Interviews de M. Valéry Giscard d'Estaing, président de l'UDF, à RTL le 18 avril, à Europe 1 et France 2 les 25 et 28 avril 1994, sur la liste d'union et la campagne de la majorité pour les élections européennes, l'ultimatum de l'OTAN après la chute de Gorazde et la proposition de M. Giscard d'Estaing d'un référendum sur le quinquennat.

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Média : RTL - Europe 1 - France 2

Texte intégral

Q. : Il faut parler de Gorazde. Alors, l'ONU capitule ?

R. : Malheureusement, si les nouvelles que nous entendons sont confirmées, c'est exact. L'ONU joue sa crédibilité et sa crédibilité durable dans cette affaire. Vous vous souvenez que Gorazde a été classée zone de sécurité par les Nations unies au mois de mai dernier. On a donc eu plusieurs mois pour gérer la sécurité de cette petite enclave musulmane qui, de toute façon, est attribuée à la partie musulmane de la Bosnie par tous les projets d'accords, quels qu'ils soient. Si Gorazde peut être conquise ou soumise par la force, ce qui revient au même, c'est toute la crédibilité de l'ONU qui est en cause.

Q. : Il est plus facile de régler le problème de la guerre du Golfe que celui ou ceux de l'ex-Yougoslavie ?

R. : Malheureusement, la détermination n'est pas la même. On peut dire deux choses. D'abord, après le succès de l'ultimatum sur Sarajevo, il ne fallait pas laisser de répit aux Serbes bosniaques. Il fallait étendre la tâche de la paix le plus vite possible avec la même détermination. Ensuite, quand, il y a quelques jours, l'ONU a décidé d'intervenir sur les assaillants de Gorazde, il ne fallait pas le faire avec deux avions qui ont donné l'impression d'une impuissance militaire. En réalité, on sait bien que les conditions météorologiques n'étaient pas bonnes. Quand on montre une détermination, il faut agir vite et avec les moyens nécessaires.

Q. : Avec une force de frappe massive ?

R. : Disons adaptée à l'agression. Il fallait stopper cette agression.

Q. : Comment peut-on lucidement envisager l'avenir, s'il y en a un ?

R. : En Bosnie ? Avec beaucoup de pessimisme. Il y a eu un moment, un passage pendant lequel on a vu une lueur à l'horizon. Il semblait que la communauté internationale paraissait déterminée. À partir de ce moment-là, il y a eu manifestement un mouvement en arrière des Serbes bosniaques qui avaient l'air de prendre en compte la détermination internationale. Celle-ci ne s'est pas développée. Ils reprennent leur stratégie d'avant, c'est-à-dire une alternance de conquêtes territoriales et puis une annonce de cessez-le-feu. Dès que l'attention s'est détournée, le cessez-le-feu ne tient pas et on recommence les conquêtes territoriales.

Q. : On a redécouvert que l'OTAN existait et puis que les Américains ne sont peut-être pas très chauds pour s'investir complètement.

R. : Non. Ils ont joué leur jeu. Il n'y a simplement pas eu d'animateur, de responsable dans cette affaire. Chaque fois, on a réagi trop tard et trop lentement. C'est une situation de grande préoccupation parce que nous sommes des acteurs dans cette situation de la Bosnie et nous avons des forces qui ont fait ce qu'on attendait d'elles. J'assiste avec angoisse à l'étranglement de la petite Bosnie-Herzégovine et je crois que, sur la conscience de l'Europe, ceci sera une tache durable.

Q. : Vous avez souhaité, en fin de semaine dernière, que le septennat du président de la République se transforme en quinquennat. Vous avez même souhaité un référendum. Vous avez reçu une fin de non-recevoir du Premier ministre.

R. : Je ne crois pas que ce soit ainsi que les choses se présentent. C'est le Premier ministre, précisément, qui était à Aurillac, voici quelques jours, pour un colloque en la mémoire du président POMPIDOU, et qui a indiqué qu'il était favorable au quinquennat et que c'était une réforme nécessaire. Je lui ai écrit aussitôt après pour lui dire que je me réjouissais de sa position puisque vous savez que je fais campagne depuis longtemps pour cette réforme et que je lui demandais de mettre cette réforme en marche. Il m'a répondu dans une lettre qui commence par la phrase suivante, qui est très importante : "Je suis convaincu, comme vous, qu'il s'agit d'un changement nécessaire." Il me donne son accord sur le caractère nécessaire de cette réforme. Ensuite, comment faire ? Il faut vous souvenir que, dans sa lettre aux Français de mars 1988, F. MITTERRAND avait traité de cette question et il avait dit ceci à propos du septennat, c'était même la première chose dont il parlait dans sa lettre "concernant cette réforme, si le gouvernement la propose et s'il y a une majorité pour l'approuver, je n'y ferais pas obstacle." Donc il y a un engagement de sa part à ne pas y faire obstacle. Nous avons donc à la fois un Premier ministre qui dit : je suis convaincu qu'il s'agit d'un changement nécessaire, et un président de la République qui s'est engagé à ne pas y faire obstacle.

