Article de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Présent" du 23 juin 1998, intitulé "Non aux accords de Nouméa : Au nom de la paix".

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Texte intégral

La Nouvelle Calédonie, terre de France au coeur du Pacifique sud, depuis plus de 150 ans, était promise à un destin exemplaire. Immense territoire sous-peuplé, aux énormes potentialités, elle offrait toutes les chances de réussite aux hommes de bonne volonté, courageux et entreprenants.

La présence des diverses communautés qui y cultivent leurs racines a fait naître un formidable espoir pour l'avenir, chacune d'entre elles, enrichissant les autres de son savoir et de ses capacités à créer -et à développer les outils d'une réussite commune. La France, présente est généreuse, était garante des grands équilibres nécessaires à une belle et bonne harmonie.

Hélas, au nom de la paix, la soif de pouvoir des uns, ajoutée au renoncement suicidaire des autres, a créé les conditions de l'effondrement. Sous prétexte de rétablir la justice, on a créé l'injustice. Par un accord fondé sur des considérations idéologiques et perverses, les droits légitimes de la majorité pro-française sont gommés pour satisfaire les exigences de la minorité indépendantiste.

La classe politique métropolitaine, quasi unanime à fuir ses responsabilités, a choisi de payer le prix fort pour acheter sa tranquillité. En bafouant les grands principes constitutionnels, pour créer artificiellement une « citoyenneté calédonienne », aux couleurs de la Kanaky, la France parlementaire a semé les germes du doute et de la division.

La « discrimination positive », imposée pour réparer de prétendus « injustices de l'histoire », loin de satisfaire leurs aspirations légitimes, va enfermer les jeunes Calédoniens, à leurs corps défendant, dans une citoyenneté où l'arbitraire sera la règle et la couleur ethnique le passeport sélectif légalement imposé pour la réussite.

Accepter les Accord de Nouméa, tels qu'ils ont été signés par la majorité RPCR, c'est admettre le principe que la majorité des Calédoniens, pacifiques et entreprenants, doit s'incliner devant la violence idéologique, plus avide de pouvoir est d'argent que de tolérance et de respect du travail accompli.

Seule la citoyenneté française, à l'ombre de sa Constitution, est à même de garantir le développement ainsi que la coexistence paisible et sereine des populations calédoniennes. Les apprentis-sorciers, qui, méthodiquement, brisent un à un les liens qui unissent la Nouvelle-Calédonie à la Mère-Patrie, font le jeu de tous ceux qui convoitent et envient la Nouvelle-Calédonie, pour son niveau de vie et ses potentialités.

Au nom de la Paix, bâtissons une communauté fraternelle et active, où chacun aura sa place, les mêmes devoirs et les mêmes droits. Mais pour ça… il faut refuser l'arbitraire et l'injustice : refuser les Accords de Nouméa. Et ça, les Calédoniens peuvent, eux, le faire. Rien n'est joué.