. C'est à eux désormais de confirmer leur volonté de faire partie de la liste. Par ailleurs, je suis ouvert à toute personne n'appartenant pas à Génération Écologie.
Le Quotidien : Comme Antoine Waechter ?
Brice Lalonde : Il y a effectivement toute sa place. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les mouvements écologistes doivent se débarrasser des uns ou des autres.
Le Quotidien : Certains s'étonnent de vous voir aujourd'hui unis alors qu'il y a peu de temps encore, vous n'aviez vraiment pas l'air de vous apprécier ?
Brice Lalonde : Antoine Waechter est quelqu'un de très compétent. Du point de vue de nos personnalités, disons que nous sommes complémentaires. Quant à nos relations, elles se sont jusque-là basées sur une certaine concurrence, mais après tout normale à l'époque où il dirigeait les Verts et où j'étais ministre de l'environnement puis lorsque j'ai créé Génération Écologie. Une chose importante nous unit désormais : notre volonté d'inscrire l'écologie dans une certaine indépendance, ce qui ne signifie pas dans l'isolement.
Le Quotidien : Avec deux listes, y a-t-il une chance pour qu'il y ait des écologistes au Parlement européen ?
Brice Lalonde : Absolument. Je suis persuadé qu'une des listes fera plus de 5 %, alors que l'autre dépassera à peine 1 % …
Le Quotidien : Je ne vous demande pas quelle liste selon vous dépassera les 5 % …
Brice Lalonde : Vous avez raison !
Le Quotidien : Qu'est-ce qui vous fait croire à ce résultat ?
Brice Lalonde : Le temps du Larzac est terminé. L'écologie doit se montrer désormais efficace et pragmatique. Les Verts sont condamnés. Ils creusent eux-mêmes leur propre sillon parce qu'ils représentent une écologie purement contestataire, de plus en plus tentée par l'extrême gauche, refusant tout exercice du pouvoir. D'ailleurs, on peut se demander si ce sont toujours des écologistes, car leur vocabulaire touche de moins en moins le domaine de l'écologie.
Le Quotidien : Après tout, l'écologie politique en France n'est-elle pas simplement en train de mourir ?
Brice Lalonde : Ce serait grave et c'est un message que j'adresse à Rocard. Car on a constaté que même lorsque les écologistes ne sont pas présents, les forces politiques traditionnelles ne récupèrent pas leurs électeurs. Les forces de désagrégation politique sont à l'œuvre. Et si l'écologisme venait à disparaître, ce sera le tapisme, le lepénisme ou le villiérisme qui l'emporterait.