Texte intégral
Monsieur le Président du Directoire de DuPont de Nemours-France
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d'être avec vous ce matin, au sein de la zone industrielle de Nambsheim-Heiteren-Balgau-Geiswassen, pour inaugurer le centre européen de recherche et développement de DuPont de Nemours.
Je vous remercie de votre invitation et des mots de bienvenue que vous avez bien voulu m'adresser.
DuPont de Nemours est une entreprise mondiale qui compte plus de 225 sites de production et de recherche sur cinq continents. Elle a des secteurs d'activités extrêmement diversifiées qui couvrent les produits chimiques, les fibres, les produits pétroliers et les produits de protection des cultures.
Aujourd'hui, le développement du secteur des produits agricoles est l'un des plus rapides. Vous êtes d'ailleurs une des toutes premières entreprises en matière de protection des cultures.
La stratégie de DuPont de Nemours est de s'installer là où se trouvent les marchés principaux. Aussi, le choix de l'Europe, qui représente un tiers du marché phytosanitaire, comme de la France où l'agriculture a toujours joué un rôle économique essentiel, s'imposait.
Vous disposez déjà de deux sites de production en France : à Cernay et à Dunkerque.
Mais jusqu'aujourd'hui, vos recherches étaient effectuées sur plusieurs sites en Europe et aux États-Unis.
Vous avez choisi de regrouper ces activités de recherche ici, à Nambsheim, en créant le centre européen de recherche et développement pour la protection des cultures que nous inaugurons aujourd'hui.
À l'évidence, cette implantation durable et renouvelée de votre société en France, et particulièrement en Alsace, a un caractère exemplaire en termes d'accueil de sociétés internationales.
1. Vous en êtes la preuve, nous disposons d'atouts véritablement compétitifs et adaptés aux besoins de ces entreprises.
Notre pays a trop longtemps souffert d'un a priori protectionniste.
Or, la France qui était déjà, il y a près de vingt ans, le plus ouvert des grands pays industrialisés, conserve aujourd'hui cette position. Les entreprises étrangères y réalisent 22 % de la production industrielle, 28 % des investissements, 31 % des exportations et fournissent 24 % des emplois.
Quatrième exportateur mondial, la France a très largement profité de l'ouverture des frontières commerciales, notamment dans le cadre européen. Elle n'entend pas renoncer à cette politique.
Sa position géographique centrale au sein de l'Union Européenne lui confère un atout naturel majeur, que confirme votre choix répété de l'Alsace comme site d'implantation de vos établissements.
En outre, au sein de ce qui est en passe de devenir le plus grand marché développé du monde, notre pays dispose d'atouts économiques décisifs : la taille et l'accessibilité de son marché, de grandes entreprises ouvertes à la concurrence internationale, mais aussi un tissu serré de petites et moyennes entreprises performantes, une main d'œuvre nombreuse appréciée pour sa qualité et son professionnalisme.
Les usines de production de spécialités phytosanitaires, mais aussi électroniques, que votre groupe a implantées en France, montrent que vous croyez en ces atouts, et je ne puis que vous inviter à poursuivre dans cette voie, vous savez que vous trouverez toujours le soutien du gouvernement.
2. Afin de valoriser ses atouts géographiques et économiques, la France s'est de surcroît dotée de moyens spécifiques en direction des investisseurs internationaux, mais aussi nationaux, et qu'elle entend parfaire.
Il ne faut pas se cacher que les perspectives actuelles de nouvelles implantations d'entreprises, dans chaque pays d'Europe, sont faibles.
Les investisseurs internationaux sont aujourd'hui peu nombreux et très sollicités. L'enjeu économique qu'ils représentent justifie que le gouvernement y accorde une attention particulière.
Certes, la concurrence entre pays européens, bien visible dans nos régions frontalières, est légitime.
Néanmoins, elle ne doit pas occulter la clarification des règles de concurrence et la recherche de nécessaires solidarités au sein de l'Union Européenne, mais aussi dans notre pays.
Croyez bien que le gouvernement prendra appui sur les députés français au Parlement Européen pour favoriser les réformes rendues indispensables par son élargissement, ou pour lutter contre les concurrences déloyales en son sein.
Au plan national, cette volonté trouvera son prolongement dans la loi d'orientation pour le développement du territoire, qui entend replacer la France tout entière au centre de gravité du développement européen, tout en évitant les concurrences trop souvent stériles entre régions.
