Texte intégral
De mirobolants sondages à la liste médiatique, et toc, du célèbre époux d'Arielle Dombasle la capacité de réunir 12 % de bellicistes désireux d'en découdre, pour commencer, avec les Serbes. La classe politicienne s'est émue de cette intrusion qui remettait en cause les résultats de MM. Tapie, Baudis, Rocard et de Villiers. Jean-Marie Le Pen a préféré en rire au travers de cette "lettre ouverte" publiée le 27 mai.
C'est avec émotion que j'ai appris que vous constituiez une liste en faveur de la protection des minorités persécutées de Sarajevo. Votre attitude vous honore car la défense des intérêts d'autrui est toujours louable, surtout quand, comme dans votre cas, elle n'est dictée que par la générosité, sans aucun souci de publicité ni de retentissement médiatique.
L'épreuve du feu
De Xénophon à Descartes, l'histoire des idées en occident regorge d'exemples d'hommes brillants qui surent se mettre au service de grandes causes, qui surent tout à la fois être philosophes et mercenaires. Votre engagement en faveur des Bosniaques est sans aucun doute dicté par votre amour de la philosophie. Mais je ne voudrais en aucun cas qu'un homme de votre qualité, emblématique du traditionnel engagement des intellectuels français pour les causes perdue, soit jeté sur un théâtre d'opérations extérieures sans la formation requise, risquant ainsi sa précieuse existence dans un combat cruel. Vous n'ignorez pas que l'épreuve du feu recèle toujours d'innombrables dangers. À la guerre, rien n'est jamais donné d'avance et nul ne sait, à part Dieu, si l'on en reviendra vainqueur ou vaincu, et même si l'on en reviendra tout court.
Aussi, soucieux que la France puisse encore longtemps bénéficier de votre rayonnement et de votre verve, ai-je décidé d'apporter ma modeste contribution à votre entreprise humanitaire. Je crois savoir que cotre passé militaire est des plus succinct et puisque, à ce que l'on m'a rapporté, vous avez été réformé. Néanmoins, votre enthousiasme à engager la France dans la guerre des Balkans est des plus méritoires. C'est dans l'intention de sauvegarder votre vie et vos succès à venir que je vous propose de détacher auprès de vous, afin d'accomplir votre formation et faire de vous un véritable guerrier, deux hommes en lesquels j'ai toute confiance puisqu'il s'agit de mon chef de cabinet, M. Bruno Racouchot, et de son adjoint, M. François-Xavier Sidos, tous deux comme moi ancien officiers parachutistes et ayant une certaine expérience des choses de la guerre. Le premier a notamment servi dans la force multinationale de Sécurité de Beyrouth dans les pires moments et a prouvé l'attachement dont il était capable de faire montre dans les entreprises humanitaires en protégeant les minorités palestiniennes des camps de Sabra et Chatila il y a dix ans de cela. Le second a déjà une certaine expérience de l'Islam puisqu'il a servi pendant trois ans sous les ordres de Bob Denard, comme commandant de compagnie à la Garde Présidentielle du Présidant Abdallah en République Fédérale Islamique des Comores.
Les Bosniaques ont besoin de vous
Leurs méthodes d'instruction efficaces vous permettront en très peu de temps de vous former au beau métier des armes. C'est par l'exemple qu'il donne qu'un homme se révèle comme un chef au combat et se trouve alors habilité à parler au nom de ses camarades. Les Bosniaques ont besoin de vous, cher M. Lévy, montrez leur l'exemple en allant combattre à leurs côtés. Si d'aventure vous décidiez de ne pas aller vous battre, alors il faudrait vous taire. Le Front nationale, en vous déléguant deux membres éminents de son comité central apportera ainsi sa pierre à votre noble mission. À la légion, nous avions l'habitude de marteler cette devise : la sueur épargne le sang. Nul doute que mes collaborateurs sauront vous donner l'instruction nécessaire pour que votre précieuse vie soit préservée.
En vous félicitant une fois de plus pour la plénitude de votre engagement, et en vous assurant de tout mon soutien dans votre aventure philosophico-guerrière, je vous prie de croire, cher M. Lévy, en l'assurance de ma considération la meilleure.
Jean-Marie le Pen, Président de Front nationale
PS : Quelques jours plus tard, "BHL", courageux mais pas téméraire désertait et Schwartzenberg se retrouvait seul au feu.