Article de M. Philippe Herzog, membre du bureau national du PCF, dans "Économie et Politique" de mars 1994, sur sa démission de sa fonction de directeur de la revue, et sa nouvelle fonction au sein du PCF.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : ECONOMIE ET POLITIQUE

Texte intégral

Après avoir quitté la direction de la revue Économie et Politique, je souhaite avant tout un grand succès à cette revue, qui a tenu une place importante dans ma vie et que je continuerai à lire attentivement et à soutenir avec conviction.

Si j'ai demandé à ne plus être son directeur, ni à garder la responsabilité de la Commission économique du PCF, c'est parce que je souhaite développer ma recherche et mon activité politique dans de nouvelles dimensions. La rotation des responsabilités est un bon principe. J'ai été 15 ans directeur de la revue, et j'avais assumé auparavant des fonctions de rédaction en chef. Je suis satisfait de la responsabilité nouvelle qui m'est confiée, l'animation du collectif "institutions nationales et internationales". Pour répondre aux demandes de la société et relever les défis du plein emploi, de la pleine activité et de l'efficacité sociale, je crois indispensable de commencer à construire une démocratie de participation et d'auto-direction. C'est dans cet esprit que je souhaite travailler aux réformes de l'économie mixte, de l'État national et des institutions de l'Union européenne.

Je change de responsabilités après un long temps de réflexion. Je me suis énormément investi dans la Section économique et la revue depuis la fin des années soixante, et une identification s'était formée. La période la plus forte fut celle des années quatre-vingts, en participant à un mouvement d'intervention des salariés dans les gestions, avec de nouveaux critères. C'est dans ce contexte que la diffusion de la revue avait connu une progression sensible.

Économie et Politique est un outil original, indispensable pour un mouvement social et politique porteur d'ambitions de transformation de la société dans une vision de dépassement du capitalisme. Aujourd'hui, faire fructifier l'héritage exige à mon avis qu'elle s'ouvre plus à la société, à ses luttes, ses réflexions et initiatives, dans leur diversité, en interaction et dialogue avec l'élaboration théorique et l'analyse économique. Revue d'une école de pensée marxiste dont les apports ont été très importants, elle doit, tout en le demeurant, élaborer une pratique nouvelle de la pédagogie et du dialogue dans le mouvement communiste et au-delà.

L'âpreté de la bataille politique des dernières années a fait mal, à ses protagonistes comme à la revue. Elle était sans doute inévitable, pour libérer l'expression de la vérité de chacun. Il est aujourd'hui tout à fait souhaitable de dépasser cette période, avec une pratique positive du conflit faisant toute sa place à la coopération. Celle-ci exige le respect d'autrui, de sa réflexion et de sa recherche d'engagements nouveaux. L'esprit du 28e congrès ouvre à cet égard des possibilités. S'en saisir est un effort. Pour ma part, je m'y emploierai.