Q. : C'est la cohabitation.

R. : Cela veut dire que maintenant on peut le faire puisqu'on a à la fois la volonté du Premier ministre et l'engagement du président de la République. Pourquoi faut-il le faire ? Parce que la France est à l'heure actuelle le pays du monde dans lequel le mandat du principal dirigeant est le plus long, à l'exception des monarchies, mais dans les monarchies, le chef de l'État n'a pas le pouvoir politique. Cela veut dire qu'à l'heure actuelle, le temps politique, en France, est plus lent que le temps de la vie. Le temps de la vie bouge très vite, on le sait. Le temps politique bouge trop lentement, d'où le sentiment de décalage entre la vie politique et la vie réelle. Il faut raccourcir la durée du temps politique pour l'accélérer un peu et en venir au quinquennat. Pratiquement, quelle est la décision à prendre par le Premier ministre ? C'est uniquement le choix de la date du référendum. Il suffit de voter oui ou non puisque la réforme a été adoptée par l'Assemblée nationale et par le Sénat, qu'elle attend dans les cartons et qu'il suffit maintenant d'un référendum. Oui ou non. Le choix de la date, je n'ai pas d'opinion particulière. C'était au Premier ministre, au président de la République à la choisir. Pourquoi avais-je suggéré qu'on aurait pu le faire en même temps que les élections européennes ? C'était pour répondre à la question ou à l'argument de beaucoup de gens : on vote trop souvent. On me dit : ils ne peuvent pas répondre le même jour à deux questions. Je vous fais remarquer tout de même qu'au mois de juin, tous les jeunes Français qui vont passer leur bachot, on les fera répondre le même jour à deux questions. Ils feront le même jour une épreuve de français et une épreuve de mathématiques. Tout le monde trouve cela tout à fait naturel. Il faut regarder. S'il y a un inconvénient, j'accepte bien sûr cet argument mais il faut choisir un jour. Il faut le faire, pas trop tard, parce qu'il est bon qu'au moment de l'élection présidentielle, la règle du jeu soit définie. Il faut que les gens sachent s'ils élisent un président pour sept ans ou pour cinq ans. Je me réjouis de cette situation parce que j'ai bien noté la phrase du Premier ministre et en même temps je me souviens de l'engagement du président de la République. On peut donc maintenant avancer. Il faut choisir le jour du référendum.

Q. : Hier soir, G. LONGUET, que vous connaissez bien, a déclaré, parlant de vous, "Hélas on vieillit".

R. : Je viens de vous parler d'une question que je crois importante pour la France et pour les Français. Je souhaite en rester là.

 

Europe 1
Le 25 avril 1994

Frantz-Olivier GIESBERT : Valery GISCARD D'ESTAING, bonjour.

V. GISCARD D'ESTAING : Oui, bonjour et bonne matinée.

F.-O. G : Vous avez suivi de très près les évènements de Bosnie depuis le début, alors dites-nous maintenant Monsieur le Président, après l'affaire de Gorazde, si le ridicule tuait est-ce que l'ONU serait encore vivante.

V. G. E. : L'ONU a été en effet très humiliée par le déroulement de l'affaire de Gorazde jusqu'ici, on va voir ce qui va se passer dans les deux prochains jours. Elle a l'occasion de redresser les choses. L'ultimatum tel qu'il a été lancé a été la décision que l'on attendait depuis 15 jours mais c'était une bonne décision. Alors maintenant, il faut savoir s'il va être appliqué et pour cela le critère est simple, c'est de ne pas se fier aux déclarations des serbes et de ne se fier qu'à la réalité des faits. On a indiqué qu'ils devaient retirer leurs forces, leurs armes lourdes etc., le font-ils ou ne le font-ils pas ? Les déclarations ne servent à rien.

F.-O. G : Hier après-midi, on a encore senti des divergences très nettes entre l'OTAN d'une part et l'ONU d'autre part. Les Nations Unies sont prêtes à fermer les yeux sur toutes les violations de la trêve ou des cessez-le-feu.

