Texte intégral
Monsieur le président,
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les parlementaires français et étrangers,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Le thème qui va animer cette journée, ponctuer les interventions et les réflexions et – contrairement à ce que la fièvre des événements semble nous dicter, contrairement à l'éloignement apparent, à ce qui paraît l'exclure de nos journaux télévisés – d'une actualité brûlante. Une société comme la nôtre si elle n'est pas soutenue, irriguée, vivifiée par une culture de défense, par un ensemble de comportements, d'enseignements, de débats, de réflexions, se révèle – au moment de l'épreuve – extraordinairement fragile. L'accueil que nous a réservé Monsieur le président du Sénat, au début de cette rencontre, est pour tous les participants à cette rencontré un encouragement et un appui. Soyez en vivement remercié.
Mesdames et Messieurs, le monde dans lequel nous vivons est, à nouveau, un monde incertain. Jamais, dans l'esprit des hommes et des femmes de notre génération, qui s'était installée dans le cadre contraint mais relativement stable de Yalta, l'avenir n'aura semblé plus sombre, plus trouble, moins prévisible. La réouverture de la porte de Brandebourg, en laissant s'engouffrer ces vents d'Est chers à Pierre Hassner, a balayé définitivement les repères et les certitudes issus de la guerre froide.
Le monde occidental, en proie à une crise morale, sociale et économique grave, n'a pas encore accompli l'effort nécessaire pour dominer cette accélération de l'histoire et pour imaginer les cadres de la stabilité du prochain siècle.
Les États-Unis d'Amérique ont choisi – conformément aux aspirations profondes des citoyens américains – d'accorder une priorité à la politique intérieure. Sans être le signe d'un retour à l'isolationnisme – la première année de la présidence démocrate en aura apporté la preuve – cette orientation, au demeurant légitime, doit cependant nous faire comprendre que l'Amérique n'a pas les moyens d'assurer, seule, la sécurité de la planète.
La France, quant à elle, doit affronter une crise dont les dimensions, à mon sens, sont triples.
Au plan mondial, elle subit d'abord les effets d'une récession qui avait frappé, avant elle, les pays anglo-saxons. Dans le même temps, l'ambition européenne est mise à mal par les multiples dysfonctionnements des institutions en place, c'est la crédibilité même de ce projet historique qui s'en trouve affaiblie. La société française, enfin, traumatisée par l'explosion du chômage et comme tétanisée par l'ampleur des défis à relever, semble obéir, sous le coup de spasmes épisodiques, à une logique trop souvent attentiste, corporatiste ou défensive.
À l'heure où, plus que jamais, compte tenu de l'importance des enjeux, une convergence des volontés et des moyens occidentaux aurait dû permettre d'éviter un retour des guerres en Europe, c'est la capacité même des capitales occidentales à apporter une réponse globale – elle-même fondée sur une lecture et une vision larges – qui s'est trouvée considérablement altérée. Le drame des Balkans nous renvoie, de nous-mêmes, une image ambivalente faite à la fois d'impuissance, de générosité et de contradictions.
Ce relâchement de nos volontés collectives risque d'être extrêmement lourd de conséquences, pour notre avenir proche en Europe. C'est ce constat, sévère mais lucide, qui a incité le Gouvernement français à mettre en chantier un Livre blanc sur les questions de défense.
Ce Livre blanc a, d'abord, montré que la notion même de défense avait évolué et s'était considérablement élargie et enrichie.
Pour apporter une réponse adéquate aux impératifs de la spécificité française pendant la guerre froide, le général de Gaulle avait effectué un choix fondamental : affirmation, sans ambiguïté, de l'engagement dans le camp occidental, mais préservation de l'autonomie de la décision, elle-même rendue crédible par la maîtrise du feu nucléaire.
Ni la pertinence, ni l'actualité de ce choit n'ont été remis en cause par le Livre blanc.
Le cœur de la défense française repose toujours – et pour longtemps – sur la dissuasion nucléaire. Cette affirmation nécessaire – et essentielle – n'est cependant plus suffisante.
