Texte intégral
Discours à l'institut de formation en soins infirmiers Saint-Chamond, le 29 mars 1994
Monsieur le président,
Madame la directrice,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Permettez-moi, monsieur le président, de vous remercier de votre invitation et de l'occasion que vous me donnez de pouvoir échanger avec vous. Je sais que vous étiez nombreux le 17 février à m'attendre, et je tiens à vous remercier très sincèrement d'être à nouveau présent aujourd'hui.
Ces rencontres sont pour moi importantes car elles me permettent d'être plus près de vos préoccupations, et de vous faire part du sens de mon action.
S'il était une époque où l'infirmière pouvait se sentir ignorée de l'opinion et des pouvoirs publics, ces temps, convenons-en, sont désormais révolus.
J'ai tenu dès les premières semaines de mon installation au ministère de la santé, à recevoir les syndicats ainsi que les principales organisations professionnelles d'infirmières pour recueillir leurs suggestions de façon à répondre au mieux à leurs attentes.
Ma présence dans votre institut montre l'intérêt que mon ministère et le Gouvernement dans son ensemble attachent à votre profession.
Cet intérêt est partagé par l'opinion publique, comme la presse en témoigne.
Un retour rapide sur l'histoire de votre profession au cours des 30 dernières années fait ressortir la formidable transformation que votre métier a connu, et auquel votre institut, créé en 1927 à Colmar, a su répondre.
Elle s'est traduite en premier lieu par la reconnaissance de la spécificité de l'exercice infirmier.
C'est à partir du début des années 60 qu'une succession de textes ont progressivement défini et précisé la notion de soins infirmiers, concrétisant ainsi le rôle propre dévolu à la profession infirmière.
C'est plus récemment que deux réformes sont venues valoriser le champ des activités infirmières en prenant en compte l'évolution des pratiques et des techniques, et en l'élargissant à des préoccupations de santé publique.
De même, la profession infirmière a été dotée d'un corps de règles équivalent aux codes déontologie des professions médicales précisant ses devoirs notamment envers les patients.
Une deuxième transformation s'est aussi produite au cours de ces dernières années conduisant à la mise en place d'une véritable organisation de l'activité de soins infirmiers au sein des établissements de santé.
Le service de soins infirmiers est aujourd'hui, en effet, explicitement reconnu par la loi hospitalière.
L'activité de soins infirmiers a pris place de manière officielle dans l'organisation hospitalière.
Les infirmiers participent désormais aux choix et aux décisions dans les instances consultatives et décisionnelles.
J'évoquerais enfin une dernière transformation qui vous touche directement : la formation.
Cette question a fait, vous le savez, l'objet de nombreuses réflexions pour aboutir récemment à un nouveau cursus d'études.
L'une des idées force de cette réforme est de forger une nouvelle identité de l'infirmier au travers d'une formation lui permettant d'assumer son rôle quel que soit le mode et le lieu d'exercice.
Ce rapide survol montre combien la transformation a été rapide. Il montre aussi que ce métier occupe aujourd'hui une place importante au sein des établissements comme des équipes hospitalières.
Cette évolution était nécessaire et justifiée.
Je reste convaincu que ce mouvement est loin d'être achevé quand on voit la rapidité des progrès auxquels l'infirmière doit être étroitement associée afin de faire face aux situations auxquelles elle est en permanence confrontée.
C'est pourquoi dès mon arrivée, j'ai souhaité que l'effort d'amélioration des conditions de formation et d'exercice des infirmiers soit poursuivi.
C'est pour cette raison que j'ai confiée à Mme Brigitte Garbi une mission de réflexion.
Ses travaux s'ordonnent autour de quatre thèmes majeurs que sont la formation initiale et continue, les carrières professionnelles, la fonction d'expert et le clinicien, et enfin l'organisation professionnelle au niveau national.
Je sais d'ores et déjà que les contributions des professionnels infirmiers, tant au cours des auditions qu'au travers des questionnaires qui leur ont été adressés, ont été très fructueuses et très denses.
J'attends ses conclusions pour la fin du mois d'avril.
Elles me permettront de définir des orientations qu'il me paraît indispensable de prendre si nous voulons maintenir une formation de haut niveau, et la richesse d'une pratique professionnelle.
Je suis convaincu que ces évolutions doivent s'accompagner d'une réflexion sur les structures de formation qui préserve la pluralité des statuts et garantisse la continuité de leur fonctionnement.
Vous m'avez fait part des difficultés financières que connaît votre établissement. J'ai demandé à mes services d'examiner avec attention votre situation, afin que vous puissiez continuer à remplir correctement votre mission.
Je ne voudrais pas conclure sans vous dire quelques mots de la période que nous traversons.