V. G. E. : Les Nations Unies, on comprend très bien, elles ont peur de l'action, elles ont la culture du compromis, de l'arrangement de dernière heure, cela on le sait car n'est pas nouveau. Simplement, dans le cadre de la Bosnie, cela fait deux ans que cela dure et que finalement la conquête des 3/4 du pays et l'affreuse purification ethnique du pays se sont faits à l'abri de cessez-le-feu renouvelés tous les 48 heures. Donc dans cette affaire, il faut cesser de croire les mots, il ne faut regarder que les faits. Si les faits sont conformes il n'y a pas de raison en effet d'engager une frappe aérienne, si les termes matériels de l'ultimatum ne sont pas respectés, il faudra le faire.

F.-O. G : Mais, il y a quelque chose que l'on ne comprend pas tout de même dans tout cela, comment les grandes puissances sont-elles à ce point désarmées devant cette armée serbe qui est équipée de bric et de broc, qu'est-ce qui nous retient d'intervenir ?

V. G. E. : En fait, personne n'est prêt à faire en réalité une grande opération terrestre en Bosnie, d'ailleurs on le comprend très bien, il y a des raisons : la difficulté du territoire, les pertes que cela entrainerait. On a les moyens certainement et notamment les moyens aériens de donner des coups de semonces extrêmement forts à l'armée serbe de Bosnie et s'ils ne se conforment pas aux résolutions des Nations Unies, il faudra le faire. La communauté internationale a le choix entre deux attitudes, assurer elle-même la sécurité de la population de la Bosnie dans les zones de sécurité puisque nous nous y sommes engagés depuis un an ou alors, permettre aux bosniaques de le faire eux-mêmes et lever l'embargo sur les armes. C'est un choix clair ou bien on assure leur protection dans les semaines à venir ou il faudra décider de la levée de l'embargo sur les armes.

F.-O. G : Alors, il y a un débat qui est ouvert aujourd'hui sur ce que le Général de GAULLE appelait le machin. Si l'ONU n'est plus crédible par quoi est-ce qu'on peut la remplacer ? Est-ce qu'on peut penser à une nouvelle structure ?

V. G. E. : Je mets en garde contre ce débat. D'abord, il faut une organisation internationale, il faut essayer de la faire fonctionner, si elle a des défauts il faut essayer de corriger ces défauts, il faut surtout savoir que c'est pour la France un endroit très important où nous pouvons exercer notre influence. Le jour où il n'y aurait plus de Nations Unies, ou la France n'aurait plus son siège au conseil de sécurité, vous auriez une baisse forte de l'influence des affaires de la France sur le monde. Donc moi je suis partisan de faire fonctionner les Nations Unies, de la réformer lorsque c'est nécessaire mais c'est un instrument important de l'exercice de l'influence de la France dans le monde.

F.-O. G : Alors l'ONU n'a pas été brillante dans cette affaire mais, l'Europe non plus. On a le sentiment que la campagne des élections européennes qui commence ne va pas vraiment passionner les Français. Vous-même comment est-ce que vous voyez votre propre rôle ?

V. G. E. : Eh bien, il y a deux choses : la campagne va être conduite par la liste, la liste qui elle-même est dirigée par Dominique BAUDIS et vous savez que nous nous réjouissons à l'UDF du choix qui a été fait, d'abord par l'UDF ensuite par le RPR de Dominique BAUDIS comme tête de liste. Alors première action, soutenir bien sûr la campagne de la liste. Personnellement qu'est-ce que je vais faire, une chose tout à fait précise qui est de faire une campagne parallèle à celle de la liste pour appeler les Français à voter. Vous savez que c'est une idée banale alors on dit il y aura des abstentions, cela n'intéresse pas les Français, ils s'en fichent de ces élections européennes. Je vais essayer de les persuader du contraire parce que je vais leur dire que les reproches qu'ils font à l'Europe, c'est-à dire d'être trop loin d'eux d'être trop bureaucratique, eh bien ce n'est pas en s'abstenant qu'ils les corrigeront, c'est en votant. Quand on se plaint qu'un système n'est pas assez démocratique et qu'on a une occasion de voter, il faut voter. Ceux qui voteront, voteront pour une Europe démocratique et ceux qui s'abstiendront, laisseront faire une Europe bureaucratique.