Très concrètement, le principe qui guide notre action est la volonté de bâtir une politique commune et professionnelle de promotion de la France à l'étranger, tout en laissant les spécificités locales s'exprimer.
À cet effet, le gouvernement entend :
– faire connaître les atouts de la France et promouvoir une image plus vraie de ses potentialités : c'est le rôle des bureaux de la DATAR à l'étranger, appuyés par les postes d'expansion économique ;
– mettre à disposition de tous les acteurs locaux une information et un appui technique de qualité : c'est une des missions du réseau Invest in France Network ;
– fédérer les initiatives à travers les commissariats à l'industrialisation, qui regroupent les acteurs locaux : collectivités territoriales, assemblées consulaires et professionnelles, grandes entreprises.
Par ailleurs, le gouvernement entend adapter ses outils d'intervention et les concentrer sur les projets internationaux, mais aussi nationaux, les plus intéressants, dans le respect des règles de concurrence du traité de Rome, qu'il s'agisse :
– des crédits de la PAT, la prime d'aménagement du territoire ;
– du regroupement des aides à l'investissement industriel inscrites sur un seul fonds dans le budget du ministère de l'industrie ;
– ou encore de la création d'un fonds unique de développement du territoire, et du fonds national d'aide à la création d'entreprises prévu par le projet de loi d'orientation.
Ces dispositifs sont nécessaires.
3. Mais avant tout, je suis convaincu que l'installation d'une entreprise internationale résulte aussi d'un esprit, plus précisément d'une symbiose entre une culture d'entreprise et une culture régionale.
Permettez-moi en ma qualité de ministre chargé des collectivités locales de souligner le rôle essentiel de ces collectivités en matière d'installation d'entreprises internationales en France.
Nous le savons tous. Les efforts de l'État pour attirer ces entreprises seraient vains s'ils n'étaient pas bien relayés localement.
Je sais que des groupements tels le CAHR, le Comité d'Action pour le progrès économique et social du Haut-Rhinois, y travaillent et je m'en réjouis.
Ici, à Nambsheim, des investissements importants pour les infrastructures de la zone industrielle ont été pris en charge par les collectivités locales. En outre, DuPont de Nemours a bénéficié d'avances du département du Haut-Rhin, de la région Alsace et de l'établissement public du port rhénan de Colmar.
Ces efforts sont le symbole de la vitalité et de l'esprit d'entreprise des collectivités alsaciennes.
Dès à présent, le site de Nambsheim emploie 35 personnes. À terme, l'effectif sera de 60 personnes, chercheurs européens : allemands, anglais, français,… Votre établissement est un des rares de notre région employant des travailleurs frontaliers résidant en Allemagne et travaillant en France. Vous êtes la preuve que l'Europe se fait ainsi au quotidien, et pas à sens unique.
Votre implantation en Alsace, et à Cernay depuis 1982, est réussie parce que vous avez su établir, tant avec vos employés qu'avec vos fournisseurs, des relations confiantes placées sous la double exigence de la qualité et de la compétitivité.
Cette qualité est une préoccupation forte et ancienne en Alsace notamment en matière d'environnement, comme elle l'est aussi traditionnellement chez nos voisins allemands.
Ce souci de l'environnement fait partie de la culture d'entreprise de DuPont de Nemours en matière de sécurité et de protection des installations de production et de recherche.
Il se trouve dans vos choix architecturaux. La conception de votre centre de recherche due à Armand Spiegel, architecte de l'atelier mulhousien, François Spoerry, est parfaitement en harmonie avec la nature et la tradition rurale.
Dans cette situation, avec votre culture d'entreprise et la qualité des habitants de notre région, je suis certain du succès de votre nouvelle entreprise.
Permettez-moi de tirer deux brefs enseignements de votre réussite.
En premier lieu, j'ai la conviction que dans les prochaines années, les nouvelles implantations d'entreprises internationales se feront pour l'essentiel à partir des bases existantes. Aussi, est-il nécessaire que l'ensemble des partenaires publics et privés de ces sociétés soient à l'écoute de leurs problèmes.
En second lieu, je suis persuadé que les investisseurs déjà présents sont et seront les meilleurs témoins de l'attractivité de la France et de l'Alsace.