Texte intégral
Monsieur le député, en substance, votre question est de savoir si l'Europe sert à quelque chose en matière de politique étrangère et de règlement des conflits internationaux.
Ma réponse est définitivement oui ! Il faudrait quand même rétablir un certain nombre de vérités premières, à commencer par la situation en Bosnie. Depuis plusieurs semaines – c'est peut-être transitoire, le feu couve, et cela peut changer demain – on ne s'y bat plus, et c'est l'un des résultats de l'action de la France et de la communauté internationale, tout particulièrement de l'Union européenne.
Cette dernière avec, en bien des circonstances, la France, à sa tête, a pris toute une série d'initiatives. Savez-vous qu'elle finance 70 % de l'aide humanitaire, que cela représente 400 millions d'Écus, 2,5 milliards de francs pour la seule année 1994 ? Je ne sais pas si les Français savent qu'ils paient effectivement cette quote-part ! Deuxièmement, l'Union européenne a envoyé 50 % de tous les casques bleus. Ils sont plus de 30 000, les Français ne le savent pas non plus. Et sur ces 30 000, la moitié sont européens, dont près de 7.000 français.
Enfin, l'Union européenne a été à l'origine de toutes les initiatives diplomatiques, qui ont notamment abouti à la conférence de Genève du 13 mai dernier, laquelle, de mon point de vue, est un succès pour la démocratie française et pour la diplomatie européenne et qui peut constituer un pas en avant pour la paix.
Voilà ce que je voulais dire sur la Bosnie.
Nous ne nous sommes pas contentés d'agir sur ce seul dossier bosniaque. Je ne reviens pas sur ce que je viens de dire à propos du Rwanda mais il faut savoir que l'Union européenne y est aussi très active en matière d'aide humanitaire.
Par ailleurs, je voudrais signaler que nous avons pris un certain nombre d'initiatives pour prévenir la répétition de ces conflits. Les 26 et 27 mai prochains, vont se tenir à Paris les premières réunions de la conférence de stabilité. C'est une initiative française, une idée du Premier ministre, M. Édouard Balladur, qui l'a exposée à cette tribune il y a un an et que L'Union européenne a reprise à son compte. Elle va enfin se concrétiser la semaine prochaine. Elle permettra, je l'espère, de régler les problèmes de voisinage qui peuvent se poser en Europe centrale ou en Europe orientale. Toutes ces actions montrent que l'Union européenne, difficilement, trop lentement, amis concrètement, existe aujourd'hui.
Je terminerai en rappelant simplement un fait. Le traité sur l'Union européenne qui a mis en place les compétences de la Communauté en matière de politique extérieure et de sécurité commune qui a créé le mécanisme qui permet de travailler ensemble, est entré en vigueur le 1er novembre 1993. Il a six mois d'existence. Qu'était le Marché commun, six mois après la signature du traité de Rome ? Il faudra encore beaucoup d'efforts pour donner à cette politique extérieure sa véritable consistance, mais la direction est tracée. Alors, ce qu'il nous faut, Monsieur le Député, ce n'est pas de la démagogie – je ne dis pas cela pour vous, naturellement, mais j'en entends beaucoup en ce moment sur beaucoup d'écrans et de radios –, mais de la ténacité et de la conviction.