F.-O. G : Alors vous appelez d'une certaine manière à voter pour les listes ROCARD, de VILLIERS, CHEVÈNEMENT et autre…

V. G. E. : … Je dis faites votre devoir de citoyens européens et faites-le parce que c'est votre intérêt. Si vous êtes d'accord pour aider l'Europe à se faire, si vous souhaitez exprimer une critique, pour que votre critique soit entendue votez. Ceux qui resteront chez eux le jour des élections européennes n'auront plus le droit de se plaindre que l'Europe soit trop bureaucratique et qu'elle n'écoute pas leur point de vue. Alors ma première campagne ce sera de dire aux Français : votez, c'est votre intérêt pour vous, pour la France et pour l'Europe.

F.-O. G : Valery GISCARD D'ESTAING, vous avez ouvert un débat important sur le quinquennat, je ne sais pas si vous avez vu Charles PASQUA hier soir à 7/7…

V. G. E. : … Non, je ne l'ai pas vu…

F.-O. G : … Enfin il a dit à Anne SINCLAIR que le quinquennat ne vous fournissait qu'un sujet de discours, ce n'est pas très gentil.

V. G. E. : Ce n'est pas très gentil pour le Premier ministre, il va avoir des ennuis PASQUA parce que ce n'est pas moi qui ai ouvert ce débat, c'est Édouard BALLADUR.

F.-O. G : Il est ouvert depuis très longtemps.

V. G. E. : Il est ouvert depuis très longtemps bien sûr mais c'est la semaine dernière, il y a un peu plus de 8 jours que le Premier ministre, à Aurillac, donc à côté de chez nous ici, dans un colloque consacré à la mémoire de Georges POMPIDOU a relancé l'idée. Il a dit que le quinquennat était une réforme nécessaire, eh bien les réformes nécessaires il faut les faire. Et voilà une réforme sur laquelle tous les Français, enfin la très grande majorité des Français est d'accord, le dernier sondage les donnait d'accord à près de 80 %, le Premier ministre a dit que c'était nécessaire et le Président de la République a dit que si on lui proposait, il était prêt à s'y rallier, qu'attend-on pour le faire ?

F.-O. G : Alors c'est le même cirque depuis des années, tout le monde est pour et personne ne le fait.

V. G. E. : C'est un problème important parce que quand vous regardez l'histoire politique de la France, le milieu politique français n'a jamais été capable de faire les réformes nécessaires. Vous pouvez regarder, il y a eu des révolutions de temps en temps, il y a eu des grandes secousses comme celle que le Général de GAULLE a fait en 1958 mais le milieu politique lui-même n'a jamais été capable de faire aboutir une réforme sans une forte impulsion. Je dis voilà une réforme sur laquelle tout le monde est d'accord, c'est une réforme de modernité, ce n'est pas une manie théorique, cela veut simplement dire que l'on ressemblera un peu plus aux grandes démocraties modernes et surtout que la respiration politique en France se fera plus régulièrement tous les 5 ans.

F.-O. G : Valery GISCARD D'ESTAING, vous dîtes que la France n'est pas prête à faire de grandes réformes…

V. G. E. : … Ce n'est pas la France, c'est le milieu politique français, c'est l'enseignement de notre histoire. On n’a jamais été capable de faire les grandes réformes à temps.

F.-O. G : Et quelle est la grande réforme qui s'impose aujourd'hui ?

V. G. E. : Alors la grande réforme, cela va être une réforme politique qui est celle qui permettra de revenir au plein emploi. Les gens croient et on leur dit au fond le plein emploi c'est une affaire économique. Si l'économie allait mieux on aurait le plein emploi. Les choses ont tellement changé dans le monde qu'on ne peut avoir le plein emploi que si on change les données d'un certain nombre d'aspects de notre vie économique et sociale et changer les grandes données, cela veut dire faire des réformes politiques. Donc, c'est aux politiques de faire les réformes nécessaires pour que la France puisse revenir vers le plein emploi.

F.-O. G : Édouard BALLADUR peut-il encore réussir à votre avis, sur ce point ?

V. G. E. : Eh bien, je l'espère, en tous les cas nous le soutenons puisque c'est notre majorité. La difficulté c'est que pour les grandes réformes à faire, le nœud est à l'Élysée. Depuis 1958 le pouvoir politique en France trouve son inspiration dans l'action présidentielle.

F.-O. G : Justement à votre avis Édouard BALLADUR est-il candidat à la présidence ?

V. G. E. : Cela c'est son problème, c'est à lui de le dire, de toutes les façons nous n'interviendrons pas dans le choix du RPR.

F.-O. G : Et si vous aviez un conseil à donner à Édouard BALLADUR que lui diriez-vous.

V. G. E. : Tenez bon et allez plus loin.

F.-O. G : Monsieur le Président, merci.

