Texte intégral
F.-O. Giesbert : C'est la rentrée, vous êtes partout, sur Europe 1 ce matin et dans le Figaro pour un grand entretien sur votre politique étrangère. Chamonix c'est fini, les vacances aussi mais vous êtes au septième ciel, non ?
E. Balladur : Au septième ciel, non, pas du tout, j'ai les pieds sur terre et je suis à Paris en face de vous.
F.-O. Giesbert : Depuis plusieurs jours, vous battez des records de popularité dans les sondages. Comment expliquez-vous cette cote ?
E. Balladur : Je ne suis pas sûr qu'il faille accorder à ces sondages autant d'importance que la presse semble le dire depuis quelques jours. Il y a eu toute une série d'événements qui ont été bien appréciés par les Français : la reprise économique paraît là, il y a eu des chiffres du chômage qui commence, qui commence seulement à être en diminution, la France a mené au Rwanda une opération humanitaire qui était risquée mais grâce au courage de nos soldats, elle s'est admirablement déroulée et enfin, notre lutte pour la sécurité contre le terrorisme a eu des manifestations spectaculaires avec l'arrestation de CARLOS. Je pense que tout cela a dû jouer. Mais pour autant, j'aborde cette rentrée les yeux ouverts.
F.-O. Giesbert : Pourquoi cela, qu'est-ce qu'il se passe, quels sont les dangers, les menaces ?
E. Balladur : Il n'est pas question de dangers ou de menaces, simplement nous devons confirmer le début d'amélioration qui s'est produit. Il faut le confirmer sur le plan économique et sur le plan social.
F.-O. Giesbert : Ça n'est pas gagné ?
E. Balladur : On ne peut pas dire aujourd'hui que c'est gagné, non.
F.-O. Giesbert : La reprise est là mais elle peut repartir ?
E. Balladur : La reprise est là mais elle doit se confirmer et s'amplifier de telle sorte que la baisse du chômage puisse, elle aussi, se confirmer et s'amplifier. Je ne peux pas aujourd'hui, ce matin, à l'heure où je vous parle vous dire que c'est chose faite.
F.-O. Giesbert : Vous parliez de l'arrestation, la livraison plutôt de Carlos. Qu'est-ce-que la France a négocié avec le Soudan pour obtenir ça ?
E. Balladur : Mais rien, rien.
F.-O. Giesbert : C'est une livraison gratuite ?
E. Balladur : Contrairement à ce que prétendent beaucoup, rien. Il s'agissait d'un terroriste qui est le responsable de dizaines et de dizaines de morts et notamment de morts de Français, de fonctionnaires français et de policiers français.
F.-O. Giesbert : Le Soudan a fait ça pour les beaux yeux de la France ?
E. Balladur : …Dès lors, il était inconcevable que, si nous avions l'occasion de faire en sorte qu'il soit mis à la disposition de la justice française, nous ne saisissions pas cette occasion. C. PASQUA et moi sommes résolus à lutter contre le terrorisme et l'insécurité par tous les moyens légaux, bien entendu. C'est ce que nous avons fait et ce nous ferons en toutes circonstances.
F.-O. Giesbert : Il y a eu un autre événement cet été, c'est la situation qui continue à se dégrader en Algérie. On ne comprend pas toujours bien la ligne du gouvernement sur cette question. Est-ce-que vous êtes pour le statut quo ou pour le dialogue avec les islamistes ?
E. Balladur : La ligne du gouvernement a été exposée à plusieurs reprises, aussi bien par A. Juppé que par C. Pasqua ou par moi-même.
F.-O. Giesbert : Justement, on n'entendait pas tout à fait la même chose ?
E. Balladur : Écoutez je vais vous dire quelle est la ligne du gouvernement.
F.-O. Giesbert : Vous allez faire la synthèse ?