En effet, la prééminence longtemps accordée à l'atome avait, paradoxalement, contribué à figer le débat stratégique en France. Les discussions sur la défense, réduites aux choix des moyens et des modalités de financement, furent ainsi souvent et progressivement, avec la guerre froide, écartées des lieux du débat public.
Alors que la guerre – nous ne le dirons jamais assez – est revenue dans notre horizon quotidien, il serait irresponsable de se laisser bercer, sous l'emprise de nos habitudes, par le confort d'un illusoire sentiment de sécurité. Le bouleversement géostratégique exige un renforcement de nos moyens d'intervention conventionnels ce qui conduit – si l'on veut bien aller à l'essentiel – à repenser l'idée de sacrifice, à repenser l'idée même de la mort, au service d'une cause juste.
Aujourd'hui, il nous faut à nouveau poser ces questions fondamentales qui sont celles de la définition de l'identité à préserver, des outils à utiliser, du sacrifice à consentir. Que défendre ? Par quels moyens ? À quel prix ?
Le débat sur la défense et ses enjeux doit pouvoir renaître au sein de la société civile et trouver ainsi un nouvel élan et une nouvelle dimension. Il doit s'élargir et sortir du champ traditionnel des cénacles, réservés aux seuls spécialistes. Dans une société moderne caractérisée par la communication instantanée, par le développement des échanges de biens et de services, par la libre circulation des personnes qui tend à affaiblir l'idée même, comme la réalité, des frontières, la défense sort alors du champ étroit du seul domaine militaire. Elle est aussi politique, économique, culturelle, sociale.
Dès lors, ce n'est plus tant un espace ou un territoire qu'il s'agira pour nous de défendre – l'implosion du Pacte de Varsovie ayant rendu très faible la probabilité d'une attaque frontale massive – mais, plutôt, cet ensemble de notions fondamentales constitué par notre identité, notre culture, notre conception de la vie et de son respect, bien entendu notre liberté.
La terre, le territoire n'est plus aujourd'hui synonyme de puissance comme cela fut souvent le cas. Elle n'est plus, comme l'affirmait au XVIIIe siècle QUESNAY et toute l'école des physiocrates, la source première de la richesse. La défense des frontières a donc perdu de son importance relative. La vraie ressource – nous le comprenons en cette fin de siècle – est celle des hommes.
L'agression, aujourd'hui, n'est plus forcément ouverte, déclarée, évidente. Plus sournoises, donc plus dangereuses, sont les agressions économiques, sociales et culturelles dont peuvent être victimes nos sociétés modernes. Autant de vulnérabilités non-militaires, auxquelles il nous faut faire face, si nous acceptons cette idée simple qu'une société, une nation, c'est d'abord un organisme vivant.
Le monde moderne, à l'aube du XXIe siècle, est, à l'évidence, celui de la perméabilité et de la complexité. La défense repose, alors, sur l'ensemble des forces vives de la nation. Elle nécessite la définition et la mise en œuvre par le politique d'une stratégie d'envergure, particulièrement ambitieuse qui doit se fonder sur l'ensemble des outils de la puissance : l'épée certes, mais aussi le livre, l'entreprise, la monnaie, l'image, l'opinion.
La cohérence et l'efficience de cette stratégie ne sont assurées que si la société civile entretient avec la société militaire des rapports de dialogue permanent, de soutien réciproque, de compréhension mutuelle d'échange. De la qualité de ce lien dépend alors l'émergence d'une culture de la défense. Ce lien est, par essence, fragile. Il doit être entretenu au moyen d'une pédagogie vigilante et ouverte sur le monde d'aujourd'hui.
Dans le cadre d'une communauté d'hommes et de femmes qui peut être celle d'une famille, d'une commune, d'une nation ou même celle, plus large, d'une civilisation, une culture de la défense se fonde alors sur la conscience aiguë d'un passé commun, d'une identité partagée, d'un même système de références de risques identiques. Et d'une espérance commune.