V. G. E. : Merci, au revoir.


Jeudi 28 avril 1994
France 2

Q. : On attendait J.-L. DEBRE comme N°2 sur cette liste de la majorité. On a Mme CARRÈRE D'ENCAUSSE qui a fait campagne pour le "oui" à Maastricht. Le RPR ne se met-il pas un peu en retrait ?

R. : Nous travaillons actuellement en très bonne entente avec le RPR, ne comptez pas sur moi pour aller critiquer les décisions de nos partenaires. Nous sommes alliés dans cette campagne. Cela dit, il faut avoir un projet commun. On a fait ce projet commun pendant l'hiver et c'est un projet où l'on retrouve beaucoup des idées de l'UDF. Mais nous nous sommes mis au point grâce à nos conversations avec le RPR. Ensuite on va dans le même groupe. C'est très important pour les Français car c'était dispersé. Troisième chose, si on défend le même projet et qu'on forme un groupe, autant y aller ensemble ! Ne nous occupons pas des choix des autres. L'UDF a choisi sa tête de liste qui est D. BAUDIS, l'opinion paraît ratifier ce choix d'après les sondages. Le RPR a choisi sa seconde tête de liste. Nous nous réjouissons que ce soit une femme, et une femme de la qualité H. CARRÈRE D'ENCAUSSE.

Q. : Certains députés du RPR disaient cet après-midi même que cette liste leur apparaissait précisément trop pro-Maastricht et qu'elle risquait de se couper d'une partie des électeurs de la majorité qui au dernier référendum avaient voté "non" à Maastricht…

R. : On s'est mis d'accord sur un programme. On va défendre ce programme, on ne fait pas une campagne en marche arrière. On fait une campagne en proposant des choses à l'opinion publique. Moi je vais insister sur deux choses. 1/ Il faut voter aux européennes. Si on ne vote pas on laisse faire l'Europe technocratique, Si on vote on va pouvoir faire l'Europe démocratique. Chacun mettra dans son vote ce qu'il souhaite y mettre. 2/ Il faut obliger l'Europe à s'occuper davantage de l'emploi. On a vu tout à l'heure les manifestations, vous le montriez sur votre écran à Valenciennes… La situation de l'emploi dans la CEE est très grave à l'heure actuelle. Il faut à la fois une politique européenne et une politique nationale pour redresser cette situation. Nos députés iront demander au sein du Parlement européen qu'on fasse davantage pour l'emploi en Europe.

Q. : Comment faire campagne en faveur de l'Europe sans se couper d'une certaine fraction – une fraction même extrêmement importante – de votre électorat ?

R. : Vous vivez dans le passé. On doit faire l'Europe des 5 prochaines années. Maastricht, c'était l'année dernière. Maastricht a été ratifié par référendum de justesse, mais a été ratifié. C'est derrière nous. On ne va pas continuer à se quereller sur un problème qu'on a franchi il y a un an. La question est de savoir ce qu'on va faire maintenant. Ce qu'on va faire, c'est une Europe plus démocratique. Pour cela, il faut que les gens votent. Les gens disent : mais c'est trop loin, on ne s'occupe pas de nous, on ne nous écoute pas, mais pour se faire entendre, il faut voter. Il faut que l'Europe aide à régler le problème le plus grave de notre temps : le chômage. Le chômage le plus grave est celui de longue durée et le chômage des jeunes. Comme on a fait trop peu jusqu'à présent, il faut élire des députés qui feront davantage. Vous voyez que cela a peu à voir avec la querelle sur la manière de voter il y a 18 mois.

Q. : Derrière cette campagne pour les européennes, se profile la campagne pour les présidentielles, serez-vous candidat ?

R. : C'est une espèce de manie en France : on ne peut pas s'occuper d'une élection sans parler d'une élection suivante. Nous avons une élection européenne, elle est à la proportionnelle, elle a pour objet d'envoyer des femmes et des hommes au Parlement européen. Dans 1 an, il y aura des élections en France, pour choisir une personne qui deviendra président de la République. Franchement, cela n'a aucun rapport. Ne mélangeons pas tout, mais au moment venu, nous parlerons d'élections présidentielles, ici si vous voulez. Moi aujourd'hui, je vous parle des élections européennes en disant aux Français deux choses simples : il faut voter car si vous ne votez pas vous laissez faire les restrictions pratiques dont vous vous plaignez. Deuxième chose : si vous envoyez des députés siéger massivement dans notre groupe, ils se battront pour que l'Europe.

Q. : Vous n'avez pas dit si vous seriez candidat…

R. : Je ne suis pas candidat aux élections européennes.