E. Balladur : …Et je suis persuadé que vous y retrouverez les propos de l'un et de l'autre, qui sont parfaitement convergents : tout d'abord, nous sommes attachés à la tolérance et au respect des Droits de l'homme. C'est-à-dire que nous ne pouvons pas accepter que, sur le sol de la France, soient menées des actions qui peuvent porter atteinte ou à la tolérance ou aux Droits de l'homme. En second lieu, nous avons pour interlocuteur un gouvernement qui est reconnu par l'ensemble de la communauté internationale. Nous avons, publiquement et en privé, exprimé le souhait à ce gouvernement que toutes les mesures soient prises afin que le dialogue puisse s'instaurer entre les divers mouvements algériens. Pour arriver à quel but ? Ce n'est pas à moi de le dire. C'est aux Algériens de définir leur avenir, en discutant entre eux. Nous avons simplement dit que « le statu quo ne peut pas être durable » – je crois que c'est une formule de A. Juppé –, il faut que vous discutiez entre vous. Pour arriver à quelle solution ? C'est à vous à la déterminer. Notre position est parfaitement cohérente.
F.-O. Giesbert : Mais C. Pasqua a dit que le choix réside entre la capacité du gouvernement actuel à maîtriser la situation et l'arrivée au pouvoir des intégristes.
E. Balladur : Mais c'est à peu près ce que je suis en train de vous dire. C'est-à-dire qu'il est bien évident que nous, Français, qui avons un intérêt majeur à la stabilité de l'Algérie pour des tas de raisons que je n'ai pas besoin de développer – notamment en raison de l'importance de la communauté algérienne qui vit en France et qui vit dans le respect de notre droit, de nos lois et de nos règles – on ne peut envisager un avenir pour l'Algérie, un avenir durable, que fondé sur la concorde Nationale. Alors est-il possible d'y arriver aujourd'hui, entre Algériens ? Ce n'est pas à moi à le dire. Mais ce que je peux dire, c'est que nous, Français, sommes très désireux que l'on y parvienne.
F.-O. Giesbert : Ne craignez-vous pas que la communauté algérienne ne se sente un peu isolée alors qu'elle n'est pas intégriste ?
E. Balladur : Au contraire, elle devrait se sentir rassurée parce l'intégrisme est d'une certaine manière un danger pour cette communauté dans la mesure où c'est une atteinte aux libertés de chacun. Elle vit dans un pays où l'on est respectueux des libertés, c'est la France. Je crois qu'au contraire, elle doit se sentir rassurée.
F.-O. Giesbert : Les 26 intégristes de Folembray, que comptez-vous en faire ? Ne serait-il pas temps de demander à la justice de se prononcer sur leur détention ?
E. Balladur : Ils sont détenus en vertu de nos règles et de nos principes. Et dans ces conditions, je ne vois pas la nécessité en ce qui me concerne d'en faire un sujet de polémique intérieure. N'oublions pas tout de même de quoi il s'agit. Cinq Français, cinq fonctionnaires, ont été assassinés en Algérie, il y a moins d'un mois. Et nous avons décidé d'assigner à résidence en attendant l'expulsion, des hommes dont on peut penser qu'ils ne désapprouvent pas l'idéologie dont s'inspirent ou dont se sont inspirés ces meurtres. Je ne suis pas du tout enclin à composer sur ce sujet.
F.-O. Giesbert : Dans Le Figaro, vous présentez votre projet européen. L'Europe sera-t-elle au centre du débat des prochains mois et notamment de la campagne présidentielle ?
E. Balladur : Je suis un peu surpris par ce que je lis et j'entends ça depuis quelques jours, on dit que notamment à la suite de l'interview que j'ai donnée à l'un de vos confrères, j'estimais que l'Europe serait au centre de la campagne présidentielle. Ce n'est pas du tout comme ça que les choses se sont passées. On m'a demandé : est-ce que vous croyez que les questions européennes vont jouer un rôle dans la campagne présidentielle ? J'ai dit sans doute, bien entendu, d'ailleurs qui pourrait le nier. Pour autant, je ne suis pas du tout persuadé que ça va être l'enjeu majeur. Je vois très bien quel est l'intérêt de ceux qui voudraient faire de l'Europe, l'enjeu majeur de la campagne présidentielle. Mais après tout on n'est pas obligé d'être naïf.