Dans notre pays, cet esprit de défense, pour reprendre la formulation exacte du Livre blanc, doit être fondé « non sur un nationalisme étroit, mais sur un patriotisme ouvert, qui défend à travers la France des valeurs universelles : pour cette raison, il n'est vraiment fort et assuré que lorsqu'il unit la nation toute entière ».
Plus que celle des moyens techniques et financiers à mettre en œuvre, la question qui nous intéresse aujourd'hui est donc celle des valeurs que nous entendons préserver, défendre et promouvoir.
Cette définition est, à mon sens, riche en enseignements. Elle jette les bases d'une nouvelle citoyenneté, d'une nouvelle vertu, auraient dit les Anciens.
Elle exprime une certaine conception de notre identité et donne un sens, une perspective particulière à notre engagement dans le monde – et, notamment, en Europe.
Deux questions méritent alors d'être abordées : celle, endogène, des vecteurs assurant la diffusion d'un esprit et d'une culture de la défense et celle, exogène, de la cohérence de l'engagement français comme facteur de stabilité en Europe.
Ces vecteurs existent, ils doivent être repensés, réformés, dynamisés. Ils sont, pour l'essentiel, au nombre de trois : l'école, l'année, les espaces de débat public.
L'école, puis l'armée à un degré moindre, assurent la formation et l'éducation des jeunes citoyens. Les espaces de débat public constitués par le Parlement, les Universités, les instituts de réflexion, les organes de presse, sont les lieux de l'échange. Ils devraient permettre de proposer à la communauté nationale les éléments du débat essentiel de sa sécurité et de sa survie.
L'exigence initiale, sans laquelle, tout dessein public est voué à l'échec, est l'éducation. L'école demeure l'un des points de passage traditionnels, auquel l'armée succède dans les mythes républicains. Sans tomber ici dans une nostalgie inutile, il convient de noter l'urgence d'un renouvellement des moteurs de l'intégration nationale.
Particulièrement conscient de ce fait, je demeure opposé à la professionnalisation intégrale de notre outil militaire. Comme vous le savez, le Livre blanc a retenu cette option fondamentale qui est celle d'une armée mixte.
Si la pertinence du principe de conscription a été réaffirmée, une adaptation est cependant indispensable. Il faut tout d'abord qu'entre les différentes formes du service national, une priorité effective soit accordée au service militaire. L'utilité des formes civiles du service national est clairement reconnue par le Livre blanc car la défense, aujourd'hui, n'est plus seulement militaire. Mais le développement, insuffisamment maîtrisé, de ces formes civiles a suscité des critiques justifiées.
Le Livre blanc se prononce donc pour un réaménagement et une harmonisation de l'ensemble des formes du service national.
Le service militaire est souvent l'unique lien concret du jeune citoyen français avec nos forces armées. Il est un vecteur puissant et irremplaçable de cet esprit et de cette culture de la défense que nous évoquons aujourd'hui. Pour cette raison, le service militaire doit être adapté et valorisé. Une plus grande égalité de traitement doit être recherchée afin de renforcer l'attrait des formes militaires du service national.
Il y a plus encore.
La conscription fait partie intégrante de notre héritage républicain. Depuis Valmy, la défense de la République est assurée par une armée où la conscription constitue un principe essentiel d'organisation. Ce principe du peuple lui-même défendant son territoire et sa liberté est donc à la fois un symbole et une culture. En contribuant à l'affirmation de notre identité et en jouant un rôle d'intégration, il remplit une fonction utile et précise.
La conscription ne peut toutefois assumer cette fonction d'intégration que si les appelés sont déjà des citoyens. Cette fonction est donc, par essence, complémentaire : l'armée ne peut certainement pas, sauf à perdre sa nécessaire efficacité, se substituer à l'école.
La coopération entre la défense et l'éducation nationale doit donc être renforcée afin de permettre un renouveau de l'esprit civique. La sensibilisation de la jeunesse aux problèmes de sécurité et de défense doit être une priorité, notamment à travers un renouveau de l'enseignement de l'histoire.