Vous le savez, elle est particulièrement riche et complexe.
Rarement en effet une époque n'a été le théâtre de progrès aussi rapide dans le domaine de la médecine et des techniques diagnostiques et thérapeutiques.
Rarement aussi nos concitoyens n'ont manifesté autant d'attachement à la santé et à la recherche du bien-être.
Rarement les interrogations éthiques sur l'avenir de la science médicale et la place de la personne n'ont été aussi fortes.
Rarement enfin la question de la maîtrise des dépenses de santé et de la restructuration de notre système de santé n'a été aussi présente.
Demain vous serez membre d'une équipe et partie prenante de la vie d'un établissement de soins.
Vous avez choisi un métier difficile qui exige de nombreuses qualités humaines et professionnelles.
Mais vous avez choisi un métier d'une grande noblesse au service de ceux qui souffrent et qui font confiance à nos hôpitaux.
Je vous remercie de votre attention.
Pose de la première pierre à l'hôpital de Saint-Chamond, le 29 mars 1994
Monsieur le maire,
Monsieur le sénateur,
Monsieur le député,
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,
C'est une démarche particulièrement riche de sens, pour moi, de venir aujourd'hui poser la première pierre de votre nouvel hôpital, et je remercie mon ami, François Rochebloine, de son invitation que j'honore aujourd'hui, après un contretemps que je n'ai pu éviter.
C'est aussi pour moi un réel honneur de rendre visite à notre hôpital qu'inaugurait en 1940 Antoine Pinay, dont le nom évoque des moments importants de notre histoire contemporaine.
Cette manifestation est l'aboutissement de plus de trente années de discussions, de projets, d'efforts, puisque dès le début des années 60, apparaissait la nécessité de transformer votre établissement.
Sa notoriété avait en effet rapidement attiré de nombreux patients faisant apparaître la nécessité de reconstruire un nouvel ensemble.
À la fin des années 70, déjà, les réflexions hospitalières vous conduisaient à tisser des liens avec l'hôpital de Rive de Gier qui aboutirent à la création d'un syndicat inter-hospitalier au début des années 80 en vue de construire un hôpital intercommunal.
Comme je viens de la dire à Rive de Gier votre réalisme vous a conduit à rechercher de nouvelles pistes, sans que pour autant vous abandonniez l'idée d'agir en commun qui a vivement animé l'histoire de ces deux hôpitaux.
Aujourd'hui encore, elle inspire vos démarches et elle a permis de déboucher sur des projets médicaux cohérents et complémentaires et ce au plus grand profit des habitants de votre région.
En effet, tandis que Rive de Gier concentre ses activités sur la médecine, le moyen séjour et la rééducation, votre hôpital s'organise autour d'un plateau technique doté notamment d'un scanner et correspondant à la présence de services actifs en chirurgie, gynécologie-obstétrique, médecine et permettant l'accueil de près de 15 000 passages aux urgences.
Vous disposerez ainsi d'un équipement de qualité situé au cœur de votre cité. Cette implantation en facilitera l'accès, et vous permettra de conforter votre rôle de proximité.
La coopération que vous avez instaurée, permettra à terme de couvrir l'ensemble des besoins auxquels doivent répondre les hôpitaux comme les vôtres.
En outre, du fait de la qualité des relations que vous entretenez avec le CHU de Saint-Étienne présidé par M. Dubanchet que je salue à cette occasion vous disposerez d'un réseau cohérent assurant à nos concitoyens l'ensemble des prestations sanitaires dont ils ont besoin.
Ce souci qui a présidé à votre démarche est pour moi l'occasion de rappeler fortement ma conviction que l'ensemble des activités de soins, qu'elles fassent appel ou non aux dernières techniques, doivent être regardées avec la même considération.
Il n'est pas acceptable en effet d'admettre une hiérarchie entre les activités, et de privilégier celles que notre culture technicienne tend à présenter comme les plus nobles.
Seuls les besoins de nos concitoyens doivent déterminer nos choix si nous voulons rester fidèles à notre mission de santé publique.
C'est la voie que vous avez choisi. Et c'est très sincèrement au nom des valeurs d'humanisme dont s'enorgueillit notre tradition hospitalière que je souligne l'action menée par les maires des deux communes avec le soutien du député d'œuvrer avec le souci premier du service à rendre.
Je n'oublie pas non plus le rôle joué par l'ensemble des personnels, les équipes de direction, ainsi que les équipes médicales qui sous la conduite de leur président ont largement contribué à la réussite de ce projet.
J'indiquais au début de mon propos que ma visite était significative de l'effort que nous avons à mener.