F.-O. Giesbert : Ils veulent vous marginaliser ?
E. Balladur : L'enjeu majeur du choix que les Français devront faire l'année prochaine, ce sera un choix de société. Quels changements veut-on apporter à la société française pour que le progrès y soit plus grand et la justice mieux assurée, ça veut dire notamment la diminution du chômage ? Voilà l'enjeu majeur et ce n'est pas la question de savoir si sur tel ou tel point technique il faut modifier dans tel ou tel sens les traités qui régissent l'Union européenne. Ça a une importance. Mais l'importance décisive n'est pas là. Les Français se détermineront l'année prochaine sur la question de savoir si on leur offre un espoir raisonnable, non pas une chimère ou un leurre pour l'avenir et notamment celui de la jeunesse. Ce qui ne veut pas dire que l'Europe ne va pas jouer de rôle. La preuve c'est que j'ai donné ce matin une interview au Figaro dans laquelle l'Europe occupe beaucoup de place. Mais le problème fondamental, c'est la question de savoir si, la France sera suffisamment forte pour compter plus en Europe et en deuxième ou en premier lieu, pour bâtir une société plus juste.
F.-O. Giesbert : Pouvez-vous nous dire si l'amélioration sur le front de l'emploi sera durable ou pas ?
E. Balladur : Je pense qu'elle va continuer en tout cas, ce mois-ci je l'espère. Je n'ai jamais fait de promesses depuis 18 mois et je me suis toujours bien gardé d'entretenir des illusions. Qui pourrait dire aujourd'hui à ma place, ou même à la vôtre : voilà j'en suis sûr, le chômage va diminuer mois après mois.
F.-O. Giesbert : V. Giscard d'Estaing a des convictions, il a dit : il n'y a pas de changement fort concernant le chômage.
E. Balladur : Mais moi aussi j'ai des convictions, elles sont très fortes. Et je pense que la politique que nous avons mise en œuvre explique ce début de diminution du chômage. Mais je répète que, honnêtement, m'adressant à travers vous aux Français, je ne peux pas dire : je vous garantis que mois après mois, ça va diminuer. Je l'espère, je le souhaite, je ferai tout pour cela, je constate que non seulement la croissance du chômage s'est ralentie mais que maintenant, la courbe du chômage commence à s'inverser. Vous ne me voyez pas ne pas souhaiter que ça continue. Mais je ne peux pas en faire le serment. Mais en attendant, c'est une question d'honnêteté intellectuelle finalement et politique.
F.-O. Giesbert : En attendant, la cohésion sociale est toujours menacée, si vous voyez ce que je veux dire ?
E. Balladur : La cohésion sociale de notre pays est menacée effectivement par la croissance du chômage. C'est pourquoi tout passe par la décrue du chômage qui sera due à deux choses ; la croissance économique, on a beaucoup trop dit que la croissance ne produisait pas d'emplois. C'est faux. De 1987 à 1989, à la suite notamment de la politique que nous avions menée, on a créé 800 000 emplois en France. Ce qui est considérable, Donc, il faut de la croissance. Mais ça ne suffit pas c'est vrai. Il faut une jeunesse mieux formée, il faut des formes de travail plus souples et plus diversifiées. Il faut donc que toute une série de réformes soient faites, c'est ce que nous avons fait.
F.-O. Giesbert : Ne faut-il pas un contrat social comme l'a dit J. Chirac ?
E. Balladur : Tout dépend du contenu. Je veux bien qu'on appelle contrat social, cette politique que nous menons, mais ce n'est pas une question de formule, mais de contenu. Il faut bâtir une société qui fabrique davantage d'emplois et une société car c'est une société qui a davantage de croissance. Et d'autre part, une société qui est organisée de telle sorte qu'on ne décourage pas l'emploi. Ce qui veut dire, la baisse des charges, la formation de la jeunesse et ce qui veut dire, l'assouplissement des modalités du travail. C'est tout ce que nous avons fait et qui commence à porter ses résultats.