Je ne comprends pas comment un retour à l'enseignement du civisme à l'école constituerait le symptôme d'une attitude archaïque. Les écoliers du pays ne connaissent plus les paroles de la Marseillaise, ne comprennent plus les symboles véhiculés par Marianne et le bonnet phrygien, ne savent plus la signification des dates importantes de notre histoire, pour lesquelles des jours fériés ont pourtant été décidés. En ces temps troublés par la crise, où chacun dénonce volontiers le déclin des liens sociaux, l'enseignement du civisme permettrait de renforcer le tissu social de la Nation, son identité et sa pérennité.
Si nous ne parvenons pas à réinstaurer une formation civique, la démagogie, l'irresponsabilité, le corporatisme, l'aspiration à la violence viendront emporter nos institutions.
L'existence de la République, la conscience de ses valeurs doivent demeurer présente dans l'esprit de la jeunesse de notre pays. Il ne s'agit pas d'un vœu pieux, il s'agit de lutter chaque jour et pas à pas contre l'isolement et l'individualisme des citoyens afin de réconcilier les Français avec la politique et l'esprit public.
Cette conscience civique, cet intérêt pour le bien public peuvent également être remis à l'honneur par l'ensemble des institutions qui contribuent au débat sur les enjeux de la défense.
Au premier rang de celles-ci se trouve le Parlement. À lui, expression de la volonté générale, d'établir les priorités, de définir les objectifs, de fixer l'ampleur des efforts à consentir.
Plus en amont, les universités, la presse et les centres de réflexion stratégique doivent susciter le débat, le nourrir pour élaborer les concepts nouveaux qui influeront demain sur les politiques de défense française et européenne.
Parmi ces organismes, l'Institut des hautes études de défense nationale doit jouer un rôle privilégié, car sa fonction est d'assurer un dialogue entre les forces armées et la société civile. L'école militaire doit être restaurée comme le lieu par excellence d'une rencontre intellectuelle entre la société et la défense.
C'est une France plus forte, plus cohérente, plus volontaire – en un mot, responsable – qui pourrait également servir de ligne directrice à notre engagement européen.
L'Europe ne pourra s'affirmer au détriment de l'idée nationale – qu'il ne faut certes pas assimiler au nationalisme ni à ses excès. L'Union européenne ne sera pas demain bâtie sur le modèle des États-Unis d'Amérique. L'ambition européenne ne trouvera sa voie que si elle sait s'appuyer sur des États forts, ayant chacun une identité, une histoire, un patrimoine.
La force du message européen ne réside donc pas dans l'unité à marche forcée, mais dans l'assimilation de sa diversité. C'est là tout le paradoxe de l'ambition européenne, qui interdit toute comparaison avec le modèle fédéral américain. L'Europe est plurielle, multiple, diverse, composite : elle a inventé la maïeutique, la dialectique, voire la contradiction. Maurice Blanchot disait que « la réponse est le malheur de la question ». Acceptons cette idée modeste et forte d'un continent qui serait davantage, à travers le judaïsme et l'hellénisme, celui de la question que celui de la réponse.
Il faut donc, d'abord, une Europe plus proche des Européens, plus respectueuse et plus attentive aux aspirations, aux questions des différents peuples qui la composent. Si le sens de l'Europe n'est plus évident aujourd'hui, ce déficit de sens s'est traduit, dans l'esprit des femmes et des hommes européens, par une désaffection pour l'Europe des communautés, de la communauté. Ce divorce profond a permis à Edgar Morin de parler récemment de « Déseurope » – paradoxe suprême au moment où la communauté s'apprêtait à devenir une Union.
Dérive technocratique, absence de vision, paralysie, seule une réforme ambitieuse des institutions permettra de redonner à l'Europe, une cohésion interne qui doit se fonder sur la responsabilité, la volonté politique, le contrôle de l'exécutif, l'affirmation des droits de chacune des communautés qui la composent.