Vous le savez la poursuite de la modernisation de notre patrimoine hospitalier, la recherche d'une plus grande qualité, les exigences liées à la sécurité des installations et des personnes, la prise en compte du progrès des techniques et des thérapies, passent par la recherche d'une meilleure organisation hospitalière.
Les temps ne sont plus à une concurrence non maîtrisée source de double-emplois dispendieux. Sans remettre en cause un système de santé diversifié encourageant une nécessaire émulation, il est aujourd'hui plus que jamais indispensable de recherche la cohérence des activités de chacun des acteurs de santé.
La réalité de notre situation est incontournable, et l'état des comptes sociaux nous impose des actions en profondeur que nous ne pouvons plus différer.
C'est le sens de la politique menée par le Gouvernement que le Premier ministre vient de rappeler aux préfets au cours d'une récente réunion en présence de madame Veil, ministre d'État, ministre des Affaires sociales de la santé et de la ville, et de monsieur Pasqua, ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire.
Monsieur Édouard Balladur a souligné au cours de celle-ci que l'amélioration des comptes sociaux constituait avec la lutte contre le chômage la priorité du Gouvernement.
Cette politique de maîtrise des dépenses de l'assurance maladie et de restructuration hospitalière ne doit pas être menée au détriment des orientations de l'aménagement du territoire, du maintien de services publics dans les zones faiblement urbanisées et de la présence de structures de proximité dans le domaine sanitaire.
Elle doit être menée également dans le dialogue avec les élus et les professionnels.
Il me paraît ainsi indispensable de mieux prendre en compte les incidences des restructurations sur les personnels. Cette question est vitale, elle ne peut être passée sous silence. C'est pourquoi, mes services étudient actuellement les mesures qui sont nécessaires pour accompagner ces restructurations au plan social afin d'éviter toutes conséquences préjudiciables.
Certes l'État dispose d'un certain nombre de prérogatives que la récente loi du 18 janvier sur la santé publique et la protection sociale a renforcées, mais il ne saurait agir exclusivement par la voie de l'autorité. La réussite de notre politique dépendra du concours actif de tous.
Il faut convaincre, c'est ce à quoi s'emploie le Gouvernement, et c'est ce qui va constituer son travail des mois à venir.
La restructuration hospitalière est une œuvre de longue haleine, vous en êtes les témoins et les acteurs.
Je souhaite qu'elle puisse se poursuivre et s'accélérer.
Je vous remercie de votre attention.
Inauguration de l'extension de la maison de retraite L'Orée du Pilat, le 29 mars 1994, à Rive du Gier
Monsieur le maire,
Monsieur le sénateur,
Monsieur le député,
Monsieur le vice-président,
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à vous dire le plaisir que j'ai à être parmi vous aujourd'hui pour participer à cette inauguration qui marque une étape importante dans la vie de votre établissement, et je remercie mon ami, François Rochebloine, de son invitation à laquelle il ne m'a malheureusement pas été possible de répondre plus tôt.
Vous venez en effet d'achever la rénovation et l'extension de votre maison de retraite.
Vous avez démontré au travers de cette opération votre souci de concilier votre tradition d'accueil avec les exigences que requiert un établissement moderne.
Votre maison de retraite en effet a été créée voici plus d'un siècle, et le nom qui lui était accordé naguère par les habitants de votre commune atteste de sa présence presque familiale, j'oserais dire, dans votre cité, tant se sont tissés des liens étroits entre votre établissement et la population.
Votre nouvelle réalisation que vous avez appelée à l'Orée du Pilat, évoque la présence de cette montagne chère au cœur de cette région, et témoigne aussi d'une certaine idée du grand âge et de l'esprit de solidarité qui doit animer les relations entre les générations.
Nous savons tous en effet que la population de notre pays va continuer à vieillir dans les proportions importantes dans les vingt prochaines années.
Cette transformation démographique doit nous inciter à repenser la question du vieillissement dans notre société, et les actions à entreprendre pour donner au grand âge la considération qui lui revient.
Votre centre correspond bien à ce que nous devons faire aujourd'hui pour accompagne le vieillissement, et traduit les conceptions que nous devons faire prévaloir pour que les gains considérables apportés par les progrès de la médecine en termes d'espérances de vie puissent empêcher que la fin de la vie ne se termine dans la tristesse et l'isolement.
Je dois vous dire combien j'ai apprécié les idées qui sont au cœur de votre initiative et dont je voudrais saluer l'exemplarité.
Le premier aspect que je souhaite souligner concerne la qualité de vos installations et votre organisation interne.