F.-O. Giesbert : Où en sont vos relations avec J. Chirac, beaucoup s'en inquiètent ?
E. Balladur : Pas vous qui le connaissez et qui me connaissez. Donc à travers vous, je rassure ceux qui nous écoutent.
F.-O. Giesbert : Vous vous voyez toujours autant ?
E. Balladur : Nous nous voyons quand c'est utile et nécessaire.
F.-O. Giesbert : Sur la privatisation de Renault, vous ne craignez pas qu'on dise : E. Balladur recule encore ?
E. Balladur : J'ai entendu ça. Parlons en très vite et très simplement. Renault est inscrit sur la liste des entreprises dont la loi prévoit qu'elles doivent être privatisées. Cela étant, Renault est actuellement détenue à 20 % par un actionnaire étranger auquel les gouvernements précédents ont vendu cette participation dans Renault. J'ai toujours dit qu'on ne pouvait pas envisager une privatisation de Renault si en même temps il n'y avait pas un accord international qui permette de garantir l'avenir de Renault. Car pourquoi veut-on privatiser Renault finalement ? Parce que c'est une entreprise qui est dans le secteur concurrentiel, qu'il y a sans doute trop de grands groupes automobiles en Europe, qu'il faut des accords entre eux et que pour Renault une des conditions de l'accord à passer, c'est que l'État n'ait plus 80 % ou 100 % de son capital. Actuellement cet accord industriel n'est pas en projet. Ce que nous allons faire, c'est qu'on évalue le prix de Renault. Et dès lors qu'on a évalué ce prix, on a dit : ça y est on privatise Renault et chacun a saisi le prétexte de dire soit que c'était très bien soit que c'était scandaleux. N'avez-vous jamais entendu dire que j'entendais privatiser Renault à 100 % ou à 60 % ? Jamais. Donc, ce que nous allons faire une fois que nous aurons les évaluations, c'est que nous entamerons les négociations avec Volvo cède sa part ou une partie de sa part et nous ferons en sorte que Renault soit, si je puis dire, refrancisé en proposant une part du capital de Renault aux Français et aux salariés, l'État restant, en tout cas dans la période actuelle, majoritaire. Et puis nous verrons bien ensuite, comment les choses évoluent et quel type d'accord Renault doit passer, et avec qui, pour bien assurer l'avenir de Renault. Renault était une entreprise possédée par l'État à 100 %, ça ne l'a pas empêché de perdre 40 000 emplois depuis 1981. Alors, je ne suis pas sûr que le maintien de ce statut-là soit par définition la garantie de l'emploi.
F.-O. Giesbert : La baisse des impôts, vous pouvez nous confirmer qu'il n'y en aura pas ?
E. Balladur : Chaque fois que vous me posez une question, vous me parlez de recul. Voulez-vous me dire pourquoi ?
F.-O. Giesbert : Parce que je lis les journaux.
E. Balladur : Non, vous les faites même.
F.-O. Giesbert : Je lis les déclarations de vos amis du RPR ou de l'UDF.
E. Balladur : Oui ou d'autres. S'agissant de la baisse des impôts, rien n'est encore arrêté dans le budget de 1995. Je dois en arrêter les grandes lignes dans les jours qui viennent. La situation est que nous avons un montant de dépenses publiques considérable, nous avons trouvé un déficit, je le rappelle, de 340 milliard de francs. Et mon objectif est de le ramener à 275 milliards parce que si on ne baisse pas le déficit, les taux d'intérêt augmentent et s'ils augmentent, on risque de casser la reprise. Voilà. Donc, l'objectif de la baisse du déficit est un objectif prioritaire pour alimenter la croissance et l'emploi. Dans cet ensemble, il est déjà prévu une baisse des cotisations familiales payées par les entreprises pour abaisser le coût du travail et développer l'emploi. D'autres idées sont également évoquées, je suis en train d'y réfléchir.
F.-O. Giesbert : Quelle est la critique de votre action qui vous paraît la plus injuste ?
E. Balladur : J'observe une chose, c'est que ça ne semble pas, je reviens au début de notre entretien, l'opinion des Français.