Qui ne comprend, dans ces conditions, que l'édification d'une Europe de la sécurité est une priorité ? Que cet impératif dépasse largement le seul cadre militaire ? Qu'il s'agit bien de la mise en place progressive d'une politique extérieure commune, et de l'ensemble des facteurs susceptibles de faire émerger demain une zone de stabilité autour du pôle européen ?
Une Europe forte, c'est aussi, nous le savons, une Europe dont l'économie est forte. La défense économique – dois-je revenir sur les enseignements de l'affaire du GATT ? – est devenue la condition première de la sécurité en Europe. C'est l'enjeu vers lequel devra tendre l'essentiel de notre effort au tournant de ce siècle.
L'Europe à laquelle je fais référence n'est pas seulement celle de l'Union, elle est aussi celle des pays d'Europe centrale et orientale. Ne cessons pas de dire que l'Europe de l'Ouest, c'est une moitié d'Europe.
Il nous semble évident que l'Union européenne doit être renforcée mais, loin de s'isoler, elle devra permettre aux pays de « l'autre Europe » d'être associés progressivement – mais toujours plus étroitement – au processus de l'intégration. Cela ne se fera pas sans heurts, sans sacrifices. Nous n'en sommes pas, nous Français, encore assez conscients. C'est sûrement chez nos amis allemands que la prise de conscience, compte tenu des difficultés considérables de la réunification, a été la plus forte – encore cela s'est-il opéré au sein d'un même peuple !
La réconciliation puis la réunification des deux Europe ne seront possibles qu'au prix d'un formidable effort d'information et d'explication. Les Européens doivent comprendre que sur l'ensemble des enjeux fondamentaux, leurs intérêts sont identiques. Il faut donc que cet esprit et cette culture de la défense dont nous allons parler tout au long de cette journée, émerge également au plan européen.
Julien Benda, ce grand Européen, avait annoncé dès 1933 – date symbole – que l'Europe n'existerait que « si elle adoptait un certain système de valeurs morales et esthétiques ». Ce discours à la nation européenne, cet appel, presque incantatoire car désespéré, soulignait l'urgence d'une prise de conscience, d'un retour à la raison. Que valait pourtant l'appel d'une plume isolée face à l'ébranlement des masses, à la haine raciale et au proche triomphe de la barbarie ?
Nous disons volontiers que l'Histoire ne se répète pas. Je crois que nous avons raison. Mais des similitudes fortes existent entre notre époque et celle qui a connu, simultanément, la grande dépression, la montée des nationalismes, le déferlement irraisonné de toutes les haines.
Pendant les années trente, pendant toute cette lente montée vers la guerre, notre Europe, « l'Europe aux anciens parapets », jouissait d'un patrimoine commun considérable. Avec la fin de l'affrontement entre les blocs, notre continent a recouvré sa liberté. Plus que la dissuasion des armes, plus que la terreur, c'est la conscience de l'appartenance à une même famille qui assurera les retrouvailles et la communauté de destin entre « les deux Europe ».
Voilà, Mesdames et Messieurs, la raison de notre présence aujourd'hui en ces lieux.
Voilà, Mesdames et Messieurs, quelques-unes des réflexions – très loin d'être exhaustives – que je tenais à vous proposer au début de ces rencontres. Dans un pays troublé, qui doute parfois – et bien à tort – de lui-même, votre présence traduit le courage tranquille de citoyens qui se reconnaissent comme responsables.
À sa manière, chacun d'entre vous l'est de l'avenir de notre pays. L'histoire nous montre qu'un jour ou l'autre l'épreuve survient et qu'elle menace l'existence même de ce à quoi nous sommes attachés et qui porte le beau nom de culture. À l'intérieur de ce mot il y a – comme une présence précieuse et cachée : c'est la liberté.
Nous ne mesurons ce qu'elle est que lorsqu'elle s'éloigne.
Je souhaite que vos travaux, au-delà des murs du Sénat, permettent à nos concitoyens d'en découvrir chaque jour le prix, et ce qui motive notre attachement, son essentielle fragilité.