La conception de votre ouvrage avec ses chambres à un ou deux lits équipées d'un très bon niveau de confort, ses salons d'étages, sa cafétéria, prouve votre volonté d'offrir à vos pensionnaires des prestations de qualités, et de faire entrer à l'intérieur de votre établissement la vie extérieure afin d'éviter la césure habituelle que provoque l'hospitalisation.
Elle illustre aussi votre ambition de créer un cadre aussi agréable et confortable que possible afin d'éviter tout isolement affectif et psychologique.
Le deuxième aspect de votre initiative que je relève concerne votre projet thérapeutique qui intègre la prise en charge des personnes âgées désorientées, et pour lesquels vous avez prévu un lieu de vie spécifique agrémenté d'espaces verts.
Je ne peux qu'approuver, comme ministre mais aussi comme médecin, cette approche car elle repose sur une profonde considération du sujet et de ses souffrances.
On reproche trop souvent en effet à la médecine moderne d'être trop technicienne et de n'obéir qu'à des considérations scientifiques oubliant trop souvent la personne.
C'est pourquoi je ne peux que saluer votre approche basée sur la considération qui doit demeurer au cœur de la relation thérapeutique.
Je voudrais aussi à l'occasion de cette inauguration mettre en valeur la réflexion que vous menez sur la réorganisation de votre établissement, et la ténacité avec laquelle vous avez recherché des complémentarités avec l'hôpital de Saint-Chamond.
Dès en 1973, vous vous interrogiez sur les perspectives de rapprochement avec cet hôpital, et vos travaux ont débouché sur un projet de construction d'un nouvel hôpital qui fut ultérieurement abandonné.
Votre réalisme vous a depuis conduit à rechercher de nouvelles pistes et à élaborer des projets médicaux en commun. C'est à partir de cette réflexion sur les activités médicales que vous êtes parvenus à définir les perspectives d'évolution de vos deux structures. Aujourd'hui vous avez trouvé un équilibre satisfaisant permettant d'apporter les réponses adaptées aux besoins de nos concitoyens.
La conduite d'un projet de cette nature et de cette envergure nécessite une collaboration étroite entre de nombreux partenaires et la conjugaison de nombreux talents.
C'est pourquoi je voudrais aujourd'hui remercier tous ceux qui ont œuvré à sa concrétisation et tout particulièrement André Gery, maire de Rive de Gier, et Gérard Ducarre, maire de Saint-Chamond, pour leur effort, leur détermination et leur contribution à la réussite de cet objectif.
Je voudrais aussi féliciter les équipes de direction, les médecins et les personnels pour leur concours, et saluer le travail accompli par les autorités locales et l'aide qu'elles ont apportés à la définition de ce projet.
Vous avez su faire des choix courageux en acceptant le regroupement de l'ensemble de l'activité chirurgicale sur le site de Saint-Chamond, et en réduisant sensiblement le nombre de lits de médecine.
C'est cet effort qui vous permet de développer de nouvelles activités de rééducation et de moyen séjour répondant de la sorte à des besoins qui sont encore insuffisamment couverts.
Je n'ignore pas que la prise en charge des personnes âgées qui fréquentent votre établissement soulève la question des moyens pour y répondre.
Dix places de section de cure médicale viennent de vous êtes accordés. Je sais que votre demande va au-delà.
Je souhaite vivement que l'effort entamé soit poursuivi afin que votre établissement puisse disposer rapidement des moyens nécessaires pour faire face à l'aggravation de la dépendance des personnes accueillies.
Je n'ignore pas non plus les difficultés que vous rencontrez pour le bon déroulement de ce projet et son financement, et sur lesquelles mon ami François Rochebloine avait fortement attiré mon attention à plusieurs reprises.
C'est pourquoi, madame Veil et moi-même avons décidés d'encourager votre effort en accordant dès 1994, conformément au calendrier de l'opération, une subvention destinée au financement des études préalables aux travaux de 1,8 MF.
Il nous est apparu important que les pouvoirs publics apportent leur soutien à des opérations de restructuration qui vont dans le sens de la politique hospitalière menée par le Gouvernement.
Vous le savez en effet il est de notre devoir d'engager rapidement une politique de restructuration si nous voulons conserver notre système de couverture sociale et mettre à la disposition de nos concitoyens un dispositif de santé et de qualité et accessible à tous.
À cet égard la recherche des complémentarités que vous avez privilégiée est l'un des moyens pour concilier la poursuite du progrès médical et l'amélioration de la sécurité et de la qualité des soins avec la maîtrise des dépenses de santé.
C'est la volonté du Gouvernement d'aller dans cette voie en invitant l'ensemble des acteurs, élus et professionnels, à l'entreprendre avec détermination.
Vous en avez donné l'exemple.
Je vous remercie de votre attention.