F.-O. Giesbert : C'est l'opinion de la classe politique en fait.
E. Balladur : C'est cela, qui m'intéresse. C'est vous qui avez commencé notre entretien en parlant de ces sondages dont je vous ai dit moi-même qu'il ne fallait pas fonder sur eux des certitudes absolues. Je pense que si les Français jugeaient mal l'action du gouvernement, et la mienne, les sondages ne seraient pas ce qu'ils sont et ça veut dire qu'ils ne font pas l'opinion que vous relatez complaisamment.
F.-O. Giesbert : La critique qui vous paraît la plus injuste ?
E. Balladur : Je ne sais pas, je suis comme tout le monde, j'imagine que nous considérons tous que toutes les critiques sont injustes. Il doit y en avoir de justes.
F.-O. Giesbert : Justement, la critique la plus injuste et la critique qui vous paraît la plus justifiée, pour faire un petit mea culpa ?
E. Balladur : Je ne sais pas bien vous répondre comme ça, instinctivement et rapidement. Je vais bien sûr répéter ce qui tout le monde répète et que j'ai éprouvé fortement : c'est qu'effectivement, dans la gestion de l'amélioration de l'emploi, nous avons et j'ai commis une erreur avec le CIP, pas une erreur de fond, je ne crois pas, en tout cas une erreur de méthode et de présentation. Cela a obscurci l'action du gouvernement et je le regrette, bien entendu. Je le regrette d'autant plus que je pense que nous n'avons toujours pas un système qui permette de résoudre la difficulté que je voulais résoudre. C'est-à-dire qu'il y a quand même plus de 20 % des jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage. Peut-être m'y suis-je mal pris, je veux bien l'admettre mais il faut trouver autre chose. Et jusqu'à présent, on ne l'a pas trouvé, voilà ce que je peux répondre.
F.-O. Giesbert : Vous vous plaisez bien à Matignon, vous y êtes bien, les Français vous y aiment bien mais est-ce-que vous préférez rester là, après 1995 ou bien traverser la Seine pour aller à l'Élysée par exemple ?
E. Balladur : Écoutez, la question ne se pose pas, c'est vous qui la posez, mais elle ne se pose pas. Vous, me conduisez à répéter une nouvelle fois ce que j'ai dit alors très souvent : à savoir que je souhaitais qu'on laisse le gouvernement travailler et la majorité aussi, et qu'on attende le début de 1995 pour voir ce qui doit se passer en 1995.
F.-O. Giesbert : Mais vous avez déjeuné avec J. Delors vendredi dernier, vous avez sûrement parlé de l'élection présidentielle, non ?
E. Balladur : Nous avons parlé de l'Europe et de l'avenir des problèmes qui vont se poser dans l'avenir, à l'Europe et à la France dans l'Europe. Ça a été l'objet de notre conversation, comme une fois par mois d'ailleurs, ça n'a rien d'exceptionnel.
F.-O. Giesbert : J. Delors, ça serait un bon candidat pour la gauche ?
E. Balladur : Ça, ce n'est pas à moi à l'apprécier ni à le dire.
F.-O. Giesbert : Vous avez de l'estime pour lui ?
E. Balladur : Je le connais depuis longtemps, oui.
F.-O. Giesbert : Une question personnelle pour finir. Vous êtes quelqu'un qui garde toujours le temps de lire alors qu'avez-vous lu pendant vos vacances ?
E. Balladur : J'ai terminé la biographie de Voltaire, en cinq volumes, dirigée par R. Pomeau. J'ai terminé par le quatrième où il est beaucoup question de l'affaire Callas et du supplice du Chevalier de La Barre. Voyez, c'est le Voltaire que je préfère.
F.-O. Giesbert : Celui de la tolérance ?
E. Balladur : Oui, l'homme qui lutte contre l'intolérance et lui s'investit totalement dans la lutte contre l'intolérance. Comme, personnellement, j'ai horreur de l'intolérance, des procès d'intention, des injures et des calomnies, ce Voltaire-là est vraiment celui dont je me sens le plus proche.